8 mars 2010

Petit florilège à ma façon sur les élections

Posté par Paul dans la catégorie : Un long combat pour la liberté et les droits; Vive la Politique .

je-participe En commençant par Elisée Reclus (en septembre 1885)

« Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance. »

greve-des-electeurs En passant par un texte sanglant d’Octave Mirbeau (La grève des électeurs – 1888)

« […] Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.
Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.
Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.
Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève. »

le-vote-ne-change-rien L’avis d’Emma Goldman sur le droit de vote pour les femmes (juin 1913)

« Notre fétiche moderne est le suffrage universel. Ceux qui ne le possèdent pas encore combattent et font des révolutions sanglantes pour l’obtenir. Ceux qui jouissent de son règne font de lourds sacrifices à l’autel de sa divinité omnipotente. Malheur aux hérétiques qui osent douter de cette divinité !
La femme, plus encore que l’homme, est adoratrice des fétiches, et quoique ses idoles puissent changer, elle est toujours à genoux, toujours élevant ses mains, toujours aveugle au fait que son Dieu a des pieds d’argile. Ainsi elle est le plus grand soutien de toutes les déités depuis un temps immémorial. Aussi elle a eu à payer le prix que seuls les dieux peuvent exiger : sa liberté, le sang de son cœur, sa vie même. […]
La religion, spécialement la religion chrétienne, a condamné la femme à la vie inférieure de l’esclave. Elle a contrecarré sa nature et enchaîné son âme. Malgré cela, cette religion n’a pas de plus grand soutien, pas de plus dévoué partisan que la femme. En vérité, on peut dire avec certitude que la religion aurait depuis longtemps cessé d’être un facteur dans la vie des peuples sans l’appui qu’elle reçoit de la femme. Les plus ardents ouvriers de l’Eglise, les plus infatigables missionnaires dans le monde entier sont femmes, toujours sacrifiant sur l’autel des dieux qui ont enchaîné leur esprit et asservi leur corps.
[…] On peut dire que la femme désire le suffrage pour se libérer, parce qu’elle reconnaît le terrible péage qu’elle doit verser à l’Eglise, à l’Etat et au foyer. Ce peut être vrai pour quelques unités, mais la majorité des suffragistes répudie entièrement un tel blasphème. Au contraire, elles affirment toujours que c’est le suffrage des femmes qui fera d’elles de meilleures chrétiennes et femmes d’intérieur, de dévouées citoyennes de l’Etat. Ainsi, le suffrage est seulement un moyen de fortifier l’omnipotence des dieux mêmes que la femme a servis depuis un temps immémorial.
[…] Comme autrefois, même les plus éclairées espèrent en un miracle de la divinité du xxe siècle : le suffrage. Vie, bonheur, joie, liberté, indépendance, tout cela et davantage doit naître du suffrage. Dans sa dévotion aveugle, la femme ne voit pas ce que les gens éclairés aperçurent il y a cinquante ans. Elle ne se rend pas compte que le suffrage est un mal, qu’il a seulement aidé à asservir les gens, qu’il leur a fermé les yeux, afin qu’ils ne voient pas le subterfuge grâce auquel on obtient leur soumission.

Le désir de la femme pour le suffrage est basé sur le principe qu’elle doit avoir des droits égaux à ceux de l’homme dans toutes les affaires de la société. Personne ne pourrait réfuter cela si le suffrage était un droit. Hélas ! c’est à cause de l’ignorance de l’esprit humain que l’on peut voir un droit dans une imposture. Une partie de la population fait des lois, et l’autre partie est contrainte par la force à obéir. N’est-ce pas là la plus brutale tromperie ? Cependant, la femme pousse des clameurs vers cette ” possibilité dorée ” qui a créé tant de misères dans le monde et dépouillé l’homme de son intégrité, de sa confiance en lui-même et en a fait une proie dans les mains de politiciens sans scrupules.
Libre, le stupide citoyen de la libre Amérique ? Libre de mourir de faim, de rôder sur les grandes routes de ce grand pays. Il possède le suffrage universel. Grâce à ce droit, il a tout juste réussi à forger des chaînes autour de ses membres. […] Cependant tous ces résultats désastreux n’ont rien appris à la femme. Même alors, on nous assure que la femme purifiera la politique.
Il est inutile de dire que je ne m’oppose pas au suffrage des femmes pour la raison qu’elles n’en sont pas dignes. Je ne vois pas de raisons physiques, psychiques ou morales interdisant à la femme de voter. Mais cela ne peut pas me convaincre que la femme réussira là où l’homme a échoué. Si elle ne faisait pas les choses plus mal, elle ne pourrait certainement pas les faire mieux. Donc, c’est la doter de pouvoirs surnaturels que d’affirmer qu’elle réussirait à purifier ce qui n’est pas susceptible de purification. Puisque le plus grand malheur de la femme est d’être considérée comme un ange ou comme un diable, son véritable salut repose sur le fait d’être considérée comme un être humain, c’est-à-dire sujet à toutes les folies et erreurs des hommes. Devons-nous alors croire que deux erreurs feront quelque chose de juste ? Pouvons-nous penser que le poison inhérent à la politique sera diminué, si les femmes entrent dans l’arène ? Les plus ardentes suffragistes soutiendraient difficilement telle folie. […]

