30 avril 2008

Au royaume des arbres (3) : l’arboretum des Barres

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage; voyages sur la terre des arbres .

L’arboretum des Barres porte le nom bien mérité, à mon avis, de « forêt des cinq continents ». Ancien domaine appartenant à la famille de Vilmorin, il est maintenant géré par une association (l’ADIAF, Association pour la Découverte et l’Initiation à l’Arbre et à la Forêt) ainsi que par l’Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux et Forêts (ENGREF), et possède l’une des collections les plus riches d’arbres et d’arbustes provenant de tous les horizons de notre planète. L’arboretum se situe dans le Loiret, au Sud de Montargis, à Nogent/Vernisson. La région offre de belles possibilités touristiques, et la visite du parc arboré peut être groupée avec celle du château de Saint Fargeau (charpente extraordinaire et parc magnifique) et celle du chantier médiéval de Guédelon (dont je vous parlerai un de ces jours, car c’est un lieu passionnant).
C’est en 1821 que Philippe André de Vilmorin s’est porté acquéreur du domaine des Barres, pour y effectuer des expériences comparatives sur la croissance de différentes espèces de pins et de chênes américains. La transformation en arboretum ne s’est effectuée qu’une cinquantaine d’années plus tard. Il n’y a guère d’histoire palpitante à raconter sur l’historique du lieu…

L’arboretum des Barres est assez différent de celui de Balaine que je vous ai présenté il y a quelques temps. Il est d’abord plus grand et possède probablement une collection d’arbres plus importante et plus complète : 2500 espèces réparties sur une superficie, ouverte au public, de 35 ha, que l’on peut observer en effectuant trois parcours distincts. La différence principale entre les deux arboretum vient de la conception originale des plantations : pendant longtemps, le domaine des Barres a été un arboretum au sens le plus technique du terme, alors que, dès le début, Balaine a été conçu comme jardin d’agrément autour d’une habitation. En un siècle et demi d’évolution, les différences se sont estompées, et c’est sans doute l’arboretum des Barres qui a le plus changé dans son esprit et dans son aménagement. S’il conserve un intérêt scientifique indéniable (les botanistes amateurs de collections systématiques d’arbres et d’arbustes se régaleront) de nombreuses animations sont offertes au grand public et la visite du parc est attrayante et se prête parfaitement à une demi-journée ou à une journée de détente familiale.

Il y a aux Barres de nombreux arbres remarquables. Dans la collection géographique, qui date de 1873, on trouve une série de séquoïas, de 30 à 50 m de haut selon les specimens, un gingko biloba (l’arbre aux mille écus), des araucarias (« désespoir des singes ») et un hêtre pourpre absolument splendide. La collection systématique, créée en 1894, laisse une large place aux petits arbres et aux arbustes : on peut y observer de nombreux représentants de la famille des Viornes, un arbre au caramel, de nombreux érables et des plantes grimpantes telles les glycines odorantes. On y trouve aussi l’arbre aux mouchoirs : ses fleurs apparaissent au mois de mai et leur forme évoque le drapé d’un petit mouchoir blanc brodé. Mais les plantes les plus insolites se trouvent dans un troisième secteur du parc : la collection ornementale, plus récente (1941), et d’une richesse exceptionnelle. Arbres et arbustes de cette zone ont été sélectionnés pour leurs formes ou leurs couleurs inhabituelles : silhouettes tordues ou rampantes, couleurs surprenantes ou changeantes selon la luminosité…

La quiétude qui règne en ces lieux est apaisante : la superficie du parc est telle que les visiteurs ne se marchent vraiment pas sur les pieds ! Il est possible de déambuler pendant de longs moments sans rencontrer âme qui vive autre que les nombreux oiseaux qui ont pris possession de ce milieu très riche et très protégé. Nous avons pourtant effectué notre visite en pleine période touristique, au mois de juillet !Au détour d’un sentier, dans un lieu abrité, vous aurez peut-être la surprise de découvrir l’une des 21 espèces d’orchidées qui se sont acclimatées à l’arboretum. Selon la saison, vous pourrez aussi contempler la floraison des cyclamens de Naples qui forment un véritable tapis le long du chemin sinueux arpentant la collection systématique. Le bâtiment ultra moderne de l’accueil abrite une salle de projection et un hall d’exposition. Lors de votre entrée dans l’arboretum, on vous propose d’abord d’effectuer un circuit informatif dans ce bâtiment, avant d’aller vous perdre à l’ombre des géants… De nombreuses animations sont proposées, pour les scolaires, pour les groupes et pour les visiteurs isolés. Le programme est régulièrement remis à jour sur le site internet : www.arboretumdesbarres.com. Du 1er Juillet au 31 août, cette année, l’arboretum propose « voyageurs du monde », une quête ludique qui vous entrainera à la découverte des arbres des cinq continents.

