9 février 2017

Février m’impatiente…

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

erable-ciel-gris La grisaille et l’humidité ont remplacé le ciel bleu et le froid glacial. Je traine dans le parc, derrière la maison, puissamment motivé par un besoin à la fois psychologique et physiologique pressant de découvrir quelque indice de l’arrivée prochaine du printemps. Mais nous ne sommes encore que dans les premiers jours de février et la nature ne semble pas pressée de répondre à ma demande. On dit qu’en hiver aussi la vie bouillonne, mais cette agitation frénétique est souterraine et se cache à l’œil indiscret du promeneur. De savoir cela, ce devrait être une sorte de lot de consolation pour mon esprit, un baume pour le cœur endormi, mais cela ne fonctionne pas vraiment. Ce n’est pas la première année que je ressens ce désir pressant, et que je me livre à ce genre d’investigation avant même l’hiver officiel terminé… Je possède quelques indices sur les endroits où je dois chercher, si je veux avoir une chance d’aboutir.

perce-neige en attente d'un rayon de soleil

perce-neige en attente d’un rayon de soleil

Je sais par exemple que les premiers signes de renaissance se produiront du côté des jeunes pousses d’érable et des fleurs de cornouillers mâles, à moins que le chèvrefeuille odorant ne joue les jeunes premiers. Ne pas oublier aussi les primevères qui sont parmi les fleurs les plus en avance. Pour l’heure, les bourgeons du cornouiller sont encore hermétiquement fermés, mais lorsque l’on s’amuse à les ouvrir avec les ongles, la petite boule jaune est bien présente et n’attend qu’un signal pour sortir de sa prison. Ces petites fleurs discrètes sont bien trop prudentes pour livrer leurs fragiles étamines au froid qui s’abat encore sur le jardin pendant la nuit. Violettes et jonquilles restent encore blotties sous la mousse. Les perce-neige font une timide apparition. Les fleurs des noisetiers ne montrent encore aucune rougeur. A l’épicerie, une cliente a parlé de primevères, mais je n’en ai pas encore vu à ce jour. La quinzaine glaciale que nous venons de vivre n’a pas encouragé la pousse des éclaireurs.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les phénomènes printaniers ne sont pas si décalés que cela d’une année sur l’autre. Les températures ont une incidence sur la vie végétale, mais la luminosité, souvent oubliée, joue aussi un rôle important. Des températures élevées font gagner quelques journées à l’ éclosion des bourgeons, mais le signe principal auquel les plantes prêtent attention, ce sont les quelques minutes de lumière supplémentaire gagnées au lever et au coucher du soleil. Je pense aussi que les nuages, lorsqu’ils sont présents sans fin ni cesse jouent aussi leur rôle dans la partition.

Les bourgeons du stewartia semblent prêts à éclore...

Les bourgeons du stewartia semblent prêts à éclore…

Il n’empêche que l’an dernier les cornouillers et les chèvrefeuilles odorants montraient déjà d’intenses signes d’activité fin janvier… et que cette année ne sera peut-être pas précoce. Il est amusant d’entendre les jardiniers parler de la conjoncture météorologique et réaliser des pronostics à propos de leurs plantes chéries : à quel moment feront elles leur apparition sur scène ? Seront elles au summum de leur splendeur ? Te rappelles-tu la floraison des narcisses il y a deux ans ? Il fallait voir les pivoines de Camille au printemps dernier ! Je ne sais pas comment elle fait : ses fleurs sont toujours ouvertes une semaine avant les nôtres… Il n’y a pas que les journaux qui ont leurs « marronniers », les amoureux de la nature aussi ! Logique puisque les mêmes phénomènes se répètent tous les douze mois.

Mais pour l’heure, on n’en est encore pas là. Il est encore trop tôt pour la symphonie des couleurs pastel. Il me faut donc prendre mon mal en patience. Les travaux hivernaux ne manquent pas au programme, mais pour moi aussi le déclic n’a pas encore eu lieu et mon énergie printanière ne fait que bouillonner en profondeur. Pour l’heure, je me contente de me promener, un peu pour tuer le temps en attendant une conjonction météorologique favorable pour me mettre à l’ouvrage. Au bout d’un moment, lassé d’une errance que la grisaille du ciel rend un peu sinistre, je me réfugie les pieds dans mes pantoufles et les yeux dans un bouquin. Je n’ai pas même envie de sortir un catalogue de jardinage et de faire mes premières commandes de semences !

Bien triste, surtout avec un ciel gris. Besoin d'un peu de verdure !

Bien triste, surtout avec un ciel gris. Besoin d’un peu de verdure !