changer-la-vie Avec une escale relaxante chez Patrick Font (1978)

« […] J’ai fait imprimer des Tshirts qui sont en vente dans toutes mes permanences et sur lesquels on peut lire : JE VOTE CON.
Vous allez dire « je vote con », c’est un pléonasme, et qu’il suffirait d’écrire « je vote » pour que les gens vous disent : CON? » Certes, certes, mais j’ai fait écrire JE VOTE CON parce que les cons ne savent pas ce qu’est un pléonasme. Un con qui apprendrait ce qu’est un pléonasme ne voterait plus, deviendrait intelligent, commencerait à réfléchir, finirait par se gouverner lui-même. Je n’ai que faire des marginaux.
Etant donné le succés électoral que je vais remporter, il est possible , il est même fort possible, il est possible même fort; il est possible, fort même, que le président de la république se dise, je shite : « Merde ! ce chié mec est un mec chié, je vais le prendre comme premier ministre », comme quoi un con chasse l’autre et je pense qu’après jacques Chirac et raymond barre, ma gueule de con ne décevra pas les admirateurs des deux précédents. Mais si je suis élu premier ministre, il va me falloir composer un gouvernement de cons, avec des ministres cons et ma tâche sera bien délicate, car pour touver plus cons que les ministres actuels, va t il falloir que j’aille recruter à l’Académie française, dans l’équipe des verts de saint étienne ? puisque la culture et le sport sont devenus les hauts de la connerie française. D’ailleurs, dans mon gouvernement, j’ai l’intention de fusionner le secrétariat des sports, avec le secrétariat de la Culture pour en faire un secrétariat unique, que j’intitulerai « le Haut Secrétariat Ministériel des Réalisations Fascistes » car je ne fais pas de politique .
Et comme tous les hommes politiques, je ne suis pas un homme du passé, je suis un nostalgique de l’avenir. Chères connes, chers cons, vous avez devant vous un homme qui ne demande pas le pouvoir pour le pouvoir, mais le pouvoir pour pouvoir pouvoir. Oui, la nuance vous échappe puisque vous êtes con, mais plus vous êtes cons, moins il y aura de nuance et quand vous serez complètement cons, la nuance aura disparu à un point tel qu’il n’y aura plus de clivage entre les petits cons, les grands cons, les jeunes cons, les vieux cons, les gros cons et les sales cons, ce sera la fin du régime des partis. Mais, il fallait aux cons qui sont actuellement dispersés dans toute les couches de la société, une tête.
Je vous propose la mienne, elle n’est pas parfaite mais avec un peu de persil sous le nez et un an d’abonnement à Télé 7 Jours, je serai fin con pour affronter les urnes pour une crance encore plus fonne.
Mous avec Toi! Nous naincrons car nous sommes les plus conbreux. « La répoubelle nous applique !!! » »

Du sérieux chez Alternative Libertaire (Belgique)

« Contrairement à ce qui se dit ici ou là, les anarchistes sont extrêmement respectueux du droit de vote et des élections.
Tellement, qu’ils ne cessent de se battre pour que ce droit puisse s’exercer dans tous les domaines de la vie, dans les entreprises, dans les quartiers, à l’école et jusque dans les derniers recoins de la sphère du privé.
Tellement, qu’ils ne cessent de se bagarrer pour que ce droit ait les moyens économiques, financiers et politiques de s’exercer pleinement et égalitairement.
Tellement, qu’ils ne cessent de clamer sur tous les toits que ce droit n’a de sens que s’il s’accompagne d’un mandatement précis et d’un contrôle permanent pouvent déboucher sur une révocabilité à tout moment.
Tellement, qu’ils veulent remettre le système sur ses pieds en renversant le rapport de force entre les mandants et le mandataire par l’introduction du mandat impératif et de la révocabilité des élus…
Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, les anarchistes se refusent à cautionner cette caricature que sont les élections au royaume de la “démocratie” parlementaire.
Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres encore, ils ne se présentent pas à ces pseudo-élections et vous invitent régulièrement à les boycotter.
Pour toutes ces raisons… ils ont la faiblesse de croire que le plus court chemin menant à un droit de vote digne de ce nom et à des élections qui ne soient pas des pièges à cons, consiste aujourd’hui à agir plutôt qu’à élire. »

retour-a-la-normale Pour conclure provisoirement, sur un texte d’actualité de Patrick Mignard (mars 2010)

