28 mai 2009

Puyas en fleurs aux jardins du Rayol

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage; Feuilles vertes .

puya-en-fleurs Cinq jours de détente, dans le Var : farniente dans une propriété pleine de charme, de douceur de vivre, et tourisme aux alentours… Dur après ça de se remettre à l’ouvrage bloguesque et jardinesque… Les arbres et les fleurs qui poussent chez les autres donnent beaucoup moins de soucis et surtout beaucoup moins d’ouvrage. Prenez les puyas par exemple, ces magnifiques fleurs originaires du Chili dont les boutons commençaient à s’ouvrir dans le « jardin des Méditerranées » au domaine de Rayol : je suis convaincu qu’elles ont à leur disposition toute une armée de jardiniers aux petits soins. Nous autres, visiteurs de ce lieu enchanteur, n’avons que le souci de grimper et de descendre les multiples sentiers et escaliers qui permettent de découvrir les coins et recoins du domaine. Le seul effort intellectuel que nous avons à faire consiste à pousser un « ah ! » ou un « oh ! » exclamatif à bon escient ou bien à mémoriser, tant bien que mal, le nom de toutes les merveilles que nous aimerions voir pousser à portée de notre regard quotidien. Peine perdue par avance puisque la plupart des curiosités exposées aux visiteurs ne s’épanouissent que sous un chaud soleil estival et ne résistent que lorsque le thermomètre consent à ne pas descendre en-dessous de zéro trop souvent. Nous verrons bien déjà si le callistémon « rince bouteilles » planté au printemps et l’olivier ajouté à l’automne veulent bien nous faire la grâce de croître et, pourquoi pas, de se multiplier. Un grand merci en tout cas à ceux qui ont placé cet espoir entre nos mains ! Tout le monde n’est pas dans l’état d’esprit béat du visiteur ; l’entretien de ce magnifique jardin du Rayol doit par contre demander pas mal de travail aux jardiniers qui s’activent… Il leur faut gérer à la fois la relative pauvreté du sol, sa tendance à dévaler la pente au moindre orage violent et  le manque d’eau criant en période estivale, surtout ces dernières années.

terrasse-du-rayol Il n’y a pas que des Puyas au Rayol, même si la photo publiée en début de chronique fait rêver : il y a aussi une multitude d’autres plantes, originaires de toutes les zones de climat méditerranéen autour du globe. Le parc est découpé en plusieurs secteurs abritant des végétaux d’Amérique du Sud, d’Australie, de Californie. Plus qu’un catalogue d’espèces végétales, les créateurs ont surtout voulu restituer une ambiance. Des photos de différents lieux ont servi de source d’inspiration. Gilles Clément, l’un des architectes du domaine, exprime très bien sa philosophie dans cette brève citation : « Contrairement à la majorité des jardins, exécutés en vue d’atteindre une image prévue (car dessinée), les jardins du Rayol ne cessent d’évoluer en état constant de prospective. Comme si la recherche, en tant que principe actif, dominait toujours l’aménagement, et comme si la pédagogie qui s’y trouve obligatoirement associée prenait le pas sur l’ornement et la simple promenade ». Le résultat est plutôt une réussite. Des solutions écologiques ont été recherchées aux problèmes qui se posaient. La tondeuse à gazon ne règne pas en maîtresse absolue et de vastes prairies fleuries servent de lien entre les différentes parties. Elles ne sont fauchées qu’après avoir grainé, ce qui assure une biodiversité végétale et faunique importante. Les sols sont paillés, protégés par du broyat de jeunes branches ou de tiges de bambou ; un arrosage goutte à goutte permet d’assouvir, sans gaspillage, les besoins essentiels des plantes en eau. L’emploi des produits chimiques susceptibles de causer des  dommages à l’écosystème fragile est réduit au minimum voire totalement banni, au fur et à mesure que de nouvelles solutions sont trouvées. Seuls les végétaux s’acclimatant facilement trouvent leur place dans le parc.

