31mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog.
De temps en temps, je me replonge la tête dans l’école, histoire de voir à quoi ça ressemble et de confirmer le fait que je n’ai vraiment aucun regret d’avoir arrêté de ramer dans cette galère. J’ai rencontré ce mois-ci plusieurs « ex-collègues » du primaire et du secondaire. Je dois dire que l’ambiance générale est plutôt morose et dépressive. Les seuls qui me semblent vraiment exulter ce sont les démolisseurs de services publics qui se sont mis à l’œuvre avec acharnement depuis plusieurs années. Un ami m’a montré les tableaux de résultats des évaluations réalisées au CM dans mon ancienne école. C’est la catastrophe, bien entendu, et « comparé » aux scores des autres établissements du secteur, ainsi qu’aux scores départementaux et nationaux, c’est la débâcle générale. D’après le tout puissant logiciel qui règne en maître sur cet univers paranoïaque, aucun élève, je dis bien « aucun », O % (l’inspecteur n’a pas dû manquer d’insister lourdement sur ce « zéro pour cent ») n’a de compétences vraiment solides en mathématiques et en français ce n’est pas folichon non plus… Du coup l’ambiance n’a rien de festive ! Réunions, concertations, auto-flagellation et discours consternés de l’administration sont à l’ordre du jour. Les collègues qui ont le sentiment de faire leur travail comme il se doit, c’est à dire comme on leur demande de faire, sont dans une situation des plus inconfortables ; les parents s’inquiètent, enquêtent, rouspètent… Heureusement que le ministre a pensé à tout et que la modification de la carte scolaire leur permettra d’inscrire dans un établissement mieux coté leur futur/re candidat/te au concours de l’ENA. Je comprends tout à fait pourquoi certains enseignants ont refusé ces évaluations bidonnées.
Mon tempérament revanchard prend le dessus et je jubile un peu… Il y a une douzaine d’années je m’étais fait « engueuler » par un Inspecteur parce que je prétendais que le principal objet de ces évaluations n’était pas d’aider les instits dans leur boulot mais de mettre en place un système de comparaison et de classement entre les écoles. Le hiérarque mécontent m’avait tenu tout un discours pour dénoncer mon mauvais esprit et le fait que je voulais toujours tout « politiser »… J’exulte, mais sans joie aucune, car je n’aime pas voir mes pronostics les plus pessimistes se réaliser… Je note aussi que, trois ans après avoir quitté la marine à voile, l’administration et ses logiciels de choc emploient un vocabulaire que je ne comprends même plus, moi qui me croyais à la pointe du progrès. Les enseignants n’ont qu’a bien se tenir, puisque nos cadres dirigeants sont fascinés par le modèle US. Il y a peu, le très apprécié Président Obama, déclarait, à propos de l’éducation publique dans son pays « quand le navire n’avance plus, il faut changer l’équipage ». Il a fait cette sublime déclaration en réponse à ceux qui s’étonnaient qu’un gouvernement démocrate accepte le fait qu’on envoie une lettre d’annonce de licenciement à plusieurs centaines de milliers d’enseignants à travers le pays. Le rapport avec le « bric à blog » ? Eh bien, lisez cet excellent article intitulé « offensive massive contre l’éducation publique aux Etats-Unis » sur le blog « Des bassines et du zèle ». C’est édifiant. Un de ces jours, je vous expliquerai tout le mal que je pense de ce goût immodéré pour l’évaluation permanente qui sévit dans notre système éducatif. Je suis d’autant mieux placé pour le faire que, dans les débuts, je pensais que cela pouvait être une idée intéressante, favorisant la mise en place de parcours scolaires plus individualisés. Heureusement, ma naïveté n’a pas duré longtemps et ma « conscience politique » (ouaf ouaf !) m’a sauvé du naufrage… La « gauche » a cette capacité incroyable de fournir à la « droite » les bâtons qui servent à nous rouer de coups.
Le faux problème des retraites étant l’un des thèmes traités en continu, à la fois sur les sites d’infos et sur les blogs, il est logique que je vous resserve une petite louchée d’écrits à ce sujet dans chacun de mes derniers « bric à blog ». Ce mois-ci c’est un texte rédigé par le M’Pep (Mouvement Politique d’Education Populaire) que j’ai trouvé fort intéressant. Il est reproduit sur différents sites, notamment sur « Le Grand Soir« . Un extrait pour vous donner envie de lire le restant du texte : « Les retraités travaillent, mais ils n’ont pas d’emploi ! Ils travaillent à rendre la vie plus douce aux autres, à leur famille, leur voisinage, dans les associations. Ils réinvestissent leur qualification professionnelle et sociale sous des formes différentes, non-marchandes. C’est un travail émancipé, un embryon de contrôle des citoyens sur l’économie. Leur pension est un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites c’est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances. L’activité des retraités préfigure un socialisme du XXIe siècle, sans « marché du travail », sans salariat, sans employeurs qui exploitent… ». C’est sympa et cela change un peu du « retraités, feignants, privilégiés ou parasites »… Le site du M’Pep contient par ailleurs de nombreux articles intéressants dans de nombreux domaines, de quoi alimenter les débats en tout cas.
J’ai suivi de loin (comme nos médias officiels et « aux ordres ») l’affaire des « chemises rouges » en Thaïlande, puis j’ai trouvé dérangeant le silence quasi général qui régnait à propos de cette insurrection, sauf à dire qu’elle se déroulait dans le quartier des affaires à Bangkok, que cela créait du désordre, perturbait le fonctionnement des centres commerciaux, et nuisait à l’image touristique sympathique de ce pays très apprécié par les touristes occidentaux. J’en ai eu donc assez et j’ai décidé de « piocher » un peu la question en me promenant sur mes sites alternatifs favoris. Là aussi, j’ai été plutôt surpris de trouver des articles fort contradictoires sur la question : les uns, favorables aux « chemises rouges », expliquant qu’il s’agissait d’une véritable révolte populaire enracinée notamment dans le mécontentement persistant des habitants des campagnes thaïlandaises… C’est le cas de ce texte publié sur « le grand soir », intitulé « Bangkok médias pourris« . Mais j’ai découvert aussi d’autres écrits, beaucoup plus critiques, expliquant que le mouvement avait à sa tête un ex-dirigeant du pays pourri et corrompu, et que les « révoltés » étaient victimes d’une manipulation adroite mais néanmoins tragique… Comme il se doit, ma sympathie se porte spontanément vers le camp des « insurrectionnels » ; surtout quand l’armée est au service de ceux qui sont chargés de les réprimer. Mais j’essaie de ne pas trop être un « pigeon idéaliste » et je me méfie grandement des « chefs » institutionnalisés, toujours prompts à tirer la nappe de leur côté de la table et à servir la soupe juste dans leur assiette. Comme l’a fait remarquer l’auteur d’un autre article dont j’ai perdu les références, il est fort probable que si le soulèvement avait eu lieu au Vénézuela, financé par les généreux donateurs US, nos médias auraient sans doute été plus loquaces. Si vous avez des lumières ou des références intéressantes sur la question, merci de m’en faire profiter, de même que les autres lecteurs/trices de ce blog ; les commentaires sont là pour ça. Ce sera toujours mieux que les quelques centaines de spams reçus cette dernière semaine…
Puisqu’en mai on fait ce qui nous plait, je suis le mouvement directeur et je vous cause « bricolage » (là-aussi une idée fixe de ces derniers mois). J’ai lu sur Basta, un article très intéressant sur les Fab-Labs, qui complète intelligemment les propos que j’avais ébauchés sur les échanges de services, l’auto-construction, les manières d’échapper aux réseaux commerciaux conventionnels. Déjà, pour les curieux et les paresseux du « clic », une réponse à cette angoissante question : que sont les « Fabs-Labs » ? Je reprends les phrases d’introduction de l’article : « Pour 1% de leur prix sur le marché, des objets et outils se fabriquent dans de petits ateliers industriels utilisant allègrement logiciels libres et nouvelles technologies. Les « fabuleux ateliers », ou fab-labs, ouvrent une nouvelle voie alliant hautes technologies, auto-production, récupération et recyclage. La seule condition reste votre participation. » Votre curiosité étant éveillée, nul doute que vous irez lire ce texte. Après tout, cette bonne vieille société nous offre des outils intéressants, pourquoi ne pas s’en servir pour construire ou réparer des objets qui nous conviennent vraiment, qui soient solides et recyclables et surtout conçus sur la base de rapports humains différents ? On peut se contenter de verser une larme apitoyée sur le sort des ouvriers chinois qui se suicident à la chaîne dans les usines fabriquant les merveilles technologiques occidentales… On peut aussi (pardonnez les idées fixes), réfléchir et concevoir de nouveaux processus de fabrication plus « équitables » et qui nous rendent plus intelligents nous aussi. L’idée a germé dans les années 90, au sein d’un laboratoire du MIT aux Etats-Unis, mais elle s’est très vite délocalisée. On trouve maintenant de petites entreprises fonctionnant selon ce principe dans différents pays du globe, même au sein du petit village gaulois protégé par la ligne bleue des Vosges. Je ne partage pas forcément l’enthousiasme grandiloquent de l’auteur de l’article qui parle de « Révolution culturelle » et imagine Mao « se retournant dans sa tombe », mais je trouve néanmoins les pistes ouvertes intéressantes à explorer. Il est temps que la production artisanale touche d’autres domaines que le macramé, la poterie, ou la vannerie. Le XXIème siècle doit être aussi passionnant à explorer que les vestiges de la civilisation égyptienne !
Un peu d’art dans un monde de brut (un monde où le pétrole coule sur les flots…). Je termine le panorama du mois par une nouvelle incursion dans les « Carnets temporels » de ma copine Anne Claire. Après une longue traversée du Maroc (dont je vous avais déjà causé en ces lieux), le mois de mai a été particulièrement prolifique, avec une incursion en plusieurs étapes en Périgord. Le blog a changé de pagination et les premières chroniques publiées se retrouvent en tête d’ouvrage. J’en ai profité pour relire les tous premiers textes concernant le « pourquoi » des carnets, ce à quoi ils sont destinés, comment ils sont conçus, ce qu’ils représentent pour leur auteure… Un petit retour aux sources d’un blog, c’est parfois instructif. Luttons contre l’éphémère et plongeons nous dans l’étude des racines et du sous-sol ! Les illustrations qui accompagnent ces courts textes en « prose poétique » sont, comme d’ordinaires, très belles. N’hésitez pas à baguenauder sur le site : je suis persuadé que certains d’entre-vous n’ont pas fait le clic de ce voyage depuis quelques temps. Histoire de vous pousser au vice et au plaisir, je vous donne un premier lien, mais ce n’est pas le seul intéressant, loin de là ! Admirez le vieux pont de Bergerac et la gabarre, puis, comme le dit Anne Claire, « travaillez bien et aimez bien ! » Arrivederci !
26mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Feuilles vertes.
PVD ou PED selon le cas… Ces initiales couramment employées dans les médias, on peut en faire une double interprétation… Il suffit de « jouer » sur le sens que l’on donne à la première et à la dernière lettre… Dans le cadre d’un entretien accordé au journal Télérama, l’agronome Marc Dufumier tire la sonnette d’alarme : en 1970, il y avait 1 600 000 paysans en France ; en l’espace de quarante années, près d’un million d’entre-eux ont cessé leur activité sans être remplacés… Selon l’une de mes connaissances, agriculteur bio et militant à la « conf », le résultat de la différence, à savoir 600 000, est une estimation optimiste. D’ici peu, ce nombre sera proche de 400 000. De quoi faire baver le Sinistre de la Fonction Publique. Si l’on pouvait appliquer le même genre de quota réducteur à l’Education Nationale, à la SNCF ou à la Poste, ce serait l’extase pour les chantres de la libéralisation frénétique. Selon la même première source, 20 % des 600 000 survivants peuvent être assimilés à des travailleurs pauvres. En un an (depuis juin 2009), plus de 40 000 demandes de RSA ont été déposées auprès de l’administration par des agriculteurs, principalement des producteurs laitiers. Ce nombre pourrait augmenter de façon considérable dans les mois à venir compte-tenu de la crise que traverse le secteur laitier et de l’effondrement des revenus qui s’ensuit. Tous ces apprentis sorciers qui passent leur temps à se réunir et à planifier cette destruction du monde agricole peuvent se réjouir : dans les pays dits développés, leur objectif est presque atteint. La démolition du tissu industriel ayant été sérieusement avancée en parallèle, on peut se demander quelles occupations il restera pour ceux qui chercheront un emploi : flic, militaire, fonctionnaire de la CEE ou vendeur dans une grande surface sans clients ? Ce n’est pas que je sois un ardent défenseur du travail à tout prix (en particulier du salariat) et de la semaine de quatre-vingt heures, mais la simple question que je me pose concerne les ressources pour vivre décemment, dont disposeront toutes ces personnes sans emploi durable, sachant que ces revenus ont été, jusqu’à présent, en grande partie fournis par le travail salarié.