Profitant d’une après-midi plus ensoleillée, je décide d’élargir le cercle de mes recherches, bien que je ne me fasse guère d’illusion encore une fois. Je quitte notre espace vert local et je pars faire un grand circuit dans la commune par les petites routes et les chemins. Il reste quelques endroits sympathiques, mais notre territoire est bien trop urbanisé. Comme le disent les géographes, le paysage environnant est « mité » par les lotissements et les grandes surfaces.

De retour à la maison, je décide de noter les quelques observations que j’ai faites en cheminant. Ce qui me chagrine un peu c’est qu’elles ne sont guère positives ! La première idée qui me vient en tête concerne le bruit : il n’y a pas eu de lieu ou de moment où je n’entendais pas les voitures. L’itinéraire que j’ai emprunté passe parfois si près de la départementale que l’on peut se livrer à des statistiques désolantes sur l’occupation des véhicules : dans neuf cas sur dix, il n’y a qu’une personne  à bord. Beaucoup d’air brassé (et pollué), peu d’efficacité… Mais mon objectif n’était pas d’enquêter sur le trafic. Côté végétation, j’ai presque envie de dire « chou blanc ». Même si la neige a disparu des sommets proches du Jura, elle est encore bien visible à l’horizon sur les hautes cimes des Alpes. En plaine, elle a fondu totalement et le paysage carte postale s’est effacé. Il n’y a pas eu de miracle et, maintenant que le manteau de camouflage blanc a fondu, les abords des chaussées de circulation sont toujours aussi répugnants, notamment le voisinage des routes goudronnées : emballages de nourriture, canettes de bières, cendriers négligemment versés par la fenêtre, objets hétéroclites provenant des remorques trop pleines et mal bâchées que les gens conduisent à la déchetterie, s’étalent dans les fossés, sur les talus, à la lisière des champs. Là où passent les véhicules à moteur, les ordures s’épanouissent. Les labours futurs en enfouiront une partie réservant ainsi de belles découvertes pour les archéologues des siècles à venir.

les jonquilles aussi, pour les voir, il faut les chercher attentivement !

les jonquilles aussi, pour les voir, il faut les chercher attentivement !

Ce côté « dépotoir » de la campagne me donne des envies de meurtre, je l’avoue franchement. Mais comme je ne suis pas un adepte de la violence physique comme moyen thérapeutique pour remettre les abrutis dans le bon chemin, je pense qu’il serait bon de secouer les automobilistes indélicats en les frappant à l’endroit qui leur fait le plus mal. Au Québec, j’avais remarqué que si vous étiez pris en train de jeter une canette vide par la fenêtre de votre voiture vous risquiez une amende de 250 dollars… Moi je serais partisan d’un coup de masse sur le capot de la voiture, histoire de provoquer une vraie réflexion citoyenne, mais nos « forces de l’ordre » ont trop à faire à courir après les réfugiés pour avoir le temps de s’occuper des artistes en herbe qui décorent nos prairies…

Bref, cette errance pédestre en zone rurale urbanisée, n’a guère remonté l’estime que je porte à une partie de mes concitoyens. La prochaine fois, je retournerai dans les coins un peu plus champêtres où l’on se promène d’habitude. A part des cartouches vides, on n’y trouve pas trop de déchets. Histoire de terminer sur un note colorée, un magnifique bouquet de mimosas trône sur notre table dans la salle à manger : c’est le cadeau d’une amie qui a passé son week-end dans l’Aude. Dans le coin, je crains que les mimosas non abrités n’aient pas apprécié les moins douze degrés de janvier.

En fait, voici ce que j'attends avec impatience : les viornes plicata en fleurs ; voilà le vrai lever de rideau du festival printanier !

En fait, voici ce que j’attends avec impatience : les viornes plicata en fleurs ; voilà le vrai lever de rideau du festival printanier !

4 Comments so far...

L'Étrusque Says:

11 février 2017 at 10:26.

Ben cheu nous la première primevère a déjà une bonne semaine !
Et toc !

la Mère Castor Says:

11 février 2017 at 13:13.

chez moi il a des crocus, le cognassier du japon est plein de bouton, les jonquilles ne sont pas loin, il y a aussi des cochonneries plein le bord des routes et plein la campagne. Triste constat, pour ça c’est tout pareil.

Paul Says:

11 février 2017 at 16:26.

@ l’étrusque – Tss ! Tss ! Chez nous on n’éclaire pas le jardin avec des lampes horticoles ruineuses tout l’hiver ! Et pis même que les salades sous la serre, elles, elles grandissent et qu’on pourra les trucider d’ici deux semaines je pense.

Paul Says:

11 février 2017 at 16:28.

@ Mère Castor – Bon allez, je concède deux petites semaines d’avance, quoique, quand ça bouge, ça bouge vite. J’ai eu un mal de chien à trouver des perce-neige ouverts pour la photo et cette après-midi toute la touffe est en fleurs. Les jonquilles et les violettes par contre il leur faudra quelques amphétamines pour rattraper leur retard à l’arrivée !

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