13 février 2010

Arrestation, rétention, internement, expulsion… démocratie ?

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique .

police Cinq mots dont les politiciens de la majorité et de l’opposition molle ne cessent de se gargariser. Parmi les cinq, il y a un intrus et (heureusement encore) deux omissions ; l’intrus, je vous laisse le soin de le trouver. Quant aux omissions… on pourrait bien voir réapparaître un jour « concentration » ou « déportation ». Cela se passe en d’autres parties du globe. Chez nous, on n’en est pas encore là, j’en suis conscient et je ne veux surtout pas galvauder des termes se référant à des images d’une extrême barbarie. Cependant, comme le dit l’un de mes chanteurs préférés, le fascisme fait son lit sur la charogne, et notre démocratie commence à avoir de bien singulières odeurs. Le vocabulaire de nos gouvernants prend une drôle de tournure en 2010 ; une tournure qui évoque bien des mauvais souvenirs ; ceux par exemple d’un pays occupé par les nazis et gouverné par les sbires d’un Maréchal vénéré par une grande partie de la population ; le seul pays de l’Europe occupée à avoir activement organisé l’arrestation et la déportation des indésirables pour le compte de ses occupants. Un pays dans lequel certains de ces indésirables (*) pour des motifs politiques ou raciaux étaient encore enfermés dans des camps de sinistre mémoire plusieurs mois après la fin du deuxième conflit mondial. C’est une devinette facile à résoudre ; si vous ne trouvez pas la réponse, il y a du souci à se faire. Les derniers survivants, victimes de cette affreuse période ont beau s’agiter, témoigner, protester… les peuples ont la mémoire courte, parfois si courte que l’on peut réchauffer les mêmes sinistres marmites à quelques décennies d’intervalle.

Lors de ma visite de l’exposition « le train s’est arrêté à Grenoble », au musée de la Résistance, j’ai entendu, entre autres, le témoignage de ce réfugié espagnol, « accueilli » dans notre département : lorsque son père l’envoyait chercher du pain chez le boulanger, dans le petit village où il avait trouvé refuge, le brave commerçant lui répondait qu’il n’y en avait plus, alors que les rayons étaient remplis de baguettes. Il n’était qu’un étranger « indésirable », un criminel potentiel évadé du camp d’internement (à l’époque le gouvernement français employait aussi le terme de « concentration ») et le commerçant ne travaillait pas pour des « gens comme ça ». Ne noircissons pas le tableau, il y avait aussi de braves citoyens qui accueillaient ces malheureux exilés, et partageaient le peu qu’ils avaient à manger sans trop se poser de question. Etaient-ils les plus nombreux ? Sûrement pas. Avant, après l’Espagne, d’autres exils ont eu lieu ; d’autres personnes ont cru dans le mythe de la « patrie des droits de l’homme », terre d’asile. Plus les inégalités dans le monde se renforcent, plus le nombre de réfugiés économiques, politiques et bientôt climatiques augmente. La seule réponse que l’Europe a formulée à ce problème c’est de se transformer en forteresse : contrôles aux frontières, barbelés et camps d’internement, puis retour à l’envoyeur du colis gênant, quelle que soit la situation existant dans le pays d’origine.

