19 février 2010

Popote et papotage avec les potes autour du pot

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Sur l'école .

banquet-des-dieux J’emmerde l’Académie française et tous ses grognards, leur combat d’arrière-garde pour défendre une orthographe moribonde et une langue sclérosée et mourante. Je milite de façon pépère pour que la langue française retrouve sa pleine et entière richesse, c’est à dire que l’on utilise non seulement les mots stockés dans les travaux de papy Robert et de mamy Larousse, mais aussi tous les mots existants dans les langues régionales, variantes souvent fleuries du français officiel ou sauvegarde d’une terminologie ancienne souvent chatoyante (merci aux amis québecois pour avoir fait une bonne partie de ce travail), sans oublier tous les mots créés au quotidien par la verve populaire. Ma seule réticence concerne l’incorporation de termes anglais digérés à la va-vite. Autant le dire tout de suite, employer un vocabulaire anglo-saxon quand on possède déjà ce qu’il faut dans notre patrimoine franco-français, ça me gonfle car, en France, cela témoigne surtout d’un certain snobisme. Je tolère cet apport quand on prend la peine de franciser l’expression comme le font les Québecois, qui n’hésitent pas à employer leur brake a bras quand ils garent leur char. Je n’aime pas recevoir un « mail » ; j’adore recevoir des courriels ; quand on me présente quelque chose en me prévenant que c’est un « must », j’ai un solide a priori contre. Reconnaissez que c’est quand même plus sympa de prendre un traversier sur le Saint-Laurent que de prendre un ferry pour aller faire du shopping de l’autre côté du Channel… Les plus atteints par ce complexe anglophone, ce sont les informaticiens, qui ont réussi à mettre au point une espèce de bouillie linguistique particulièrement indigeste. A se demander si, avant certaines embauches, on ne teste pas la capacité du candidat à remplacer au moins 1 mot sur 3 par son équivalent anglais, histoire de prouver ses compétences !

patois-de-chez-nous J’aime employer dans mes écrits le « boisé » du Québec, le « tantôt » ou le « tantinet » des dauphinois, le « Pétard ! » qui me vient je ne sais pas trop d’où.  Le langage châtié des écrivains classiques m’ennuie bien souvent, même s’il est « manié avec une élégance rare » comme aiment à le dire, en se pâmant, certains esthètes littéraires ; les livres que l’on se force à écrire en argot aussi. Cela me rappelle trop ce banquier qui, estimant qu’il avait affaire à des « marginaux », prenait la peine de desserrer sa cravate, d’ébouriffer sa permanente, et de coller une vulgarité dans une phrase sur deux. Le langage doit être quelque chose de naturel et de vivant ; on n’épouse pas la langue de quelqu’un d’autre ; on enrichit la sienne au contact des variantes de sa propre culture. Il y a là tout un travail d’explorateur à faire et c’est passionnant. Je repense encore une fois à Jacques Lacarrière traversant la France du Nord au Sud à pied et s’extasiant sur la richesse du vocabulaire géographique des régions dans lesquelles il cheminait. Mais bon, je vous ai déjà bassiné avec son bouquin et je ne voudrais surtout pas que l’on croie que je radote ! Découvrons, adoptons ce qui plait à notre oreille ou correspond à notre besoin d’expression à un moment donné, et, pourquoi pas, inventons lorsque cela nous paraît nécessaire et ne rend pas notre propos incompréhensible. Je comprends que l’on n’apprécie guère un tangalère ou un putamore, au milieu d’un exposé, mais pourquoi rejeter une infinitude ou une maximalité (euh non, pas de bol, ça existe…), une flemmitude ou une jardinalité ? Il est bien entendu nécessaire que ces mots aient un sens constant et que l’on familiarise le lecteur en les employant à bon escient… Je propose un « échange de propos concernant le jardinage » pour « jardinalité », et une « attitude peu énergique et peu entreprenante » pour une « flemmitude ». Les poètes jouent bien aux mots valises, pourquoi les écrivaillons de tout poil n’y auraient-ils pas droit ? D’autant qu’il est des langues, fonctionnant un peu comme un meccano, où l’on peut, à sa convenance, ajouter n’importe quel préfixe ou suffixe à une racine existante. Blatérer, et déblatérer, d’accord, mais pourquoi pas surblatérer, ce que l’on fait dans beaucoup de blogs… Ne trouvez-vous pas intéressant de placoter ainsi sur le langage (pas de guillemets pour placoter, c’est un très joli mot du Québec qui exprime très bien ce qu’il veut exprimer) ? Selon une formule consacrée, le langage est une chose bien trop sérieuse pour qu’on réserve son étude aux experts sclérosés.

