2 janvier 2010

Une bûche, deux tourtes, trois bouteilles… plein de copains…

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour .

santon-1 Nom d’un petit bonhomme de neige, ce qu’il a pu pleuvoir ce premier janvier ! Tant mieux et tant pis… Tant mieux parce que l’année 2009, côté pluviométrie ça n’a pas été terrible : 750 mm d’eau grosso modo et une source qui a terminé l’été bien assoiffée ; on s’est même demandé à un moment s’il n’allait pas falloir la réanimer… Tant pis pour la petite balade sur les chemins tout autour de la maison ; de toute façon, il y avait suffisamment dans les assiettes, dans les verres et dans les cœurs pour alimenter les estomacs, la conversation et les esprits, et détourner les yeux du triste spectacle de ce jour de l’an grisonnant. Il est des choses très terre à terre dont on a beaucoup parlé et parfois bien ri, mais nulle envolée lyrique et politique n’est venue ponctuer la pause entre chocolat et café. Le rideau de pluie nous a coupés d’un monde que beaucoup d’entre-nous perçoivent de plus en plus comme un Ailleurs inquiétant et menaçant. Les cuillères sont restées dans les soucoupes et les pavés dans les poches percées d’un imaginaire qui a du mal à percevoir comment tout cela va pouvoir bouger. On a parlé du futur proche des uns et des autres, d’un univers infini qui se limite à quelques jours et quelques kilomètres : un tel au chômage, une telle attendant la retraite, deux hirondelles qui s’impatientent avant la prochaine migration… Pendant de longues heures trop brèves, nous avons eu l’impression d’éloigner de nos préoccupations ce monde omniprésent (j’aurais envie de dire omnipesant). La pause a été brève puisque dès ce matin, le pachyderme revient à la charge. Ressourçage artificiel, mais ô combien nécessaire, puisque finalement c’est dans l’amitié de nos proches que nous retrouvons l’énergie nécessaire pour alimenter notre révolte et dire notre écœurement à l’égard d’une société considérant de plus en plus ses membres comme des rouages, indispensables un jour, inutiles le lendemain, mais toujours aux ordres… une mécanique économico-financière impitoyable… une sorte de broyeur monstrueux engloutissant l’âme et le corps des hommes pour en extraire toujours plus de profit.

Me voilà bien loin de la bûche succulente et des tourtes onctueuses, mais bien proche des contradictions qui s’égrènent tout au long du parcours festif des fêtes de fin d’année. Demander toujours plus à une planète qui peut de moins en moins ; raisonner à des échéances tellement courtes qu’elles sont déjà dépassées lorsque la pensée est à peine ébauchée ; croire à la possible évolution d’un système financier qui ne rêve que profits toujours plus énormes et plus rapides.

