13 décembre 2007

Les tours de Merle

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage; vieilles pierres .

tours de Merle Cette chronique va me permettre de vous faire partager au moins deux découvertes que j’ai faites en visitant les tours de Merle pour la première fois. Tout d’abord qu’il existe en France une région qui porte le nom assez surprenant de Xaintrie, ce que j’ignorais à l’époque, ensuite ce que signifie le terme de Castrum qui est employé pour désigner ce que l’on aurait pu croire au départ n’être qu’un simple château fort.

Nous sommes arrivés à Merle en venant du château de Fénelon entre Sarlat et Souillac. Les tours se dressent dans un environnement vallonné et boisé. On les aperçoit à la sortie d’un virage, en poussant un grand soupir de soulagement car cela fait un moment que la route vire et vire dans tous les sens. Nous sommes au cœur de la Xaintrie, en Corrèze, région qui se situe au Sud et à l’Est d’Argentat. C’est un plateau traversé par plusieurs rivières (la Maronne notamment qui passe au pied des tours, ou la Dordogne) qui ont creusé des gorges profondes et sinueuses. La configuration des lieux explique donc sans doute la fatigue du pauvre conducteur de Clio lorsqu’il arrête enfin de rouler. Ça c’est le chapitre géographie de notre fiche découverte ! Vous pouvez situer facilement la Xaintrie sur une carte de France, en cherchant la Corrèze… Non, pas là, c’est la Savoie !

tours de Merle Reste à expliquer le Castrum ! Et bien c’est assez simple… un Castrum c’est une cité HLM pour la noblesse du Moyen-Âge : le regroupement sur un même emplacement d’un château et de plusieurs maisons fortes, appartenant à plusieurs familles, généralement inféodées les unes aux autres… Vous agrémentez le tout par la présence de quelques humbles demeures paysannes et d’une chapelle pour faire bonne mesure. Et à l’emplacement de Merle, et bien il y a du monde ! On peut visiter les vestiges des tours des seigneurs de Carbonnières, de Veilhan et de Pesteils, les châteaux de Cafolenc, de Veyrac, de Merle, le fort de Saint-Basile, plus ou moins bien conservés et blottis les uns contre les autres, à flanc de coteau juste en dessus de la Maronne. Certaines de ces familles ont construit plusieurs bâtiments successifs au fil des siècles et des héritages et pas toujours au même emplacement. On a donc la surprise de se déplacer dans un véritable imbroglio de propriétés et on imagine sans peine le casse-tête que cela a dû être pour les historiens, de reconstituer le Plan d’Occupation des Sols sur cette dizaine d’hectares !

On assiste à un phénomène du même genre à Commarques en Périgord dont j’aurai sans doute l’occasion de vous parler un autre jour. L’emplacement des tours de Merle est stratégique puisqu’il se situe à la frontière entre la Haute-Auvergne, l’Aquitaine et le Limousin. Ce Castrum a connu une occupation continue du XIème au XVIIIème siècle et a traversé bien des périodes tourmentées de notre histoire, de la guerre de Cent ans aux guerres de religion.. Les Anglais s’en sont emparés puis ont quitté les lieux à la demande du pape Grégoire XI ; le célèbre routier Aymerigot Marchès s’y est cassé les dents ; les Huguenots s’y sont réfugiés un temps. Avant son abandon complet, il a servi de logement à une compagnie de fauconniers…

tours de Merle Lorsque l’on contemple l’ensemble de ces vestiges depuis la route et le parking où l’on abandonne son véhicule, il est difficilement possible de ne pas tomber sous le charme de ce lieu singulier. Pour peu que l’on ne soit pas trop dérangé par les envahisseurs modernes, en se laissant guider par le bruit du torrent, on peut facilement entendre le galop d’un cheval, le son d’une trompe de chasse ou les cris des sentinelles qui veillent à l’entrée du corps de garde. Avec un peu de chance, peut-être reconnaitrez vous la silhouette de l’une ou l’autre des trois filles du seigneur Hugues de Merle : Marie, Jeanne ou Floris vous prendront alors par la main et vous entraîneront dans une longue farandole au cœur de leur domaine… L’été il n’y a qu’un pas du rêve à la réalité car de nombreuses troupes costumées animent le site de Merle : démonstrations d’artisanat, d’ escrime médiévale ou (comme le jour de notre visite) de tirs de couleuvrine assez bruyants dans cette vallée resserrée. Toutes ces murailles en granit ont un charme indéniable et lorsqu’on se promène dans le labyrinthe des sentiers on découvre l’habileté des architectes et des tailleurs de pierre qui ont œuvré en ces lieux. Il faut du temps pour s’approprier le site, et certainement plusieurs visites pour bien le comprendre. Le détour vaut la peine si un jour vous passez en Corrèze. Je dis bien « le détour » car les tours de Merle ne se trouvent pas sur un itinéraire « direct » et il vous faudra bien y consacrer au moins une demi journée si vous voulez en profiter pleinement ! Le domaine appartient maintenant à la petite commune de Saint-Geniez-Ô-Merle qui se donne beaucoup de mal pour l’entretenir et le mettre en valeur. Cette initiative est suffisamment rare dans le domaine public pour être soulignée.

2 Comments so far...

jean-claude GREGORY Says:

22 septembre 2009 at 10:55.

Bonjour. J’habite le Sarladais et je prépare un blog – http://www.riviereesperance.canalblog.com – qui sera opérationnel en janvier 2010, consacré à la rivière Dordogne et à son Bassin. La Xaintrie fait partie du paysasage. Je cherche et je tombe sur vos commentaires et vos photos.
Autorisez-vous des passionnés de la Rivière Espérance à utiliser une ou deux photos de votre texte en vous citant?

Avous lire. Bien à vous.

GREGO

Paul Says:

22 septembre 2009 at 11:30.

Bravo, projet passionnant… Un de ces jours je parlerai d’autres merveilles que j’ai découvertes dans cette région. Aucun problème pour la reproduction du texte ou des photos. Il suffit de mentionner la source (donner l’adresse internet comme ça le nombre de visiteurs passionnés et passionnants augmentera petit à petit…) ! Bon courage

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