Il reste encore du boulot à faire dans les Pays en Voie de Développement pour liquider une paysannerie que nos élites estiment bien entendu largement surnuméraire. Rassurez-vous, les experts sont en train de plancher activement sur le dossier. Un sommet a eu lieu courant mai, à Madrid, réunissant chefs d’état et ministres de l’agriculture de l’Union européenne et de l’Amérique Latine, en vue de mettre en place de nouveaux accords de libre échange entre les deux continents. Il est notamment question de permettre à l’Union Européenne d’exporter à bas prix vers l’Amérique du Sud, 4500 tonnes de lait et 2000 tonnes de fromage excédentaires en Europe. Cette arrivée massive de produits laitiers bradés ne peut, bien entendu, avoir que des conséquences catastrophiques pour les producteurs des pays ainsi « arrosés ». Ces petits exploitants, ruinés, suivront la démarche de leurs confrères et consœurs de l’UE : ils iront mendier de quoi survivre puis s’entasseront dans les bidonvilles des mégapoles. En Colombie, par exemple, ce sont plus de 400 000 producteurs, familles ou collectivités, ainsi menacés directement par la négociation engagée. Beau programme de travail : tout ce petit monde de politiciens et d’experts peut être fier de son efficacité… Le bulldozer néolibéral avance, sans encombre, en détruisant tout sur son passage, sans être le moins du monde gêné par les cris des quelques experts et des rares institutions qui arrivent à se placer en marge du défilé triomphal. La FAO s’inquiète de la crise alimentaire à venir… Pas de problème tant que les bénéfices de la spéculation sur les matières premières tombent dans les escarcelles et que les profits escomptés de la culture des nécro-carburants s’annoncent juteux. L’UNICEF s’indigne et dénonce les conditions de vie des enfants dans les quartiers les plus misérables des zones urbaines dans ces fameux PVD. Aucune gêne, tant que les allers-retours de capitaux fictifs se déplaçant à la vitesse de la lumière, permettent à des crapules sans visage de se goinfrer de billets bleus.
Pendant ce temps là, sur notre planète bleue (elle aussi), l’immense majorité du monde agricole rame, sur une mer de plus en plus démontée, en panne de moteur et sans gouvernail. L’hexagone n’étant pas le centre du monde, voyons un peu ce qui se passe justement dans les PVD un peu plus en détails. La dérégulation des marchés et la déferlante du libre échange entrainant un effondrement du cours des denrées essentielles est la cause première de l’accélération de l’exode rural. Ce mouvement migratoire a lieu, dans un premier temps, de la campagne vers la ville et entraine un accroissement fulgurant de la population des mégapoles. Une ville comme Lagos au Nigéria devrait dépasser les 17 millions d’habitants, d’ici quatre ou cinq ans, alors qu’elle n’en comptait que 280 000 en 1950. Sur une période équivalente, Bombay, en Inde, devrait voir son nombre d’habitant se multiplier au moins par dix, passant d’un peu plus de deux millions à vingt-deux. Le mirage d’une vie plus facile dans les faubourgs de ces mégapoles ne dure qu’un temps et un second mouvement migratoire se produit souvent, vers un pays voisin estimé plus prometteur ou vers un eldorado lointain. Les flux migratoires empruntent alors des voies complexes et coûteuses, n’aboutissant que rarement et entrainant le développement de mafias spécialisées dans la traite de main d’œuvre. Le même phénomène se produit en Chine. Des villes comme Beijing ou Shangaï voient leur population s’accroître de plus en plus rapidement. L’accroissement de surface urbaine, rendue nécessaire par le développement de nouveaux quartiers, se fait bien entendu au détriment de la superficie de terres agricoles utilisables. En 2001, au moment de l’entrée de la Chine dans l’OMC, le taux d’urbanisation était de 37 % (selon un document de l’UNESCO) et devrait atteindre 50 % en 2030 et 70 % en 2050, ce qui démontre bien l’ampleur du phénomène migratoire et la désaffection croissante pour la vie dans les zones rurales. Dans un pays aussi peuplé, de tels mouvements de population se chiffrent en centaines de millions d’individus. Une bonne part de ces habitants qui changent de cadre de vie est jeune et en pleine période d’activité : 70 % des travailleurs migrants ont entre 16 et 35 ans. Toujours selon le même rapport de l’UNESCO, la plupart de ces nouveaux arrivants sont employés à des labeurs « généralement considérés comme sales, dangereux et difficiles, et que la population locale ne veut pas effectuer ».
Les conséquences de l’abandon des terres par les paysans sont encore plus graves dans les PVD que dans les pays développés. Les terrains riches sont repris par de grosses exploitations qui généralisent la monoculture avec tout ce qui l’accompagne généralement : utilisation de semences OGM, mécanisation à outrance, emploi de pesticides en dose massive, irrigation entrainant l’épuisement des ressources locales en eau. Les terrains d’accès difficile, moins fertiles ou demandant une main d’œuvre importante pour être exploités, sont purement et simplement abandonnés. Les terres agricoles deviennent alors une marchandise comme une autre que l’on achète ou que l’on vend selon que l’on est riches ou pauvres. Les terres africaines ou sud américaines produisent alors pour la Chine, pendant que les grandes firmes occidentales s’implantent un peu partout sur la planète. On assiste alors à un véritable chassé-croisé d’investissements, et pas toujours dans la direction que l’on pourrait imaginer. Pour essayer de trouver une parade à la crise alimentaire à venir, les Chinois sont prêts à faire feu de tout bois. A plusieurs reprises les syndicats d’exploitants agricoles du Québec ont faire part de leurs inquiétudes face aux menées de certains agents immobiliers directement recrutés par des entreprises chinoises. Les terres agricoles canadiennes sont considérées comme étant parmi les moins chères dans les pays industrialisés, et cette information a attiré plus d’un investisseur. Il ne s’agit pas de petites opérations immobilières réalisées à l’initiative d’un particulier soucieux de changer de cadre de vie, mais d’entreprises de grande ampleur portant sur des milliers, voire des dizaine de milliers d’hectares et financées par des gouvernements ou par de grosses sociétés multinationales. Fin 2008, par exemple, l’affaire Daewoo à Madagascar a fait grand bruit. Le constructeur sud-coréen a signé, avec le gouvernement malgache, un accord qui lui permettait d’obtenir un bail de 99 ans (gratuit) pour pouvoir cultiver 1,3 millions d’hectares de terre arable sur l’île. Pour ceux qui ont du mal à se représenter des superficies à partir de chiffres, sachez que cela correspond à peu près à la moitié de la taille de la Belgique. L’objectif du groupe industriel et financier était simple : produire du maïs sur la plus grande partie de ces terres et de l’huile de palme sur le reste. La récolte devait être exportée brute en Corée pour être transformée… Des bruits ont filtré sur cette transaction et ont entrainé la mobilisation de nombreuses organisations. Le gouvernement malgache a été renversé depuis et le dossier mis en sommeil, mais pas totalement abandonné. Cet exemple montre bien à quels types de manœuvres sont prêts les grands groupes multinationaux pour répondre à l’explosion prévisible du prix des matières premières agricoles. La majorité de ces tractations se déroulent dans l’ombre et les personnes concernées n’apprennent parfois qu’au dernier moment à quelle sauce financière elles vont être dévorées.
Avant que l’on assiste à un profond changement d’orientation de ce phénomène d’exode rural, il est fort probable que de l’eau va couler sous les ponts. Nous n’en sommes, pour l’instant, qu’au stade de l’amorce d’une prise de conscience de la gravité des enjeux qui sont en œuvre autour de ce problème agricole planétaire. Ainsi que je l’ai déjà exprimé dans divers autres articles (celui-ci par exemple), je doute que les institutions politiques et économiques actuelles soient à même de provoquer un quelconque bouleversement, la plupart d’entre-elles étant soumises à des pressions considérables de la part de groupes de lobbying puissants. On voit que la défense de l’agriculture paysanne n’est toujours pas à l’ordre du jour, quels que soient les discours sur le « développement durable » dont on nous abreuve dans les médias. Il n’en reste pas moins, comme on dit, que l’on peut essayer de balayer devant sa porte, et faire l’effort de s’intéresser au devenir du monde agricole près de chez soi. De nombreuses initiatives ont été lancées pour essayer d’inverser la tendance et pour favoriser le retour de jeunes (ou de moins jeunes) agriculteurs à la terre. Une association comme « Terre de liens » par exemple, fait un travail remarquable dans ce sens là. La société foncière coopérative qui lui est associée connait un développement important et cherche de nouveaux associés. Allez faire un tour sur leur site et demandez une documentation. Les structures facilitant un rapprochement entre producteurs et consommateurs, style AMAP, permettent aussi de prendre très vite conscience des problèmes du monde agricole et de se questionner un peu plus sur l’origine et le coût des produits que l’on achète au quotidien. Ne négligez pas ces approches : elles constituent un axe important de lutte pour changer nos façons de vivre et construire de nouveaux rapports entre les individus. Pour voir un peu plus loin que le clocher du village, intéressez vous aux publications d’organisation comme « Via Campesina » par exemple. Il est parfois bon de se dire que l’on n’est pas seul, et qu’un paysan péruvien ou malgache peut se battre pour les mêmes causes que nous (et contre les mêmes adversaires)… Dans une revue comme « l’âge de faire« , on trouve de nombreux témoignages issus du monde agricole et décrivant les processus d’émancipation engagés par certains groupes en Inde, en Afrique ou au Brésil par exemple. Etre conscient de la gravité de la situation ne veut pas dire forcément désespérer…
Je vous quitte : mon devoir de jardinier m’appelle. Cette année, je me suis fixé un objectif : essayer de produire au moins une partie des semences dont j’ai besoin. J’en ai marre d’enrichir Vilmorin et autres succursales françaises de marchands d’OGM. Petits pas à petits pas, pourvu qu’on aille dans la bonne direction !
NDLR – origine d’une partie des illustrations – photo 2, site de « Via Campesina » – photo 3, « aujourd’hui la Chine » – photo 5, « Via campesina »
21mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour....
La météo étant un thème de conversation facile et largement consensuel, je ne vais pas me priver d’y recourir avant de rentrer, plus ou moins habilement, dans le vif de l’absence de sujet. Vous l’avez sans doute constaté comme moi (sauf si vous habitez loin du seul pays au monde qui soit protégé par une ligne bleue des Vosges, une grande flaque et la muraille naturelle impressionnante que constituent les Pyrénées), on est confronté à un drôle de mois de mai. Je ne sais pas si les caprices de la météo printanière sont à imputer aux volcanophiles islandais, aux intégristes papous ou à la fanfare municipale de Bort les Orgues, mais question soubresauts du baromètre on est servis. Le matin il faut mettre une veste polaire avant d’aller butiner au jardin ; la température monte un peu pendant qu’on s’agite vainement autour des petits pois ; puis un vent à décorner les bœufs se lève vers midi et s’acharne à saccager tout ce qu’il peut jusqu’au coucher du soleil. Les légumes ne savent plus trop s’ils doivent arborer des lunettes de soleil, se réfugier dans un bunker souterrain ou faire le dos rond en attendant que ça cesse. A mon avis, ce vent du Nord déchaîné c’est une manifestation de la colère d’Eole face au Grenelle 2. De là à ce que le soleil se voile la face parce que l’on n’installe pas assez de capteurs photovoltaïques, il n’y a peut-être qu’un pas à franchir.`
Les humains sont un peu déboussolés aussi car s’ils sont soumis aux mêmes aléas climatiques que les poireaux, ils ont droit en supplément gratuit à un raz de marée anti-social sans précédent. Le menu n’est pas très subtil : chômage pour les uns, conditions de travail pourries pour les autres (enfin pour la majorité des autres). Plus on sonde les Français, plus ils répondent n’importe quoi… Le résultat des enquêtes d’opinion ressemble de plus en plus à une régurgitation nauséabonde de la soupe pâteuse servie par les médias. Le moral des troupes ne parait pas très offensif en tout cas. Il faut dire que si le seul rempart que l’on a à opposer au néo-libéralisme déferlant, c’est le redoutable Strauss-Kahn, il y a de quoi se reconvertir en hâte à la méditation bouddhiste ou à la gastronomie moléculaire.
