1 mars 2008

Tout augmente… même les armes de destruction massive

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour .

massue.jpg Les Américains (ceux des USA) viennent de perdre, il y a une semaine, un bombardier « furtif » B2. Cette information est passée « furtivement » dans la presse et n’a guère été commentée. Pourtant la perte financière n’est pas minime, loin s’en faut, puisqu’un tel joujou coûte (au minimum, car il est difficile d’estimer le coût réel avec tous les équipements) la bagatelle d’un milliard et demi de dollars. Les experts évoquent une fourchette de prix réel située entre 1,5 et 2,2 milliards. Cette somme ne vous dit pas grand chose ? Voici quelques éléments de comparaison : sur le plan militaire, c’est le tiers du prix d’un porte-avions ; sur le plan civil c’est grosso modo le même coût que le nouveau terminal d’aéroport de Pékin, qui est le plus grand au monde, ou bien la moitié du PIB du Burkina Faso. Un seul avion ! Bon il est évident que sur un budget militaire global de 481 milliards de dollars, cette année, et de plus de 500 milliards en 2009, ce n’est qu’une paille. Ce budget militaire des USA représente presque la moitié des dépenses militaires dans le monde. Jamais la défense du « bien » contre l’axe du « mal » n’aura mobilisé autant de ressources financières. On en viendrait presque à regretter le bon vieux gourdin d’antan !

epee.jpg Ce bombardier B2 porte le nom très poétique de « Spirit » (ils ont évité « white spirit » je pense pour éviter toute connotation raciste…) L’US Air Force ne possède que 21 engins de ce type (enfin, exactement 21-1). Ils équipent une escadrille aérienne de sinistre mémoire, en l’occurrence celle qui a largué les bombes nucléaires de Nagasaki et Hiroshima. Le bombardier B2 s’est écrasé au décollage de la base militaire de l’île de Guam, après une série de missions d’entrainement. Son équipage est sauf, mais les causes de l’accident ne sont pas encore déterminées. Au cas où il s’agirait d’un problème technique qui pourrait se retrouver sur d’autres appareils, l’ensemble de la flottille a été clouée au sol pour expertise. On comprend que l’armée de l’air américaine n’ait pas envie de jouer au jeu auquel elle avait joué, il y a quelques décennies, avec l’un de ses chasseurs, le F104, qui avait plus tendance à brouter sauvagement les pâquerettes qu’à rester dans le ciel. On ne badine pas avec un jouet de ce prix-là, d’autant qu’il s’agit, selon la revue aéronautique que je me suis amusé à consulter, d’un jouet fragile. Le revêtement sombre qui lui permet d’échapper à la surveillance radar et lui vaut donc le qualificatif poétique de « furtif » est d’une extrême fragilité. Les spécifications techniques exigent que le personnel d’entretien ne se déplace sur les ailes qu’avec des chaussons et, entre deux vols, l’avion doit être abrité des intempéries dans des hangars climatisés, pas moins que ça. Dans le temps, les bons vieux engins de destruction massifs, genre forteresse volante ou super forteresse étaient moins douillets !

sopwithcamel.jpg Le B2 n’est pas très rapide mais il peut emporter une importante cargaison de bombes ou un engin de forte puissance. Outre sa furtivité, il possède un autre atout capital : son autonomie en vol atteint une trentaine d’heures ce qui en fait donc un engin particulièrement intéressant pour traquer les forces du mal aussi loin qu’elles ont la lâcheté de se terrer. Selon plusieurs sources, les B2 basés à Guam dans le Pacifique, auraient participé à des missions d’entrainement, en vue d’une future intervention contre la bête noire de Bush, l’Iran. C’est lors du vol retour vers les USA que l’accident aurait eu lieu. Il faudra sans doute modifier ou ajouter un gadget électronique supplémentaire pour que notre superbe engin de destruction soit pleinement opérationnel et fasse des dégâts à la hauteur des espérances de ses concepteurs…

b2-spirit.jpg Ni le parti Démocrate ni le parti Républicain, évidemment, ne remettent en cause cette politique de dépenses militaires délirante. Les derniers budgets ont été votés par une large majorité de sénateurs de tous bords. Il n’y a donc que peu d’améliorations à attendre du résultat des prochaines élections. Les programmes des candidats potentiels encore en lice ne présentent guère de différences quant à la question de la domination militaire de la planète et des moyens qu’il est nécessaire de lui accorder. L’industrie de l’armement tourne à plein régime outre-Atlantique et ce ne sont pas les actionnaires de Lockeed, Northrop ou Boeing qui vont s’en plaindre. La première guerre mondiale a permis l’envol de l’économie américaine. La seconde a confirmé sa suprématie. La volonté politique de certains des néoconservateurs actuellement au pouvoir d’engager une lutte tous azimuths contre « l’axe du mal » sauvera peut-être cette même économie des turbulences qui la menacent. Eux au moins croient en cette théorie.

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