L’ouverture de l’arboretum des Barres au grand public a été sérieusement menacée en 2007 : des suppressions de crédits compromettaient le maintien en poste du personnel chargé de l’accueil et de l’animation. Une pétition a circulé en fin d’année et elle a recueilli suffisamment de signatures pour que l’Etat revienne sur sa décision. A compter du 1er janvier 2009, l’Office National des Forêts prendra le relai de l’association gestionnaire actuelle et poursuivra les démarches et les projets engagés (dans la limite des moyens financiers disponibles…). Il était inconcevable qu’une telle richesse botanique ne puisse plus être accessible à tous, à l’heure où l’on essaie de sensibiliser la population à l’importance des forêts et à leur rôle essentiel dans la survie de notre planète. La vigilance reste à mon avis de mise : si les menaces à court terme se sont estompées, il n’est pas dit que les projets d’économie ne mettent pas à mal, dans un futur proche, une bonne partie des espoirs que l’on peut placer dans le rôle pédagogique d’un tel site. L’un des moyens de montrer toute l’importance que l’on accorde à ce secteur de notre patrimoine est sans doute de s’y arrêter pour une escale, à l’occasion. Le plaisir d’écouter chanter le rossignol dans les hautes branches d’un charme vaut bien un détour !

NDLR : coïncidence aussi étrange que désagréable, à l’heure où je boucle ces lignes, un énorme engin s’applique à réduire en copeaux 1500 m2 de terrain boisé, juste en face de ma fenêtre. Frênes, acacias, cerisiers… quelle que soit leur taille, ces arbres qui avaient eu la malencontreuse idée de s’installer sur un terrain en friche depuis des dizaines d’années, sont réduits en fines particules, au grand dam de la gent ailée qui y avait trouvé refuge. Les joies du lotissement…

4 Comments so far...

Sylvaine Says:

30 avril 2008 at 11:32.

Bon ils auraient pu faire pire…est-ce possible…en les déchirant avec les chars….dizaine d’ ans… me semble de très jeunes pousses ! Comme s’il n’existait plus de canassons ! et ces pôvres zoziaux qui ont Milan pour se reproduire…puis repartir….bon c’est difficile de me suivre…mais comme toujours chaque fois que je vois un arbre partir…c’est pas pour une cheminée…c’est en effet pour un lot de tisseurs qui puisent dans la « tirrelyre à crédit » du François ou Autres…quand j’étais pois tite on disait (en tous cas en CH)…qu’est-ce qu’un Castor ?….c’est un français qui construit sa maison avec sa queue ! J’ai rendu mes plaques l’été passé…je ne pollue plus que mes poubelles avec des larmes recyclées…c’est cela…ça me rend si triste de voir partir un arbre…

Sylvaine Says:

30 avril 2008 at 11:37.

J’oubliais…pour le Castor…s’agissait …des allocations familliales ! OK !

fred Says:

30 avril 2008 at 12:31.

VILMORIN : Graine d’assassin !

Lavande Says:

2 mai 2008 at 09:33.

Bon, ça y est, on est le 2 Mai, elle est passée la fête du travail, tu peux te remettre au boulot (même si tu préfères le bouleau). Tu ne vas quand même pas faire le pont comme un vulgaire fonctionnaire?

Leave a Reply

 

Parcourir

Calendrier

avril 2024
L M M J V S D
« Avr    
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930  

Catégories :

Liens

Droits de reproduction :

La reproduction de certaines chroniques ainsi que d'une partie des photos publiées sur ce blog est en principe permise sous réserve d'en demander l'autorisation préalable à (ou aux) auteur(s). Vous respecterez ainsi non seulement le code de la propriété intellectuelle (loi n° 57-298 du 11 mars 1957) mais également le travail de documentation et de rédaction effectué pour mettre au point chaque article.

Vous pouvez contacter la rédaction en écrivant à