enfermement-des-enfants En France, comme dans d’autres pays voisins, le gouvernement applique avec une conscience qui donne des frissons dans le dos, cette politique élaborée dans les salons bien clos de la Commission Européenne. Cette Europe, on voudrait nous en dégoûter définitivement, on ne ferait pas autrement que ce que l’on fait actuellement. Toute la législation qui se met en place, dans le dos des citoyens, n’a pour but que de normaliser, sécuriser, contrôler, privatiser, limiter les droits des travailleurs et garantir chaque jour un peu plus les profits des multinationales : un paradis néo libéral à la sauce « big brother ». Les populations de migrants sont gérées comme autrefois l’on organisait la traite des esclaves : en fonction des besoins de main d’œuvre de l’industrie ou de l’agriculture. Exploités à bras ouverts un jour, rejetés le lendemain, et ce au mépris des droits de l’homme les plus élémentaires : on enferme des enfants, on sépare des conjoints ou des familles entières. En fonction du contenu de circulaires abracadabrantes et de l’humeur de fonctionnaires tâtillons, on expulse les uns, on garde les autres… Les mariages sont examinés à la loupe ; les rapprochements familiaux sont de plus en plus difficiles. Les étrangers arrivés dans nos pays, dans des conditions pires que celles réservées au transport du bétail, sont reconduits avec brutalité à n’importe quelle frontière, après avoir séjourné dans des centres de rétention abjects, totalement indignes d’héberger des êtres humains. D’individus qu’ils croyaient être en arrivant dans ces pays qui se gargarisent de « droits de l’homme », ils ne sont plus que numéro matricule et cas problématiques à régler… Un coup de tampon et l’on passe au suivant… « Vous attendez depuis 6 heures ? Je n’y peux rien, les bureaux sont fermés… Revenez demain ». Se croyant revenus au bon vieux temps du régime de Vichy, certains fonctionnaires de la République française s’en donnent à cœur joie, et travaillent avec un zèle qui, parfois, outrepasse les désirs de leurs supérieurs. Au besoin, ce sont d’autres administrations ou des officines privées qui donnent un coup de pouce à la police pour faire le sale boulot (**). Les immigrants clandestins sont traqués, tels du gibier, et l’on emploie de plus en plus souvent un vocabulaire n’ayant guère de rapport avec de quelconques droits humains. On recourt à des traquenards, on dresse des souricières, on nettoie des jungles…. et l’on enferme les « prises » dans des centres de rétention de plus en plus nombreux (***). Ceux-ci sont construits sur un modèle carcéral : chemins de ronde, gardiens avec des chiens, vidéo surveillance, meubles vissés au sol…

mesnil-amelot En visitant le site de la CIMADE, organisation qui est intervenue régulièrement dans les centres de rétention jusqu’à ce qu’elle soit déclaré persona non grata par le Ministère de l’intérieur, j’ai appris que s’achevait, au Mesnil-Amelot (77) la construction d’un camp d’internement flambant neuf. L’ouverture est prévue au printemps. Comme l’annonce fièrement notre administration, « avec 240 places, ce centre sera le plus grand de France ! » Quel titre de gloire ! D’autres Etats s’enorgueillissent de posséder le plus grand nombre de lits d’hôpitaux par habitants, ou d’assurer la meilleure couverture médicale possible à leurs citoyens… chez nous, ce sont les capacités à enfermer qui esbaudissent nos gouvernants. Notez quand même qu’il s’agit d’une fierté discrète, et que l’ouverture de ce genre d’établissement ne fait pas encore la une des grands quotidiens. Il faut concilier l’inconciliable : la pêche aux voix d’extrême-droite en période électorale, avec l’image vertueuse d’un pays qui se prétend encore humaniste dans sa façon de gérer les crises… Autre précision importante, ce magnifique camp tout neuf est conçu pour devenir un lieu dédié en particulier aux enfants : deux bâtiments totalisant une quarantaine de places sont réservés aux familles. Nul doute que nos gestionnaires prévoiront la présence d’une cellule de soutien psychologique pour aider les bambins à surmonter la crise… A moins que ce camp, comme l’était le centre de Vincennes, ne devienne un lieu supplémentaire de déshumanisation, de non-droit et de violence, et que les tentatives de suicide n’en soient le lot quotidien.  Pour éviter cela, la réponse administrative est simple, comme toujours. Les séjours ne seront pas longs : notre bon ministre savoyard en charge du dossier est en train de travailler activement à une accélération de la procédure de mise sur orbite. Moins les étrangers en situation irrégulière séjourneront longtemps, moins les associations d’aide auront le temps de s’occuper des dossiers et d’emm… le gouvernement. Le « turn-over » rapide comme on dit en langage châtié, devrait permettre d’éviter le gros des problèmes.