Pour rentrer dans le vif de ce qui était le non-sujet initial de cette brève chronique, je dois dire qu’ici, dans les instances dirigeantes du Front Anarcho Rural Charbinois, on n’échappe pas aux sautes d’humeur du climat barométrique et du climat social. Les « chauds et froids » de la vie quotidienne parachèvent cette instabilité des éléments. Comme alibi pour invoquer l’irrégularité de publication des chroniques dans « La Feuille », j’avais invoqué le surcroît de travail lié à l’arrivée du printemps et au démarrage de plusieurs gros chantiers. La situation ne s’est guère arrangée sur ce front là, et de nouveaux prétextes s’ajoutent aux précédents, principalement deux événements familiaux ; l’un heureux (une naissance) et l’autre triste (un décès), en début et fin de semaine. Tout cela nous chamboule pas mal dans notre train-train quotidien. Ce blog n’étant ni un journal intime ouvert au public, ni une encyclopédie thématique consacrée à la vie familiale, je me contenterai de vous dire que nous sommes grands-parents pour la seconde fois et que ça nous fait sacrément plaisir. Le grand-père est tellement fier de ses deux petites filles qu’il a besoin de massages permanents pour ses chevilles et a dû recourir aux services d’un kinésithérapeute spécialisé dans ce genre de services aux particuliers. Je vous tiendrai au courant de l’évolution de l’état de ses précieuses articulations.
Avec un paquet d’alibis pareil, vous comprendrez que je sois dans l’incapacité totale de vous promettre une quelconque périodicité de publication de chronique dans les semaines à venir. Trop d’indécision et d’incertitudes viennent freiner le mouvement de mes doigts sur le clavier, à un moment où justement il faudrait que j’aille vite pour répondre à toutes les sollicitations auxquelles je suis confronté. Mes journées sont ainsi faites que, chaque fois qu’un événement se produit, entrainant une nouvelle activité, une autre disparait du planning. Certains auteurs de SF recourent à la distorsion temporelle ou aux univers parallèles pour gérer leurs problèmes de temps ; moi je crois bien que je n’aurai pas d’autre choix que la réincarnation, si je veux mener à bien tout ce qui trotte dans ma tête… Je cherche un recueil de formules à ce sujet ; je me suis adressé à la Bibliothèque Nationale mais je n’ai pas encore obtenu de réponse. Plutôt que de laisser mon plaisir se faire obscurcir par un quelconque sentiment de frustration, je fais des efforts et je tente de tirer un maximum de satisfaction des instants qui passent et des réalisations qui naissent au bout de mes doigts, même si elles me paraissent bien modestes.
Nous avons perdu une personne proche ; la principale consolation c’est de nous dire qu’elle a quitté ce monde sans trop de souffrance et que sa vie a été bien remplie : elle a eu sa part de joies et de peines. Nos deux petites filles n’auront pas la joie de connaître leurs arrières grands-mères disparues. Une joie, une peine, la même semaine ; les deux extrémités d’un unique fil conducteur ; l’étincelle d’un regard qui se perpétue sans aucun doute dans la malice d’un autre… Les propos que je tiens là sont sans doute d’une grande platitude, mais il est des moments où même les lieux communs sont un excellent baume pour les blessures.
Une autre satisfaction très grande reste la lecture de vos commentaires, publics ou privés, toujours intéressants, parfois même intrigants. Il arrive que je sois obligé de faire comme les pêcheurs de perles : ouvrir toute une cargaison de coquillages avariés (les spams multiples) pour dénicher la pièce rare… Quel bonheur alors… Pour simplifier le boulot je me demande s’il ne faudra pas que je me décide à rétablir ces fichus messages cryptés à déchiffrer… Tant que j’ai la patience du chercheur de trésors, je m’abstiens…
Pardonnez ce méli-mélo incertain entre humeur et humour bloguesques et sentiments familiaux, mais en ce mois de mai, voyez-vous, on est un peu déboussolés.
Note : merci à l’ami Xavier, présent pendant tous ces événements, d’avoir réussi à mettre nos marguerites à l’honneur.

17mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour.
C’est une séquence télévisuelle banale – mais néanmoins symptomatique du marécage idéologique dans lequel on voudrait nous faire patauger – qui est à l’origine de cette chronique d’humeur. La goutte d’eau qui fait déborder le vase diraient certains de mes lecteurs/trices imprégnés/ées de sagesse tout aussi proverbiale que populaire. L’autre jour, je me vautre dans un fauteuil après avoir mangé (et participé au débarrassage de table – je ne veux pas d’ennuis avec les féministes), et après cinq minutes de zapping et le constat du vide affligeant qui règne dans le programme des chaînes à cette heure-là (je n’ai pas besoin de préciser s’il s’agit du soir ou du midi, car le tableau à brosser est le même), je me fixe quelques minutes sur le journal d’infos de France 3. J’arrive précisément et malencontreusement au moment où le JT fait sa « page spéciale » verte. Je vais essayer de faire un compte-rendu honnête de ce que j’ai entendu ; la retranscription est bien entendue basée sur ce que j’ai mémorisé, n’ayant pas l’habitude d’écouter les émissions d’infos à la télé avec un bloc note à la main…
La présentatrice, d’une voix suave, nous rappelle qu’en décembre a eu lieu le sommet de Copenhague, dont les résultats ont été – maintenant on peut le dire franchement – quelque peu décevants. A cette occasion, la chaîne s’est investie à fond pour informer ses spectateurs et a diffusé toute une série de reportages « état des lieux » filmés aux quatre coins de la planète. Cela a eu un coût écologique élevé, bien entendu (toutes ces équipes à déplacer, en avion, en 4 x 4, en bateau…), mais la chaîne s’était engagée, à l’époque, à « compenser carbone » tous ces déplacements dispendieux. Eh bien, nous annonce la brave journaliste avec un sourire digne d’une pub dentifresque, « c’est maintenant chose faite ». FR3 a décidé de participer à un travail de reforestation dans l’un des lieux les plus pauvres de la planète, à savoir l’île de Madagascar. La chaîne a fait acte de mécénat écologique et a adressé un chèque de 1000 € à une ONG qui a créé sa propre pépinière et plante des arbres dans les zones les plus dévastées. Plusieurs reportages successifs vont aider le spectateur médusé à comprendre toute la portée de cet acte. Le premier est très pédagogique et nous explique que la somme – certes peu élevée (son montant pourrait prêter à sourire et c’est le cas) – doit être mise en relation avec le niveau de vie sur place. A Madagascar, neuf dixième de la population vit avec un euro par jour… Mille euro, cela permet de planter mille arbres et de reboiser un hectare sur un territoire où 90 % (je ne vais pas répéter neuf dixièmes) de la forêt a été dévastée. Les méchants sont nombreux : trafiquants sans scrupules exploitant la misère des paysans, politiciens véreux, négociants immoraux au service de quelques compagnies internationales (mais principalement asiatiques quand même, faut pas exagérer)… Tout ce beau monde profite du chaos politique régnant pour s’en mettre plein les poches, à l’exception des paysans bien sûr qui restent toujours aussi miséreux quelles que soient les besognes qu’on leur fait accomplir. Le documentaire continue par une interview de l’un des responsables de l’ONG – entretien fort intéressant par ailleurs – bien obligé de reconnaître que FR3 a fait une bonne action dont la portée n’a rien de négligeable. Je respecte énormément les gens qui s’engagent sur le terrain et je me garderai bien de porter un quelconque jugement de valeur sur cette ONG, dont je reconnais honnêtement ne pas avoir mémorisé le nom.
Le problème n’est pas au niveau du reboisement ; je n’ai rien contre évidemment. Le problème c’est le montant du chèque, 1000 €, qui me reste en travers du gosier à cause du « bruit » qui est fait autour. On nous bassine, à longueur de journée, sur cette fameuse « compensation carbone ». C’est le dernier truc à la mode : on fait n’importe quoi, mais ce n’est pas grave puisqu’après « on compense carbone ». Quand on commence à parler « chiffres », c’est nettement moins glorieux… Il me semble qu’au Moyen-Age, l’achat d’indulgences pour aller directement au ciel par la porte principale revenait nettement plus cher. Histoire de faire un peu de mauvais esprit, on pourrait se livrer à une petite estimation du coût de ce reportage d’auto-promotion. Ne soyons pas mesquins mais intéressons nous quand même aux aspects bassement matériels du problème. Comparons par exemple le montant des recettes publicitaires de la chaîne (et pourtant ce n’est pas TF 1) avec celui du chèque. Convertissons cette somme de 1000 euro en temps de publicité… Je l’ai fait pour vous en consultant le tarif de France 3 qui est totalement accessible au grand public à cette adresse (de même que celui des autres chaînes). Le vendredi soir, à 19 h 56 (la fameuse soirée où est programmé le célèbre magazine « Thalassa »), une séquence de trente secondes de publicité coûte la bagatelle de 11 600 euro à l’annonceur. Le don fait à l’ONG malgache représente donc la recette liée à moins de 3 secondes de publicité ce soir-là (ce n’est pas le créneau hebdomadaire le plus coûteux). Certes je ne suis pas trop naïf en la matière et je sais que ces tarifs sont indicatifs et soumis à négociation lorsqu’il s’agit d’une grosse société qui achète un nombre important de créneaux horaires. Disons que les éléments chiffrés que je vous fournis vous permettent de vous faire une petite idée de l’immense générosité de la chaîne… Le plus amusant (à condition d’être un brin cynique) c’est que le spot en question soit consacré à la promotion d’un 4 x 4, plus vert que vert (puisqu’il s’agit de l’un des arguments promotionnels majeurs utilisés par les annonceurs pour vanter les qualités de ce genre d’engin) et l’on peut se faire une petite idée de ce que nos médias sont en train de faire de « l’écologie » sauce Grenelle (à ne pas confondre avec la « quenelle sauce Nantua », spécialité gastronomique de ma région, mais qui pourrait présenter certains points communs).
Quand on voit ce que devient « l’écologie » chez les marchands de soupe, on comprend alors qu’il soit facile de la caricaturer et de tourner en dérision certains problèmes majeurs. Un Claude Allègre n’a plus aucune difficulté à raconter n’importe quoi sur le changement climatique, à grands coups de graphiques bidonnés et de référence à des travaux tronqués réalisés par de « vrais » chercheurs. Regardez comme il fait froid au mois de mai, Madame Michu ! Et avec tout ça ils osent encore nous parler de réchauffement climatique ! Un célèbre philosophe d’extrême gauche peut se permettre de déclarer que le nucléaire civil n’a jamais fait une victime, et que les OGM constituent l’avenir de la planète. Dans un bourbier idéologique pareil, les lobbies en tout genre ont toutes les facilités pour agir et pousser les politiques à agir dans le sens de leurs intérêts. On le voit avec les singeries pitoyables du Grenelle 2 qui suivent les simagrées du premier Grenelle sur le thème de l’environnement. Il sera bientôt plus difficile en France de construire une éolienne qu’une centrale nucléaire… Notre pays avait des années et des années de retard sur certains de nos voisins en matière de recherche sur les énergies renouvelables ; cela ne va pas s’arranger. EDF « énergies nouvelles » dépense plus d’argent pour faire sa promotion que pour faire de quelconques recherches. Logique : en France, on n’a pas d’idées mais on a des centrales nucléaires ; on est gouvernés par des technocrates avec des œillères blindées, mais on est capable de très beaux gestes humanitaires. Entre deux expulsions musclées d’étrangers indésirables, on grimpe au mât et on rampe sous les barbelés pour le téléthon, on pleure pour Haïti et on n’hésite pas à envoyer des chèques (pardon… UN !) de mille euro pour planter des arbres à Madagascar… Les abrutis qui vitupèrent à longueur de journée contre les nuisances liées à l’implantation des éoliennes devraient aller faire un tour dans les parcs nationaux et les réserves du Portugal. Personnellement, je préfère un grand oiseau blanc dans mon jardin plutôt que deux fûts de déchets radioactifs bien de chez nous. « Oui mais vous comprenez Madame Michu, la pollution radioactive c’est discret, sans bruit et sans odeur »…
Voilà, c’est tout, on arrête là pour aujourd’hui. Je crois que je ne vais pas trop prolonger cette chronique… Je risquerais de devenir vraiment méchant et surtout de déborder largement de mon sujet, capacité que je maitrise pleinement… Tout cela me paraît vraiment pitoyable au regard des enjeux réels qui se révèlent à nos yeux lorsque l’on s’intéresse aux problèmes écologiques planétaires de façon globale et aux solutions sérieuses qu’il faut leur apporter. Vouloir faire de l’écologie une simple question environnementale « neutre », dissocier cette question environnementale de la politique, tout cela me semble une manœuvre grossière et dangereuse (enfin cela dépend pour qui). Brader l’écologie, en faire la tarte à la crème du moment, l’argument publicitaire incontournable pour vendre toujours plus et n’importe quoi, bref barbouiller tout ce qui se présente avec de la peinture verte, cela montre en tout cas que les puissances financières qui gouvernent le monde sont prêtes à n’importe quelle manipulation pour pérenniser leur mainmise sur nos vies. A nous de ne pas tomber dans le panneau, et à ne pas prendre le chant des sirènes médiatiques pour ce qu’il n’est pas. Histoire de paraître un peu moins ridicule, je propose à la direction de France 3 de multiplier par cinquante le montant de son chèque lors du prochain sommet international consacré à la planète… Cela permettra de planter cinquante mille arbres de plus et cela m’évitera un autre mouvement d’humeur ! J’irai par exemple enquêter sur les compensations carbones versées dans le cadre des émissions de Nicolas Hulot ou de Yann Arthus Bertrand… Euh non, pas « Vu du ciel », c’est aussi France 3 et je crains le pire… Décidément France 3, que d’émissions « écolos » ! Arte n’a qu’a bien se tenir ! Compensons mes frères, mes sœurs, compensons, mais pour autant ne laissons pas ceux qui pensent nous prendre pour des cons !
