17 novembre 2008

Alors moussaillon, la terre ferme comment ça se passe ?

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

suite de « Je quitte la marine à voiles (1 et 2) » – chronique anniversaire

Il y a un an, le 17 novembre 2007, paraissait la première chronique de ce blog, intitulée « je quitte la marine à voiles (1) » suivie, quelques jours plus tard par la deuxième partie du même texte. Je parlais alors de mon état de « jeune retraité » ayant abandonné le navire « école publique », absolument ravi de ma décision. Quelques phrases pour retracer les soubresauts d’une carrière longue d’une bonne trentaine d’années ; quelques mots pour dire comment on peut, à la fois, être satisfait d’avoir exercé un métier que l’on avait, au moins en partie, choisi, et être heureux d’abandonner un bateau parti à la dérive sur l’océan de la bêtise et du libéralisme associés… Je trouve intéressant de revenir, un an plus tard, sur cette ébauche de réflexion que j’avais entamée alors. Il est vrai que depuis, l’enseignement est en grande partie sorti de mon champ de préoccupations et je m’aperçois que si j’ai créé une catégorie de chroniques intitulée « école », j’y parle plus d’histoire, de revendications et d’orientations pédagogiques que d’expériences vécues ou de souvenirs en tout genre. Je crois qu’il y a un temps pour chaque chose et le temps pour ce genre de récits n’est point encore venu. Le besoin d’entreprendre est plus fort que celui d’analyser !

Je dois dire aussi que j’aborde cette deuxième année de fonctionnement du blog avec des idées beaucoup plus précises que celles que j’avais lors du commencement. L’un des principes que je veux mettre en application, c’est de ne pas succomber à la tentation de l’éphémère ou à la mode du « coup de gueule » sans lendemain dont nos medias sont si coutumiers. Certaines chroniques ont évoqué des problèmes ou ont ouvert des pistes : j’ai bien l’intention d’y revenir, de voir comment les choses ont évolué, de juger si les problèmes se sont atténués ou se sont aggravés… Ceci concerne bien sûr plutôt les chroniques d’actualité, politiques, écologiques ou autres, que les articles à vocation documentaire ou encyclopédique. A quoi cela sert-il, à un instant donné, de parler des Touaregs, des Indiens Mapuche ou du mouvement Navdanya de Vandana Shiva, si, quelques semaines plus tard, après quelques commentaires échangés, le sujet sombre dans l’oubli ? Attendez vous donc à ce que certains thèmes traités au cours de cette année soient repris, approfondis, réécrits, corrigés, remaniés ou simplement complétés par des infos plus récentes. Je vais le faire prochainement pour l’association « terre de liens », je le ferai à l’occasion pour d’autres chroniques.

Il y a un peu plus d’un an, donc, je posai mon baluchon sur la terre ferme. Coup de chance, comme nous avons à peu près le même parcours professionnel (et dans la même branche) ma coblogueuse, Pascaline, faisait de même. Un mois au Québec pour changer d’air et la nouvelle vie débutait. Nous avons eu enfin du temps pour mettre sur les rails une partie des projets que nous avions en tête. Une partie seulement car, pendant cette première année sabbatique, je n’ai pas eu la possibilité de redémarrer vraiment mon atelier bois, et il a fallu que j’attende ces dernières semaines pour me remettre à la musique. D’autres idées n’ont encore pas été exploitées : je ne m’inquiète donc pas pour l’avenir. Ce qui est certain c’est que la gestion et l’entretien de notre petit « domaine » mobilisent une bonne dose d’énergie. Un potager, un jardin floral, un mini verger et un parc arboré ne se débrouillent pas tout à fait tout seuls. Tous ces espaces verts autour de la maison demandent des heures de travail, beaucoup d’heures ! Comme de plus on a une forte envie de voyages et de rencontres, le mélange dans la marmite « espace-temps » est parfois un peu explosif. Je remarque aussi que par rapport à une activité salariée à horaire fixe où l’on court tout le temps et où l’on ne peut pas toujours faire les choses comme il faut, là, on a tendance à être un peu plus tranquilles au niveau du rythme et à être un peu plus perfectionnistes aussi. Lecture et écriture ont retrouvé une large place dans nos programmes journaliers : Pascaline a repris l’écriture de son premier roman (projet ambitieux puisqu’il s’agit d’une histoire sans doute en trois volumes) et moi j’assure, en gros, la rédaction d’une chronique tous les deux jours pour ce blog. Certains articles sont relativement vite rédigés ; d’autres demandent documentation, vérification, et plusieurs jets successifs pour arriver à un tout qui me convienne. Là aussi j’ai eu « plus grands yeux que grand ventre », comme dirait ma mémé, car j’ai parlé à plusieurs reprises d’un site internet qui reprendrait de façon plus étoffée certaines de mes chroniques et où je publierai aussi des textes plus longs. Le site attend, depuis des mois, sa touche finale… et je ne sais pas encore quand il aura suffisamment grâce à mes yeux pour que je le publie.