immigres-jetables La CIMADE appelle à se mobiliser contre l’ouverture de ce camp de la honte. L’association propose une pétition à signer, et invite les citoyens à faire pression sur leurs élus pour qu’ils interviennent. Non seulement la politique mise en place par l’Europe pour contrôler les flux migratoires est honteuse, mais elle s’avère inefficace et ruineuse. En France, par exemple, il est difficile de chiffrer le coût réel de cette politique car les budgets sont répartis entre différents ministères (immigration, intérieur, défense). Les frais en personnel pour une année (garde, convoyage, escorte) sont estimés à 394 millions d’euro, les frais de « rapatriement » (avion, bateau) à 48 millions d’euro… (Rapport du Sénateur Bernard-Reymond à la commission de finances du Sénat). De son côté, la Cour des comptes indique que dans le cadre d’un plan triennal d’extension de la capacité des centres de rétention 2006-2008, 174 millions d’euros ont été dépensés (le camp du Mesnil-Amelot, coûte, à lui tout seul, la bagatelle d’une cinquantaine de millions d’euro). Je pourrais continuer ainsi à aligner des séries de données numériques fastidieuses. Que d’argent dépensé pour une politique qui, dans le fond, ne fait que repousser un problème et non le résoudre, et ce, dans des conditions où des vies humaines sont, ni plus ni moins, brisées. Mais il faut bien, comme le disent nos dirigeants, « harmoniser la politique européenne en matière d’immigration » !
Il est intéressant de voir comment les pays en voie de développement perçoivent « cette harmonisation » et ses effets à l’égard de leurs ressortissants. Certains gouvernements d’Amérique du Sud (Equateur, Bolivie, Venezuela…) ont vigoureusement protesté contre la nouvelle législation, rappelant aux dirigeants des pays du Nord, leur responsabilité et de manière plus générale celle de l’économie néolibérale, dans cette situation. On peut lire avec intérêt à ce sujet, le courrier adressé par Rafaël Correa (Président de l’Equateur) à l’UE et aux USA, ou « l’appel à la conscience des dirigeants européens » rédigé par Evo Moralès (Président de la Bolivie). Un extrait de ce texte remarquable servira de conclusion à cette « chronique d’humeur maussade » ; ce n’est pas la première fois que je reproduis un texte de ce chef d’Etat. Sans être forcément d’accord avec l’ensemble de sa politique, j’apprécie la façon et la sensibilité avec laquelle il formule les problèmes.

« […] Le monde, ses continents, ses océans, ses pôles connaissent d’importantes difficultés globales : le réchauffement global, la pollution, la disparition lente mais sûre des ressources énergétiques et de la biodiversité, alors qu’augmentent la faim et la misère dans tous les pays, fragilisant nos sociétés. Faire des migrants, qu’ils soient sans papiers ou non, les boucs émissaires de ces problèmes globaux n’est en rien une solution. Cela ne correspond à aucune réalité. Les problèmes de cohésion sociale dont souffre l’Europe ne sont pas la faute des migrants, mais le résultat du modèle de développement imposé par le Nord, qui détruit la planète et démembre les sociétés des hommes.
Au nom du peuple de Bolivie, de tous mes frères du continent et des régions du monde comme le Maghreb et les pays de l’Afrique, je fais appel à la conscience des dirigeants et députés européens, des peuples, citoyens et militants d’Europe, pour que ne soit pas approuvé le texte de la « directive retour ». Telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est une directive de la honte.
J’appelle aussi l’Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l’homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l’énorme dette historique, économique et écologique que les pays d’Europe ont envers une grande partie du tiers-monde et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l’Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd’hui dans vos « politiques d’intégration » comme vous avez échoué avec votre supposée « mission civilisatrice » du temps des colonies
.[…] »

Notes : (*) Je pense en particulier aux Tziganes. Certains ne furent libérés qu’en décembre 1945, d’autres restèrent enfermés jusque dans le courant de l’année 1946.
(**) Les exemples ne manquent pas à ce sujet. Voir par exemple ce texte édifiant.
(***) Document important, cette carte montre l’évolution du nombre de centres de rétention en France depuis 1992.

9 Comments so far...

JEA Says:

13 février 2010 at 20:30.

@ « le seul pays de l’Europe occupée à avoir activement organisé l’arrestation et la déportation des indésirables pour le compte de ses occupants »
pardon, à avoir précédé les demandes allemandes, y compris pour la déportation des enfants mineurs (en zone dite « libre »), avec des camps franco-français comme dans le Midi (même Drancy, à l’origine, est uniquement gardé par des gendarmes portant l’uniforme français)…

Paul Says:

14 février 2010 at 08:25.