NDLR – Source des illustrations – photo 1 « quand on parle de déboisement à Madagascar, ce ne sont pas des paroles en l’air… » © WildMadagascar.org – photo 2, exploitation du bois de rose pour l’ébenisterie, origine « Courrier International » – photo 3, ce que je peux en dire c’est qu’elle n’est pas « maison » – photo 4, origines multiples, en particulier www.toutmada.com.
13mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire; vieilles pierres.

La visite du château d’Ivry n’était pas programmée lors de notre voyage de retour depuis la Normandie en novembre 2009. Pour tout dire, cette forteresse dont j’ignorais l’existence n’a attiré mon regard qu’au dernier moment : une mention « ruines » sur la carte routière, un peu à l’écart de l’itinéraire que nous empruntions depuis Les Andelys et Vernon, longeant tranquillement la vallée de l’Eure. Nous avions déjà visité Château-Gaillard et Arques et nous n’avions rien contre le fait d’ajouter un troisième fleuron à cette couronne de châteaux normands. Ce détour nous a permis de découvrir un monument intéressant à plus d’un titre. Ivry est sans doute l’un des châteaux en pierre les plus anciens de France. Il a été construit en effet à une époque, la fin du Xème siècle, où la majorité des constructions seigneuriales étaient encore des mottes couronnées d’une tour de défense en bois et dont la basse-cour se résumait à quelques bâtisses sommaires blotties derrière une palissade.
Ivry a été construit une ou deux décennies avant l’an Mil, à l’initiative du Comte de Bayeux, Raoul d’Ivry, demi-frère du Duc de Normandie, Richard III. De l’avis des archéologues et des historiens qui se sont intéressés à ce site, dont l’intérêt particulier a été découvert récemment, il est probablement l’œuvre de l’architecte Lanfroy, concepteur, par ailleurs, de la tour de Pithiviers. La tour maîtresse du château d’Ivry, édifice monumental soutenu par d’imposants contreforts, présente une ressemblance certaine avec celle de Pithiviers, totalement détruite, mais dont on possède plusieurs gravures anciennes. Selon la petite histoire, ce serait plutôt la femme du Comte, Dame Alberède (ou Aubray), qui aurait supervisé les travaux. Elle aurait fait appel à Lanfroy, l’un des architectes les plus réputés de son époque, puis l’aurait fait exécuter pour qu’il ne puisse plus faire la démonstration de ses talents ailleurs. Ces «bruits de cour» ne reposent cependant sur aucune certitude, mais il est des anecdotes qui embellissent les histoires en les ornant d’effroi ou de pitié. Pourquoi n’y prêterions-nous pas oreille ? Les documents concernant Ivry sont plutôt rares et la forteresse, discrète, n’est que peu mentionnée dans les récits des chroniqueurs. Le lieu va attendre le règne du bon Roi Henri pour être marqué d’un certain prestige, mais nous verrons que le château n’a guère eu d’importance dans cette affaire. Son rôle historique était échu. Nous allons donc nous intéresser principalement aux six siècles qui ont précédé cet événement.
Dès la fin de sa construction, le château d’Ivry aurait été le théâtre d’affrontements violents. Sa position, sur une colline dominant la vallée de l’Eure, est hautement stratégique. De plus, l’ouvrage fortifié se trouve sur une ligne frontière entre plusieurs seigneuries du Duché de Normandie, dans un premier temps, puis, entre le royaume de France et le Duché dans un second temps. Ce qui veut dire qu’il se trouve très vite, par conséquent, sur la limite entre les Royaumes de France et d’Angleterre. Cette zone va être âprement disputée au fil des siècles et en particulier lors de la guerre de cent ans. Chaque conflit successif est à l’origine de sièges dévastateurs. Ses fréquents changements de propriétaires démontrent que la thèse selon laquelle il était extrêmement difficile, voire même impossible de s’emparer d’un château-fort, est quelque peu présomptueuse. L’histoire de la seigneurie ne manque pas d’épisodes guerriers. Au XIIème siècle, en 1119 pour être précis, les troupes de Louis VI Le Gros incendient le château. Celui-ci reste cependant rattaché au Duché de Normandie et il est donc une possession des Plantagenêts. Profitant de l’emprisonnement de son ennemi intime, Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste s’en empare en 1193 et, suite à un accord obtenu de Jean sans Terre, rattache le Comté au domaine royal. Ivry va alors prendre pleinement sa place dans la ligne de fortification des frontières du Royaume, avec les forteresses de Gisors, Saint Clair sur Epte… Une fois Richard libéré, le Roi de France est obligé de céder une partie des terres qu’il a conquises, mais il conserve Ivry qui est officiellement rattaché à la couronne de France en 1204. Divers travaux de renforcement sont entrepris à ce moment-là. Après la mort de Richard Cœur de Lion et la grande victoire remportée à Château Gaillard, les Français reprennent l’avantage. Le Duché de Normandie est entièrement rattaché à la Couronne. Les Plantagenêts ont perdu leurs possessions dans l’Ouest de la France et la position d’Ivry perd pendant quelques temps son importance stratégique. Du coup, le XIIIème et le XIVème siècles vont être plus calmes pour les propriétaires successifs du château. et Les historiens ne retiennent que peu de faits marquants pendant cette période. Philippe V y séjourne quelques temps en 1317. En 1375, les troupes navarraises de Charles le Mauvais s’emparent de la forteresse et y commettent quelques dégâts qui nécessiteront travaux. Le comportement de Charles II de Navarre, surnommé « le Mauvais », illustre la complexité de la situation politique de l’époque. Ce personnage ambitieux, écarté du trône de France, va profiter du chaos régnant dans le Royaume pour essayer de jouer sa carte personnelle en s’alliant tour à tour, selon les circonstances, avec chacun des protagonistes du conflit. Son armée est vaincue à Cocherel par celle de Charles V commandée par du Guesclin et le Navarrais doit se replier en Espagne en abandonnant ses conquêtes.
Le calme relatif qui règne à Ivry va cesser avec la nouvelle guerre de succession opposant Français et Anglais, celle que les historiens ont dénommée « guerre de cent ans ». Au début du XVème siècle, pendant ce « maudit » conflit, Ivry la bataille est assiégé à trois reprises en quelques années. Le Duc de Gloucester s’en empare en 1418. Le siège est conduit par le connétable John Talbot. La garnison, commandée par le capitaine Pierre Dorgery, capitule au bout de quarante jours. Il faut dire que les assaillants bénéficient d’un soutien d’artillerie particulièrement redoutable. Les Français reprennent Ivry en août 1423, de façon très temporaire. Il semble que les quatre cents soldats, sous les ordres du capitaine de la Pallière, aient bénéficié d’un effet de surprise, ou d’une défaillance dans le système de guet anglais. Un an plus tard, au mois d’août également, le Duc de Bedford assiège à nouveau Ivry, s’en empare et… le ramène dans le giron de la couronne d’Angleterre. Faute de recevoir les secours promis par le roi de France, la garnison préfère capituler. Tous ces affrontements ont laissé des marques indélébiles dans les vieilles murailles : il a fallu réparer, reconstruire, agrandir, adapter à l’évolution des engins de siège… Il n’est pas toujours facile de dater précisément les différents vestiges qui ont été conservés. Le troisième siège, celui de 1424, a de lourdes conséquences : une fois qu’ils ont pris possession des lieux, les Anglais se hâtent de raser l’essentiel des fortifications. Ils vont rester maître de la place jusqu’en 1449, date à laquelle le connétable Jean de Dunois occupe la ville qui se blottit au pied des murailles du château. Il n’est pas fait mention d’une bataille quelconque devant la forteresse, mais il faut dire que les dégâts causés par les Anglais l’ont complètement neutralisée. A partir de cette date, Ivry ne jouera plus aucun rôle militaire et restera un simple lieu de résidence. L’histoire tourmentée de la bâtisse et ses changements cycliques de propriétaires démontent quelque peu le mythe du château fort imprenable autrement que par trahison ou siège de longue durée. Chaque assaut en règle du château d’Ivry s’est terminé par un succès des assaillants. Ce fait s’explique sans doute par la disproportion des forces en présence lors de chacun des affrontements, mais aussi par l’insuffisance du système défensif sur le plan architectural. Les chantiers de fouille successifs qui ont lieu depuis quelques années permettront sans doute d’obtenir quelques éléments de réponse à cette question.

C’est un évènement survenu en l’an 1590 qui va modifier le nom de la ville et de la forteresse qui s’appelait jusque là « Ivry la chaussée ». En mars, le roi Henri IV remporte une victoire décisive sur l’armée des Ligueurs commandée par le Duc de Mayenne. C’est lors de cet épisode militaire qu’il aurait prononcé sa phrase célèbre : « Ralliez vous à mon panache blanc ! ». L’une des retombées de cette victoire pour la ville est qu’elle change de nom pour prendre celui d’Ivry « la bataille ». Singularité de l’histoire, ce changement de patronyme ne concerne aucunement le château qui n’a joué aucun rôle dans l’affrontement. Pourtant vu le nombre de sièges qu’a connus la forteresse, on pourrait croire – à tort – que c’est ce passé « belliqueux » qui est à l’origine du changement de patronyme. Eh bien non : il a suffi d’une bataille impliquant le célèbre roi pour que ce geste symbolique soit accompli. Presque quatre siècles vont se passer avant que l’on ne s’intéresse aux vieilles ruines. Les fouilles archéologiques vont débuter en 1968. A cette date, il faut avoir vraiment la foi pour s’intéresser à ce genre de vestiges : seuls quelques pans de murs délabrés dépassent encore du couvert végétal. Un artisan du village, Robert Baudet, entraine à sa suite un groupe de bénévoles. Il faut du courage pour se mettre à la tâche car le travail est titanesque. Les résultats du chantier sont vite encourageants car de nombreuses découvertes sont réalisées au fil des ans. Quarante ans après les différentes campagnes de fouille, le haut de la colline a bien changé d’aspect. Certes Ivry n’a pas retrouvé sa grandeur d’origine, mais le plan de la forteresse est facilement déchiffrable et des travaux de recherche plus approfondis sont maintenant possibles, notamment la datation de la construction des différentes parties du bâti. La visite des lieux ne conviendra sans doute pas à ceux qui recherchent des sensations fortes (mieux vaut en ce cas aller à Château Gaillard ou à Quéribus), mais elle intéressera grandement les passionnés d’histoire et les amateurs de vieilles pierres romantiques. Quelques particularités architecturales sont encore bien visibles : murs assemblés avec la technique des arêtes de poisson (cf photo), restes impressionnants des contreforts du bâtiment originel sur le mur Sud, cellier et encorbellements… Une visite guidée intéressante est proposée sur le site de l’association qui gère les recherches archéologiques. Ivry me rappelle un peu une autre vieille bâtisse dont je vous avais parlé il y a longtemps : Château Rocher dans l’Allier. Le visiteur, surtout lorsqu’il est non initié aux secrets de la castellologie, est confronté à une gigantesque devinette… Quel était l’usage de cette pièce ? Y avait-il un sous-sol ? Pourquoi une ouverture aussi étroite ? Autant de questions pour lesquelles bien souvent seule l’imagination apporte une réponse. Et puis finalement, si vous êtes las de résoudre les énigmes posées par cet amoncellement de pierres, vous pouvez toujours vous livrer à une observation détaillée du paysage aux alentours : il est très agréable à contempler !