santon-2 Nous allons passer 2010, comme les années précédentes, dans un monde où le dernier prix Nobel de la paix envoie des hommes se faire tuer par milliers au nom d’un intérêt qui n’est pas le leur. Vous me direz que ce n’est pas nouveau et que des dizaines de millions d’anonymes ont, par le passé, sacrifié leur vie pour le plus grand profit de capitalistes aussi affamés que cyniques. Nous allons passer 2010 dans un monde où de plus en plus de citoyens seront laissés pour compte sur le bord d’un trottoir, d’un champ ou d’une usine désaffectée. Certes, rien de nouveau non plus ; d’autres crises économiques ont déjà eu lieu par le passé, d’autres délocalisations, d’autres chasses aux esclaves. Nous allons passer 2010 dans un monde où la peur gagnera encore un peu plus de terrain grâce à la propagande éhontée de médias dont les scrupules s’achètent argent comptant. Cette peur de l’autre, du lendemain, de la maladie, de la mort, permettra d’appliquer de nouvelles lois toujours plus répressives, toujours plus restrictives de nos maigres libertés. Nous n’aurons bientôt plus le choix que de l’hypermarché où nous irons nous faire tondre et du candidat blanc bonnet ou bonnet blanc qui portera nos illusions au firmament de ses mensonges. Nos écrans s’allument déjà chaque soir sur l’image d’un massacre, d’une malheureuse victime de blocus, ou sur   les hurlements de civils innocents que l’on mitraille. Heureusement, tout cela se passe chez les autres, loin de nous, chez ceux qui ne sont pas protégés par une croix, une croyance ou une bonne police d’assurance. Nos maisons, nos vies, nos cœurs, sont abrités derrière des volets de plus en plus épais, des alarmes sonores, des pandores en armes et des politiciens qui prient la vierge Marie ou un quelconque ayatollah de renouveler leur mandat, mais se moquent de ce qu’ils ont bien pu promettre auparavant, comme d’un pneu usagé. Tout cela, oui,  nous l’avons déjà vu, mais ce devrait être justement une raison de ne plus le voir, de ranger tous ces faits politiques divers dans le tiroir de l’obsolète. A nous de briser le miroir pour que l’esclave d’hier ne soit pas celui de demain. L’avenir de l’humanité n’est pas dans l’enfermement, la misère et la désespérance, mais dans l’espoir du changement. Cet espoir n’apparait que dans la lutte ; il n’appartient pas à celui qui se soumet, qui plie tel le roseau, qui accepte ce fatras de misère que nos gouvernants veulent faire passer pour inéluctable… Les vœux du pape, du président, du politicard du coin et du banquier, on s’en tape allègrement (comme du prochain bouquin d’Allègre, histoire de faire un mauvais jeu de mot). Laissons tous ces prestidigitateurs envoyer leurs nuées d’étoiles inconsistantes vers le ciel et prenons notre avenir en main, une fois pour toutes…

santon-3 Je m’emporte, je m’emporte… Ce n’est pas bon pour le système cardiovasculaire à mon âge canonique… Me voilà bien loin du vin gouleyant et des petits canapés savoureux, bien loin des embrassades émouvantes et des cadeaux sincères… Tout cela pour vous dire que si j’ai encore la tête dans un nuage, j’ai les deux pieds bien ancrés dans la terre humide ; si l’on veut que le chantier avance, il va falloir retrousser les manches. Même quand le feu semble éteint, il reste toujours un peu de braise dans un coin que l’on peut réactiver avec un peu de souffle. Alors prenons nous par la main, histoire que l’année 2010 nous apporte quelques espoirs et que l’on puisse dresser un portrait de l’année 2011 (la suivante selon les lois du calendrier) un peu plus encourageant ! Le dernier toast sera donc porté à l’amitié et à la lutte contre toutes les oppressions. Bon… Je m’aperçois que tout le monde est parti content et que nous ne nous retrouvons plus que deux… Cela n’empêche : deux voix suffisent pour faire une chorale et un accordéon pour l’accompagner.
« Dans la rue des bons enfants, y’avait un commissariat…» histoire de renouveler le « Tous ensemble, tous ensemble… » qui ne nous a pas encore menés bien loin ! Remarquez, j’ai l’esprit assez ouvert et si vous préférez comme carte de vœux musicale « Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun… », je serai ravi de trouver les accords pour accompagner une si belle sérénade !

NDLR – photos – Après une belle image de « Festilumière » à Québec en 2009, pour le premier de l’an, trois jolies photos de santons portugais traditionnels (XVIIIème) photographiés au Musée d’Estremoz. Ne le dites à personne, on a fait ça sans permission.

3 Comments so far...

krapo Says:

2 janvier 2010 at 21:32.

Hello Paul,

je te souhaite une foule d’instants magiques pour cette nouvelle année qui débute, et bien sûr de la réussite dans toutes tes entreprises ! Bises.

Lavande Says:

3 janvier 2010 at 12:18.

Bonne année à tous les feuillus, feuillistes, feuillards, feuillissants et autres feuillaunautes!
Bises à tous ceux que je connais … et même à tous les autres!

zoë Says:

3 janvier 2010 at 22:49.

Mon réveillon a ressemblé au vôtre : amis et enfants, plaisir de la complicité dans la maison où il ne restait plus un espace inoccupé. Que l’année soit clémente et dépourvue de massacres et autres horreurs, elle serait déjà belle, la vie

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