« Un spectre hante la classe politique, le spectre de l’abstention…. Peu en parlent mais tous y pensent, partagés entre l’incrédulité devant le refus de ce qui est présenté comme un symbole de la démocratie et la hantise de la désertion en masse de celles et ceux qui sont censés fonder la légitimité de l’élu.La classe politique fait « comme si… » préférant se concentrer plus sur ses éternelles promesses que sur le scepticisme qui gagne peu à peu l’ensemble du « corps électoral », faisant confiance à l’influence des médias pour limiter les dégâts.

LE CHAMP DE L’ABSTENTION
Il est en dehors de celui de la politique (mais pas du politique)… il en est même la négation.
L’abstention est un phénomène qui se développe en dehors de toute militance… On peut certes, appeler à l’abstention, mais c’est un appel un peu particulier et qui ne couvre d’ailleurs pas le champ de celles et ceux qui s’abstiennent. Autrement dit, personne ne peut se revendiquer du « refus de voter »… contrairement à celles et ceux qui appellent à voter pour un candidat et qui, de ce fait, peuvent parler de « leurs » électeurs. Les abstentionnistes n’appartiennent à personne. Mais, dans tous les cas, ils sont l’illustration même de la faillite du processus dit « démocratique »… Se désintéresser à ce point, voire refuser, ce qui nous est présenté comme la quintessence du processus démocratique, en dit long sur les carences de celui-ci. La dégénérescence « du » politique, en ce que l’on appelle « la » politique aboutit à la négation même de la citoyenneté, et en sa régénérescence dans un refus et une opposition à cette dérive. Autrement dit, l’abstentionniste est aujourd’hui certainement plus conscient politiquement que le « dévot qui vote pour son idole ».
En effet, le phénomène de l’abstention n’est plus aussi systématiquement le fait de personnes « apolitiques », péjorativement qualifiées de « pêcheurs à la ligne »( ?). La faillite du « modèle démocratique marchand » directement lié à la décadence du système marchand fait tomber les illusions. On ne s’abstient plus par négligence ou inintérêt, mais par dégoût et ras de bol d’être pris pour un imbécile par des profiteurs du pouvoir.
L’abstention n’est pas une idée, pas plus qu’une opinion ou une doctrine,… elle est une attitude, certains diront une posture, et en ce sens, que l’on ne s’y méprenne pas, elle est éminemment politique… et les politiciens commencent à s’en rendre compte.
Cette attitude, très « en creux », de l’engagement politique serait-elle méprisable ? Certainement pas. Le refus, la résistance, même s’ils ne sont pas des engagements précis pour l’avenir sont avant tout les prémisses d’une prise de conscience.

QUELS ENJEUX POUR L’ELECTION ?
Bien naïf celle ou celui qui croit qu’il y a véritablement un enjeu sérieux pour l’élection. Globalement, tout est joué d’avance…. Il suffit de regarder les précédents scrutins,… même quand la « Gauche » est passée.
La mécanique politique et électorale, la stratégie des partis, le rôle des institutions, la manipulation de l’opinion par les médias, les intérêts à courts, moyens et long terme d’une classe politique profiteuse et parasite,… font que, malgré une apparente démocratie,… rien ne change et rien ne peut changer…. Et on va le voir dans les mois prochains, rien ne changera.
C’est cette situation, complètement bloquée, sans espoir d’avenir et seulement animée par des marionnettes médiatiques qui s’agitent dans des débats sans intérêt qui entraîne peu à peu les citoyens à se détourner de l’élection.
Les seuls véritables enjeux sont en fait la variation des rapports de forces entre partis politiques,… Comment ceux-ci vont se partager le pouvoir et ses privilèges. Pour ce qui est des « différences politiques »,… il suffit de voir comment ils se comportent une fois au pouvoir… Que reste-t-il de l’ « expérience de la Gauche au pouvoir » ?… pas de commentaire.
L’ « affrontement » entre le PS et l’UMP est comparé, dans les médias, à une compétition sportive auquel on invite les spectateurs à s’intéresser, à compter les coups, à choisir son champion… Sans parler des dérives constantes qui transforment la campagne électorale en déballage de poubelles. Ca montre un peu les bas-fonds et la débilité dans lesquels est tombée « la » politique.
Quant aux partis dits « contestataires », voire dit « révolutionnaires », qui s’agitent dans les médias et devant les préfectures, ils n’ont, et ils le savent, aucune chance de se faire entendre. Ils peuvent donc faire des promesses dont ils sont sûrs qu’ils n’auront pas à rendre de comptes. Ils en profitent aussi pour placer à des postes politiquement, voire financièrement, intéressants de jeunes loups en pleine croissance ou des vieux chevaux de retour en manque de situation stable (des noms ?).
Autrement dit les élections vont passer, les problèmes vont rester.