Bref, le site d’Ivry mérite un détour… Faites comme nous : garez votre véhicule vers l’église et prenez le charmant petit chemin qui permet de gravir la colline. Jusqu’à la fin de la balade le mystère reste entier car les pans de murs ne sont pas visibles du parking. Il faut bien compter passer une heure ou deux sur place si l’on veut se livrer à une exploration en règle, du donjon massif à la basse-cour en contrebas. Il vous faudra faire un gros effort d’imagination pour essayer de vous représenter la vie des habitants du lieu, un millénaire auparavant, mais après tout, pourquoi pas ? Et puis si vous commettez quelques approximations historiques au cours de votre rêverie, quelle gravité ? A la tombée de la nuit peut-être rencontrerez-vous le fantôme de l’architecte Pierre de Lanfroy ? Si vous lui êtes sympathiques il ne manquera pas de vous parler de ses démêlées avec Dame Alberède…
NDLR : ce texte est publié, tout à fait par hasard, à la veille de la commémoration du 400ème anniversaire de la mort d’Henri IV, assassiné par l’affreux Ravaillac. Je vous rassure tout de suite : je n’ai pas accompagné Mr Rémy de Bourbon Parme à la messe commémorative qui a eu lieu à Pau dimanche dernier. Personnellement je ne suis pas fan de la poule au pot au point d’aller verser une larme sur la tombe des rois défunts ! Lorsque j’évoque de superbes constructions comme Ivry, c’est plus une façon pour moi de rendre hommage au travail époustouflant de nos ancêtres, que l’expression d’une quelconque « nostalgie » de l’ancien régime… Je pense que les plus perspicaces d’entre-vous l’auront compris… Autre précision : toutes les photos accompagnant ce texte sont des productions maison. Merci de le signaler si vous souhaitez en faire un usage (non commercial).
10mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Feuilles vertes; Humeur du jour.
Va falloir se serrer drôlement !
Neuf milliards d’individus en 2050, cela correspond à l’hypothèse moyenne établie par les experts de l’ONU, le haut de la fourchette se situant à environ 11 milliards. Le respect de cette hypothèse moyenne qui semble la plus probable suppose néanmoins une politique volontariste de contrôle des naissances… Pour vous donner une idée de la progression, chaque semaine ce sont un million et demi d’individus supplémentaires qui pointent leur petit bout de nez sur notre planète et qu’il va falloir nourrir, loger et habiller, toutes choses que nous faisons déjà fort mal à l’heure actuelle… Ce qui est rassurant c’est que nos « décideurs » ont l’avenir bien en main et que nous nous préparons activement (mais « à reculons ») à gérer ce problème. Pourquoi est-ce que je pense que nous avançons « à reculons » ? Ma réponse est facile à comprendre… Prenons l’exemple du problème alimentaire qui a le mérite de reposer sur des données bien concrètes. La superficie des terres agricoles diminue, soit pour des raisons naturelles (progression des déserts, inondation des littoraux fertiles), soit en raison de choix sociétaux : on encourage par exemple l’exode rural et l’on réduit massivement le nombre de petits paysans. L’objectif poursuivi est de concentrer les terres entre les mains de grands propriétaires qui ne s’intéressent qu’aux grandes parcelles faciles à rentabiliser. Les petites exploitations (en montagne par exemple) disparaissent en de nombreux endroits et ne sont pas remises en culture. La superficie des terres agricoles consacrées aux besoins alimentaires diminue à une vitesse alarmante. Par ailleurs, de plus en plus de surfaces cultivées sont réservées à la production de « nécro-carburants », largement subventionnés, plus rentables à court terme que les cultures destinées à l’alimentation humaine. Troisième facteur (pour ne citer que les principaux), le développement considérable de la consommation de viande, et l’augmentation du nombre d’animaux d’élevage pour répondre à cette demande, augmentent la superficie de terre nécessaire pour nourrir un être humain. Le recours massif aux OGM, outre les problèmes environnementaux considérables qu’il pose, ne permet pas de résoudre cette équation insoluble : plus d’humains à nourrir, moins de terre pour le faire, des rendements qui ne peuvent progresser à l’infini. Je vous fais grâce des aléas climatiques et des conflits qui n’ont jamais été favorables à l’amélioration des récoltes. Face à la gravité de ce problème, à savoir malnutrition massive (à l’heure actuelle, huit cent millions de personnes, au niveau mondial, sont en état de sous alimentation chronique), famines conséquentes à venir, la politique prévisionnelle de gestion de crise est des plus limitée, malgré les appels solennels et les avertissements avisés de certains organismes internationaux comme la FAO. Je vais essayer de développer chacun de ces points dans les paragraphes suivants.
La question qui se pose de façon préliminaire est de savoir si le problème est soluble. La terre peut-elle nourrir neuf ou dix milliards d’individus ou bien faudra-t-il trouver quelques planètes supplémentaires pour subvenir aux besoins de cette population colossale ? Les démographes et les économistes sont loin d’avoir une opinion unanime à ce sujet. Les partisans d’un strict contrôle des naissances (héritiers intellectuels plus ou moins directs de Malthus) estiment que les limites sont bientôt atteintes et que notre planète sera prochainement en surchauffe agricole. Les optimistes à tout va considèrent qu’il y a suffisamment d’espoir quant à la progression des rendements et à la mise en culture de nouvelles terres arables pour n’envisager aucune limitation à la croissance actuelle. Leur credo s’appuie sur des études historiques et certains considèrent même que la surcharge démographique a été, par le passé, l’un des moteurs essentiels du progrès, notamment de l’innovation dans le domaine agricole.
Beaucoup de chercheurs se situent sur une position théorique intermédiaire à laquelle je me rallierai volontiers : la planète peut nourrir dix ou quinze milliards de consommateurs raisonnables mais certainement pas autant de « conso-gaspilleurs », puisqu’elle n’y arrive déjà pas. En 2050, l’agriculture ne pourra sans doute pas fournir la ration alimentaire d’un citoyen américain moyen à neuf milliards d’individus. Pour illustrer ce propos, sachez qu’un habitant des USA consomme environ 100 kg de viande par an, un Français 70 kg et un habitant des Pays en Voie de Développement moins de 10 kg. « La question centrale n’est pas celle de la croissance démographique des pays du Sud, mais plutôt de la diffusion à une grande partie de l’humanité d’un mode de consommation à l’occidentale, si destructeur pour l’environnement » (Stéphane Madaule, démographe). Ces dernières années, dans les pays du Sud dont le niveau de vie s’élève peu à peu, la demande en viande a progressé de 150 % et celle en lait a augmenté de 60 %. 2200 à 2400 calories par jour suffisent à maintenir un individu en bonne santé, sous réserve qu’il s’agisse d’une nourriture équilibrée. La ration quotidienne moyenne d’un américain se situe autour de 4000 (3500 en moyenne pour les pays développés). La production des aliments carnés coûte cher à la planète. Cet exemple chiffré donné par Michel Musolino (prof d’économie à HEC) est très explicite : « Pour produire 1 kilocalorie animale, il faut 7 kilocalories végétales. Pour les 3 500 kilocalories des pays les plus riches, qui contiennent 1 400 kilocalories animales, il faut en réalité produire 11 900 kilocalories végétales. Pour les 2 000 kilocalories du Sud (qui contiennent seulement 80 kilocalories animales), il ne faut en produire que 2480. »
L’agriculture paysanne (petites exploitations familiales) va avoir un rôle déterminant à jouer dans les prochaines années, contrairement à ce qui se produit actuellement. Elle seule a le pouvoir de nourrir cette humanité en expansion : des superficies importantes de terres ne sont pas ou plus mises en culture. Des mesures importantes doivent être prises pour stopper l’exode rural dans les pays du Sud, et encourager le retour à la terre de ceux qui souhaitent s’y installer (sur tous les continents). Si l’on ne veut pas que cette demande reste un vœu pieu, il faut légiférer de façon stricte en ce qui concerne les subventions agricoles accordées aux entreprises dans les pays développés. Il faut que les cours agricoles mondiaux ne soient plus manipulés de façon artificielle par les spéculateurs et qu’un minimum garanti soit versé aux producteurs. La politique actuelle de subvention, de dérégulation des prix, de levée des barrières douanières condamne à la misère un grand nombre de petits producteurs. La politique néo libérale soutenue par les grandes institutions financières mondiales ne peut aboutir qu’à une catastrophe sans précédent. Il est parfaitement anormal que le riz produit aux USA soit vendu moins cher au Vietnam que le grain issu de la production nationale. Tant que le monde agricole continuera à marcher sur la tête, tant que ce seront les grandes multinationales de l’agro alimentaire qui continueront à dicter leurs lois aux politiciens, nous ne trouverons pas d’issue favorable à la crise alimentaire en gestation. Il est évident qu’il ne faut pas maintenir l’agriculture des pays du Sud dans l’état où elle est actuellement, mais le modèle productiviste du Nord n’est pas forcément le modèle à faire adopter de force par les paysans de l’Asie et de l’Afrique. Des méthodes agricoles spécifiques aux besoins et aux capacités de ces pays-là doivent être développées de façon prioritaire. L’agriculture d’auto-subsistance ne doit pas être balayée comme obsolète et remplacée à la va-vite par des cultures destinées à l’exportation et trop soumises aux exigences financières internationales. Les règles définies pour le « commerce équitable » par exemple doivent tenir compte de ce facteur.
Il n’y a pas que le beefsteak des consommateurs du Nord qui compromet l’avenir agricole de la planète ; s’y ajoute maintenant l’épuisement des ressources énergétiques fossiles et le gaspillage forcené qui en est la cause. L’utilisation de terres agricoles pour produire des carburants est un crime contre l’humanité. Les organismes étatiques ou supra-étatiques qui versent des subventions pour ce type de cultures sont complices de ce crime. L’argument employé par certains experts selon lequel il y aurait actuellement une surproduction agricole et que la fabrication d’éthanol permettrait d’écouler les surplus ne tient pas. Ce ne sont d’ores et déjà plus les excédents qui sont raffinés, mais de plus en plus de surfaces agricoles sont dédiées à ce type de production. A force d’être saturées d’engrais et de pesticides en tous genres, certaines terres parmi les plus fertiles sont au bout du rouleau. Il serait préférable d’accepter une baisse temporaire des rendements (et donc de la production) et de profiter de cette occasion pour « soigner » les sols et encourager une reconversion massive vers l’agriculture écologique. Il faudrait aussi que la production agricole ne soit pas soumise à des envolées artificielles des cours, primant la quantité sur la qualité, et que la répartition des cultures soit mieux planifiée. Plus qu’une surproduction, c’est surtout à une mauvaise répartition de la production que nous assistons aujourd’hui. Loin d’être en régression, la malnutrition gagne du terrain, dans les pays pauvres, mais dans les pays riches également. La production des nécros carburants pour régler une partie du problème énergétique à venir n’est qu’un leurre : le bilan carbone de ce type de production est catastrophique, la rentabilité plus que douteuse, l’impact sur l’environnement extrêmement négatif (emploi massif de semences OGM, épandage de pesticides, mainmise des grosses sociétés d’exploitation sur ces cultures). Les bilans triomphalistes exhibés par certains experts sont falsifiés car ils ne prennent en compte qu’une partie seulement des problèmes rencontrés (comme quand on dresse un portrait dithyrambique du nucléaire sans prendre en compte le problème du retraitement de la totalité des déchets par exemple). L’agriculture intensive ruine les sols et ses rendements mirifiques dépendent de plus en plus étroitement des intrants (engrais, pesticides) utilisés en doses croissantes. Dans les pays à climat tempéré, les sols, relativement stables, résistent un certain temps à ce type de culture ; dans certains pays en voie de développement, les paysans se dont d’ores et déjà aperçus que la fertilité des terres diminuait à une vitesse impressionnante et que le coût des investissements nécessaires en matériel et en produits chimiques en tous genres les conduisait directement à la ruine.
