7janvier2010
Posté par Paul dans la catégorie : Feuilles vertes; Humeur du jour.
Décidément, notre emblème national radioactif a bien des misères. Le sommet de Copenhague n’a été qu’un pétard mouillé et ceux qui espéraient que le rayonnement (radioactif) de la France retrouverait la splendeur qui était la sienne au temps des lumières ont été cruellement déçus. Faute d’idées nouvelles et de philosophes dont le rayon d’action dépasse celui d’un studio d’enregistrement radiophonique, nous avions au moins un concept intéressant à proposer pour lutter contre le réchauffement climatique : la mise en route d’une multitude de petits EPR (Engins Particulièrement Radioactifs) aux quatre coins de la planète. Le thème de la promotion pour ce produit était simple : le pétrole, le charbon, ça pollue ; l’éolien, le solaire, ça coûte cher ; l’électricité, surtout lorsque elle est d’origine nucléaire (et française) c’est un produit miracle. La preuve d’ailleurs, c’est que dans le plan d’enfer conçu par le généralissime de nos troupes, à savoir la célèbrissime « taxe carbone à la française », on imposait les manants utilisant du fuel ou du gas-oil et l’on offrait des indulgences aux preux gaspillant l’électricité à tout va. Notre coq valeureux lissait donc ses plumes avec volupté, dans la perspective d’un nouveau combat à livrer et de nouveaux clients à conquérir, en Afrique en particulier… Il faut dire que notre coq avait eu bien des déboires et qu’il avait fortement besoin d’une opération financière réussie pour redorer sa crête. On apporta donc grand soin à la composition de la délégation envoyée par notre basse cour au pays des Danois… Madame la ministre de l’écologie (son nom n’a guère d’importance dans l’histoire) avait pris soin d’emporter dans ses bagages, un homme de gauche, sympathique de surcroit puisqu’ancien président de SOS Racisme (un gage de bienveillance à l’égard de tous ces bronzés dont on ne veut pas dans l’hexagone) et militant acharné pour l’écologie, puisqu’il pousse ses convictions jusqu’à travailler chez AREVA, l’entreprise qui œuvre pour la grandeur rayonnante de la France. Pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu, je parle de Fodé Sylla, chargé (comme par hasard) du dossier des relations avec les pays africains dans « l’ONG » dont je viens de citer le nom.
L’occasion était trop belle : il fallait que le monde entier puisse enfin s’apercevoir que notre coq arborait de magnifiques plumes fluorescentes bleu, blanc, rouge mais aussi une superbe parure de plumes vertes qui se dressait sur son croupion. Certains étaient même partisans de repeindre la crête en vert ; d’autres hésitaient ; finalement, pour que l’approche soit plus discrète, on se limita à l’éventail croupionesque. Il se trouva, bien sûr, quelques fâcheux, dans des ONG étouffées par la jalousie, pour dire que la présence de représentants de commerce d’AREVA dans la délégation était maladroite, voire même quelques indisciplinés pour protester vigoureusement contre les effets positifs de la propagation de nos gentils EPR sur la planète. Heureusement, cette contestation rampante s’étala principalement sur Internet et n’atteignit pas nos grands médias soucieux d’impartialité et fiers d’assister à un combat de coq, à la mode antique. Certains s’aperçurent alors, dans le fan club de notre volatile, qu’Internet était vraiment une porte ouverte sur n’importe quoi, que l’on pouvait y tenir des propos insensés, et que si la France était la Chine tout cela ne se serait pas produit. Il y eut même un canard, copain comme cochon avec le coq, qui suggéra que l’on pourrait nationaliser Internet de manière à mieux contrôler les discours qui s’y propageaient : constituer en quelque sorte un ONIF (imitant en cela l’ancienne ORTF), à savoir un Office National de l’Internet à la Française. On aurait pu confier la direction de cette officine à quelques spécialistes de la question : nous n’en manquons pas. Malheureusement, le tas de fumier sur lequel s’éleva péniblement notre coq était branlant et, malgré le soutien actif de notre petit Timonier, le volatile se cassa littéralement la g… Dans le tohu-bohu général, personne ou presque n’entendit ses cocoricos vibrants, et nul ne porta attention à son plumage rayonnant. La France peinait à retrouver la place prestigieuse qu’elle avait occupée dans le monde à l’époque de Voltaire et le 21ème siècle des lumières peinait à éclairer le monde.
Il faut dire que la technologie d’une part, et l’économie d’autre part, ne nous aidaient guère. La mission des représentants d’AREVA était complexe. Il leur fallait expliquer en quoi leur produit miracle était nouveau et n’était que l’embryon de découvertes encore plus révolutionnaires. L’Engin Particulièrement Radioactif n’était qu’une première étape. Nous allions bientôt éblouir la planète avec notre Resurrrrégénérrrrateur, le prototype qui dormait encore dans les cartons de nos ingénieurs. La preuve, disait le coq, que tous ces produits sont d’excellente qualité, c’est qu’ils sont fabriqués par des travailleurs français (sauf quelques manants s’occupant de tâches inférieures telles l’extraction de l’uranium, la maintenance des réacteurs, ou la conservation des déchets dans leurs jardins) et que plusieurs partis et syndicats (plus ou moins bolchévistes dans les temps anciens) sont convaincus de leur innocuité et de leur luminescence. Certes les volatiles étrangers faisaient remarquer qu’il y avait beaucoup de pannes dans notre parc de réacteurs, des fuites par ci par là, et de nombreux problèmes d’entretien. Le coq vert balayait ces arguments d’un battement d’ailes vigoureux en faisant remarquer que tout cela n’était qu’une affaire de renouvellement. La France n’avait que trop tardé à construire une nouvelle vagues de ces engins miraculeux, véritables climatiseurs planétaires, sources d’attraction pour les radieuses générations futures. Le problème des déchets n’en était pas un ; il suffisait de patienter un peu et surtout d’avoir la foi. D’autres volatiles étrangers faisaient remarquer que les prototypes d’EPR en construction présentaient de nombreux dysfonctionnements, que le resurrrégénérrrateur avait déjà montré ses capacités à ne pas fonctionner. Bref le débat tournait mal et nos valeureux champions de l’électricité verte et fluorescente avaient bien du mal à se faire entendre dans ce centre des congrès de Copenhague. D’autant que le bruit des matraques de l’efficace service de sécurité danois, s’ajoutant aux hurlements des manifestants maltraités, obligeaient à hausser la voix. Bref, l’atmosphère s’échauffait peu à peu, ce qui est le comble, si l’on convient que ce sommet devait permettre à la délégation française de vendre des climatiseurs radioactifs permettant de refroidir le continent africain et l’ensemble de la planète. Bref, nos VRP n’avancèrent qu’à petits pas glissants, sur l’épineux dossier de l’installation d’une multitude de réacteurs nucléaires sur le sol d’un continent qui n’en avait aucunement besoin…
La peinture verte ne suffisait visiblement pas à redonner de la santé à notre pauvre coq. Pendant qu’il s’égosillait dans les contrées nordiques, les mauvaises nouvelles s’accumulaient. Le réacteur que nous avions péniblement vendu à la Finlande nous coûtait des milliards à cause des retards dans la construction et des petits arrangements entre amis ; heureusement que le petit peuple de la basse cour, ayant bien du mal à trouver du grain pour lui-même, ignorait cette information. Le contrat « sans précédents » qui devait être signé avec les Emirats arabes avait était balayé d’un revers de manche de djellaba. On ne pouvait de plus pas trop critiquer ces clients récalcitrants puisqu’une autre tractation était en cours concernant un autre fleuron de notre industrie, le Rafale de notre ami Marcel. Les douze réacteurs projetés en Afrique du Sud s’étaient envolés dans l’atmosphère début décembre… On parlait de contrats mirifiques avec un consortium aux USA mais Anne, la sœur Anne (Lauvergeon), ne voyait rien venir, du haut de sa tour d’uranium. Les pitreries de cet agaçant Ahminejad en Iran, compliquaient la tâche des officines de communication qui essayaient désespérément de démontrer que non, grands dieux non, le développement du nucléaire civil n’avait aucun rapport avec la prolifération nucléaire militaire. Les Chinois, calculette à la main, avaient engagé une phalange du doigt dans cette histoire d’EPR mais cherchaient comment ne pas y laisser leur main et encore moins leur coude. Bref tout allait mal dans la basse-cour, et le coq, au retour de son voyage dans le grand Nord, déprimait…
La nouvelle année n’a rien arrangé, et les perspectives pour notre consortium national et son bataillon d’apprentis ingénieurs issus de l’école des Mines, ne sont toujours pas brillantes, malgré les déchaînements de communication et le dévouement du petit personnel politique. La valeur en Bourse des actions EDF et AREVA est dramatiquement basse… La France n’hésitant jamais à déverser son argent pour soutenir des causes perdues, et surtout des entreprises en manque de profits, nous avons ainsi appris qu’une part non négligeable du « grand emprunt » que va lancer le gouvernement auprès des petits rentiers et des grosses banques, va être affecté au développement du nucléaire. Qui remboursera cet emprunt et paiera les intérêts correspondants ? Je vous laisse trouver la réponse à cette devinette difficile. Il y a des chances que ce soient les mêmes que ceux qui sont en train d’aider les laboratoires pharmaceutiques à améliorer leurs marges bénéficiaires… A quand le vaccin pour protéger des radiations ? Il est grand temps de donner un coup de pouce à notre coquelet national. En France, nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons des atomes, des vaccins, des chars Leclerc et des avions Rafale. Et si l’on offrait, en prime, un char, un chasseur et quelques milliers de dose de vaccins à chaque acheteur d’un Engin Particulièrement Radioactif ? Le marché ne deviendrait-il pas plus attractif de la sorte ? Notre grand président ne peut agir seul ; la preuve, malgré toutes ses gesticulations, il n’y a guère qu’aux Français qu’il arrive à vendre des EPR. Il faut dire que chez nous c’est facile : celui qui décide de la demande et celui qui fait l’offre, c’est la même personne… Nos grands penseurs doivent aider le coq : j’imagine bien Mr Alain Minc, Mr Bernard Henri Lévy, ou Mr Philippe Val, parader dans un spot à la télévision chinoise avec des plumes vertes là où je pense… Amusant non ?
