29 août 2015

Heureusement qu’il y a les oignons !

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Le clairon de l'utopie .

La Feuille Charbinoise déverse un flot de larmes de crocodile sur les drames de la rentrée et l’énormité de la tâche qui attend les militants écologistes après un repos bien mérité.

Pendant que vous bronziez, une multitude de petits faits dramatiques  se sont produits sur la scène médiatico-politique française. Un petit rappel pour que vous puissiez répartir votre chagrin à bon escient. Comme l’avait prédit ma grand-mère en l’an 2015 avant notre ère, la Gauche se divise (Heureusement, la Droite aussi, mais la Droite on s’en fout). La cause de cette situation est facile à percevoir, surtout si l’on prend EELV comme objet d’étude : il y a plus de candidats que de postes de chef, plus de culs à asseoir que de fauteuils disponibles. Il ne faut pas oublier cette évidence de base : si on se lance dans la politique politicienne, c’est qu’on a de l’ambition, surtout de l’ambition, parfois des idées. Une formation politique naissante est un bac à sable formidable pour celles et ceux qui préfèrent blablater à l’assemblée ou dans les salons plutôt que d’apprendre à lire à des marmots agités ou visser des boulons à la chaine dans une usine rutilante mais néanmoins peu épanouissante. « Tu devrais essayer coco ; l’écologie c’est une idée nouvelle, très à la mode… Avec les diplômes que tu as, et le cabinet de communication qui travaille déjà pour ton papa, tu devrais faire un carton ! ».

bouh-je-suis-triste Penchons-nous sur le cas des deux zigotos (Placé et De Rugy) qui viennent de quitter EELV, en invoquant pour motif de leur défection, le fait qu’ils habitaient un nid de gauchistes irresponsables et que malgré leur dévouement ils n’ont pu remédier à cet état de fait. Les lecteurs de ce blog savent que je n’ai que peu de sympathie pour la ligne politicarde de ce rassemblement d’écologistes de salon qui se nomme EELV (même si quelques brebis sympathiques ont rejoint le troupeau après avoir mal lu l’avertissement placardé sur la porte d’entrée). J’ai relu, avec grand plaisir, la description prémonitoire faite par Fabrice Nicolino en mai de cette année, sur son blog « ligne de force », ainsi que le portrait décapant qu’il avait brossé des deux zozos dont il est question aujourd’hui. Je ne résiste pas au plaisir de « piller » quelques idées dans sa chronique. Interrogé par la journaliste Anne-Sophie Mercier pour un portrait publié dans le monde en décembre 2011, Placé parle de lui pendant deux heures sans qu’apparaisse une seule fois le mot « écologie »… Un drapeau tricolore et un buste de Napoléon font partie des éléments de décoration de son bureau parlementaire… Apprenant la disparition du patron de Total, Margerie, JVP dresse un portrait larmoyant de ce « grand homme » : « Hommage à un grand capitaine d’industrie francais très lucide sur la situation de la planète et de l’avenir de l’ humanité ». Autant arrêter là, en rester aux couches superficielles, éviter de trop approfondir…

Ma source reste la même en ce qui concerne le député de Loire-Atlantique, ennemi juré des opposants à l’aéroport bidon de Notre Dame des Landes. On comprend qu’il ait peur des « gauchistes », ce grand admirateur de Bouygues, défenseur des tristement célèbres PPP (partenariat public privé) qui ouvrent la porte à tous les abus et à la soumission des institutions aux diktats des entrepreneurs ! Quels chemins tortueux ont bien pu conduire ces caniches étoilés, bêtes de concours, à côtoyer d’authentiques défenseurs d’une Nature dont ils n’ont rien à braire ? C’est le miracle des filières, des écoles d’administration, des études prestigieuses, des plans de carrière… On accumule quelques pépites puis on cherche dans quel domaine en pleine mutation on va les investir… L’extrême-droite ? Trop vulgaire, mauvaise connotation, et puis on a quand même une « sensibilité de gauche »… La sociale médiocratie ? Peu rentable comme investissement : il y a déjà tant et tant d’éléphants et de courants au sein du Parti roudoudou ! Et puis l’époque où le port du mégaphone dans les manifs étudiantes augurait d’une carrière fulgurante au PS est révolu… Passé de mode. Les cocos ? Trop vieillots… L’écologie, labellisée PEFC, c’est parfait :  équitable, durable, judéo-chrétien compatible, soluble dans de nombreuses nébuleuses. C’est une boîte de Pandore, ou mieux encore, un ensemble de poupées gigognes ; chacun peut tirer les ficelles dans sa direction ; l’essentiel c’est que tout soit recouvert d’une épaisse couche de badigeon… vert.