nakakoue Bon, il est temps que je place un paragraphe témoignant de mon esprit ouvert sur les propositions futuristes et pas uniquement tourné vers des visions passéistes. Je ne voudrais pas que ce blog devienne l’organe de communication des anciens du bon vieux temps d’autrefois… Attention donc, mes petits cocos, défense d’une identité culturelle, d’une langue, ne signifie aucunement nationalisme malodorant. Laissons braire les coqs dans leurs galetas. Pour moi, Richesse signifie Echange et non repli sur soi ou supériorité imbécile d’une culture sur une autre. Nous trouvons notre langue admirable ? Tant mieux ! Cela ne veut pas dire que nous possédons l’unique toile de maître représentant le nombril du monde. Je me moque de savoir si le français est plus riche, moins riche, plus simple, moins simple, aurait dû ou n’aurait pas dû servir de langage diplomatique. Je n’en ai rien à braire (Flaubert n’aurait sans doute pas apprécié cette exaction langagière, mais j’aime beaucoup cette expression ainsi que d’autres comme « ça me prend le chou » qui est relativement peu balzacienne). Il y a un moment ou dire « ça m’emmerde » est particulièrement adapté à la situation, et je ne vois pas pourquoi je me priverais de cette liberté ! Par contre, une chose est sûre, toutes les langues et toutes les cultures méritent le respect, et, la moindre des choses, lorsque l’on se rend chez quelqu’un, c’est de ne pas se comporter en conquistador (j’écrirais bien ce mot sous la forme « con qui s’adore »). Nous quittons l’ombre de notre clocher, ce n’est pas pour une croisade mais pour une escapade, ce n’est pas pour s’approprier mais pour explorer… Le respect le plus élémentaire de l’autre c’est de ne pas imposer sa propre langue dans un échange, au moins pour une prise de contact. Il faut faire l’effort d’apprendre la dizaine ou la vingtaine de mots ou d’expressions indispensables… de se placer d’emblée dans une démarche de partage et non dans une attitude propriétaire, ce qui est souvent le cas des touristes. Je reconnais que pour enrichir la suite des échanges, mieux vaut trouver un terrain d’entente linguistique commun, plutôt que de se dévisager l’air ahuri ou d’échanger avec des gestes ou des grimaces. Quand on va en Nakakouachie (très joli livre que celui choisi en illustration), on dit bonjour en Nakakouache, puis on s’excuse de ne pas avoir été capable d’apprendre la langue. Ensuite, et seulement ensuite, on propose un dialogue en anglais, en espéranto, en espagnol ou en moldave. Il faut bouter hors de toutes les frontières les touristes pédants qui ne veulent qu’une chose, c’est qu’on leur cire les bottes.