Post Scriptum : petite anecdote amusante, je reçois ma facture EDF au moment où je termine la rédaction de cet article. Je n’ose l’ouvrir, par crainte des retombées financières. EDF… EDF… ne s’agit-il pas de cet autre volatile qui se permet de majorer de façon considérable le prix de l’abonnement pour les petits consommateurs d’électricité et de ne quasiment rien changer pour les gros, ce qui permet ensuite de dire que les tarifs n’ont augmenté que de façon insignifiante ? Je m’y perds…
Et puis pour faire bonne mesure, lisez donc cet article sur le brûlot antinucléaire nommé « Ouest-France ». Mais où va-t-on ma bonne dame ! Où va-t-on ?

5janvier2010
Posté par Paul dans la catégorie : Sciences et techniques dans les temps anciens.
Il faut toujours rendre, à qui de droit, la paternité (maternité ?) de ses idées. Celle de la chronique d’aujourd’hui me vient d’une rencontre tout à fait impromptue sur la toile. J’ai découvert, à la fin de l’été, un blog, intitulé curieusement « la tribu d’Anaximandre« , en tête duquel figurait un portrait de chat : c’était lui, ce coquin de matou, chef occulte de la tribu, qui portait ce patronyme bien singulier. Je m’intéressai tout d’abord au contenu fort sympathique de ce site, mais je dois dire que ma curiosité était émoustillée… Ce nom, Anaximandre, me rappelait bien quelques souvenirs… La première étape de la recherche eut donc lieu dans les tiroirs de ma « commode » mémoire. La zone concernée était un peu poussiéreuse et fort mal garnie. De ce savant grec de l’antiquité, je ne savais que fort peu de choses : philosophe de son état, on disait qu’il était le premier à avoir laissé une trace écrite de ses travaux ; passionné par l’astronomie, il était l’auteur de quelques théories concernant le fonctionnement du cosmos… Un point c’est tout : je n’en savais pas plus et cela ne me suffisait plus. Par une belle journée d’octobre, je me plongeai donc dans de poussiéreux grimoires, puis je fis quelques recherches, après avoir dressé ma souris à traquer les savants de la Grèce antique. Très vite, je me suis piqué au jeu ; une découverte en entrainant une autre, j’ai fini par trouver le personnage intéressant à plus d’un titre. D’abord une raison assez primaire : son patronyme me plaisait. Ensuite c’était l’un de ces savants à la mode ancienne, un peu « touche à tout », comme je les aime. J’ai donc commencé à rédiger ma chronique, puis je l’ai mise sous mon coude, d’autres sujets, d’une actualité plus brûlante, ayant attiré mon attention. Un mois a passé pendant lequel j’ai laissé dormir le dossier. Mon chemin a croisé à nouveau Anaximandre, cette fois sur l’écran de mon téléviseur. Nous nous sommes rencontrés alors que je revisionnais l’excellente série documentaire sur l’astronomie « Tours du Monde, Tours du Ciel ». Au mois de décembre, j’ai finalement appris qu’une biographie complète du philosophe venait d’être publiée. C’est drôle comme des personnages méconnus ressurgissent soudainement du passé et atteignent une certaine notoriété (en disant cela, je pense entre autres à Hypatia d’Alexandrie, astronome, physicienne et philosophe du début du Vème siècle dont nous reparlerons un de ces quatre). Cette fois, je n’y coupais pas, il fallait que je termine le travail commencé avant que ce brave Anaximandre ne fasse la une du JT d’Arte (non, pas France 2 quand même, mais on ne sait jamais), et ça n’a pas été aussi facile que je le pensais. Je vous propose de partager quelques unes de mes trouvailles… C’est un peu décousu, sans doute approximatif, mais si le sujet vous intéresse, vous pouvez toujours vous procurer le livre « Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique » de Carlo Rovelli aux éditions Dunod… Ne l’ayant pas encore entre les mains, je ne peux encore vous donner mon opinion à son sujet…
Milet est une ancienne cité grecque de l’Asie mineure, située dans l’ancienne province d’Ionie, qui se trouve maintenant en Turquie au Nord de Balat. Dans l’antiquité, Milet était un port important, mais au fil du temps la baie dans laquelle se trouvait la ville a été comblée par les alluvions et elle se trouve maintenant à plusieurs kilomètres de la côte. C’est dans cette ville célèbre et prospère qu’est né le philosophe Anaximandre, en 610 av JC, au temps de Dracon et de la première constitution d’Athènes. Il fut l’élève du fameux Thalès et devint à son tour professeur au sein de la célèbre école de Milet. S’il est réputé pour avoir été le premier philosophe grec à avoir laissé une trace écrite de sa pensée, nous ne possédons aucune source émanent directement de lui. Tout ce que nous savons concernant son œuvre provient de documents rédigés par d’autres savants qui lui ont succédé et ont rendu hommage à son œuvre, en particulier Aristote. La pensée d’Anaximandre de Milet est véritablement révolutionnaire pour son époque et pose les jalons de ce qui va être par la suite la véritable réflexion scientifique. Il prolonge en cela les travaux de son maître, Thalès, et sa propre réflexion sera à son tour développée par le travail de l’un de ses compatriotes et disciples, Anaximène. Anaximandre rejette par exemple l’idée d’un monde créé par des dieux à figure humaine comme cela est expliqué dans la cosmogonie d’Hésiode. Anaximandre démontre que le principe divin est plutôt à chercher dans la nature, et rejette toute vision anthropomorphiste. Selon lui les causes des phénomènes naturels ont pour origine la nature elle-même et non les caprices quelconques d’un dieu mécontent. Le tonnerre serait ainsi le son produit par le choc des nuages sous l’effet du vent, et l’éclair une secousse d’air qui se disperse et retombe sur la terre… La notion d’infini occupe une place importante dans sa réflexion, même si elle reste encore assez vague : l’infini, selon Anaximandre, c’est le chaos originel renfermant une foule d’éléments de nature diverse. Ce désordre primitif contient une multitude de « possibles » qui se développent au fur et à mesure de l’évolution. Celle-ci est due au mouvement perpétuel qui anime le chaos : les éléments se combinent ou se repoussent ; les contraires se séparent (le chaud s’éloigne du froid en se dirigeant vers le haut, le sec s’écarte de l’humide) ; les semblables s’attirent ; l’univers a pris peu à peu la forme que nous lui connaissons. Toute chose qui meurt retourne à l’élément dont elle est issue. Le savant rédige en prose (ce qui est aussi une innovation) un ouvrage intitulé « de la Nature », dans lequel il expose ses conceptions. Il existe une infinité de mondes qui apparaissent puis disparaissent sans cesse dans un espace infini. Les créatures vivantes qui nous entourent ont évolué à partir de créatures inférieures ; l’homme était d’abord une sorte de poisson, ou tout au moins de bestiole couverte d’écailles et vivant dans la boue, avant de devenir un animal terrestre… Quand on sait que vingt cinq siècles séparent Anaximandre et Darwin !
La pensée d’Anaximandre est novatrice dans bien des domaines. Selon lui, la démarche scientifique impose le fait d’intégrer les savoirs acquis, mais aussi de remettre en cause les vérités tenues comme telles, sans démonstration. A l’époque d’Anaximandre, la philosophie englobe la totalité des sciences, et toute réflexion sur l’homme a obligatoirement des répercussions dans des domaines extrêmement variés. Le philosophe est aussi physicien, géomètre, géographe ou astronome, grâce à sa perception globale du monde. La démarche du savant l’amène à énoncer tout un ensemble de théories dans le domaine de l’astronomie, ce qui explique qu’il soit considéré aussi comme l’un des pères de cette science. Anaximandre est le premier savant grec à construire et à employer largement des gnomons pour effectuer ses observations. Il s’intéresse aux saisons, aux solstices, aux équinoxes en vue d’établir un calendrier d’une grande précision, et de perfectionner la mesure des durées. Il cherche à déterminer la hauteur et surtout la taille du soleil (qu’il estime au moins aussi gros que la terre) et à ébaucher une mesure de l’oblique de l’écliptique. L’Univers est une machine dont il essaie de trouver le mode de fonctionnement. Dans cette optique, il aurait été l’un des premiers aussi, selon certains historiens, à fabriquer une maquette du ciel. Celle-ci permettait de visualiser la position de la terre et des astres pour tenter d’expliquer leurs mouvements relatifs. Selon sa théorie, la terre avait sans doute la forme d’un cylindre dont la hauteur mesurait le tiers du diamètre. Seule la partie plane située au-dessus était habitée. Il est le premier à imaginer une terre libre dans l’espace, sans support, et pense que c’est sa position, au centre du monde, qui l’empêche de tomber. Cette notion d’objet flottant dans le vide, sans attache, ni soutien, est en soi une découverte fondamentale en astronomie, car elle permet d’énoncer le fait que les astres peuvent effectuer une rotation complète autour de la terre, au lieu d’effectuer un mouvement de va et vient d’un horizon à un autre. Compte tenu de l’importance de ses travaux, hommage lui a été rendu en donnant son nom à un cratère de la lune.