Ma conclusion personnelle : le système capitaliste ne permettra jamais de solutionner les grands problèmes qui se posent à l’humanité. Au mieux il ne proposera que des emplâtres sur une jambe de bois et une fuite en avant perpétuelle pendant laquelle la situation de la planète n’ira qu’en s’aggravant. Pour fonctionner et se perpétuer, ce système n’a que deux solutions : nous faire croire sans cesse en de nouveaux mythes (les technocrates sont là pour ça), et encadrer nos vies grâce à des dispositifs sociaux de plus en plus répressifs. La résolution des problèmes (ou tout au moins le fait de faire un pas dans la bonne direction) nécessite une gestion à long terme qui est totalement contradictoire à la philosophie économique et politique du capitalisme. Celui-ci n’a pour objectif que la recherche du profit maximum et immédiat. Les problèmes de nutrition, de pollution, de climat… nécessitent une projection sur de nombreuses années qui est totalement incompatible avec une navigation à vue guidée uniquement par l’intérêt financier d’actionnaires dont les désirs ne sauraient attendre un quelconque ajournement. Pour sauver la planète, il n’y a pas trente six mille alternatives : comme le fait si justement remarquer Hervé Kempf, il faut sortir du capitalisme…
Dans leur grande majorité, les gens ne sont pas conscients de ce problème car le capitalisme a su ériger d’efficaces barrières mentales pour se protéger contre toute tentative de renversement et tend à s’auto-promouvoir comme unique système rationnel… L’éducation donnée à chacun d’entre nous est à la base de ce conditionnement mental ; le travail est ensuite complété par la propagande assidue des médias, pour la plupart à la solde des groupes industriels et de leurs représentants dans le monde politique. La démarche éducative consiste à encourager la compétition et à valoriser la réussite individuelle dans un premier temps ; elle est aussi l’école de la soumission, du respect de la parole et de l’autorité d’un seul. Elle élève en chacun de nous de solides barrières mentales et prépare nos esprits au formatage dont les médias vont se charger ensuite : la réussite se mesure à l’aune de la richesse matérielle ; le monde est immuable et ne saurait être changé ; en retroussant ses manches, chacun peut trouver sa place du côté des « gagnants » ; d’autres, plus compétents, mieux informés, touchés par la grâce divine, sont là pour décider à ta place… Sois pauvre et tais-toi, ou bien écrase suffisamment tes congénères pour avoir le droit de manger dans l’écuelle des maîtres. Je ne pense pas qu’un tel conditionnement nous prépare vraiment à trouver une solution aux problèmes majeurs qui se posent pour l’avenir.
Il faut reconnaître qu’il est plus facile de chercher une solution individuelle illusoire au naufrage collectif. Il est moins angoissant également de croire à un mythe quelconque, de courir après un mirage resplendissant, plutôt que de se coltiner à une réalité finalement bien triste, surtout après avoir dépensé l’essentiel de son énergie à assurer sa survie à court terme. Bienheureux ceux qui croient qu’un Dieu rédempteur, l’atome tout puissant, la magie des OGM ou la béatitude virtuelle des nouveaux médias, suffira pour repeindre le mur de l’horizon en rose. Bienheureux ceux pour qui la projection vers l’avenir se limite à la météo du week-end, aux promotions de l’hypermarché voisin, ou à la victoire de leur candidat/te préféré/e au jeu débile du moment ou aux prochaines élections présidentielles. Comme disent certains illuminés : « la porte des cieux leur est grande ouverte ». Personnellement, même si je ne suis pas un militant convaincu, j’ai un peu du mal à avaler toutes ces couleuvres, surtout depuis que j’ai cessé de subir les cours de catéchisme de mon enfance.
Il n’en reste pas moins qu’une prise de conscience collective des vrais problèmes et de l’urgence de leur résolution (avec tout ce que cela peut comporter comme désagréments) est une nécessité vitale pour l’humanité, à moins que, finalement, nous ne préférions crever sur notre sofa, la tête enfouie dans les coussins de soie au milieu des ordures. Ce n’est pas ma façon de voir les choses. Je ne crois guère aux miracles, et l’hypothèse d’un « grand soir » qui règlerait tous les problèmes d’un coup de baguette magique me paraît relever d’un délire peut-être sympathique mais totalement irréaliste. Tout doit être mis en œuvre pour développer de nouvelles relations entre les individus, sur tous les plans. De nouveaux réseaux économiques, reposant sur un système de valeurs totalement différent, doivent être mis en place. Construire, en marge de ce système, tout ce qui peut être construit de nouveau afin d’expérimenter ; veiller à placer un maximum de grains de sable dans les mécanismes trop bien huilés de cette société inégalitaire ; ne perdre aucun temps précieux dans des luttes qui n’ont pour objectif final que d’habiller d’oripeaux flamboyants une triste réalité où la grisaille domine. Lorsque nous aurons avancé suffisamment sur ce chemin-là, sans doute rencontrerons-nous alors un « point de rupture » car il est illusoire de penser que ce vieux monde se laissera dépouiller sans se défendre. Nous verrons alors quelle forme doit prendre le dernier coup de pied dans la fourmilière… D’ici là, comme le dit si bien le bandeau en tête du blog « Utopies Libertaires », « plutôt que d’attendre un Grand Soir, construisons nos petits matins ». J’ajouterais bien : « qui chantent de préférence mais dépêchons-nous car il y a urgence ! » Il y a du monde autour de la table et les problèmes planétaires liés à la surexploitation s’accumulent plus vite qu’ils ne se résolvent… Pour boucler (de façon provisoire) cet article déjà fort long, je vais emprunter une autre conclusion, celle du dernier texte rédigé par Patrick Mignard que vous pouvez lire en version complète sur différents sites internet, en particulier sur « l’en-dehors ». L’auteur n’aborde pas le dossier de la croissance démographique, mais dresse un bilan pessimiste et néanmoins réaliste des manifestations du 1er mai et des dernières luttes syndicales :
« L’avenir n’est pas dans les promesses des politiciens et des élus… ce ne sont que les gestionnaires d’un système qui nous conduit à la catastrophe,… on le vérifie tous les jours.
L’avenir n’est pas non plus dans une insurrection qui sera écrasée par les mercenaires militaires et policiers des états garants de la pérennité du système marchand.
L’avenir est dans les initiatives multiples et multiformes qui contournent et finiront par affaiblir ce système en décomposition. Tout ne se fera pas spontanément.
La destruction de rapports sociaux dominants doit-être compensée par la mise en place de nouveaux rapports sociaux,… là est toute la question…que personne ne se pose actuellement.»
NDLR – source des illustrations – photo 1, origine non identifiée – photo 2, Feuille Charbinoise – photo 3, auteur Guy Lebègue via Wikimedia Commons, licence Creative Commons – photo 4, une affiche des Verts – photo 5, la couverture d’un livre dont le titre me paraît bien choisi – photo 6, Feuille Charbinoise.
4mai2010
Posté par Paul dans la catégorie : Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire; Un long combat pour la liberté et les droits.
Révoltes normandes sous l’ancien régime
Il y a peu, nous parlions dans ces colonnes de la révolte des Pitauds, et peu de temps auparavant de celle des Rustauds. Les soulèvements populaires ont été si nombreux dans l’ancien temps, que les historiens n’ont pas toujours pris la peine de leur donner un nom. Certaines de ces révoltes n’ont même pas laissé de traces dans la mémoire collective. Elles ont pourtant lourdement marqué les milliers d’hommes et de femmes qui s’y étaient engagés. Selon l’historien Pierre Goubert, on dénombre plus d’un millier de soulèvements populaires dans le royaume de France du règne d’Henri IV à la mort de Louis XIV (qui ne marqua pas leur fin, bien au contraire). Le cadre de certains d’entre eux était strictement urbain, mais beaucoup enflammèrent les campagnes. La plupart de ces révoltes, que l’on qualifiait souvent d’ « émotions », avaient un point commun : elles ne s’opposaient pas fondamentalement au régime monarchique, mais elles en dénonçaient les excès, fiscaux en particulier, dont le peuple ressentait durement le poids et l’injustice. Parfois c’était la rareté et la cherté du pain qui mettaient le feu aux poudres, en d’autres occasions le comportement de la soldatesque, mais le plus souvent c’était la hausse ou la création de nouveaux impôts, toujours jugés excessifs… On ne critiquait pas le souverain du moment, mais les représentants de son administration, les fermiers ou à défaut leurs commis ainsi que les intendants. Bien souvent, on faisait appel au sens de la justice du monarque ; au pire on l’admonestait gentiment, lui reprochant son indifférence ou lui demandant de calmer les ardeurs de ses collecteurs. Plus qu’un véritable appel au changement social, ces troubles se référaient souvent à un âge d’or idyllique : « jamais les choses ne se seraient passées ainsi du temps de… » Peuple naïf qui dut subir cette oppression terrible pendant des siècles avant d’essayer de la renverser… Peuple oublieux qui ne s’aperçut pas, en 1789, qu’il se laissait déposséder de sa victoire contre la noblesse et ses privilèges, par de nouveaux parvenus… Peuple finalement peu rancunier qui, à la fin du XVIIIème siècle acclamait ceux qui, peu de temps après, l’enchaineraient à nouveau.
Loin de moi l’idée de consacrer une chronique de mémoire à chacun de ces grands « émois ». Pour beaucoup, d’ailleurs, on ne possède que fort peu de documentation, même si les publications plus ou moins officielles de l’époque, comme le « Mercure » ou la « Gazette de France », en rendaient régulièrement compte (en ce qui concerne la chronique d’aujourd’hui, c’est le cas par exemple pour la jacquerie des « Nu-pieds »). Mon tour de France des soubresauts d’humeur dans les régions continue néanmoins, histoire de montrer d’une part l’ampleur du phénomène, d’autre part le fait que nos ancêtres n’avaient point trop l’habitude de se laisser marcher sur les pieds ! Après Lyon et ses Canuts, l’Alsace et ses Rustauds, la Guyenne et ses Pitauds… tournons-nous du côté de la Normandie, du côté de La Chapelle Gautier plus précisément puisque c’est dans cette bourgade que se produisit l’un des soulèvements les plus importants de la région.
L’histoire débute en avril 1589, pendant la huitième période des guerres de religion, baptisée « guerre des trois Henri » puisqu’elle oppose le roi de France Henri III, catholique modéré, Henri de Navarre (futur Henri IV), Huguenot, et les partisans de Henri de Guise, catholiques forcenés, partisans de l’extermination des Huguenots. Jusque-là, la région de Basse Normandie avait été plutôt calme et relativement prospère. La situation s’est très vite dégradée pour les paysans : impôts de plus en plus élevés pour soutenir l’effort de guerre, affrontements incessants entre les deux religions ennemies, nombreux mouvements de troupes avec tout ce que ce phénomène peut entrainer comme actes de pillage et de barbarie. C’est le viol d’une jeune femme par les soldats qui va servir de prétexte au déclenchement du soulèvement populaire. Au son du tocsin, quelques 6000 paysans se rassemblent à la Chapelle Gautier (Eure) et choisissent pour chef l’un d’entre eux, un dénommé Vaumartel. Les Ligueurs catholiques, sous les ordres du Comte Charles de Cossé-Brissac, voient dans ce mouvement de révolte l’occasion d’augmenter les désordres dans la région et de créer quelques ennuis supplémentaires au « parti huguenot » (Henri III, jugé trop mou, accusé de trahison, est souvent assimilé à ce parti par les Ligueurs). Leur principal adversaire du moment, le Duc de Montpensier, est en train d’assiéger les partisans du Duc de Guise à Falaise, et le sort de la ville est des plus incertains. Cossé-Brissac, bien qu’il ne prête aucune attention aux demandes des paysans, saisit l’opportunité qui se présente et demande à Vaumartel de ranger ses troupes sous sa bannière. Il espère ainsi faire lever le siège de Falaise. Il faut noter à ce propos que les choix politiques des uns et des autres sont parfois difficiles à suivre dans cette période plutôt trouble. Le cas du Duc de Montpensier est assez significatif : ce noble, quoique catholique, n’a pas rejoint la Ligue et va d’ailleurs apporter son soutien à Henri IV qu’il considère comme candidat légitime à la monarchie, après la mort d’Henri III – d’où une certaine confusion que l’on peut trouver dans les récits concernant la révolte des Gautiers. En avril 1639, Henri III est encore vivant puisqu’il ne sera assassiné qu’un peu plus tard, au mois d’août, par le moine fanatique Jacques Clément.
La première phase du plan de Cossé-Brissac se déroule comme il l’espérait. Le Duc de Montpensier quitte les murailles de Falaise et se porte au devant de l’armée très composite qui marche vers la ville. La situation militaire évolue très vite de façon déplorable pour les Gautiers. Lors d’une première bataille importante aux environs des villages de Pierrefitte et de Villers, l’armée censée secourir Falaise est battue à plate couture par les troupes royales. Les pertes sont considérables pour les insurgés. Leur chef, Vaumartel, meurt lors de ce combat ainsi qu’un bon millier d’entre eux. Cossé-Brissac, plus soucieux de sa propre survie que de celle de tous ces va-nu-pieds, se réfugie à Falaise avec une partie de sa troupe. Les paysans en armes fuient en direction de Vimoutiers. Plutôt que de reprendre le siège de Falaise qu’il estime risqué, compte-tenu de l’arrivée des renforts, le Duc de Montpensier préfère traquer les restes de l’armée des Gautiers. La répression est féroce dans un premier temps et de nombreux paysans sont exécutés. Finalement le commandant de l’armée royale accorde une amnistie aux derniers survivants : ils sont autorisés à rejoindre leurs habitations afin de s’occuper de leurs récoltes, en échange d’un engagement à ne plus jamais porter les armes contre le roi. Avec la publication de l’Edit de Nantes, en 1598, le calme va revenir dans la région, mais seulement pour quelques décennies.