je-vous-le-jure Mon conseil ? Pour ceux qui ont encore une véritable sensibilité écologique, pour ceux qui pensent que lutte écologique et luttes sociales sont indissociables, pour ceux qui sont convaincus que seule une démolition systématique des rapports de domination entre les individus pourront permettre une avancée réelle vers un changement de société, on suit l’exemple des deux marabouts et on quitte le Titanic repeint en vert avant le naufrage définitif. Non, l’écologie n’est pas morte même si elle n’a guère de visibilité ces derniers temps. Les militants se battent sur le terrain et les lieux d’affrontement sont nombreux, un peu plus chaque jour tant règne le péril en la demeure. Ce ne sont pas les bulletins de vote, et le fait de savoir si les amis de Cécile Duflot feront 3,5 ou 3,6 % aux prochaines élections, qui sont importants. Ce qui compte, c’est de contrecarrer les projets de ceux qui sont – il ne faut pas l’oublier – nos véritables adversaires et non « de grands visionnaires » ou des « patrons formidables sur le plan humain ». Dimension incontournable pour ces combats : il faut qu’ils soient l’occasion de construire de nouvelles structures qui ne soient pas de pitoyables copies des anciennes, mais de réelles expérimentations de nouveaux liens sociaux et de nouveaux modes d’échange. Que l’expérience Syriza était nécessaire, malheureusement, qu’elle ait au moins le mérite de montrer ce que l’on risque lorsque l’on délègue son pouvoir avec un peu trop de légèreté à des gens – au choix – bien naïfs ou carrément peu scrupuleux.

D’autres événements bien plus dramatiques se sont produits au cours de ce mois d’Août, pendant que beaucoup avaient les yeux tournés vers la ligne bleue de l’océan et les doigts de pied en éventail. L’été, quelle belle saison pour les gouvernants ! Il n’y a pas de trêve pour les saloperies, et pendant que l’on amuse le public avec des guignoleries, les technocrates affutent la lame de la guillotine. EDF fait du rétropédalage en ce qui concerne l’augmentation de ses tarifs ; La Poste envisage de vendre ses timbres au prix de l’or en barre ; le brave contribuable se prépare à mettre la main à la poche pour sauver les ahuris d’AREVA ; j’en passe et des bien pires… Gare à la rentrée et ne perdez pas de vue ce qui se passe partout ailleurs dans le monde. Ne comptez pas sur les « frondeurs » du parti Roudoudou pour vous tirer de l’ornière. Ces dames et ces messieurs-là ne cherchent qu’une occasion pour passer du strapontin à un fauteuil plus confortable. Il y en a marre d’être les dindons du rembourrage et de servir de chair à canon pour les matelassiers. Qu’on se le dise ! Quant aux deux ineffables bouffons dont il était question dans cet article, ils peuvent toujours rejoindre le F.A.R.C. (Front Anarcho Rural Charbinois). Je leur offre deux postes très convenables même s’ils sont un peu salissants pour les mains. Pour les salaires, simplement, il faudra qu’ils se débrouillent pour choper une subvention auprès de leurs roses amis. J’ai pas de thune : je n’ai pas payé ma cotisation en 2015.

One Comment so far...

Patrick MIGNARD Says:

30 août 2015 at 20:46.

Excellent ! ! ! ! ! !

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