Autre domaine dans lequel Anaximandre intervient : la géographie. Selon Eratosthène de Cyrène et Strabon, il est aussi le premier à avoir eu « l’audace d’inscrire la terre habitée sur une tablette », en d’autres termes à avoir dessiné une carte selon des critères géographiques. Les savants babyloniens ont sans doute tracé les premières cartes, mais celles-ci n’avaient pas une fonction scientifique ; elles avaient pour but exclusif le fait de démontrer la grandeur de Babylone. Anaximandre, selon les propos de Strabon (géographe grec ayant vécu six siècles plus tard) fait œuvre de philosophe c’est à dire qu’il cherche une représentation de la terre telle qu’elle est « en vrai ».
Si les travaux d’Anaximandre sont relativement bien connus grâce aux références que l’on a pu trouver dans les écrits de Théophraste, Aristote et quelques autres, on ne possède que peu d’éléments d’information sur sa biographie. Il semble qu’il ait été un citoyen possédant une certaine notoriété et que comme beaucoup d’autres philosophes il ait été amené à se mêler de politique. Ses concitoyens l’auraient chargé de diriger une colonie vers Apollonie, sur la côte de la Mer Noire. Il serait mort peu après son soixante-quatrième anniversaire, mais ni le lieu, ni la date précise de sa fin ne semblent connus. Il fait partie, indiscutablement, de ces grands savants de l’antiquité grecque qui sont à la base des avancées de la science à partir de la Renaissance en Europe.
Notes concernant les illustrations : l’image n°1 est un extrait d’un tableau « L’école d’Athènes » de Raphaël. Le visage du personnage figurant sur cette partie du tableau, présente de nombreuses ressemblance avec le buste représentant Anaximandre. Il pourrait donc s’agir d’un portrait du philosophe. La carte n°3 est une tentative de reconstruction en fonction des indications que l’on possède sur la carte originale d’Anaximandre, malheureusement disparue. L’illustration provient de Wikipedia (de même que la carte figurant en dessous de ces notes permettant de situer les cités importantes de la Grèce antique).

2janvier2010
Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour.
Nom d’un petit bonhomme de neige, ce qu’il a pu pleuvoir ce premier janvier ! Tant mieux et tant pis… Tant mieux parce que l’année 2009, côté pluviométrie ça n’a pas été terrible : 750 mm d’eau grosso modo et une source qui a terminé l’été bien assoiffée ; on s’est même demandé à un moment s’il n’allait pas falloir la réanimer… Tant pis pour la petite balade sur les chemins tout autour de la maison ; de toute façon, il y avait suffisamment dans les assiettes, dans les verres et dans les cœurs pour alimenter les estomacs, la conversation et les esprits, et détourner les yeux du triste spectacle de ce jour de l’an grisonnant. Il est des choses très terre à terre dont on a beaucoup parlé et parfois bien ri, mais nulle envolée lyrique et politique n’est venue ponctuer la pause entre chocolat et café. Le rideau de pluie nous a coupés d’un monde que beaucoup d’entre-nous perçoivent de plus en plus comme un Ailleurs inquiétant et menaçant. Les cuillères sont restées dans les soucoupes et les pavés dans les poches percées d’un imaginaire qui a du mal à percevoir comment tout cela va pouvoir bouger. On a parlé du futur proche des uns et des autres, d’un univers infini qui se limite à quelques jours et quelques kilomètres : un tel au chômage, une telle attendant la retraite, deux hirondelles qui s’impatientent avant la prochaine migration… Pendant de longues heures trop brèves, nous avons eu l’impression d’éloigner de nos préoccupations ce monde omniprésent (j’aurais envie de dire omnipesant). La pause a été brève puisque dès ce matin, le pachyderme revient à la charge. Ressourçage artificiel, mais ô combien nécessaire, puisque finalement c’est dans l’amitié de nos proches que nous retrouvons l’énergie nécessaire pour alimenter notre révolte et dire notre écœurement à l’égard d’une société considérant de plus en plus ses membres comme des rouages, indispensables un jour, inutiles le lendemain, mais toujours aux ordres… une mécanique économico-financière impitoyable… une sorte de broyeur monstrueux engloutissant l’âme et le corps des hommes pour en extraire toujours plus de profit.
Me voilà bien loin de la bûche succulente et des tourtes onctueuses, mais bien proche des contradictions qui s’égrènent tout au long du parcours festif des fêtes de fin d’année. Demander toujours plus à une planète qui peut de moins en moins ; raisonner à des échéances tellement courtes qu’elles sont déjà dépassées lorsque la pensée est à peine ébauchée ; croire à la possible évolution d’un système financier qui ne rêve que profits toujours plus énormes et plus rapides.
Nous allons passer 2010, comme les années précédentes, dans un monde où le dernier prix Nobel de la paix envoie des hommes se faire tuer par milliers au nom d’un intérêt qui n’est pas le leur. Vous me direz que ce n’est pas nouveau et que des dizaines de millions d’anonymes ont, par le passé, sacrifié leur vie pour le plus grand profit de capitalistes aussi affamés que cyniques. Nous allons passer 2010 dans un monde où de plus en plus de citoyens seront laissés pour compte sur le bord d’un trottoir, d’un champ ou d’une usine désaffectée. Certes, rien de nouveau non plus ; d’autres crises économiques ont déjà eu lieu par le passé, d’autres délocalisations, d’autres chasses aux esclaves. Nous allons passer 2010 dans un monde où la peur gagnera encore un peu plus de terrain grâce à la propagande éhontée de médias dont les scrupules s’achètent argent comptant. Cette peur de l’autre, du lendemain, de la maladie, de la mort, permettra d’appliquer de nouvelles lois toujours plus répressives, toujours plus restrictives de nos maigres libertés. Nous n’aurons bientôt plus le choix que de l’hypermarché où nous irons nous faire tondre et du candidat blanc bonnet ou bonnet blanc qui portera nos illusions au firmament de ses mensonges. Nos écrans s’allument déjà chaque soir sur l’image d’un massacre, d’une malheureuse victime de blocus, ou sur les hurlements de civils innocents que l’on mitraille. Heureusement, tout cela se passe chez les autres, loin de nous, chez ceux qui ne sont pas protégés par une croix, une croyance ou une bonne police d’assurance. Nos maisons, nos vies, nos cœurs, sont abrités derrière des volets de plus en plus épais, des alarmes sonores, des pandores en armes et des politiciens qui prient la vierge Marie ou un quelconque ayatollah de renouveler leur mandat, mais se moquent de ce qu’ils ont bien pu promettre auparavant, comme d’un pneu usagé. Tout cela, oui, nous l’avons déjà vu, mais ce devrait être justement une raison de ne plus le voir, de ranger tous ces faits politiques divers dans le tiroir de l’obsolète. A nous de briser le miroir pour que l’esclave d’hier ne soit pas celui de demain. L’avenir de l’humanité n’est pas dans l’enfermement, la misère et la désespérance, mais dans l’espoir du changement. Cet espoir n’apparait que dans la lutte ; il n’appartient pas à celui qui se soumet, qui plie tel le roseau, qui accepte ce fatras de misère que nos gouvernants veulent faire passer pour inéluctable… Les vœux du pape, du président, du politicard du coin et du banquier, on s’en tape allègrement (comme du prochain bouquin d’Allègre, histoire de faire un mauvais jeu de mot). Laissons tous ces prestidigitateurs envoyer leurs nuées d’étoiles inconsistantes vers le ciel et prenons notre avenir en main, une fois pour toutes…
Je m’emporte, je m’emporte… Ce n’est pas bon pour le système cardiovasculaire à mon âge canonique… Me voilà bien loin du vin gouleyant et des petits canapés savoureux, bien loin des embrassades émouvantes et des cadeaux sincères… Tout cela pour vous dire que si j’ai encore la tête dans un nuage, j’ai les deux pieds bien ancrés dans la terre humide ; si l’on veut que le chantier avance, il va falloir retrousser les manches. Même quand le feu semble éteint, il reste toujours un peu de braise dans un coin que l’on peut réactiver avec un peu de souffle. Alors prenons nous par la main, histoire que l’année 2010 nous apporte quelques espoirs et que l’on puisse dresser un portrait de l’année 2011 (la suivante selon les lois du calendrier) un peu plus encourageant ! Le dernier toast sera donc porté à l’amitié et à la lutte contre toutes les oppressions. Bon… Je m’aperçois que tout le monde est parti content et que nous ne nous retrouvons plus que deux… Cela n’empêche : deux voix suffisent pour faire une chorale et un accordéon pour l’accompagner.
« Dans la rue des bons enfants, y’avait un commissariat…» histoire de renouveler le « Tous ensemble, tous ensemble… » qui ne nous a pas encore menés bien loin ! Remarquez, j’ai l’esprit assez ouvert et si vous préférez comme carte de vœux musicale « Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun… », je serai ravi de trouver les accords pour accompagner une si belle sérénade !
NDLR – photos – Après une belle image de « Festilumière » à Québec en 2009, pour le premier de l’an, trois jolies photos de santons portugais traditionnels (XVIIIème) photographiés au Musée d’Estremoz. Ne le dites à personne, on a fait ça sans permission.
31décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour....

29décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog.
