12 mars 2009

Mettre les piépiés dans les potis plaplas

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour .

travail_enfant_ordures La politique m’emmerde de plus en plus, je l’avoue franchement et l’économie du pareil au même… Du moins ce que les politicards, les énarques et autres tâcherons des multinationales en ont fait. Du moins la façon dont les journaleux et les experts « hautement qualifiés » nous en parlent. Cette société que l’on nous présente comme un bijou d’organisation, un modèle irremplaçable, le seul que l’homo modernus soit capable d’imaginer ( !) : elle me donne la nausée. J’attendrai des jours meilleurs pour peaufiner les quatre ou cinq textes « politiques » que j’ai sous le coude. Mais attention, pas d’erreur d’interprétation ! Il ne s’agit pas d’un coup de blues printanier ! Même si elle n’en a pas forcément le ton, cette chronique se voudrait éminemment positive. A côté de tous les tordus dont on nous rabat les oreilles, il y a des tas de gens intéressants qui font de l’excellent travail de fond. Leur action empêchera peut-être notre « maison commune » d’être totalement détruite. Je vais continuer aussi à vous parler de vie quotidienne, de contes à dormir debout, de beaux arbres et de belles forêts, que sais-je, de tout ce qui me passe par la tête et me réjouit l’âme. Je voudrais prendre le temps de rédiger quelques notes de lecture, car je viens de terminer des livres vraiment passionnants et sur des sujets très divers. Je viens de « croquer » ainsi : « les croisades vues par les Arabes », d’Amin Maalouf, « le réseau d’évasion du groupe Ponzan » d’Antonio Téllez (Révolution en Espagne et Résistance en France), « des bibliothèques pleines de fantômes » de Jacques Bonnet et je suis plongé dans « la route de Silverado » de Stevenson. Avec tout ce que j’ai lu pendant ces derniers mois, j’ai de quoi alimenter pas mal de chroniques. En fait je crois que c’est plus l’histoire et la lecture qui me ramèneront à la politique que l’actualité du moment par rapport à laquelle j’ai tendance à prendre mes distances… J’ai écrit, il y a quelques temps, un billet intitulé « l’envie d’ailleurs », où je parlais de voyages… Cette « envie d’ailleurs » déborde largement le cadre de simples pérégrinations géographiques.

palace S’il n’en tenait qu’à moi, je me lèverais le matin, j’écrirais à mes amis, je lirais leur courrier, j’irais baguenauder sur quelques blogs dans lesquels je me sens bien… Ensuite j’irais dans les bois, observer les écureuils et papoter avec les chevreuils. Je me planterais là, en plein milieu de nulle part, et je casserais les oreilles des rossignols avec le son grinçant de mon accordéon, jusqu’à ce que, pour demander grâce, l’un d’entre-eux, le plus dégourdi du lot, se pose sur l’instrument. Les jours de pluie, j’errerais de librairie en bibliothèque, je peaufinerais le rabotage du panneau de porte d’un placard à confiture (celui de ma mémé est rempli à ras bord) ; je trainerais au lit, je miaulerais pour avoir des sourires, des câlins et des croissants. Je me lirais une bonne BD en écoutant le dernier CD des « cowboys » ; je tirerais des plans pour inviter les potes et préparer une bonne petite bouffe des familles ; je ferais le croquis définitif de ma tour bibliothèque… Je téléphonerais à Vandana Shiva pour la féliciter d’avoir botté le cul à Monsanto ; j’enverrais des messages de félicitation aux ouvriers d’Areva pour avoir collectivisé leur entreprise et remplacé la fabrication de réacteurs polluants par celle de chauffe-eau solaires pour les Inuits – bon là je crois que je m’égare… Bref je vivrais pleinement, sans avoir besoin de piquer des coups de sang chaque fois que je vois la gueule d’un de ces cons abrutis dégénérés qui prétendent gouverner nos consciences et nos désirs. Mon espérance vie s’en trouverait rallongée ; ça serait peut-être un drame pour la planète mais pas pour moi. J’ai toujours été un chaud partisan de l’immortalité en bonne santé ou de la réincarnation contrôlée. Je suis un émule de Claude Tilliers, « Mon oncle Benjamin » me plait toujours autant à la dixième vision… Je dois être un infâme petit bourgeois. Le petit neveu de Paul Pot aura ma peau si je continue sur cette pente négatiorévisionniste.

incendie-de-foret Le problème c’est que le vacarme de la destruction de l’environnement proche, lointain, planétaire, est assourdissant. Le problème c’est que le vacarme du massacre en technicolor de tous ces civils innocents par des militaires bariolés et tous plus croyants les uns que les autres est insupportable. On ne peut pas se réveiller sans avoir dans les oreilles l’éclat des bombes et le hurlement des enfants. On ne peut pas se réveiller sans entendre le bruit insidieux et horripilant des billets de banque qui crissent dans les mains des morts vivants de la finance. On ne peut pas se réveiller sans voir les hectares de forêts qui s’abattent dans le marécage de la folie humaine. On ne peut pas ne pas voir, ne pas entendre, ne pas sentir… Il n’y a plus d’endroit sur la planète où la couche de sable soit assez épaisse pour qu’une autruche puisse se placer en état de privation sensorielle. Je ne peux pas faire comme si… Je ne peux pas ignorer un monde qui s’invite à ma porte tous les matins avec ses gros sabots et sa gueule de journaliste de la télé. Je ne peux pas ne pas voir le visage de ces gens dont la haute finance  brise la vie comme on casse une allumette. Lundi « boulot », mardi « crise financière », mercredi « l’usine délocalise », jeudi « chômage », vendredi « soupe populaire », samedi « misère » et dimanche « versement du dividende aux actionnaires »…