Un nouveau soulèvement éclate en basse Normandie, juste un demi-siècle plus tard, en juillet 1639. Ce second mouvement est connu sous le nom d’insurrection des « Nu-pieds ». Il va être plus violent, mieux organisé et par conséquent d’une plus grande ampleur que celui des Gautiers. La cause en est cette fois essentiellement fiscale. Tout au long du XVIème siècle la hausse des impôts a été relativement modérée. A partir de 1630, à cause de l’explosion des dépenses et « grâce » à une amélioration du centralisme administratif, la pression financière augmente considérablement sur les couches populaires. Selon l’historien Yves Marie Bercé, « La croissance des taxes prit des proportions inouïes, parmi les plus brutales de l’histoire de la fiscalité », et ce dès l’année 1632. Le montant des Tailles est multiplié par deux ou trois et leur recouvrement devient de plus en plus problématique. Le gouvernement, sous les auspices de ce bon Monsieur le Cardinal de Richelieu, décide d’une politique fortement répressive à l’égard des paroisses où le montant des impayés s’avère trop important. Les intendants envoient leurs huissiers accompagnées de compagnies de soldats (les carabins). Ces gens s’installent dans les communautés endettées et y séjournent aux frais des habitants jusqu’à ce que les arriérés soient payés. On procède à de nombreuses saisies de biens, et parfois même à des contraintes par corps (emprisonnement) lorsque le paiement ne se fait pas assez vite. La colère de la population augmente en conséquence. En juillet 1639 donc, les paysans normands, exaspérés par le comportement des carabins, se soulèvent à nouveau. La cause directe de ce nouvel émoi est une rumeur qui se propage dans la province selon laquelle celle-ci devrait être soumise à la gabelle, taxe particulièrement impopulaire. Quelques agents du fisc sont malmenés, voire même purement et simplement trucidés, comme Charles le Poupinel, collecteur des impôts à Avranches… Le 12 août à l’occasion du marché de Vire, des paysans très remontés, auxquels se joignent les habitants des faubourgs, s’en prennent aux conseillers de l’élection (juridiction fiscale) réunis pour débattre des affaires courantes. Ils se livrent à un « caillassage » en règle des notables qui sont obligés de s’enfuir par les fenêtres du bâtiment où ils étaient réunis, afin d’échapper au pire. L’un d’entre eux, le Sieur de Sarcilly est estourbi à coups de bâton. Les émeutiers s’emparent de tous les papiers qu’ils peuvent trouver et en font grand feu de joie sur la place du marché (raconté par Yves Marie Bercé dans son ouvrage « croquants et nu-pieds ») . L’étincelle a jailli : le feu s’embrase…
L’effectif des « nu-pieds » est évalué à environ 20 000 hommes. Ils s’organisent en bandes armées d’environ 4000 combattants appelées « armée de souffrance » et se livrent à des expéditions de plus en plus audacieuses contre les agents du fisc. Ils marchent sur la ville de Rouen dont ils s’emparent sans difficulté. A leur tête se trouve un personnage singulier, Jean Quetil, qui se donne lui-même le surnom de « Jean Nu-pieds ». La révolte ne touche pas que les paysans : d’autres catégories sociales, parmi les plus démunies (ou parfois simplement frustrées), se joignent à eux. Comme le soulèvement des Gautiers, celui des Nu-pieds a une connotation fortement religieuse. Les révoltés se donnent pour patron Saint Jean Baptiste, et de nombreux curés (comme ce sera le cas plus tard pour les Pitauds) se joignent à l’insurrection. Celle-ci a par ailleurs un caractère fortement régionaliste : dans les manifestes rédigés par les éléments les plus lettrés du mouvement, les allusions ne manquent pas à l’âge d’or normand, celui où les Ducs régnaient sur la province et où le montant des impôts n’était pas fixé « ailleurs », par des étrangers à la belle Province. Tout ceci n’est guère du goût du Cardinal de Richelieu qui décide de mater la rébellion de façon énergique de manière à faire un exemple servant de leçon à tous ces manants… Nous sommes en pleine période de marche forcée vers la centralisation dans le royaume et il n’est pas question de s’opposer à ce mouvement : seule la volonté du Roi importe (note : toute ressemblance avec un quelconque processus de mise en place d’une constitution européenne au XXIème siècle n’est que purement fortuite !) Richelieu charge de cette mission délicate le colonel Jean de Gassion, sous le commandement du chancelier Pierre Séguier. Gassion exécute les ordres à la lettre et de manière particulièrement zélée. Le 30 novembre 1639 les Nu-pieds sont vaincus à Avranches, malgré une résistance acharnée pour défendre la ville. Les responsables du mouvement sont jugés et exécutés. Au nom de la justice royale, de nombreuses villes normandes sont privées de leurs privilèges. Un certain Barnabé du Laurens de la Barre joint ses efforts à ceux de Gassion, et la réputation des deux hommes est particulièrement sinistre dans les campagnes normandes. La ville la plus touchée est Rouen : Pierre Séguier loge ses soldats chez l’habitant et fait régner la terreur dans les environs. Aucune distinction n’est faite entre ceux qui sont restés fidèles au Roi et ceux qui se sont révoltés. Tous sont traités avec la même cruauté. La ville est condamnée à payer une amende d’un million de livres et son parlement est suspendu. En janvier 1640, six mois après avoir débuté, le brasier est éteint dans la souffrance et les larmes… Le calme règne en Normandie… Quelques années plus tard, le jeune Louis XIV ne manquera pas de récompenser ses bons et loyaux serviteurs !
30avril2010
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog.
Si je n’ai pas beaucoup écrit ce mois, j’ai par contre pris le temps d’effectuer mes visites quotidiennes sur mes blogs et mes sites d’infos préférés. Quoiqu’en disent certains esprits chagrins, si l’on s’amuse à comparer la qualité et surtout la « profondeur » des infos que propose la télé avec celles que l’on peut trouver sur internet en se donnant un peu de mal, il y a pas photo, la télé se complait dans le spectaculaire et l’approximatif. Exemplaire à ce propos est le travail de réflexion proposé sur le dossier « brûlant » du moment, celui des retraites. Là où JT et magazines télévisuels se limitent à des clichés et à des raisonnements pré-mâchés, on trouve sur la toile un ensemble de publications vraiment remarquables. Certes, je suis déjà un sale privilégié de retraité et la discussion sur l’âge de départ à la retraite devrait me laisser indifférent. Ce n’est pas le cas, pour diverses raisons, toutes n’étant pas aussi altruistes qu’il pourrait sembler. Le débat sur la retraite par distribution a déjà largement été amorcé en 2003 lors d’un mouvement de grève mémorable, lequel, soit dit en passant, avait déjà été saboté par un certain syndicat – qui s’apprête, après un dernier baroud d’honneur, à capituler (presque) sans conditions devant les diktats gouvernementaux. Depuis, il y a eu la fameuse « crise financière » et ses avatars boursiers, et le débat « capitalisation-répartition » a un peu quitté le devant de la scène. Nos dirigeants, ne manquant pas d’imagination, ont décidé de reposer le « problème des retraites » en centrant le débat sur une soit disant impossibilité d’arriver à les payer d’ici peu. Derrière cette question, se profile donc un autre problème que celui de l’âge du départ , à savoir le niveau de vie que les pensions versées autoriseront encore à leurs bénéficiaires dans les années à venir. Certes, on ne va pas paniquer un électorat inquiet en annonçant des coupes sombres dans le montant de ces versements, mais, concrètement, à force de les réévaluer de façon bien inférieure à celle de la hausse du coût de la vie, on arrivera, bon an mal an, au même résultat. Bien que n’étant pas d’un naturel pessimiste, je ne peux m’empêcher de penser que nous allons vers une baisse des revenus régulière de la tranche la moins fortunée de la population. D’ici quelques années, on pourrait bien voir les retraités du privé ou de la fonction publique dépourvus de bas de laine, en être réduits, comme en Russie par exemple, à vendre des bottes d’oignon ou de poireaux sur le pas de leur porte. Cette année par exemple, la hausse gracieusement accordée par le Ministre de la Fonction Publique ne fait que compenser l’augmentation du tarif des Mutuelles santé… Sans être un consommateur frénétique, j’ai quand même quelques besoins à couvrir et je ne me réjouis nullement de voir mon pouvoir d’achat promis à une baisse certaine, même si cela fait exulter certains écologistes radicaux de ma connaissance…
Beaucoup de textes passionnants sur les retraites donc, à lire avant qu’il ne soit trop tard, car l’espèce de fatalisme crétin consistant à dire « de toute façon moi, une retraite, je n’en toucherai pas » et à se désintéresser du problème, répond parfaitement aux attentes du gouvernement de droite en place ainsi qu’à celles d’un éventuel gouvernement de gauche molle à venir. Retroussez vos manches et chaussez vos lunettes ! Je vous propose un premier lien sortant un peu des sentiers battus. « Les retraites, déplacer le débat », c’est une publication de Bernard Friot, un extrait du livre qu’il vient de publier « l’enjeu des retraites ». Le passage publié donne envie de lire le bouquin tant l’argumentation paraît solide. On peu le consulter sur le site « Institut Européen du Salariat« . Je vous rassure tout de suite : ça n’a rien d’un brulot gauchiste ; ça n’a rien d’utopiste non plus : c’est clair, logique et rigoureux. Un très bon article aussi sur la question a été publié sur « Contre info », et repris sur « Humeurs » : il s’agit d’un document rédigé par le mouvement ATTAC et la fondation Copernic. Ça s’appelle : « Dix contrevérités sur les retraites » et cela complète bien le travail de Bernard Friot.
Du social à l’écologie il n’y a qu’un pas. Certains hésitent à le franchir mais d’autres le font sans peine. Les médias nous ont gavé d’informations sur le sommet de Copenhague consacré au réchauffement climatique, mais ont été plus discrets à propos du sommet de Cochabamba en Bolivie. Il s’agissait là de la première conférence des peuples sur le changement climatique. L’événement a eu lieu du 20 au 25 avril et a mobilisé de nombreuses énergies puisque près de 35 000 citoyens/ennes ont fait le déplacement. Je ne dirais pas que les conclusions de cette rencontre ont été beaucoup plus constructives que celles de Copenhague, mais la déclaration finale a quand même une toute autre « saveur ». Vous pouvez la lire en entier sur un très bon site québecois d’information qui se nomme « Presse toi à gauche ». Le camarade Moralès s’y est couvert de gloire par une déclaration assez mal tournée sur le poulet aux hormones et l’homosexualité… Les camarades journalistes se sont empressés de saboter la traduction, histoire de faire passer cet Amérindien « primitif » pour un débile complet. On peut avoir un compte-rendu intéressant du congrès sur Bastamag, et un point de vue nettement plus critique sur Article XI. La « Feuille Charbinoise » ne veut pas manipuler ses lecteurs/trices et se fait un plaisir de vous offrir des opinions divergentes mais néanmoins complémentaires. Mon point de vue personnel, c’est que le logo, symbole de la rencontre, est joli et c’est pour cela que je l’ai choisi pour orner ce brillant paragraphe. Avant de quitter l’écologie, et puisque nous sommes en l’an de grâce 2010, année – paraît-il – de la biodiversité, allez donc jeter un petit coup d’œil sur l’état des forêts dans le monde et surtout sur la superficie qu’occupent encore les forêts dites « intactes » et non « primitives » (ce n’est pas la même chose).
Parmi les événements qui ont relativement peu interpellé les médias français, mais nettement plus leurs confrères espagnols, je note les mésaventures survenues au juge anti-terroriste Balthasar Garzón, le vilain magistrat qui avait décidé de plonger son nez dans les dossiers peu reluisants de la période franquiste. Il s’intéressait notamment aux exécutions sommaires de militants/tes républicain/nes et voulait que l’on exhume les corps enterrés dans de nombreux charniers afin de leur redonner une identité. Ce dangereux personnage voulait aussi fouiner dans les histoires d’adoptions forcées. Toutes ces gesticulations ont eu le don d’énerver l’extrême droite espagnole et son bras religieux l’Opus Dei. Le règlement de comptes en cours montre que les nostalgiques du Franquisme ont toujours le bras long. Le juge Garzon est poursuivi par le Tribunal suprême qui lui reproche d’enfreindre, « sciemment » selon l’accusation, la loi d’amnistie générale votée en 1977, deux ans après la mort de Franco. Le juge est menacé de révocation pure et simple. Sur son blog, Mo(t)saïques, JEA fait une excellente analyse de l’affaire. En prolongement on peut lire sur « Bellaciao » un article intitulé « Des milliers de manifestants en faveur du juge Garzón » qui décrit la réaction populaire à cette menace : manifestations, pétitions, une partie de la gauche espagnole se décide enfin à prendre fait et cause pour le remuant magistrat. Profitez de votre passage sur Mot(s)aïques pour lire les autres textes du mois ; JEA est en forme et a publié nombre de chroniques passionnantes pour consoler les victimes d’une Feuille Charbinoise plutôt ramollie.