Préambule tintinnabulant
« Et v’latipa que ce sont les confiseurs qui sont en grève maintenant, en pleine période de Noël ! On aura tout vu ! » se mit à glapir Madame Michu en zieutant la une de son quotidien préféré. Sa voisine eut la plus grande peine à la convaincre qu’il ne s’agissait pas de grève, mais de trève et que tout cela n’avait rien à voir avec un conflit social. Il faut dire que Madame Michu était un peu dure de la Feuille (expression populaire signifiant qu’elle ne lisait pas assez souvent la Feuille Charbinoise) et que les trois voitures qui passaient chaque jour dans sa rue pénalisaient considérablement ses prouesses auditives. Les deux commères s’installèrent donc dans la cuisine, devant un petit noir bien serré (rien à voir avec un jeune Africain pris en sandwich, rassurez-vous…) et revisionnèrent pour la cinquième fois de la semaine la bénédiction Urbi et Orbi du Papounet en jetant un sort d’annihilation aux restes pourtant guillerets de la bûche de Noël livrée par les Services Sociaux. Le numéro de cirque terminé, elles zappèrent d’un commun accord sur Internet et firent la tournée de leurs sites d’information préférés et surtout des petites perles que l’une et l’autre avaient dénichées dans les belogues les plus divers. Madame Michu prit son carnet et nota, à toutes faims utiles, quelques bonnes adresses et quelques articles sonnants et trébuchants auxquels elle ne manquerait pas de faire référence lors de la prochaine soirée de son club de belote. En consultant son petit aide-mémoire, je me suis aperçu qu’il y avait de fort belles trouvailles et je lui ai proposé d’en faire part à mes lecteurs assidus et à mes lectrices bifidus (très très fidèles). Madame Michu a accepté, mais n’aimant guère les travaux d’écriture m’a demandé de me débarbouiller avec ses précieuses notes… J’ai volontiers accepté de lui prêter ma plume Azerty (succursale de Mont Blanc). Vous me pardonnerez – j’espère – d’avoir trahi le langage fleuri et imagé de cette chère vieille dame, et d’avoir « assaisonné » les niouses à ma façon… C’est un « bric à blog » sous influence…
Sujet un peu vif
D’après ma voisine, donc, il paraît qu’il y a un débat rampant (au sens de volant au ras des pâquerettes) sur « l’identité nationale ». En fait, je fais semblant de ne pas le savoir, mais je vous en ai déjà un peu parlé. Très bon texte à ce sujet, une fois encore sur Article XI qui ne démérite pas, signé « Serge Quadruppani ». Mieux vaut lire l’original que la pâle copie que je pourrais en faire ! Intéressante aussi l’analyse de l’historien Emmanuel Todd sur la politique sarkozyste et les intentions cachées de ce pseudo débat identitaire. A lire sur « lemonde.fr« . Le sommet de Copenhague fait toujours couler pas mal de pixels sur les écrans et d’encre sur le papier. J’ai trouvé intéressante l’analyse qu’en fait Michel Serres et qui a été reproduite sur Altermonde. Dans son texte, l’auteur reprend un certain nombre des thèses qu’il a déjà exprimées dans son livre paru cet été « Temps des cerises ». Le philosophe estime que l’échec du sommet montre que « les limites du politique, au sens traditionnel du mot, sont aujourd’hui atteintes à un point sans précédent dans l’histoire ». La terre et la vie (ensemble que Serres regroupe sous le terme de « Biogée ») étaient les grandes absentes de la rencontre. Les problèmes que nous rencontrons, à l’échelle de la planète, ne peuvent plus être réglés par la seule politique… Reste à déterminer de quelle manière « Biogée » pourra être représentée à la table des négociations… Les conclusions concernant le rôle prépondérant que doivent jouer les scientifiques me laissent un peu rêveur et je ne suis pas convaincu qu’un rééquilibrage de la représentation des deux pôles « experts qui savent mais qui ne sont pas élus » et « experts qui ne savent pas mais qui sont élus » soit vraiment la solution à nos problèmes… Il faut dire que j’ai toujours une certaine méfiance à l’égard des experts. Michel Serres a au moins le mérite d’engager le débat sur des voies nouvelles et ça ne peut pas faire de mal dans le climat de redondance actuelle.
Pour continuer dans le chapitre « écologie-politique », Article XI (encore eux !) a publié un texte passionnant sur Georges Orwell et les aspects méconnus de sa philosophie. Il s’agit d’une interview de Bruce Bégout à propos de son livre « de la décence ordinaire ». Cette étude a le mérite de démontrer à quel point la pensée d’Orwell reste pleinement d’actualité. Son approche du socialisme présente de nombreux aspects originaux et s’écarte largement des poncifs en vigueur dans les courants marxistes orthodoxes au moment de la Révolution espagnole, événement dans lequel l’écrivain anglais s’est largement impliqué et qui a profondément marqué sa pensée. « Orwell a beaucoup de mal à admettre la mythologie du progrès que le socialisme relaie et renforce. Son socialisme est la synthèse entre la conservation de certaines traditions populaires non inégalitaires (le pub, la fête, le goût simple de la nature, la solidarité des corps de métier, etc.) et une réforme sociale profonde et totale. Son socialisme est – en un mot – pré-marxiste, il trouve ses racines dans les mouvements communistes non marxistes anglais et français du début du XIXe siècle, d’un âge presque pré-industriel. Son conservatisme, si conservatisme il y a, n’est pas politique (sur ce plan, c’est un authentique révolutionnaire), mais porte sur certains aspects sociaux. Il s’agit de conserver des pratiques authentiques de justice et d’entraide. Et de priser la vie quotidienne et ses plaisirs ordinaires. […] La préservation de certains aspects doux et bons de la vie ordinaire doit servir de base pour une transformation sociale allant dans le sens de l’extension des valeurs telles que l’égalité, le respect, la décence, etc. L’amélioration est donc la recherche d’un équilibre toujours instable entre la préservation de ce qu’il y a de bon dans cette vie-là, même exploitée et humiliée, et la réforme des conditions les plus iniques de la vie sociale. » Ce qui est certain c’est que l’interview donne envie d’en savoir plus sur l’auteur du livre « hommage à la Catalogne », de parcourir ses autres ouvrages et de lire le livre de Bruce Bégout.
Je ne crois pas vous avoir encore parlé du site « la-presse-anarchiste.net« . Les auteurs ont entrepris un travail de documentation considérable en décidant de recenser l’ensemble des publications, journaux, revues, pamphlets… publié par le mouvement libertaire depuis ses origines. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, les textes scannés sont mis en ligne et consultables grâce à un index bien documenté. Le champ couvert est très large puisque figurent dans l’inventaire des revues originaires de tous les points du globe, dans tous les domaines, aussi bien culturels que politiques. On trouve donc côte à côte une collection de numéros du « Bulletin de la Fédération jurassienne » de 1872 ou d’Iztok, un bulletin publié de 1980 à 1991, concernant les mouvements d’opposition au « socialisme d’Etat » dans les pays satellites de l’Union Soviétique. Parmi les bijoux que l’on peut consulter, le n°3 du journal « Libération », l’ancêtre fondé par Jules Vignes, publié en décembre 1927. Un petit coup d’œil au sommaire et vous verrez que « l’ancien » et « le nouveau » n’ont guère de rapport ! Mon seul regret concernant le site c’est qu’il n’y ait pas de fac similé des couvertures (du coup, la présentation est un peu « aride »). J’attends avec impatience de pouvoir feuilleter l’intégrale de la collection du « Père peinard », rédigé entre autres par le célèbrissime Emile Pouget.
J’ai commencé en Décembre, toujours sur les conseils de ma voisine, une laborieuse et studieuse exploration des blogs consacrés au roman policier, puisqu’il s’agit là d’un genre littéraire que j’ai, sans complexes, plaisir à fréquenter. Je crois que l’un de mes sites préférés (en l’état actuel de mes recherches bien sûr) c’est Actu-du-Noir, le blog de JM Laherrère. Le ton y est plaisant et le contenu fort intéressant. J’avoue franchement que j’ai un peu du mal avec les blogs spécialisés, car j’apprécie quand l’auteur n’est pas trop « polarisé » (jeu de mot involontaire) par son sujet. Je cite : « Il sera essentiellement question de polar mais pas seulement.» Et c’est vrai : sur le blog Actu du Noir, on cause actualité du roman policier, mais de temps en temps on dérape aussi dans la vraie vie : quelques bons billets bien saignants comme j’aime sur l’actualité. On les trouve dans la catégorie « mauvaise humeur ». Je vous laisse chiner. Et puis côté littéraire, on n’est pas déçu car les analyses de livres sont étoffées et intéressantes. Le seul gros reproche que je fais à ce blog est de m’avoir fait rajouter 4 ou 5 auteurs dans ma liste « à découvrir » et une dizaine de bouquins dans ma liste « achats à prévoir » qui n’avait pas besoin d’un tel arrivage ! Comme disait ma toujours plaisante mémé, mieux vaut faire envie que pitié. C’est le cas de mon budget « livres » ! Ne manquez pas de consulter régulièrement ce blog !
Final exquis exhalant le doux parfum de la fleur d’oranger
La musique ayant, paraît-il, la vertu d’adoucir les mœurs, vous pouvez, pour conclure, aller faire un tour sur le blog « Locus Solus » qui, à l’occasion d’une chronique récente, propose une brève évocation de la carrière du chanteur Dranem, « star » de la Belle époque, auteur-interprète de nombreuses chansons aussi scabreuses que sulfureuses. Voici la manière dont Boris Vian présentait Charles Armand Ménard, alias Dranem : « Comment Dranem peut-il avoir le toupet de débiter devant un public hilare les inepties de son répertoire ? La bêtise volontaire poussée à ce point confine au génie. » Pour illustrer ce propos vous pouvez, grâce à l’article de Locus Solus écouter et faire écouter par exemple la chanson « les petits pois »… ça égaiera votre soirée de réveillon du nouvel an. Vous pouvez proposer cette pause sonore juste au moment où l’un de vos meilleurs amis commencera à la ramener sur « l’identité nationale » ou sur « les minarets dans les mosquées » ! Ça situe le débat à un niveau beaucoup plus philosophique… Sur le même blog, j’ai trouvé plusieurs autres textes fort intéressants, notamment un sur la police de caractères Helvetica, à propos de la sortie d’un documentaire anglais de Gary Hustwit en DVD. Comme quoi, il n’y a pas que sur la « Feuille Charbinoise » que l’on aborde des sujets singuliers !
