11 avril 2008

Youcou Rintintin !

Posté par Paul dans la catégorie : Boîte à Tout .

rintintin1.jpg Je ne peux pas vous parler d’autre chose… Les jours où j’ai rendez-vous chez le dentiste, je ne pense qu’à ça, jusqu’à l’obsession. Là, il a dû creuser grave dans ma molaire et faire un trou qui remonte au moins jusqu’au cerveau. J’ai essayé de le distraire pour qu’il fasse autre chose que meuler sauvagement ma dent, mais pas moyen, c’est un professionnel consciencieux. Je lui aurais bien balancé un coup de pied dans le tibia, mais, d’une, quand on est allongé la tête en bas les pieds en haut c’est pas facile, deux, c’est lui qui était armé, pas moi, trois, il est plutôt sympathique. J’aurais pu invoquer la légitime défense mais je ne le fais que quand je peux attaquer par derrière un mec qui, visiblement, est plus costaud que moi. J’ai essayé de l’attendrir en lui expliquant que ma hantise des dentistes remontait à ma plus tendre enfance. Mes dents de lait avaient dû être fabriquées à Taïwan par des ouvrier portoricains car, tous les jeudis ou presque, je devais aller rendre visite au dentiste tant exécré. Je m’en souviens très bien : c’était le jeudi après-midi, pile à l’heure à laquelle la télé diffusait les épisodes de Rintintin. J’en ratais trois sur quatre et le peu que j’en voyais me faisait baver d’envie et ruminer ma colère.

rintintin2.jpg Cinquante ans plus tard, pas moyen de me raisonner. Des gens très gentils de mon entourage ont beau m’expliquer que les soins dentaires ont fait beaucoup de progrès, que les roulettes supersoniques actuelles n’ont plus rien à voir avec les zinzins à dynamo tournant à cinq tours minute utilisés il y a un demi-siècle, rien à faire. Quand je rentre dans la salle d’attente d’un dentiste, ma pression atmosphérique interne fait grimper le baromètre en flêche et ce n’est pas la lecture de « Paris-match » ou de « Femme actuelle » qui m’apporte un grand réconfort. Comme je suis poli, je serre la main du dentiste (sans aucune chaleur humaine car ma main est généralement glacée) puis, au moment où je lui tends ma petite carte verte, je commence à le brancher sur une anesthésie au minimum locale. Je n’aime pas être privé de mes moyens quand j’affronte un moment difficile, sinon je crois que j’irais complètement bourré à ce genre de consultations. Pour ce qui est de l’anesthésie, dans un premier temps ça ne me fait pas sourire car je n’aime pas non plus les seringues et les piqûres. Aujourd’hui j’ai eu droit à une prime : piqûre directement dans le nerf de la dent qui gigotait encore. C’est pas le jour à ce que mon banquier me téléphone, faut plus me chercher des poux jusqu’à ce soir !

inquisition.jpg L’inquisition ou les paras de Massu n’auraient eu aucun mal à me faire parler. Dès que j’entends le sifflement de l’engin de torture, en franchissant la porte du cabinet, je suis prêt à tout avouer : toutes les fautes que j’ai commises (la liste est longue) et même toutes celles que j’ai rêvé de commettre (la liste est encore plus longue !). Je suis prêt à tous les dénoncer, en commençant par ceux que j’exècre le plus et en finissant par ceux qui me sont le plus chers ; je suis prêt à renier n’importe quoi et à me vendre même au moins offrant. Il faut saisir l’occasion car, heureusement, les séances de tortures auxquelles je suis aimablement convié par une charmante secrétaire, sont rares et de courte durée (sauf aujourd’hui, donc il va falloir que je morde quelqu’un ou quelque chose). Je ne me rappelle que d’une séance un peu spéciale, il y a une dizaine d’années : la dentiste chez qui j’étais allé par accident était une ancienne de la Gestapo sans doute et elle avait dosé si fort l’anesthésiant que je ne pouvais ni parler ni même grimacer, ce qui n’est pas très pratique quand on retourne faire la classe une demi-heure après… Trois quarts d’heures de travail à la fraiseuse (meuleuse ? disqueuse ? ponceuse ?) sans un mot, sans une attention, sans le moindre regard compatissant… Je m’étais mis à rêver que j’étais chirurgien , qu’elle était allongée sur le billard et que je l’opérais avec mes ciseaux à bois…

En fait, je suis plutôt un privilégié par rapport à d’autres (dans mon entourage très proche). Mes dents d’adulte sont de fabrication allemande, sérieuse et labellisée, et elles résistent relativement bien aux outrages du temps. J’aurais pu me dispenser de couronne je pense, si je n’était pas tombé, quelques années avant l’envoyée de la police hitlérienne, sur un escroc qui m’avait sévèrement ravagé la mâchoire avant de faire une radio et de me déclarer que ma pauvre dent, vraiment, il n’en restait presque plus rien. Il faut dire qu’en matière de dentiste on trouve un peu tous les spécimens et qu’il n’est pas toujours facile de séparer le bon grain de l’ivraie… Je n’en connais point d’ailleurs qui accepteraient cette discrimination sur la plaque de leur porte d’entrée.

thierrylafronde.jpg Tout ça pour vous dire que je ne vous ferai pas de chronique aujourd’hui. Pour communiquer avec autrui il faut être capable de sortir un peu de l’auto-complaisance, il faut pouvoir s’intéresser au monde extérieur avec un horizon un peu plus large que la circonférence de son nombril, il faut être réceptif… et je ne satisfais à aucun de ces critères ! Au fait, vous saviez comment ça s’écrit « Youcou » ? Moi j’ai dû chercher dans mon dictionnaire (pas de trace) puis sur la toile mondiale et là j’ai découvert qu’on avait le choix entre « youcou » et « youhou ». Moi j’aime mieux le premier. Je retourne grogner. Si quelqu’un peut me faire parvenir les épisodes complets de Thierry la Fronde, je ferai peut-être un pas pour sortir de mon mutisme et vous rédiger un petit billet plein de douceur et de tendresse pour le monde environnant.

3 Comments so far...

sylvaine vaucher Says:

11 avril 2008 at 09:20.

Je n’ai jamais eu aussi mal aux dents que ce jour….peut-être avez-vous vu ce film :

Marathon Man
(paramount)

Director: John Schlesinger
Cast: Dustin Hoffman, Laurence Olivier, Roy Scheider, William Devane, Marthe Keller
Plot: In New York City, the brother of an infamous Nazi war criminal is killed in a head on collision car accident. Shortly thereafter, members of a covert US government group called « The Division » begin to be murdered one by one. When the brother to one Division member sees his brother knifed to death, it is revealed that former SS dentist Szell, « the White Angel » of Auschwitz, is wrapping up loose ends to smuggle priceless diamonds from the United States.

fred Says:

11 avril 2008 at 09:26.

Râââ Marathon Man et son dentiste fou : « C’est sans danger .. » disait il avec sa voix doucereuse ! Hyper flippant le truc !
Courage Paul ! Pense au Lieutenant Rip Masters, au petit Rusty et au sergent O’Hara !

Clopine Trouillefou Says:

12 avril 2008 at 13:57.

Parfois, je me demande « Comment peut-on être dentiste ? » ; surtout quand je passe à côté d’un ouvrier de la voirie, en train de manipuler un marteau-piqueur…

Sinon, j’aime bien quand vous n’écrivez pas de chronique, comme aujourd’hui.

Bon courage, hein. Je vous dirais bien que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, et qu’il s’agit donc de serrer les dents, mais il n’est pas sûr que vous apprécieriez !

Clopine

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