grammaire-quatre-pages Avec tout ça, vous me direz que je n’ai abordé la langue française que par le biais du vocabulaire, en passant sous silence une grammaire et une orthographe diantrement compliquées. Il est vrai qu’autant je souhaite enrichir le vocabulaire, le rendre le plus fleuri et le plus chantant possible, autant en matière de règles orthographiques ou grammaticales j’aimerais simplifier, tailler dans les manuels avec un sabre d’abordage, étouffer les experts du français académique avec leur mélasse indigeste. J’ai toujours été un grand admirateur de la grammaire en quatre pages de Célestin Freinet : claire, concise et largement suffisante. Je déplore le fait que la majorité des adolescents et une fraction inquiétante du monde adulte ne s’exprime plus qu’en employant quelques malheureuses centaines de mots différents (les études ne manquent pas pour confirmer mon propos). Je trouve tout aussi affligeantes les années passées à étudier des règles d’accord d’une stupidité profonde et les listes interminables d’exceptions ajoutées à des énoncés qui ne concernent que des mots d’un usage très restreint. Je suis chaudement partisan d’une réforme importante de l’orthographe visant à une certaine normalisation phonétique (éventuellement en plusieurs étapes). Cela m’agace qu’il y ait une multitude de variantes du son [o] alors que deux suffiraient largement. L’accent circonflexe est amusant et permet de raconter de jolies anecdotes sur l’origine et la transformation des mots ; c’est clair. La perte éventuelle du « chapeau » risque de faire attraper froid à un certain nombre de cerveaux fumants ; sans doute. Ne vaudrait-il pas mieux conserver certains mots sans leur complexité orthographique plutôt que d’en voir disparaître complètement l’usage ? Pour être honnête, je reconnais que le problème de l’orthographe me gêne singulièrement, car je fais partie d’une génération, et ce n’est pas la dernière, littéralement conditionnée à ce niveau et qui a bien du mal à s’émanciper de ces barrières mentales. L’orthographe est resté un outil redoutable de sélection sociale, même si c’est inconscient. J’éprouve le besoin de relire et de faire relire mes textes, et ressens un certain plaisir (je devrais dire en fait que cela me sécurise) de proposer des chroniques qui ne soient pas trop biscornues sur le plan orthographique. Lorsque je parcours un texte, le premier réflexe que j’ai (et que je regrette ensuite) c’est de me faire une opinion sur celui qui l’a écrit à travers sa maitrise de la langue… Cela veut dire qu’il y a du souci à se faire et que ce ne sont pas des gens comme moi qui seront très utiles pour ce travail de réforme. Ce que je souhaite en fait c’est une évolution des règles et non leur abandon. Je dois être un conservateur éclairé ou un réformateur ramolli, puisque je reconnais que le langage SMS me laisse comme un sentiment d’amertume dans la bouche ! Il doit être possible d’intervenir avant que l’on ne réécrive Rabelais en SMS je pense…

maitre_d_ecole Je pourrais conclure en disant que ce qui me paraît être la vraie richesse d’un langage, c’est l’offre qu’il propose en matière de vocabulaire, plus que la complexité de sa grammaire. Je fais partie de cette catégorie d’enseignants (en voie de raréfaction ?) qui ont toujours considéré que l’apprentissage du français, c’est avant tout une pratique et une découverte intensives de la langue. Il est préférable de lire et d’écrire abondamment, pour enrichir ses connaissances (au sens large) et progresser, plutôt que de mémoriser des règles ineptes dont on essaie ensuite de consolider plus ou moins l’acquisition par des gammes d’exercices inodores, insipides et sans saveur. Ecrire pour s’approprier les mots, les expressions, les phrases… Lire pour comparer, étoffer, enrichir notre potentiel imaginatif, et s’imprégner peu à peu des structures les plus usuelles et les plus plaisantes. Améliorer plutôt que corriger… Partager ce que l’on a à exprimer, avec ses condisciples plutôt que le garder pour soi ou le réserver à l’enseignant… C’est à dire ne pas oublier que le langage est avant tout communication. Que d’énergie et de temps perdu à revoir, pendant 4, 5 ou 6 années consécutives, le pluriel des noms en [ou] ou le désaccord du participe passé avec sa belle famille. Bien sûr que le fait d’aborder l’étude de la langue selon la démarche indiquée n’est pas un procédé fonctionnant à tous les coups, et que certains restent à côté de la voie rapide, totalement insensibles aux charmes de la prose. Quelques uns de ces rebelles éprouvent néanmoins un grand plaisir à déclamer de la poésie ou à raconter par le dessin. Le pourcentage minime (1 ou 2 %) d’enseignants du Primaire qui ont travaillé en utilisant les techniques Freinet ou avoisinantes (peu m’importe « le label », il ne s’agit pas de produire des poulets), est-il vraiment responsable de la baisse de niveau orthographique des petits Français ? Permettez moi d’en douter : la pratique du « texte libre » offre toujours de belles opportunités. Si j’étais ministre du culte scolaire, je crois bien que je confierais une mission de réflexion sur l’avenir de la langue française à Boby Lapointe, s’il était toujours parmi nous ; ça nous changerait des tartuffes actuels… Bon je vous laisse méditer sur tout ce papotage intellectuel. N’hésitez pas à me faire part de vos réactions ; ne tournez pas autour du pot. Même si tous mes lecteurs ne sont pas des potes, on peut communiquer, « on n’est pas des bœufs ! » En ce qui me concerne, l’accordéon m’appelle. Je suis en train de travailler la musique de la chanson « la grande Margot »… Vous savez bien, la grande Margot, celle qui, « tous les soirs, fait sa partie de bézigue, au bout de la digue, avec ses dix amants ». C’est sacrément entrainant et puis « bézigue » comme terme, c’est mignon non ?