J’ai rendu son carnet de notes à Madame Michu. Elle a été très déçue car je n’avais exploité qu’une toute petite partie de son travail, et que j’avais « omis » de parler du « grand Johnny » et de ses bobos. Je lui ai gentiment fait remarquer que les ménagers et les ménagères de moins de cinquante ans ne résistaient pas à la lecture d’une chronique de plus de deux mille mots, et que j’avais dû trancher « dans le vif » pour ne pas lasser mon auditoire de lecteurs ! Je n’allais quand même pas lui laisser entendre que Johnny, pas plus que Michael…
Post Scriptum animal triste
Après concertation, déblatération, réunion d’un jury exemplaire dont je suis le seul membre, et vote à bulletins secrets, la « Feuille charbinoise » décerne le titre de meilleur média d’information, pour 2009, sur Internet au site « Altermonde-sans-frontières » : mise à jour quotidienne avec une constance impressionnante, choix équilibré des textes publiés, qualité des infos sélectionnées et des dessins humoristiques figurant en tête de page… La compétition fut rude car d’autres concurrents étaient fort bien positionnés, mais il fallait bien trancher, alors c’est fait. Vous ne saviez pas que la « Feuille charbinoise » décernait des diplômes ? Madame Michu non plus !
27décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : l'alambic culturel; mes lectures.
Cinq livres, parmi des dizaines d’autres dont j’aimerais vous parler, pour voyager dans l’espace et dans le temps, laisser son esprit vagabonder sur des chemins parfois incertains mais débouchant presque toujours sur des clairières enchanteresses. La balade est sans risque ; nul besoin de parachute ni de ceinture de sécurité ; le refuge de la couette ou d’un fauteuil moelleux au coin d’un radiateur suffit. Avant de larguer les amarres, une petite précision : dans mes chroniques lecture, construites au gré de mon imagination, je mélange volontairement « vieilleries » et nouveautés. Pour ces dernières, un simple « clic » sur un site adapté ou une petite balade chez le libraire du coin permettent de les acquérir sans peine ; pour les livres épuisés, rappelez vous qu’il existe des « officines » fort utiles et qu’il ne faut point négliger, celles des bouquinistes. La quête est plus longue mais la récompense en vaut souvent la peine !
C’est une idée singulière de partir pour l’Irlande à la saison des tempêtes, alors que la majorité des modernes aventuriers guette une saison plus clémente pour quitter l’abri de son toit. Nicolas Bouvier l’a fait en son temps et nous a conté son expédition sur les Iles d’Aran avec le style à la fois dépouillé et poétique qui est le sien. Dès les premières pages de son « Journal d’Aran et d’autres lieux« , je me suis retrouvé en phase avec lui. Son itinéraire débute par un lieu imprégné de magie qui ne m’a pas laissé indifférent lors de notre périple dans l’Ouest de l’Irlande ; il s’agit de l’abbaye de Clon-Mac-Noise, au cœur du Comté d’Offaly, un lieu sacré depuis la plus haute antiquité, peuplé de croix et de fantômes. Déambuler au milieu des murailles en ruine des sept églises qui ont colonisé cette terre païenne… Observer le soleil couchant disparaître à l’horizon entre deux croix de pierre… Attendre patiemment la musique veloutée d’une harpe celtique qui ne se fera peut-être jamais entendre… Quel magnifique jalon pour le début d’un voyage… La route continue, après l’abbaye, jusqu’à la baie de Galway. Un bateau attend notre intrépide voyageur pour le conduire sur l’étendue sauvage de l’une des îles d’Aran. Nicolas Bouvier va faire un long séjour dans cet endroit quasiment désert à la mauvaise saison, le temps de se lier avec les quelques habitants permanents, le temps d’être confronté aussi à cette maladie revancharde qui le cloue trop souvent au lit. La tempête, la souffrance, le laconisme de ces hôtes qui observent avec curiosité ce voyageur hors du commun. Les longs moments sans paroles où l’on n’entend que le sifflement du vent et le fracas des vagues sur les falaises de la côte. Ce n’est pas le premier ouvrage que je lis de Nicolas Bouvier, mais celui-ci m’a fortement marqué. La seconde partie du livre nous emmène en Orient, en Corée plus précisément ; l’auteur découvre le pays quelques années après la fin de la guerre entre le Nord et le Sud. J’avoue avoir un peu moins accroché à ces chapitres-là ; la méconnaissance que j’ai de la vie en Orient y est sans doute pour quelque chose et d’autres feront sans doute le choix inverse. Tandis que l’auteur prenait le bateau entre le Japon et la Corée, mon esprit est resté en arrière ; j’errais encore dans les prairies bordées de murailles de pierres sèches.
Nul n’a jamais tenté, sans doute, le périple de Galway jusqu’à la cité des doges à bord d’un coracle, ce bateau traditionnel des pêcheurs irlandais. Je ne m’y risquerai donc pas et je me contenterai de laisser dériver mon esprit jusqu’à Venise. Le changement de décor et d’ambiance est garanti et il est sans doute plus conventionnel de fêter le jour de l’an ou le carnaval dans la cité des doges. Ce ne sont pourtant pas à de telles festivités que vous êtes conviés en lisant « Gondoles de verre« . Je vous ai déjà parlé des romans policiers de Nicolas Remin qui ont comme singularité le fait de se dérouler dans la Venise du XIXème siècle, encore autrichienne, au temps de Sissi impératrice… Un troisième volume des enquêtes du commissaire Alvise Tron vient d’être publié, juste avant Noël, dans la collection « Grands Détectives ». Il s’intitule « Gondoles de verre » et il est dans la droite lignée des deux précédents : un travail soigné et bien documenté. A la fin du second opus, nous avons laissé notre enquêteur, descendant peu fortuné de l’auguste famille Tron, confronté à un projet de production et de commercialisation de bibelots en cristal, histoire de compléter ses revenus de fonctionnaire impérial. Cette histoire suit son cours, mais elle ne constitue qu’un élément de seconde importance dans « Gondoles de Verre ». L’intrigue tourne autour de la disparition d’un tableau du Titien appartenant à la princesse Marie-Sophie de Bourbon et de la mort d’un marchand d’art ayant eu cette œuvre entre les mains. Diplomates étrangers, espions et héros de la future unité italienne tournent autour de ce bibelot convoité et l’enquête s’avère difficile car les fausses pistes et les coupables potentiels sont presque aussi nombreux que les copies de l’œuvre du Titien. Il ne faudrait pas que tous ces sinistres événements compromettent le déroulement de la soirée de gala que les familles Tron et Balbi comptent organiser pour le lancement de leur marque de cristal. La princesse Maria, la précieuse amie d’Alvise Tron, compte beaucoup sur cet événement mondain pour assurer le succès commercial de l’entreprise. Une lecture bien adaptée au farniente hivernal !
Autre écrivain déjà connu des habitués de ce blog, autre nouveauté pour les fêtes de fin d’année : nous retrouvons Jean Contrucci et son héros Raoul Signoret dans un nouveau volume des « Mystères de Marseille » intitulé « le vampire de la rue des Pistoles ». Si le vagabondage à Venise ne vous tente pas, vous pouvez toujours arpenter les rues du vieux Marseille à la Belle-époque. Notre reporter-enquêteur essaie de démêler les fils d’une histoire complexe et plutôt horrible… Au petit matin, dans une ruelle du quartier du Panier, on découvre le corps d’un homme enveloppé dans un linceul. Le fait n’aurait rien d’extraordinaire dans ce quartier de mauvaise réputation, si les blessures qui lui ont été infligées n’étaient pas aussi affreuses. Quel est le (ou la) déséquilibré(e) qui a pu se livrer à de tels sévices et surtout quelles étaient les motivations de l’assassin ? Malgré l’aide de son oncle, Eugène Baruteau, chef de la Sûreté marseillaise, le gentleman reporter, le beau Raoul, a bien du mal à trouver des indices et à conduire une quelconque enquête. Comme dans les volumes précédents, les investigations du journaliste fournissent un excellent prétexte à Jean Contrucci pour nous faire découvrir le Marseille de la grande époque, et surtout pour faire revivre l’âme des quartiers les plus typiques de la grande cité phocéenne. L’auteur maitrise parfaitement son sujet : tant par les descriptions que par le langage fleuri qu’il prête à ses différents personnages, il réussit à créer une ambiance très prenante. Son héros est par ailleurs fort sympathique et défend des idées qui existaient bien entendu à l’époque mais n’étaient sans doute pas majoritaires. Comme dans beaucoup d’autres villes, la vie n’était pas toujours facile dans les quartiers populaires, mais la solidarité et l’entraide permettaient de surmonter bien des obstacles. Je retrouve chez Contrucci la verve d’un Zévaco, l’habileté d’un Gaston Leroux ou d’un Maurice Leblanc et le talent de bien d’autres auteurs de romans « populaires » de la même époque ! Quelques perles se dissimulent au fil des pages telle la poésie sur l’Alsace destinée à « éveiller l’esprit » des élèves de l’école primaire, futurs pioupious du massacre programmé. Cette série des « nouveaux mystères de Marseille » est une véritable réussite et j’espère qu’elle va continuer dans la même voie.