Précédé, précédé… Entièrement d’accord avec cette correction. Nos dirigeants d’alors ont fait preuve d’un zèle incomparable…

Floréal Says:

16 février 2010 at 20:12.

Que les « flux migratoires » soient gérés comme des marchandises au profit du libéralisme économique, certainement.

Mais imaginez la dissolution de frontex et l’ouverture des frontières, selon vous que ce passerait-il? Parce que moi je ne parviens pas à me l’imaginer, sans pour autant souhaiter la mort ni le malheur des gens.

Combien de personnes viendraient en l’espace de quelques années selon vous, disons sur 5 ans en Europe? 50, 100 millions? Où les mettriez-vous? Que leur donneriez vous à manger? comment pensez-vous que les pays européens réussiraient à intégrer des millions de gens qui ne parlent pas un mot de la langue du pays où ils se retrouveraient? Comment gèreriez-vous la situation?

Je suis très sincèrement curieuse de lire votre réponse, que j’espère précise et exhaustive.

Paul Says:

16 février 2010 at 21:55.

@ Floréal – Précise et exhaustive, ma réponse ne le sera certainement pas, je n’aurai pas cette prétention car je n’ai certainement pas la capacité de le faire. Il y a un grand désordre mondial, et les migrations de population en sont l’une des manifestations les plus visibles. L’attitude des pays développés consiste à pousser des cris d’orfraie sur le thème : « c’est affreux ce qui nous arrive, tous ces pauvres gens qui veulent venir manger notre pain ; nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde ». C’est un discours plutôt hypocrite, car il fait abstraction de tout ce qui a pu créer ce phénomène. Face à cela, nous avons des populations, des dirigeants, dans un certain nombre de pays en voie de développement, et une petite fraction de la population chez nous qui rétorquent : « le colonialisme, puis l’impérialisme des grandes puissances économiques sont responsables de cet état de fait. Le pillage des pays les plus pauvres les place dans une situation telle que l’émigration est la seule solution laissée aux populations locales. Quand ce ne sont pas les raisons économiques, ce sont les guerres qui chassent les habitants et leurs responsables sont les mêmes. » Ce discours là est, à mes yeux, plus proche de la vérité et a au moins le mérite de constituer un début d’analyse.
L’attitude de l’Europe ou des Etats-Unis consiste à renforcer les contrôles aux frontières, à rendre les démarches d’immigration de plus en plus complexes (sauf pour les immigrés « utiles » à plus ou moins long terme) et à renvoyer manu militari, à la case départ, les migrants indésirables. Sauf réussir à établir une barrière « étanche » (dans le style des délires israéliens ou étatsuniens) – ce qui est quasiment impossible, et en tout cas ruineux – on sait pertinemment que, n’ayant pas de solution de rechange, les personnes rejetées essaieront encore et encore de revenir jusqu’à ce qu’elles y laissent leur peau. La seule démarche intelligente (mais difficile) consisterait donc à intervenir sur les causes de cette émigration : chômage, misère et guerres en tous genres. Une paille, trois fois rien en quelque sorte : juste un rééquilibrage de l’économie au niveau mondial, et une redéfinition complète des rapports entre pays riches et pays pauvres, basés, non sur une surexploitation à sens unique, mais sur une entraide générale. On place souvent le débat de l’immigration sur le terrain choisi par le pays hôte : la gêne que cela représente sur le plan culturel (tous ces gens qui n’ont pas notre mode de vie – tous ces gens qui veulent prendre nos emplois) sans se poser la question de ce que cela représente, pour un individu, de quitter son pays, parfois sa famille, et bien souvent sa culture, pour aller dans un ailleurs que l’on ne connait pas ou alors seulement par le biais d’images d’Epinal. La posture de l’émigrant n’est pas une posture « confortable » comme semblent le penser certains, et on ne quitte pas son pays simplement pour aller déranger les habitants du pays voisin. Seule une situation de détresse extrème pousse les gens à partir, et, en attendant un rééquilibrage mondial, peut-être pourrait on imaginer que l’argent que nous gaspillons avec notre politique de défense (ou d’agression – budgets militaires) pourraient aider à une amélioration partielle et au moins temporaire de la situation. A ma connaissance, les Inuits ne quittent pas leur pays (où les conditions de vie ne sont pourtant pas faciles) uniquement parce qu’il y fait trop froid. La politique coloniale anglaise s’ajoutant à quelques aléas climatiques et biologiques, a par contre poussé les Irlandais à une émigration massive parce qu’ils n’avaient plus d’autres solutions. C’était partir ou crever de faim. S’ils avaient eu la possibilité de rester, je ne pense pas que beaucoup auraient traversé l’Atlantique à leurs risques et périls. Le problème d’Haïti est exemplaire. Après le séisme et quelques sursauts humanitaires de la part des pays riches, on sait d’ores et déjà que seuls quelques bâtiments administratifs et un lot conséquent de baraquements pour réfugiés seront construits. Aucune réflexion sérieuse n’est engagée pour l’instant sur la reconstruction économique de l’Ile : cesser de couler l’agriculture locale à coups de dumping, donner à ces gens non seulement un toit mais un emploi… On sait donc que la seule issue pour les Haïtiens dans les mois à venir ce sera d’investir le peu qu’ils auront acquis pour aller voir ailleurs.
Si je dis que le problème est colossal c’est parce qu’il faudrait renverser complètement toutes les politiques qui ont été menées depuis un siècle dans ces pays, et dont les effets dévastateurs s’accélèrent les dernières décennies. Un exemple : chaque année, des millions de paysans quittent leurs terres pour aller s’entasser dans des bidonvilles où ils ne trouveront rien. On subventionne les grosses entreprises agricoles qui implantent des monocultures dévastatrices à tout point de vue, et l’on fait tout ce que l’on peut pour déposséder les petits propriétaires de leurs parcelles… Or on sait, dès à présent, que dans un avenir proche, l’humanité aura impérativement besoin de tous ces petits producteurs, seuls capables de mettre en valeur les moindres parcelles cultivables, si l’on ne veut pas que le problème de la faim dans le monde ne devienne plus colossal.
Alors utilisons au moins l’argent que nous dépensons pour contrôler, enfermer, renvoyer, à des fins plus intelligentes. Ce ne sera peut-être qu’un fétu de paille, mais il flottera au moins dans le sens du courant. Actuellement nous construisons des digues en terre pour retenir un ras de marée qui ne peut que s’amplifier au fil du temps….
Voilà quelques modestes éléments de réponse. Le débat est loin d’être fini j’en suis bien conscient…