15 Comments so far...

Pascaline Chion Says:

19 février 2010 at 15:38.

Moi aussi, pareil que toi, j’ai un a priori défavorable, et je le regrette aussi, à l’égard de la personne dont je lis le texte, quand elle patauge un peu trop dans ses difficultés…

Pourtant…

On a lontgmeps pérnesté cttee infromtaoin cmome un vréibalte hoax, un mesngoe, dnoc : des cehrceurhs aruainet cnosttaé qu’il est psosblie de lrie des mots dnot les lteters snot mlénagées, à cnoiditon de cnoresevr en bnone pacle les perimèers et dreinrères, car le crevaeu « crorgie ».

(Suaf les aiutstes qui, eux VEONIT rleélmnet ce qui est érict.)

Ce petit exemple (épuisant à écrire, difficile à lire !!!) pour montrer que l’orthographe, c’est vachement relatif.

Meueueuh…

zoë Says:

19 février 2010 at 16:07.

Il ne faut pas défendre la langue, elle le fait très bien toute seule, il faut la parler et l’enrichir de termes qui peuvent être ceux d’un cercle plus réduit de locuteurs et cependant savoureux. J’adore être espantée, je ne supporte pas les goulamas qui font les choses comme des chapakans. Puis-je me considérer comme une potesse

JEA Says:

19 février 2010 at 20:59.

Quoique simple potache, j’offre néamoins une tournée générale à la santé de la potesse par excellence : Zoé !!!

Diantino Says:

19 février 2010 at 21:25.

@Paul:
Omniprésence de l’anglais , non seulement les snobs (tiens un mot anglais?), non seulement les informaticiens (par profession), mais les textes de « chanson française  » en anglais, les titres de films, les enseignes de plus en plus, les rapports dans certaines entreprises, les ministres un peu par ci par là, l’anglais dès la maternelle et même avant dans les clubs privés, le bourrage de crâne un peu partout; lu sur le blog « officiel » de mon petit village : l’anglais indispensable pour l’avenir de vos enfants… Pour la suite du papotage je suis pleinement d’accord et quand j’envoie un courriel à mon petit-fils, je commence par « min t’cho fieu » pour qu’il n’oublie pas ses racines picardes et j’aime entendre ma petite-fille demander  » eud’ chuk’ in pout' » pour sucrer les fraises!

Diantino Says:

19 février 2010 at 21:30.

@ Pascaline,

Merci pour cet exercice qui démontre aux incrédules que la lecture est globale, quoiqu’en disent ceux qui attribuent à la « méthode globale  » de lecture tous les malheurs passés et peut-être encore présents de l’orthographe.