Quand on croise amis ou simples relations, il est amusant de se rendre compte que les échanges de nouvelles se déroulent toujours selon le même protocole. Avec les collègues enseignants en particulier, c’est frappant. Le préambule est toujours le même : « vous avez de la chance, vous êtes des petits veinards, bande de sales profiteurs, vous n’avez pas un peu honte ?… » Ces quelques récriminations sont presque toujours suivies par une vigoureuse approbation : « vous avez bien raison ; le boulot c’est n’importe quoi ; ils sont en train de casser l’école ; j’aurais bien aimé faire comme vous et me tirer de cette galère… » Un instit, militant dans le même syndicat que nous, précisait même l’autre jour : « on n’a même plus le temps de gueuler… A peine ont-ils annoncé une mesure négative qu’une autre enchaine par derrière… Vous ne pouvez pas réaliser à quel point ils sont passés à la vitesse supérieure… Le service public a du plomb dans l’aile… » Si, camarade, on a réalisé, et c’est pour ça qu’on a quitté la « marine à voile » pour la terre ferme. C’est pour ça qu’on a tiré un trait sur les quelques euro supplémentaires qu’on aurait pu grappiller en continuant quelques années de plus. Je me suis aperçu que l’expérience acquise au fil des années ne suffisait plus à compenser la fatigue croissante que j’éprouvais : des enfants exigeants, des parents fatigants et une hiérarchie peuplée de fonctionnaires serviles. Cet égoïsme a été salutaire car je n’ai plus la « pêche » suffisante pour mener tous ces combats et affronter cette muraille de Chine de la bêtise officielle. Chaque mois de travail supplémentaire aurait été chèrement payé en termes de santé. Maintenant, je suis sur la berge, temporairement à l’abri derrière mes arbres… J’observe quand même l’océan et, quand je vois un bateau couler, je pousse un bon coup de g… qui a au moins le mérite de me soulager.

Les jours défilent à une vitesse impressionnante et je sais bien que nous avons échangé ce moment de vie privilégié contre d’autres inconvénients… Mais ce que nous faisons pour le moment nous plaît et nous n’avons qu’un seul désir c’est d’en faire encore plus et que cela nous plaise encore plus aussi ! La vie est trop courte pour que l’on ne morde pas dedans à pleine dents et que l’on n’en savoure pas chaque minute intensément. Vive l’hédonisme !

2 Comments so far...

Lavande Says:

18 novembre 2008 at 10:59.

Pas de lien direct avec le sujet du jour, quoique…
Un nouveau blog a été créé par des « dissidents » de la RDL (république des livres) d’Assouline, furieux de l’éviction par les modérateurs du Monde, d’un des posteurs les plus brillants mais pas très politiquement correct au niveau vocabulaire et invectives.
Ce blog rassemble des gens très intéressants et c’est à mon avis un public à mobiliser (s’il ne le sont déjà individuellement ) pour protester contre l’arrestation des « hyper-ultra-dangereux-terroristes-potentiels » de l’histoire du TGV.
La république des Libres: http://lardlibres.canalblog.com/

Le but de mon com était surtout de te demander la permission (il faut être correct même avec son propre frère!) de reproduire des extraits de ton article sur ce sujet, tout en conseillant bien sûr la lecture directe.

Grhum Says:

18 novembre 2008 at 23:39.

Je suis flatté que tu aies choisi pour illustration le livre d’Alain Baraton que je m’étais fait un plaisir de t’offrir. Déjà que tu avais évoqué ‘La première gorgée de bière’ dont c’était également le cas je ne suis pas mécontent de mes choix de cadeaux !

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