Lavande Says:

17 février 2010 at 09:49.

L’Islande n’est pas seulement le pays du désastre financier. C’est aussi un pays respectueux des libertés « virtuelles ». Voir:
http://bonnenouvelle.blog.lemonde.fr/

blog sympa où l’on trouve plein d’info écolo intéressantes

Floréal Says:

17 février 2010 at 15:41.

« précise et exhaustive », j’entendais cohérente et réalisable. Mais merci de m’avoir répondu, La feuille.

Vous décrivez bien la situation, mais vous ne donnez pas vraiment de réponse. Vous donnez une direction, une orientation, certainement juste et logique, mais c’est très vague et peu concret.

Meme en admettant qu’on commence dès maintenant à renverser la vapeur (ce qui est loin d’etre le cas ) à grande échelle et de façon efficace, il faudrait plusieurs décennies pour que les choses se stabilisent et en attendant on devrait de toutes façons faire face à une immigration massive. selon ce scénario optimum, entre 50 et 100 millions de personnes sur 5 à 10 ans ne me parait pas exagéré.

Je voudrais juste pointer quelques faits histoire de dire que les choses ne se résolvent pas avec de bons sentiments.

– dans l’immédiat après-guère, la France a eu du mal à nourrir ses 40 millions d’habitants. Les tickets de rationnement ont perduré jusqu’en 1948. Nous serons 70 millions dans 20 ans, à la fin du siècle il n0est pas exagéré de dire que nous avoisienront, à ce rythme les 100 million, sans compter les éventuels réfugiés économico-climatiques. Se poserait véritablement le problème de l’indépendance alimentaire. Rajoutez-en 10 de plus, la situation serait vraiment critique.