Lulu Says:

19 février 2010 at 23:02.

Proposer de faire ci de faire ça pour enrichir la langue, réformer l’orthographe, c’est souffler dans un pipeau. la langue se modifie toute seule, par des effets de masses, des modes, comme les jeux qui se propagent dans les cours de récré à travers toute la France. Par quels chemins ? Mystère. L’orthographe a évolué , mettons depuis le XVI ième siècle, et pas à coups de réformes. Et ça continuera. Faut juste pas être pressé.
Avant dans les régions, les mots pouvaient évoluer, enrichir les parlers locaux. Maintenant, avec la nationalisation (télés, chansons et autres merderies), puis la mondialisation, ça risque de s’appauvrir quelques soient les efforts qu’on imagine devoir ou pouvoir entreprendre. Heureusement, restent les rebelles des banlieues. J’adore employer « niqué »; inventé depuis peu, il a déjà son sens figuré.
Et pourquoi, Paul, quand on veut t’envoyer un message, on devine que c’est sur le bouton submit qu’il faut cliquer ? Ça veut dire quoi, submit ?

Paul Says:

20 février 2010 at 08:12.

@ Lulu et Zoë qui attaquent un peu sous le même angle. Quand je parle de règles, c’est surtout à l’orthographe et à la grammaire que je pense et c’est sous l’angle de l’enseignant que je me place. Je suis entièrement d’accord sur le fait que ce ne sont pas les règles qui font évoluer une langue, mais il n’en reste pas moins que ce sont les règles établies par une certaine académie qui conditionnent le contenu des programmes et donc ce que l’on doit enseigner aux enfants. En théorie, tant que le modèle grammatical et orthographique de la langue n’évolue pas, le contenu de l’enseignement du français ne bouge pas non plus. D’où ma référence aux règles. Je sais pertinemment que ce sont les usages qui font évoluer la langue, d’où mon souhait de faire référence à la plus large palette linguistique possible, pour garder toute sa richesse. Après tout, ce sont bien les gens qui écrivent qui sont les praticiens de la langue écrite ! (idem pour l’oral) Je revendique donc le plaisir d’utiliser le vocabulaire le plus varié possible et je pense que c’est une bonne chose pour ma langue. Je n’ai pas l’intention d’attendre que quelqu’un légifère là-dessus pour limiter le plus possible le recours à l’anglais, en raison des motifs que j’ai invoqués. Pour Lulu qui râle contre le « submit », je précise que j’ai demandé à l’informaticien en chef de la famille de « franciser » le plus possible le moteur de blog que j’utilise, « wordpress », dont la plupart des termes sont anglais. Je reconnais qu’on s’est fait avoir sur le « leave a response » et le « submit »… Des sanctions seront prises contre le chef du service concerné. Personne n’a râlé contre le mot blog. Tant mieux car je l’aime bien celui-là et je le trouve plutôt franchouillard. Selon l’académie charbinoise, blog ayant donné le verbe bloguer est un anglais acceptable puisqu’on la francisé, méthode québecoise… un peu comme les Anglais ont bricolé « bougette » pour en faire leur « budget » qu’ils nous ont revendu ensuite. Je n’ai rien contre les échanges de mots et ne prone pas un protectionnisme linguistique totalement inepte. Je râle quand par snobisme (je maintiens) on fait appel à l’anglais (par exemple) pour remplacer un mot qui existe déjà en français.
Je reviens à ce terrible « submit » qui pèse sur ma conscience… Je pense qu’avec un peu de mauvaise foi on peut améliorer la situation : à mon avis, il faudrait voir du côté de submersible ou subversif, au niveau du préfixe… La racine, « mit », est probablement une simplification orthographique de mite, ou de mythe… Ça pourrait donner un sens pour submit genre « participer à la construction du mythe », ou « caresser la mite dans le sens du poil »… Je consulte mon petit « Littron » avant de vous répondre plus en détails. La mauvaise foi elle, est l’un des guides spirituels de ce placottage !
En tout cas, merci mesdames pour vos interventions, elles sont vraiment top cool !