L’ABSTENTION,… ET APRES ?
Là est la vrai question. L’abstention ne réglant rien, il est nécessaire de concevoir une autre stratégie.
D’abord le faux débat qui consiste à dire : « l’importante abstention ne change rien, tout se passe sans en tenir compte »,… et de prendre comme exemple les USA où à peu près un électeur sur deux ne vote pas… et où il ne se passe rien  de déterminant. C’est vrai aux USA, mais on peut faire l’hypothèse, qu’en France – la culture politique étant tout à fait différente qu’outre atlantique – et même dans d’autres pays européens, une importante abstention, à un moment donné, va être insupportable, créer un malaise collectif et être génératrice d’une interrogation générale sur sa signification.
Ensuite la culpabilisation classique : « c’est un droit pour lequel certains ont donné leur vie »… Ce à quoi on peut répondre qu’ils n’ont pas donné leur vie pour que des profiteurs, des parasites, voire des escrocs, s’en servent pour tout bloquer et se gaver de privilèges.
Enfin : que faire ? « La » politique n’a plus rien à voir avec « le » politique. Les vrais problèmes, les vraies questions ne sont que des prétextes auxquels, dans le meilleur des cas, on fait rapidement allusion, pour ne s’en tenir qu’au marketing politique : le look et autres balivernes…
Redécouvrir, réinvestir « le » politique c’est fuir « la » politique, son spectacle et ses dérives…
A la passivité, bêtise et servilité imposées par les politiciens il faut opposer des pratiques sociales nouvelles qui n’ont rien à voir avec les magouilles de « la » politique mais qui inaugurent de nouveaux rapports sociaux, aussi bien dans les luttes avec la prise en charge collective des entreprises que dans l’organisation de relations nouvelles entre producteurs et consommateurs. Ce n’est qu’à ces conditions que nous affaiblirons un système marchand qui nous conduit à la catastrophe.
Pas en jouant son jeu électoral, qui est piégé. Pas en l’affrontant frontalement – protégé qu’il est par ses chiens de garde et ses mercenaires, face auxquels nous n’avons aucune chance.
Nous devons accroître et favoriser son pourrissement, sa décomposition en développant des alternatives qui le rendront obsolète et inacceptable, et qui offrent des perspectives nouvelles de changement social.
Les élections ne sont aujourd’hui qu’un leurre pour nous détourner de cette tâche historique, pour nous asservir avec des pratiques dérisoires, pour nous inciter à abandonner toute initiative et à faire confiance à des individus plus soucieux de leurs intérêts personnels qu’au bien public.
Le champ de l’action politique est ailleurs, réinvestissons le. »

4 Comments so far...

fred Says:

9 mars 2010 at 08:34.

Tout ça me rappelle une vieille tentative de candidature aux élections Municipales …
Notre mouvement, le Comité d’Union Locale (le C.U.L) avait un slogan ravageur :
« Votez C.U.L ça va chier ! »
Dommage que la pression des R.G nous fisses (fucking ?) reculer !

krapo Says:

11 mars 2010 at 08:36.

Salut Paul,

belle chronique, encore une fois bravo !
pour la peine je rajoute un morceau de François Béranger « magouille blues »
http://sd-1.archive-host.com/membres/playlist/68494751213462497/TrackNo04.mp3

luc Says:

12 mars 2010 at 19:32.

Bonjour. Pour le cas où cette chronique aurait une suite, je me permets de suggérer le beau poème de Gaston Couté, « Les électeurs ». Cordialement

Paul Says:

12 mars 2010 at 19:58.

Excellente idée Luc ! Je viens d’y repenser en allant me promener sur le site de présentation du film « Bernard ni dieu ni chaussettes ». Le personnage autour duquel tourne ce film, Bernard Gainier, est un très bon interprète de Couté.
J’ai d’autres très beaux textes dans ma hotte : je me demande si je ne vais pas faire une suite ! En attendant, voici une adresse à laquelle on peut visionner la bande annonce :
http://www.lesmutins.org/bernardnidieunichaussettes/

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