jardin-du-rayol Le domaine du Rayol appartient au Conservatoire du Littoral depuis trente ans. La propriété a bien entendu une longue histoire, antérieure à cette acquisition. Le domaine a été acheté puis aménagé par un riche homme d’affaires parisien, Alfred Théodore Courmes, en 1910. Il fait construire sa demeure sur un promontoire dominant la baie des Figuiers. Il fait construire une vaste pergola, puis fait planter en grand nombre palmiers, agaves, eucalyptus et mimosas dans ce qui va devenir « son jardin d’agrément ». En 1925, la famille Courmes fait construire une seconde villa et revend la première qui devient un hôtel, intégré à la nouvelle station balnéaire du Rayol. Changement de propriétaire en 1940 : c’est le constructeur d’avions Henri Potez qui devient le nouveau maître du domaine du Rayol. La propriété lui sert de refuge pendant les années noires. Un escalier colossal est construit en dessous de la pergola : il permet de descendre en bord de mer par un chemin plus direct. La guerre terminée, Henri Potez se relance dans les affaires et le Rayol ne sert plus que de résidence secondaire. La propriété est immense, et, faute de personnel en nombre suffisant, les jardins tombent peu à peu en désuétude. La côte se bétonne de plus en plus et l’intérêt des promoteurs immobiliers pour ce vaste territoire en friche se fait de plus en plus pressant. Par chance, de nombreux défenseurs de l’environnement se mobilisent et obtiennent que ce lieu magnifique soit dans un premier temps préservé, puis dans un second temps restauré et ouvert au public.

jardin-du-rayol2 L’aménagement du jardin a été fait en respectant au mieux ce qui existait déjà, tant au niveau architectural qu’au niveau végétal. Du coup, même si le « jardin des méditerranées » est une création récente, il bénéficie des plantations effectuées par les anciens propriétaires. On peut admirer ainsi de magnifiques pins d’Alep, de nombreux eucalyptus, des chênes lièges, des chênes verts, des pins parasols… Ces ancêtres donnent au parc un charme particulier. De nombreuses plantations ont été réalisées ensuite, correspondant au besoin particulier de chaque « ambiance » reconstituée. Les amateurs de fleurs originales et de cactées sont également à la fête. Je ne vous abreuverai pas de noms latins que je peine à retenir. Je vous invite simplement à observer les photos qui illustrent cet article. Pour cette visite, en fin du mois de mai, nous avons été particulièrement gâtés. Le printemps a été plutôt humide et chaud et le décor était à la fois vert et multicolore, de nombreuses plantes ayant prolongé leur floraison ou l’ayant au contraire anticipée. Vous pourrez découvrir vous aussi, à l’occasion d’une visite, la biodiversité incroyable qu’offre le climat méditerranéen : 2% de la superficie des terres habitables hébergent 20% des espèces végétales de notre sphère vert et bleu. Des panneaux explicatifs présentent les différents biotopes et expliquent le comportement des plantes par rapport à la sécheresse (les méthodes permettant de lutter contre la pénurie d’eau sont bien plus nombreuses qu’on ne le croit) ou par rapport aux incendies. Bien des idées reçues sont battues en brèche. Une exposition est consacrée également à l’organisme propriétaire de ce petit bijou, le conservatoire du littoral, et présente son action en faveur de la protection des zones sensibles. A propos d’information justement, la seule critique que j’aurais à formuler concernant l’aménagement, est l’insuffisance d’étiquetage botanique. Le nombre d’indications fournies par le dépliant de visite est vraiment restreint…

En fin de visite, nous avons fait une halte fraîcheur à la librairie du centre, particulièrement bien achalandée. il a fallu, comme d’habitude, que je fasse de gros efforts de volonté pour ne pas transformer le coffre de la voiture en bibliothèque ambulante et le compte en banque de la maison en passoire à nouilles. Que les deux amis à qui nous devons cette découverte soient chaleureusement remerciés ici, d’autant que ce n’est pas le seul lieu magique où ils nous ont entrainés. L’abbaye du Thoronet ou l’île de Porquerolles nous ont laissé également un souvenir ému… Mais il faut bien dire que ce n’est qu’au Rayol que nous avons vu des puyas en fleurs !

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NDLR : photos « maison » comme il se doit. C’est Pascaline qui se cachait derrière l’objectif ! Informations pratiques pour la visite sur le site du domaine du Rayol.

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