la Mère Castor Says:

20 février 2010 at 15:01.

voilà un billet qui me réjouit, auquel je n’ai à ajouter que ce petit morceau d’expérience : parisienne vivant depuis plus de trente ans en Languedoc, j’ai, peu à peu, apprenant des mots d’oc et leurs subtiles significations, compris une chose toute bête : on comprend les gens si on comprend leur langage, la richesse et la subtilité de celui ci. Comment traduire espanté, bader, escoubilles et autres fanabrègues ? Par d’autres mots qui en alourdiront le sens. (bas les pattes et vade retro, correcteur orthographique )
Il y a aussi tous les mots liés à la vie d’avant et qui disparaissent d’eux même, privés de leur sens puisqu’ils parlent de ce qui n’existe plus.
Comment ça je devais faire court ? Oups.

Paul Says:

20 février 2010 at 15:16.

@ Mère Castor : En dauphinois nous avons cette belle expression : décamioter le corniolon (décaper l’œsophage).
« Par chez nous le vin blanc ça va, mais le rouge, y décamote le corniolon ! Faut être basu pour en boire par trop ! »

En tout cas, merci à tous pour ces commentaires enrichissants !

Phiphi Says:

20 février 2010 at 15:18.

Paul, plutôt que « top cool », tu aurais pu utiliser cette expression pour le moins étrange, « c’est trop d’la balle » 😉
Quant au sms, pour (beaucoup trop) pratiquer un jeu en ligne, je suis toujours estomaqué de voir le nombre de gens qui communiquent ainsi. Pour être honnête, j’avoue avoir cessé d’essayer de déchiffrer cette forme d’expression. L’âge, sans doute… (et je n’ose imaginer le moment où ils devront écrire une lettre de motivation)

Pourquoi Pas ? Says:

22 février 2010 at 09:32.

L’joual c’est l’fun en sale ! Ça décrisse en ostie le ciboulot des cousins qu’essaient de catcher de quoi !

Paul Says:

22 février 2010 at 10:09.

@ Pourquoi pas ? – Je trouve que tu fais des progrès : j’ai de plus en plus de mal à te comprendre !

François Says:

22 février 2010 at 13:37.

Ah, les livres de Paul Conti, magnifiques! Quel imagination et quelle poésie! Nous avons eu la chance de voir aussi une adaptation au théâtre, c’était très réussi.

Quant à l’anglais pour les informaticiens, en tant que membre de la profession, j’aimerais plaider non coupable. Je pense qu’il faut plus le voir, dans ce cas, comme un jargon, que comme une véritable invasion linguistique et j’ai de la peine à adhérer aux efforts de tout franciser (surtout que l’Académie française manque singulièrement d’imagination dans ce domaine, les Québécois sont beaucoup plus créatifs). Personnellement, chaque fois que je tombe sur une interface en français, je suis tout perdu. Et comme j’interagis généralement avec une communauté de logiciel libre, internationale par nature, je pratique nettement plus souvent les termes anglais. Du coup, je les utilise aussi en français, car ils me semblent tellement plus naturels, même s’ils sonnent parfois bizarrement.

L'Ours Says:

2 mars 2010 at 11:08.