Le livre suivant nous entraine dans les Vosges, à la découverte des châteaux en ruine et de leur environnement naturel. C’est certainement l’un des ouvrages les plus beaux que j’ai eus dans les mains depuis pas mal de temps. Il faut dire que « La légende des ruines » aborde simultanément deux thèmes qui me sont chers : les vieilles pierres et les forêts. C’est à Roland de Miller que je dois cette découverte. J’ai trouvé ce livre sur l’un des rayons de la bibliothèque de l’écologie et j’espère qu’il pourra rapidement quitter le carton dans lequel il se trouve maintenant ! Je ne connaissais pas Henri Ulrich, grand amateur de nature, fin connaisseur de l’Alsace et de ses secrets et surtout dessinateur hors pair ; c’est une lacune maintenant comblée et je compte bien me procurer ses autres ouvrages sur les arbres remarquables d’Alsace et de Forêt Noire. Chaque vieille ruine est accompagnée d’un dessin au crayon et d’une brève description concernant à la fois les légendes qui s’y rapportent et la flore que l’on peut observer dans les environs immédiats. J’y ai retrouvé avec plaisir les bâtisses que nous avons explorées au printemps dans les environs de Sélestat. En découvrant la gravure représentant le château d’Ortenberg (que je vous ai décrit dans une chronique il y a quelques mois) j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver sur le sentier qui chemine dans la forêt et permet de se rendre au château du Ramstein. La finesse des traits est exceptionnelle et le moindre détail des pierres et des arbres est représenté. Mon seul regret c’est d’être aussi maladroit en dessin et de n’être pas capable de réaliser ne serait-ce même qu’une esquisse de ce genre de représentation dans mes carnets de voyage. Je me console en admirant ce talent chez les autres ! « La légende des ruines » a été publié aux éditions « la nuée bleue » en l’an 2000. J’ai eu un peu de mal à me le procurer mais en fait il est toujours disponible chez l’éditeur…
Cette chronique étant placée sous le signe du voyage, j’ai gardé pour la fin un livre documentaire, fort bien réalisé, que vous pouvez offrir ou vous faire offrir à la prochaine occasion… En ce qui me concerne c’est l’un des cadeaux que j’ai choisi de mettre sous le sapin du Nouvel An. Il s’agit d’un ouvrage d’Alexandra Lapierre et Christel Mouchard intitulé « Elles ont conquis le monde : les grandes aventurières (1850 – 1950) » : le voyage revisité au féminin et l’occasion de découvrir que le monde des exploratrices ne se limite pas à Alexandra David-Néel ou Ella Maillart. Jeanne Barret, dont je vous ai déjà conté le tour du monde, ne figure pas dans cet inventaire limité aux années 1850 à 1950. Cela n’empêche que la liste de toutes ces personnalités singulières est déjà fort longue à découvrir. En parcourant les pages fort bien illustrées du livre d’Alexandra Lapierre (historienne) et de Christel Mouchard, vous découvrirez les exploits accomplis par des femmes comme Florence Baker ou Rosita Forbes dont je ne manquerai pas de vous conter l’existence un de ces quatre petits matins gelés. Un petit extrait de la présentation de l’ouvrage en quatrième de couverture, histoire de vous mettre l’eau à la bouche : « Quels rapports entre Karen Blixen et Catalina de Erauso, la nonne soldat guerroyant en Espagne au temps du Siècle d’or ? Entre Alexine Tinne, la flamboyante aristocrate hollandaise, campant parmi ses serviteurs dans les déserts d’Égypte, et Margaret Fountaine, la vieille demoiselle chassant le papillon en Amazonie ? À travers l’espace et le temps, qu’ont-elles de commun, toutes ces femmes aux personnalités si différentes ? Sinon ce talent-là : savoir reconnaître leur instinct et soutenir leur désir. Ne laisser personne – aucun être, aucune idée, aucune peur – les détourner de l’essentiel et les dépouiller de leur âme. Oser. » (Alexandra Lapierre) – A mettre entre toutes les mains un tant soit peu aventureuses !
24décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour....
J’aurais aimé vous raconter une belle petite histoire de Noël comme on sait si bien le faire dans les contes traditionnels ou dans les almanachs populaires où les miracles s’égrènent tout au long de la « Sainte nuit ». Seulement, voilà le problème, l’inspiration n’y est pas. Je n’ai aucune envie d’écrire en respectant les consignes données en ce genre d’occasion, à savoir, placer dans un texte d’une longueur raisonnable les mots sapin, cadeaux, cheminée, pantoufles, famille, béatitude, dinde, marrons… Je n’ai pas le cœur à le faire, non pas parce que je serais un tant soit peu dépressif et peu enclin à festoyer (rassurez-vous, nous respecterons la tradition à cette occasion-là comme pour d’autres) mais parce que dès que mon regard se porte vers un horizon plus lointain que les limites de mon petit domaine, je suis terriblement inquiet. D’où une furieuse envie de jouer à l’autruche et de me plonger dans la contemplation de ma petite bulle, tout aussi égoïste que peu réaliste. Seule la France éternelle est protégée des nuages radioactifs par ses merveilleuses frontières. Ma principauté arborée ne l’est pas : il n’y pleut pas lorsqu’il fait sec tout autour et nos revenus n’augmentent pas lorsque les règles du jeu économique se font plus féroces. Les raisons que j’ai d’être optimiste se limitent essentiellement à un environnement très proche, une sorte de microcosme privilégié. N’ayant pas pour but de transformer ce blog qui est un espace privé-public en journal intime, je ne vous gaverai pas avec mes pensées profondes. Je ne veux pas non plus être l’artisan d’une sinistrose globale qui n’a rien de bon pour personne, donc j’attendrai un jour ou deux avant de vous dire tout le mal que je pense de l’année à venir. Je ne peux résister cependant à l’envie de vous signaler un fait-divers qui a contribué à cet état de malaise. Les plus endurcis d’entre vous penseront sans doute qu’il n’y a pas de quoi « fouetter un chat » et que l’histoire à laquelle je fais allusion se répète des milliers de fois au sein de la communauté d’être humains à laquelle nous appartenons. Ce n’est effectivement qu’un triste symbole du mal être dans lequel notre société évolue. N’empêche…
Hier matin, j’avais bien commencé à rédiger une petite nouvelle sympa, un peu mièvre mais pas trop, juste dans le ton bon chic bon genre qu’il vaut mieux employer pour ne pas gâcher un repas de famille par des considérations trop sérieuses. Pour tout dire, je n’étais pas enthousiasmé par mon texte. J’ai donc fait une petite pause, un petit tour dans l’actualité et dans les blogs histoire d’alimenter mon prochain « bric à blog » et je suis tombé sur un fait divers qui m’a coupé toute envie de terminer mon récit. C’est une histoire tragique, sans doute banale, mille fois répétée, mais il y avait un tel décalage avec ce que j’écrivais que j’ai tout arrêté. Le bref article d’info du site de l’Express avait pour titre : « un bébé survit à une chute de 70 mètres à Etretat ». L’art du journalisme c’est paraît-il de savoir donner un éclairage particulier aux faits. Dans le contexte, c’est plutôt genre « miracle de Noël »… La suite du texte n’a pourtant rien de réjouissant ; il ne s’agit pas en effet d’un accident : « La fillette de vingt mois était dans les bras de sa mère qui s’est suicidée en se jetant dans le vide. » La citation peut s’arrêter là, le reste n’est que détails sordides. Le rédacteur, soucieux de précisions, informe le lecteur qu’il s’agit – du moins en ce qui concerne le suicide – d’un fait assez courant : dans la même journée, une autre femme s’est jetée du haut des falaises dans le même secteur. J’imagine un instant la somme de désespoir à laquelle il faut en arriver pour prendre une décision pareille : se précipiter dans le vide avec son bébé dans les bras. Je ne suis pas un lecteur assidu des faits-divers et j’ai horreur du voyeurisme mais cette histoire m’a donné des frissons dans le dos. Ce n’est pas le fait de me raisonner en me disant que des milliers de personnes arrivaient à cette période des fêtes avec pour seul objectif le fait d’en finir avec la vie qui m’a remonté le moral. Drames individuels s’insérant subrepticement dans le drame collectif d’une société dont les objectifs ne font plus rêver grand monde. Signes avant-coureurs du suicide collectif vers lequel nous nous précipitons si le profit individuel continue à n’être que le seul lien « fédérateur » de cette planète.
Il n’est pas de bon ton de rester sur des pensées pareilles. Je suis donc reparti dans mes chimères intellectuelles à chercher une lueur dans le brouillard. J’ai offert à mon moral social en berne le discours d’Evo Moralès, le président bolivien, à Copenhague. Ce n’est sans doute qu’un dirigeant politique parmi d’autres et mieux vaut rester méfiant, puisque – c’est vérifié – le pouvoir finit par corrompre. Il n’en reste pas moins qu’il donne au moins l’impression d’être nettement moins borné que ses congénères de droite comme de gauche. Poursuivant dans cette démarche positiviste, j’ai ensuite zappé sur une interview de Michel Serres, toujours sur le même sujet… Je me suis fait une relecture apaisante du dernier numéro de l’âge de faire et j’ai dressé la liste des arbres qu’il me restait à planter et des améliorations à apporter à mon paradis terrestre. Prenons les événements du bon côté ; il reste sans doute quelques lueurs d’espoir, genre la lumière vacillante d’une bougie sur un sapin de Noël en plein cœur du brouillard… par exemple… Et j’ai entonné le couplet indispensable à toute bonne chronique rédigée un 24 décembre : « Joyeuses fêtes ! » Offrez à vos proches ce que la société ne sait pas offrir à ses membres : un peu de chaleur et un instant prolongé de bonheur. Une étincelle dans le regard suffit parfois.

21décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour....
Aujourd’hui à 17 h 47, la trajectoire du soleil va atteindre son point le plus bas par rapport aux étoiles. Vous n’en avez rien à faire parce qu’à cette heure-là vous serez dans votre bagnole ou dans votre rame de métro pour rentrer du boulot… Vous pouvez toujours fêter ça en tirant deux ou trois fois sur la sirène d’alarme ou en klaxonnant comme un sauvage le crétin en 4×4 qui vient de vous doubler ou qui roule devant vous. Les personnes surprises par le signal sonore ne sauront pas pourquoi, mais vous si ! C’est un jour sacrément important car les jours vont arrêter de raccourcir, voire même, en étant un peu patient, vont commencer à rallonger tranquillement. Je ne doute pas du fait que vous allez ressentir un rebond énergique de votre élan vital et que vos yeux au lieu de fixer obstinément la pointe de vos pantoufles vont se lever peu à peu vers le ciel étoilé. N’exagérez pas quand même car selon les prophètes de la météo réunis en concile, les trottoirs pourraient rester glissant encore deux ou trois jours, surtout au Québec et en Islande. Nos grands anciens n’avaient pas l’habitude de s’envoyer en l’air à grands coups de foie gras, d’huitres et de Champomy, le jour de Noël, entre le bœuf et l’âne… Ils faisaient ça pépères et mémères, autour d’un grand feu de bois le jour du solstice. Ce jour-là c’était le soleil qui était fêté, et surtout sa renaissance. A compter de ce jour magique, l’astre reprenait de la vigueur et faisait l’effort de s’élever un peu plus haut dans le ciel (de l’hémisphère nord) et cela avait une double conséquence intéressante : la période de travail au noir se réduisait, et le bougre promettait, sous réserve que l’on soit patient, de belles veillées lumineuses autour d’un barbecue de bison quelques six mois plus tard.
Au temps du grand Jules, il se trouve que les astronomes du club de Rome, réunis en concile, estimaient que ce jour hivernal faste tombait un 25 décembre. Les chrétiens considérant que le petit Jésus tout nu dans sa crèche (l’un des personnages phares de leur mythologie) brillait de mille feux tel l’astre solaire et il leur semblait donc logique qu’il fût né un 25 tout comme son pote de l’étage en dessus. Le service commercial de l’Eglise trouva que coller sa petite fête privée le jour où – comme par hasard – les masses populaires lectrices de « l’humanité dimanche » faisaient déjà bombance, c’était vachement rusé. A la même période, un colloque d’experts réuni à Copenhague s’est aperçu qu’en ce qui concerne l’équinoxe de printemps, date à laquelle on voulait (comme par hasard) coller la fête chrétienne de Pâques, ne tombait pas le 25 mars, mais le 21. Le moment de l’équinoxe étant plus facile à déterminer que celui du solstice, aucun doute n’était possible. La date d’atterrissage des cloches et des œufs a donc été fixée au 21 du mois de mars sur l’aéroport de Rome. La logique eût voulu que la fête de Noël connaisse le même décalage (6 mois avant – une demi-année), mais le service marketing de la toute puissante Eglise romaine a alors estimé que ça suffisait tout ce chambard. Si on insistait un peu trop, il y a des fêtards qui allaient profiter de ce genre d’annonce pour arroser le 21 décembre, puis le 25, voire même faire le pont entre les deux dates en raison d’une sévère gueule de bois. On a donc maintenu les célébrations au 25, le temps que la masse populaire lectrice du Figaro oublie ses traditions ancestrales, et n’ait plus en tête que des histoires d’âne, de bœuf sacré et de marchands de parfum. Quand les crétins congénitaux qui – selon le même service marketing – constitue la masse de la clientèle eurent perdu de vue ces histoires de solstices et d’équinoxes, on laissa alors les astronomes bonimenter à leur guise. Le solstice était le 21, pas de problème, de toute façon c’était devenu un fait scientifique et non plus l’objet d’un quelconque culte populaire. Seuls quelques païens indécrottables continuèrent à boire de l’hydromel en faisant la ronde autour d’un feu avec des couronnes de gui dans les cheveux. Selon le directeur en chef du culte romain, deux ou trois petites croisades et autres purifications religieuses et les brebis égarées reviendraient dans le troupeau… sous forme de méchoui…
Personnellement, pour rien au monde je n’aurais confié la surveillance de mes enfants à un bœuf et à un âne. Bien qu’aimant la nature, j’ai préféré que mon épouse accouche dans une clinique, car là au moins la litière est renouvelée régulièrement. Aucun de mes deux fils n’a eu la triste idée, jusqu’à ce jour, de se prendre pour un prophète et de vouloir le bien d’autrui à grands coups de convictions dans la gu… J’ai en effet beaucoup apprécié, en connaisseur, les flots de sang que le message d’amour adressé par le Christ à l’humanité, ont fait couler un peu partout. Comme en plus le célèbre slogan « Dieu est amour » a été revendiqué par plusieurs officines concurrentes, les ravages ne sont pas allés en diminuant. Il serait bon de savoir un jour, histoire d’établir un hit-parade, quelle épidémie a causé le plus de mortalité sur notre belle planète : entre les religions, la peste noire et la grippe H1N1, le hit-parade va être difficile à établir… En toute objectivité, je reconnais que le mec dont on commémore la naissance à Noël n’est pas le seul responsable, mais ses supporters ont quand même été d’une remarquable efficacité. Le problème est loin d’être réglé, car, comme le disait la grand-mère de l’un de mes copains « chassez la religion par la porte ; elle revient par la cheminée avec un bonnet rouge ». Nous avons la chance de vivre dans un « Etat laïc » ; chez nous il paraît que les pouvoirs spirituels et temporels sont séparés ; il n’en reste pas moins qu’une certaine croyance imprègne notre culture ; mieux vaut que les infidèles restent discrets avec leur tapis à prières. Le grand Nicolas n’a pas été couronné à Reims, mais en ce qui concerne son héritier mâle (l’aîné bien sûr), nul ne sait. Christine Boutin, Roselyne Bachelot, Fadela Amara, et Rachida Dati en « reines mages »… ça serait sympa non ? Et puis quelle fierté pour les féministes !
En attendant, pour moi, le solstice d’hiver, c’est un jour sacrément important, et pour vous aussi, chères lectrices et chers lecteurs, car à compter de ce jour, la durée de mes rouspétances quotidiennes diminue, de façon inversement proportionnelle à l’allongement de la période de lumière. Je redeviens progressivement l’être charmeur, agréable, souriant, toujours le mot gentil à la bouche, que je serai pleinement au printemps, époque bénie à laquelle je peux enfin semer des radis dans mon potager et arracher l’ivraie de droite qui pousse dans mon blé de gauche. Par décret, je décide donc que l’apéro de ce soir commencera à 17 h 47 et prendra fin lorsqu’il sera achevé. Ne venez pas m’embrouiller avec des histoires d’heure vraie, de décalage horaire ou d’avance sur le soleil. Si vous faites ça, je vous envoie le grand inquisiteur. Un dernier petit détail pour les fêtards que vous êtes : en réalité, commence le jour du solstice d’hiver (Yule ou yol ou jol selon les langues d’origine) une période festive qui doit durer 12 jours. Cette fête se doit d’être commémorée dignement. Elle est placée sous le signe de l’hospitalité : chacun doit pouvoir trouver place devant la cheminée et autour de la table de ses hôtes ; chacun doit pouvoir boire à sa soif et manger à sa faim. Il est de bon ton que chaque invité apporte une bûche pour alimenter l’âtre de son hôte… et ainsi de suite : je vous laisse improviser la suite. Vous n’êtes pas obligés d’adhérer à une communauté druidique pour faire tout cela… N’empêche que nos grands anciens, ils savaient vivre eux !
NDLR : toutes les illustrations sont « maison » sauf le cercle de pierres dressées de Stonehenge qui m’a été offert par un cercle druidique, en échange d’un peu de pub que je ne leur ferai pas.

18décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Boîte à Tout.
Je fais une pause, si vous le voulez bien, de deux ou trois jours. J’ai l’impression d’avoir trop écrit ces temps-ci, trop empilé de chroniques longues et parfois peu digestes. Cet acharnement à publier n’est pas propice aux débats parfois nécessaires. Il faut, à certains moments, laisser un peu de temps au temps (selon une formule qui serait – je crois – de Cervantès), histoire que les pommes mûrissent et que les raisins aient suffisamment de sucre. Notre monde vit dans un tourbillon incessant. Un événement chasse l’autre et la tentation est forte de se laisser emporter. Les blogs n’échappent pas à cette « modernitude ». Tous les faits qui se produisent n’ont cependant pas la même importance et il est parfois bon de trouver le temps de les hiérarchiser. Laissons tomber les flocons et la nature se reposer un peu. On se retrouve en début de semaine prochaine ; d’ici là… commentez, commentez… il en sortira toujours quelque chose de sympa !

16décembre2009
Posté par Paul dans la catégorie : Feuilles vertes; Humeur du jour.