Je vais donc continuer à gueuler. Rassurez-vous ce blog ne va pas changer de cap, simplement éviter les escales dans les îlots trop mal famés. J’irai peut-être manifester encore le 19 mars, puis le 19 avril, puis le 19 mai… puisque c’est ce jeu là qui amuse les dirigeants pantouflards de nos syndicats institutionnels. Il faut bien défendre pied à pied les acquis sociaux qui nous restent encore : services publics, Sécurité Sociale, retraites… Tout est menacé, chaque jour un peu plus. Ils veulent « réguler » le capitalisme mais se hâtent de démolir l’inspection du travail, le service de répression des fraudes et les tribunaux des Prud’hommes. Et pourtant… Je me sens de moins en moins l’âme militante. Bon nombre d’anars me fatiguent avec leur quête sans fin de pureté idéologique ; une large fraction des écolos me cassent les pieds avec leur discours judéo-chrétien culpabilisant ; le NPA m’excite autant que la lecture des mémoires de Pie IX ; quant au PS… On ne s’acharne pas inutilement sur les ambulances.

deforestation On ne peut cependant pas les laisser proclamer à longueur d’ondes et de papier journal que leur système est le seul possible. On ne peut pas les laisser beugler par monts et par vaux, que l’ordre, la loi, les règlements, la police, l’armée, sont une garantie du bien être, un mal nécessaire, pour tenir en laisse un être humain soi-disant immature. Mais qui tient la laisse ? Qui ordonne, qui juge, qui emprisonne, qui moralise, qui décrète, qui légifère ? Et si c’étaient justement les plus mauvais d’entre-nous ?
Ils ont fait des lois pour protéger les plus faibles…. Sans commentaires…
Ils ont fait des lois pour garantir l’égalité des droits pour tous… Sans commentaires…
Ils ont fait des lois pour protéger la planète… Sans commentaires…
Les seules lois qu’ils appliquent sont les lois faites pour réprimer.

boutin Ils (ou elles) mentent comme ils respirent. Quand Madame Boutin, ce matin, déclare, la bouche en cul de poule : « Il n’y aura plus d’expulsion sans solution de relogement ». Vous la croyez ? Vous pensez qu’elle sait de quoi elle parle ? Vous imaginez qu’elle-même croit ce qu’elle raconte ?
Ils veulent un monde où tout sera contrôlé, régulé, aseptisé, neutralisé… Un monde  dont Aldous Huxley, Georges Orwell ou Régis Messac, ont été incapables d’imaginer la barbarie. La seule liberté qu’ils veulent nous laisser, c’est la liberté d’acheter ce qu’ils auront décidé de nous vendre, selon les règles qu’ils auront fixées, tout et n’importe quoi : l’air, l’eau, la vie humaine, les arbres, la planète… L’économie de marché, la loi de l’offre et de la demande, les délocalisations, les profits sans limites… ce sont là les seuls mots qu’ils savent employer dans leurs complaintes lancinantes.  La liberté, sous les caméras de surveillance, celle d’acheter la soupe de grand-mère plutôt que la confiture de vieille tante ; le droit d’emprunter à telle ou telle banque, de prendre un crédit pour « auto » financer des funérailles somptueuses ; la possibilité de partir en croisade, au pas de l’oie, contre telle ou telle pratique religieuse, au nom de droits de l’homme qu’ils ne respectent que quand ça les arrange. L’essentiel en fait c’est de choisir un camp, et si possible le bon.
Qui va provoquer la prochaine guerre mondiale pour aider les marchands d’armes à nous sortir de la crise ? Que va-t-il se passer quand on manquera pour de bon d’uranium, de lithium, de pétrole, de cuivre, d’eau potable ? La science résoudra tous les problèmes ? Le miracle, ce jour là, aura largement débordé le champ du religieux pour investir celui de la technologie…

NDLR : j’ai « volé » toutes les photos qui illustrent cet article. Je rends hommage à leurs auteurs, sauf en ce qui concerne « le palace ». Des photos comme ça les brochures de tourisme de l’agence Sarkozy en sont remplies. Celle de l’incendie provient de la FAO. Je me renseigne et corrige les omissions dès que possible.

2 Comments so far...

fred Says:

13 mars 2009 at 10:08.

« La liberté, sous les caméras de surveillance, celle d’acheter la soupe de grand-mère plutôt que la confiture de vieille tante  » …
Devant cette phrase d’une homophobie terrifiante je m’en vais porter plainte de ce pas !

zoë Says:

13 mars 2009 at 20:40.

Vous commencez fort « j’emmerde la politique et les politiciens ah ah. Je souscris. Mais alors la réciproque hein, qu’est-ce qu’ils s’en foutent des désastres que leurs petites combines répandent, des forêts grillées et toute leurs faunes avec, des inondations, tempètes, nuages toxiques et tutti quanti. Misère ! Comment se délivrer de ceux qui nous « protègent » ?
Il y a des petites violettes sous mon arbre.

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