Où les logeriez-vous? Vous etes écolo je crois, trouvez-vous que les pays d’Europe sont insuffisamment bétonnés? Quand vous aurez reconverti les centre de détention en habitations vivables et que vous aurez établis des gens dans les campagnes à l’abandon, on sera toujours loin du compte face à la masse de gens.

– le problème culturel: il est énorme. Faire cohabiter des populations aussi disparates me semble tout simplement illusoire. On arriverait je pense très rapidement à des mosaiques ethnico-linguistico-religieuses et à des déséquilibres faramineux. L’ex-yougoslavie en pire et à l’échelle continentale.

– ouvrir les frontière signifierait certainement l’éradication des passeurs et filières mafieuses. Vous n’etes tout de meme pas naif au point de croire que les mafias disparaitraient du meme coup comme par enchantement?

– Les migrants sont, seront, essentiellement des masses masculines. Le regroupement familial pose le problème, pour la première génération et un peu moins pour la seconde, d’une natalité explosive. La présence de ces masses masculines ne va pas sans poser le problème de la sécurité des populations féminines autochtones. S’il est vrai que la violence masculine se passe surtout au domicile conjugal, il est inutile de nier que leur présence entraine un hausse des viols. C’est bien mignon de s’apitoyer sur le sort des migrants, mais ce ne sont pas tous des enfants de choeur, loin de là, inutile de se voiler la face, on sait que les viols ont nettement augmenté en Scandinavie par exemple.

– vous donnez en conclusion un extrait de “l’appel à la conscience des dirigeants européens” rédigé par Evo Moralès.
Ne croyez-vous pas que quelque part, il y a dans le monde non-européen l’idée que les européens n’en finiront jamais de payer tant qu’il existera un blanc sur la face de la terre?

Pour connaitre relativement bien plusieurs pays d’amérique latine (je parle espagnol) je peux vous assurer que la place des femmes dans ces sociétés n’est pas particulièrement jouissive. Moralés pas plus que Chavez ou d’autres ne sont particulièrement ouverts en matière féministe, guère davantage que la hiérarchie catholique (très influente là-bas). Vous m’excuserez d’etre dubitative sur ce chapitre.

Paul Says:

17 février 2010 at 16:36.

Je ne cherche pas de solution pour nourrir et loger ces réfugiés en France, ce qui est, je le reconnais tout à fait, du domaine du délire complet, et qui ne correspond absolument pas à leurs aspirations. Je pense qu’il faut chercher des solutions pour que les flux migratoires puissent ralentir au lieu d’augmenter comme ils le font actuellement, parce que le problème n’est absolument pas géré. Je reste sur ma position et ne démords pas du fait que les gens ne quittent leur pays que lorsqu’ils y sont forcés par la situation existante, et qu’ils ne demandent qu’une chose c’est de rentrer (sous réserve que ce retour ne soit pas une condamnation à mort déguisée).
Enseignant, j’ai eu l’occasion de discuter avec de nombreux parents étrangers, turcs par exemple. Il y avait au moins un point commun dans leurs réponses ; aucuns ne souhaitaient vivre en France longtemps. Soit ils attendaient d’avoir un minimum de « capital » économisé pour pouvoir retourner dans leur pays d’origine, soit ils attendaient que la situation s’améliore un peu sur le plan politique (Kurdes). Réponses plus nuancées du côté des parents maghrébins : certains (généralement installés en France depuis plusieurs générations) souhaitant rester, d’autres préférant retourner chez eux.
Il y a quelque chose que je ne comprends pas dans votre façon de poser le problème. Ces populations en mouvement, qu’elles restent dans leur pays d’origine ou qu’elles immigrent en France ont bien le droit d’être nourri non ? Si un problème alimentaire se pose (et il va se poser de façon de plus en plus aigue – j’y reviendrai dans une future chronique), il se pose de façon globale, à l’ensemble de la planète. Là j’ai l’impression que ce qui est formulé dans votre commentaire c’est : faisons ce qu’il faut pour assurer, à tout prix, notre survie (on est déjà mal barrés) et, ma foi, tant pis pour ceux qui sont nés au mauvais endroit. Sans porter le moindre jugement moral (j’estime que l’on a le droit d’être égoïste à certaines occasions), je dirais que c’est, stratégiquement parlant, une vision dangereuse et ceci à très court terme, parce qu’elle est purement et simplement utopique. Ce genre de position ne peut déboucher que sur un conflit mondial comme solution au problème de la surpopulation. C’est le point de vue qui semble dominer à l’heure actuelle, point de vue que certains peuvent estimer réalistes, tout en considérant comme un doux rêve l’idée de changer les rapports économiques et humains sur la planète. J’ai toujours été dans le camp des rêveurs, mais je pense aussi que ce camp là a le mérite de servir de boussole à la collectivité.
Je pense qu’il est possible d’inverser le cours des choses, mais des choix politiques globaux devront être faits très rapidement. Je ne crois pas que la terre entière ait envie de venir peupler la Creuse ou la Corrèze. L’origine des principaux flux migratoires est connue : il faut d’abord intervenir là où il y a urgence. Un cas très concret : la communauté internationale a les moyens d’intervenir dès maintenant pour que les Haïtiens puissent rester chez eux. Encore faudrait-il que cette communauté soit représentée par des institutions un peu moins pourries que l’ONU, la Banque Mondiale, ou le FMI. Ne me demandez pas par quoi je veux les remplacer ! D’autres ont déjà fait des suggestions à ma place, et je ne referai pas le monde en quelques commentaires de blog. L’idée qui me guide c’est simplement d’ouvrir des pistes de réflexion. J’adore les grains de sables dans les mécaniques bien huilées. Par rapport à cela, votre commentaire a le mérite de montrer qu’il n’y a effectivement pas de réponses toutes prêtes, et c’est intéressant de le souligner. Ce que je voudrais, à travers ce que j’ai écrit dans ma chronique, c’est que l’on commence simplement à chercher de vraies solutions, plutôt que de toujours chercher à faire vibrer les vieux réflexes de peur et de repli sur soi…