Le sommet de Copenhague et les changements climatiques vus par les militants de Via Campesina
Avant-Propos… L’heure des « grosses huiles » a bientôt sonné à Copenhague. Les contrôles se renforcent ; la répression s’intensifie et le bal des Limousines de luxe aussi. Les « mendiants » des ONG sont de moins en moins bien venus dans cette « garden party » pour chefs d’états arrogants et ministres repus. Il fut un temps où il était primordial de se retrouver « entre grands de ce monde » à Davos pour parler pognon et exploitation. Les temps changent. Le capitalisme, tel Batman, prépare sa grande mutation verte et les grandes entreprises lorgnent avec une convoitise qu’elles ont de plus en plus de mal à cacher, sur le nouvel eldorado de profits qui se présente à l’horizon. Les pays en voie de développement (du moins leur population) sont méfiants : on les comprend. Les gros et gras ne se contentent plus de vouloir piller leurs ressources naturelles mais convoitent de plus en plus les terres agricoles pour nourrir leurs propres populations et les milieux sauvages comme terrain d’expérimentation pour les technologies vertes. On repeint en « green » mais on ne change surtout pas de modus operendi. Pour ne pas importuner un électorat toujours chatouilleux et allergique aux « nuisances insoutenables » des grandes hélices blanches, on expatrie même l’installation des nouvelles centrales : solaire d’un côté, éolien de l’autre, nécro-carburants un peu partout. on exproprie les paysans mexicains pour construire des fermes éoliennes, on pousse les brésiliens à la déforestation pour fournir du carburant aux 4X4 et on suggère aux Africains de construire des centrales nucléaires dont ils n’ont nul besoin, pour « alléger leur bilan carbone » (non contents de retraiter nos déchets industriels, voilà qu’en plus ils pollueraient sauvagement la belle planète dont les occidentaux prennent tant soin). Chinois, Indiens, Coréens et autres ont besoin de terres pour nourrir leur population et fournir à chacun l’incontournable beef steack sans lequel un représentant de la classe moyenne n’est pas un représentant de la classe moyenne. Il ne reste plus aux paysans mongols, maliens ou argentins qu’à se pousser et à aller faire un tour dans les bidonvilles des mégapoles. Je me demande s’il y a déjà eu un tel étalage de cynisme à la face du monde… Pendant ce temps-là, les petits fours croustillent et le jus de fruits bios coule à flot dans les salons de la capitale danoise. Je ne serai pas plus long aujourd’hui. D’autres s’expriment mieux que moi à ce sujet. Je laisse la parole à Henry Saragih, coordinateur de Via Campesina. Il s’agit de larges extraits du discours qu’il a prononcé lors de l’ouverture du Klimaforum.
Discours… « Nous, le mouvement international de paysans La Via Campesina, venons à Copenhague depuis les cinq coins du monde, après avoir quitté nos fermes, nos animaux, nos forêts, et même nos familles dans les hameaux et les villages pour nous joindre à vous tous. Pourquoi est-ce si important pour nous de venir de si loin ? Il y a un certain nombre de raisons à cela.
D’abord, nous voulons vous dire que ce changement climatique a déjà de sérieux impacts sur nous. Cela cause des inondations, des sécheresses, et l’éruption de maladies qui toutes causent des gros problèmes à nos récoltes. Je tiens à souligner que les paysans ne sont pas à l’origine de ces problèmes. Au contraire, ce sont les pollueurs à l’origine des émissions qui détruisent les cycles naturels. C’est pourquoi nous, les petits producteurs, nous sommes venus ici pour dire que nous ne payerons pas pour leurs erreurs. Et nous demandons à ceux qui sont à l’origine des émissions de faire face à leurs responsabilités.
Ensuite, je voudrais partager avec vous quelques données sur qui sont vraiment les émetteurs de gaz à effet de serre dans l’agriculture : une nouvelle donnée montre clairement que l’agriculture industrialisée et le système alimentaire globalisé sont responsables de 44 à 57% du total des émissions de gaz à effet de serre. Ce chiffre peut être décomposé comme suit : les activités agricoles sont responsables pour entre 11 et 15% ; le nettoyage des terres et la déforestation pour 15 à 18% supplémentaires ; l’industrie agroalimentaire, l’emballage etle transport causent entre 15 et 20%, la décomposition de déchets organiques causent 3 à 4%. Cela signifie que le système alimentaire actuel est un gros pollueur.
La question à laquelle nous devons répondre maintenant est : comment résolvons-nous le chaos climatique et la faim, et comment garantissons-nous de meilleures conditions de vie aux paysans, quand le secteur agricole lui-même est responsable pour plus de la moitié des émissions ? Nous croyons que c’est le modèle industrialisé d’agriculture et l’agri business qui sont à la base du problème, car ces pourcentages que je viens de mentionner proviennent de la déforestation et de la conversion de forêts naturelles en plantations de monocultures, activités menées par des corporations de l’agri business. Non par les paysans. De si importantes émissions de méthane par l’agriculture sont aussi le fait de l’utilisation d’urée comme fertilisant pétrochimique par le biais de la révolution verte, très promue par la Banque mondiale. Parallèlement, la libéralisation commerciale de l’agriculture promue par les accords de libre-échange (ALE), et par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), contribue aux émissions de gaz à effet de serre, en raison de l’industrie et du transport agroalimentaires partout dans le monde.
Si nous voulons vraiment nous attaquer à la crise du changement climatique, la seule solution est de stopper l’agriculture industrielle. L’agribusiness n’a pas seulement contribué largement à la crise du climat, elle a aussi massacré les paysans du monde. Des millions de paysans et paysannes partout dans le monde, ont été expulsés de leurs terres. Des millions d’autres subissent des violences chaque année à causes de conflits fonciers en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Ce sont des paysans et paysannes et des gens sans terre qui composent la majorité des plus d’un milliard de personnes affamées dans le monde. Et à cause de la libéralisation du commerce, de nombreux petits producteurs se suicident en Asie du Sud. Par conséquent, en finir avec l’agriculture commerciale est notre seule issue.
Les négociations actuelles autour du climat, qui se basent sur des mécanismes de commerce du carbone, apporteront-elles des solutions au changement climatique ? A cela nous répondons que les mécanismes de commerce de carbone ne serviront que les entreprises et pays pollueurs, et apporteront des désastres aux paysans et aux peuples indigènes dans les pays en développement. Le mécanisme REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) a déjà expulsé de leurs terres de nombreuses communautés indigènes et de petits producteurs dans les pays en voie de développement. Et de plus en plus de terres arables sont transformées en plantations d’arbres pour attirer les crédits carbone.
Lors de la COP13 à Bali en 2007, Via Campesina a proposé la solution des paysans sans terre et des petits producteurs au changement climatique, qui est : « Les paysans et paysannes refroidissent la planète ». Ici à la COP15, nous venons une fois encore avec cette proposition, en l’appuyant sur les chiffres qui prouvent que cela pourrait réduire pour plus de moitié les émissions mondiales des gaz à effet de serre. Voici sur quoi sont basés ces chiffres : 1) récupérer des matières organiques dans le sol réduirait les émissions de 20à 35%. 2) renverser la concentration de la production de viande dans les élevages industriels et réintégrer la production conjointe d’animaux et de récoltes les réduirait de 5 à 9%. 3) Remettre les marchés locaux et les aliments frais au centre du système alimentaire les réduirait d’encore de 10 à 12%. 4) Mettre un terme au nettoyage de la terre et la déforestation enlèverait encore 15 à 18% des émissions. Rapidement, en retirant l’agriculture des mains des grosses corporations de l’agribusiness et en la remettant entre celles des petits producteurs, nous pouvons réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effets de serre. C’est ce que nous proposons, et nous appelons cela la « Souveraineté Alimentaire ».
Et pour parvenir à cela, nous avons besoin que les mouvements sociaux travaillent ensemble et luttent ensemble pour mettre un terme aux actuelles fausses solutions aujourd’hui sur la table des négociations du climat. Ceci est indispensable, car sinon nous devrons faire face à une tragédie encore plus grande au niveau mondial. En tant que mouvements sociaux, nous devons mettre notre propre agenda sur la table, car nous sommes les premières victimes climatiques et les premiers réfugiés climatiques, par conséquent la justice climatique est entre nos mains.
Au sommet de l’alimentation de la FAO en 1996, les gouvernements se sont engagés à réduire la faim de moitié d’ici 2015. La réalité est que le nombre de personnes souffrant de la faim a récemment augmenté de manière dramatique. Nous ne voulons pas que la même chose arrive avec les discussions sur le climat, et voir les émissions augmenter encore d’avantage en dépit de ce que les gouvernements négocient au sein de l’UNFCCC.
Nous invitons tous les mouvements présents à Copenhague à se rassembler pour mettre la justice climatique sur la table. La justice climatique ne sera atteinte que par le biais de la solidarité et de la justice sociale.
Postface… Pour ceux qui ne connaîtraient pas « Via Campesina ». Il s’agit d’un mouvement international de paysans, de petits et moyens producteurs, de sans terre, de femmes et de jeunes du milieu rural, de peuples indigènes et de travailleurs agricoles. Le mouvement est indépendant de toute organisation politique, économique ou autre. Sa création remonte à mai 1993 et depuis, Via Campesina a créé des sections dans de nombreux pays sur tous les continents du globe. Via Campesina mène ses campagnes sur un certain nombre de thèmes majeurs qui lui sont propres : la production paysanne et familiale, la souveraineté alimentaire des peuples, la décentralisation de la production et des chaînes d’approvisionnement alimentaire. Via Campesina est l’organisation type des « sans voix », des « exclus », de ceux que l’on tente par tous les moyens d’éliminer. Sa parole mérite d’être entendue plus que toute autre. C’est fait à l’échelle très très modeste de ce blog.