Bonjour,
Puisque, nous dit-on, notre langue est une richesse, faudrait voir à voir à ne pas nous déposséder de notre richesse ! Richesse commune et personnelle que ces mots que l’on verse au pot commun (pour cligner de l’œil au titre de ce nouvel excellent billet), grandeur de la mutualisation.
Nous déposséder, direz-vous, qui donc nous priverait de cette « motnaie » sonnante et trébuchante (car elle sonne, notre langue et permet de peser finement le pour et le contre sur nombre de questions), qui seraient ces méchants sinon nous-mêmes puisque c’est de bon gré que nous limitons notre lexique ?
Je pense que le meilleur allié de ceux qui entendent exercer un pouvoir sur un peuple est l’ignorance, ou plus exactement une culture que l’on peut doser, maîtriser, orienter, amputer de certains pans, et particulièrement celle de la langue. Le vainqueur d’un conflit écrit l’Histoire et impose sa langue. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que le conflit soit sanglant et meurtrier.
Ne doit-on pas se poser la question de savoir à qui profite l’inculture, la perte de la finesse langagière, et si l’abandon d’une langue riche pour une certaine partie de la population est désirée (voire décrétée) par une classe dominante, qui se réserverait la maîtrise subtile de la langue ? Y aurait-il des éléments de réponse dans le constat qu’il existe une caste accédant aux « grandes écoles » et une autre à l’université et que celle-là se satisfait parfaitement de son imperméabilité. N’est-il plus facile comme le suggérait Patrick Le lay de vendre des bagnoles, des boissons gazeuses ou des gels coiffants décoiffants à des cerveaux pas trop embarrassés par des questions qui prennent la tête (chou, citron, cassis).
Par ailleurs, le commerce (au sens premier du terme, relations affectives, échange intellectuel) entre des individus et a fortiori des peuples a naturellement comme conséquence d’importer et d’exporter des mots et des expressions par un principe moteur qui veut que celui qui discute amicalement avec un autre « va » vers l’autre et cherche à accroître la proximité (hormis certains touristes, vous avez entièrement raison, qui ont plus du colon que du baguenaudeur).
La domination économique et technologique du monde anglo-saxon a pour effet de faire rentrer dans le lexique des termes anglais. A nous de savoir si cela résulte d’un échange amical ou d’une guerre économique (et politique) visant à nous réduire en un genre de colonie de consommateurs. Qui donc vient se plaindre que la langue anglaise (et probablement d’autres) a intégré des centaines de termes français au cours des siècles où la politique et la diplomatie française ne comptait pas pour du beurre en Europe ; le Français était la langue de la diplomatie européenne, certes, mais pourquoi, à l’heure de l’Europe ne se constitue-t-il pas une langue européenne qui ne serait pas exclusivement l’Anglais?
L’amour de notre langue nous transforme-t-il en de sombres et exclusifs nationalistes (on retrouve d’ailleurs cette disposition intellectuelle dans certains mouvements régionalistes) ou en résistants luttant contre l’étranger sur un mode communautariste, par peur de disparaître ? La frontière est ténue et notre positionnement propre bien compliqué. Face à un jacobinisme centralisateur, le régional a bien du mal à exister, le Québecois craint à juste titre le gigantisme du monde anglo-saxon qui l’entoure (qui l’encercle ?).
Dans ce cas, défendre sa langue, c’est se défendre soi-même. Son identité, son histoire, mais surtout ce qui ne se traduit pas, des sonorités, des figures de style, des formes qui permettent d’ajouter du sens à ce qui est dit. J’ai un peu tendance à penser que la langue, l’orthographe (qui est somme toute assez récente) la grammaire forment un genre de contrat social, un socle commun qui permet d’édifier une forme de pensée. Un Allemand ne penserait pas exactement comme un Français ou comme un Anglais, ce qui ne signifie pas qu’ils diffèreraient jusqu’à l’extrême.
Que n’érige-t-on une Abbaye de Thélème* où serait gravé au fronton « Fais ce que voudras ».

(*) 1 ABI2Tl’M, c’est agaçant, hein !

Paul Says:

3 mars 2010 at 18:12.

Merci à l’Ours pour son intervention dans le débat suite à ma chronique « popote et papotage ». Je regrette un peu que sur un sujet pareil il n’y ait pas eu encore plus « d’expression libre ». Peut-être les propositions du commentaire passionnant auquel je fais référence provoqueront-elles d’autres interventions !

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