Floréal Says:

18 février 2010 at 17:00.

Non que je cherche à squatter votre blog, simplement, c’est rare de pouvoir discuter sur ce genre de sujet, généralement la plupart des personnes qui tiennent un discours similaire au vôtre ne savent que brandir des slogans, et dès qu’on leur dit que se poseraient tout de même des problèmes qu’il ne serait pas simple de résoudre, on vous répond comme à un ennemi lepenisé sarkozifié.

Je pense seulement que ce serait un leurre de vouloir ouvrir les frontières sans avoir cherché d’abord à faire en sorte que les migrants aient la possibilité de pouvoir vivre décemment chez eux. Mais se contenter de les tenir closes sans rien faire d’autre est voué à l’échec. Dans les deux cas cela ne fera qu’empirer les choses en courant le risque de guerres civiles en Europe outre à augmenter les risques d’un conflit mondial. De cela je m’en rend compte.

Donc non, je ne pense pas « tant pis pour ceux qui sont nés au mauvais endroit ». ça ne résoudrait rien de toutes façons. De là à dire « vive le multiculturalisme, c’est un enrichissement » etc, assorti à toute la moraline assaisonnée de bons sentiments sur « accepter l’Autre » (j’ai alors l’impression de lire des scouts d’ultra-gauche ), non. Je n’y vois nul « enrichissement culturel », seulement des problèmes et des désagréments. Accepter une certaine politique comme celle que vous préconisez parce que c’est la plus rationnelle, la plus intelligente et la moins dangereuse pour tout le monde, par discipline, civisme et sens du bien commun, oui. Mais ni de bon gré ni de bon coeur. L’Homme n’est que ce qu’il est, et je ne pense pas que les non-blancs soient meilleurs que nous.

En tous cas j’aime bien votre blog et je le lis avec plaisir parce qu’il est intéressant.

Paul Says:

18 février 2010 at 17:45.

J’apprécie beaucoup votre façon de conduire la discussion, et je vous avoue que moi aussi j’ai horreur des slogans tout prêts qui dissimulent souvent un vide abyssal de réflexion. Nous aurons sans doute l’occasion de reprendre la discussion et c’est tant mieux. Ce n’est pas en ignorant les problèmes qu’on les résout, et je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il faut prendre la peine d’argumenter certaines assertions. Merci pour votre visite et à bientôt.

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