Très en forme aussi, la Mère Castor qui a publié un excellent roman photo intitulé « une aventure de Paquito et Pépita ». Ne me volez pas dans les plumes, je vous ai prévenus que c’était dans un registre différent ! Moi j’adore… Vous pouvez aussi accompagner Clopine dans son bref séjour à Venise (encore un registre différent) ou baguenauder à Paris sous l’arbre à palabres de Zoë. Certes ces blogs sont dans les liens permanents mais une petite piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. Parmi les sites découverts ce mois-ci, je vous signale le « blog de la rue Goudouly« , qui publie de nombreux articles intéressants. Il s’agit souvent, comme dans « humeurs de Jean Dornac », de reprises de textes publiés ailleurs, mais les synthèses sont toujours enrichissantes.
Ce cher BHL a occupé, à plusieurs reprises, la une de l’actualité lors du premier trimestre. Pour aller plus loin que l’histoire du « canular » dans lequel il est tombé à pieds joints et qui montre bien les limites du personnage, je vous incite à lire un courrier de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, fort instructif sur les méthodes employées par notre philosophe médiatique, s’instaurant directeur universel des consciences. Le titre de l’article excitera je l’espère votre curiosité : « BHL n’est pas seulement ridicule, il est surtout dangereux. » J’y ai notamment appris le fait que notre bien aimé philosophe de salon était président du conseil de surveillance d’ARTE. Ceci explique sans doute le recadrage de la chaîne en ce qui concerne infos et documentaires au sujet du problème palestinien. Je me souviens de plusieurs reportages remarquables, diffusés il y a quelques années, notamment sur la construction du mur de la honte et ses conséquences pour les paysans palestiniens… La chaine est de plus en plus discrète sur le sujet. Exprimer une opinion critique à l’égard de la politique du gouvernement israélien devient par ailleurs de plus en plus difficile dans l’hystérie ambiante. Un article du Monde.fr fait le point de façon sensée sur cette question.
J’ai gardé pour la fin un site tout à fait adapté à une veille de premier mai. Vous pourrez y écouter, la larme à l’œil si vous avez l’age nécessaire, quelques belles chansons qui ont enchanté nos jeunes années révolutionnaires. J’ai un petit souvenir ému pour la tentative avortée que nous avons faite de monter la pièce de Wolinski, « je ne veux pas mourir idiot », en 1970. L’une des plus belles chansons de ce morceau d’anthologie, c’était « la Révolution » écrite et interprétée par Evariste… Dommage qu’elle ne passe jamais sur « radio Nostalgie » !!! Le début des paroles pour vous mettre en condition :
« Le père Legrand dit à son p’tit gars
– Mais enfin bon sang qu’est-ce qu’y a
Qu’est-ce que tu vas faire dans la rue fiston?
– J’vais aller faire la révolution
– Mais sapristi bon sang d’bon sang
J’te donne pourtant ben assez d’argent
– Contre la société d’consommation
J’veux aller faire la révolution
La Révolution! La Révolution!…»
addenda : je conseille à ceux que la lecture des textes sur la réforme des retraites n’aurait pas découragés, de prolonger leur devoir de réflexion en lisant une analyse rigoureuse de la dernière étape en date de la crise financière. Il s’agit d’un texte de Pierre Rimbert publié sur le site du Monde Diplomatique, intitulé « Crise financière, les six étapes d’un désastre« . La démonstration est suffisamment limpide pour être compréhensible y compris pour quelqu’un qui n’est pas à l’aise avec le jargon économique. (ajouté le 1/05/2010)
26avril2010
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Notre nature à nous.
Non, je ne publie pas aujourd’hui une autocritique exclusive des programmeurs de Windows. D’abord ça ferait plus de dix ans et ensuite ça pourrait laisser envisager que j’ai une nette préférence pour Mac OS et Apple, ce que l’on ne dit pas, histoire de ne pas relancer une polémique aussi stérile qu’éternelle… Non je vous parle du terrain qu’on a récupéré grâce à un échange de propriété en 2000 et que l’on essaie, peu à peu, de faire évoluer du stade initial « champ de maïs » à un stade final indéterminé auquel on a bien du mal à donner un nom : parc ? parc arboré ? arboretum ? Aucun des qualificatifs ne correspond vraiment. Le terme de parc laisse entendre que l’on habite un château et ça me gêne un peu aux entournures, d’autant qu’habiter un château cela laisse supposer qu’on aurait les moyens financiers de faire bosser quelques sous fifres dûment salariés à notre place pour « paysager », planter et entretenir…. Nous n’en sommes malheureusement pas là et nous cumulons les emplois non rémunérés mais néanmoins indispensables au bon fonctionnement de cette neuvième merveille du Dauphiné en devenir. Chaque année, l’arrivée du printemps est à la fois enthousiasmante et stressante, car nous savons qu’une avalanche de travaux va nous tomber sur le paletot, les tâches en retard ayant le don de s’ajouter aux nouveaux travaux liés à la saison. Depuis quelques années j’ai découvert deux choses fondamentales : d’une part le temps n’est pas extensible et chaque nouvelle activité qui s’ajoute en élimine automatiquement une autre à laquelle on s’adonnait au préalable ; d’autre part il y a une pièce particulièrement fragile dans le dispositif ambitieux que je mets en place pour répondre à la demande saisonnière… il s’agit du dos du travailleur. Au sortir de l’hiver, quand on charrie les premières brassées de bois ou qu’on creuse les premiers trous pour de nouveaux végétaux à mettre en place, je m’aperçois que ma colonne vertébrale n’est pas constituée de pièces de Légos techniques et qu’elle est parcourue par un réseau de nerfs particulièrement sensibles. A moins que je ne me trompe aussi sur les Légos : peut-être ceux-ci souffrent-ils quand on les manipule à tort et à travers.
Comme la charge de travail printanière habituelle ne devait pas me paraître suffisante, j’ai décidé aussi de construire un nouveau local, spatieux et rationnel, pour installer ma chaudière à bois et l’ensemble des dispositifs complexes qui accompagne ce système de chauffage a priori pourtant « naturel » : un ballon pour ceci, un ballon pour cela, une collection de tuyaux, de vannes, un branchement pour un chauffe-eau solaire dont l’installation a été sagement reportée à l’année prochaine…. Une vraie centrale nucléaire sans plutonium si j’en juge par la doc que m’a laissée mon plombier, et par les schémas que j’ai trouvés sur les sites de bricoleurs fous sur Internet. Déjà l’ancienne installation, j’avais dû numéroter les robinets pour m’y retrouver… alors la nouvelle, faudra envisager une gestion avec un système informatique (qui ne plante pas !). Donc, entre deux paniers d’herbe à la tondeuse, un petit retournement de tas de compost et quelques sarclages de pommes de terre, je m’adonne avec joie au plaisir de la bétonnière que l’on remplit pour la vider aussitôt, et aux exercices d’équilibre sur échaffaudage avec parpaings en béton à bout de bras. Parfois je me mélange un peu et j’en viens à observer l’allure de mes pommes de terre avec un fil à plomb ou à envisager un scellement au prompt pour une salade qui penche un peu sur sa racine… Rien de bien grave jusqu’à présent puisque je n’essaie pas de « greliner » ma dalle en béton ou de semer des radis dans les trous des moëllons. Mais quand même, l’excès de travail, c’est clair, ça travaille le mental (en plus du physique !).
Vous noterez avec quelle habileté je vous ai déroulé ces deux paragraphes, chapelet d’excuses faciles, avant de vous parler de l’état de friche dans lequel somnole le blog en ce moment. Je tourne au ralenti en ce qui concerne l’ordinateur et je me contente de rédiger des chroniques qui s’arrêtent au bout d’une dizaine de lignes, en me disant que dès que j’aurai une heure ou deux il faudra que je développe car l’idée est intéressante. Notez bien qu’il suffirait que le baromètre se dérègle un peu et que le mauvais temps s’installe pour qu’une avalanche de chroniques vous tombe sur le coin de la figure comme des parpaings bien mûrs. Il n’y a en effet nulle velléité de ma part d’abandonner ce blog parce que je serai fâché par les Huns ou par les zôtres. J’avoue même que l’absence de ma dose d’écriture quotidienne me manque un peu, mais que voulez-vous, il faut savoir parfois souffrir un peu et répondre ainsi à l’appel de la destinée : la mienne est de planter des arbres et des arbustes. Une infirmière psychopathe a dû me faire en douce une piqûre de Giono quand j’étais un peu plus jeune. Je suis investi d’une mission non divine (pour un assimilé libertaire ce serait le comble) et je ne peux y échapper. D’autres quêtent le graal ou veulent bouter les hordes étrangères de France (un sacré boulot aussi quand ils auront réalisé – ces cons-là – que nous sommes tous plus ou moins étrangers à ce pays à un moment donné de notre histoire généalogique)…. Moi, je plante, au grand dam de ma chère et tendre compagne qui me suit vaillamment dans cette aventure délirante. Ce comportement pathologique reste incompris par beaucoup de mes visiteurs ; un certain nombre d’entre-eux estime qu’un comportement plus « sain » pour un retraité serait sans doute de passer d’un trois étoiles en Andalousie à un camp d’internement pour touristes en Crète, en prenant du « fun » à bronzer au bord de la piscine… Je m’y vois tout à fait, dans ce rôle là, le tube de crème solaire à la main, vautré dans une chaise longue en train de compter mes orteils pour voir si j’en ai toujours cinq à chaque pied. Pour que je me fasse prendre au piège, il faudrait au minimum que l’hôtel soit autogéré et que les clients soient incités à mettre la main à la pâte pour construire les bungalows…
La « Feuille charbinoise » va donc avoir une nouvelle utilité pour vous : il se pourrait bien qu’elle remplace la grenouille dans le bocal météorologique. Ça donnerait un truc du genre : » tiens, il a publié une chronique… il pleut ou il vient de pleuvoir » ou alors « il ne publie plus que des commentaires laconiques de temps à autre, la pression atmosphérique est élevée, il fait chaud et beau (ou l’inverse, c’est une contrepèterie) dans le Dauphiné du Nord-Est, là où on s’est fricoté avec ces sacrés Savoyards pendant pas mal de siècles. Ils font les malins ceux-là parce que ça fait 150 ans qu’ils sont rattachés à la France… Le jour où les tarés qui rêvent de bouter les étrangers hors du monde auront les pleins pouvoirs, ils sont mal barrés nos gentils montagnards… Cent cinquante ans, à l’aune de l’histoire de l’humanité, ça ne pèse pas lourd. Seuls ceux qui pourront prouver que leurs ancêtres habitaient Lascaux et autres HLM de la préhistoire en Dordogne ou dans les Pyrénées (sur le bon versant) auront le droit de rester. Ils ne sont pas nombreux ceux-là. Mes quartiers de francitude ne remontent qu’au XVIème – XVII ème siècle en ce qui me concerne. Je ne suis pas sûr d’avoir le droit légitime à la nationalité du béret et de la baguette. De surcroît j’ai hérité des terres agricoles de mes proches ancêtres mais pas de leurs convictions religieuses, alors…
Bon tout ça ce n’était qu’une introduction, un prétexte à publier une jolie série de photos de notre jardin, parc, arboretum… Si ça vous dit de venir visiter, n’hésitez pas, on aura toujours une pelle, pioche, brouette, tondeuse, fourche (rayer les mentions inutiles) à vous confier… Et puis la saison des amélanches approche !
Commentaire des photos : peu d’arbres, surtout des arbustes plus spectaculaires en cette saison. Rassurez-vous, les arbres auront leur « mosaïque » pour eux tout-seuls dans quelques semaines. En cliquant sur les images on peut les agrandir. Si l’une d’entre-elles vous plait particulièrement, envoyez un courrier sympa et je vous l’enverrai « personnellement » en plus grande résolution, dès que l’heure de la prochaine sieste aura sonnée. (1) travaux d’agrandissement de la maison « des maîtres » ! – (2) la floraison du pommetier est toujours aussi extraordinaire – (3) Par devant ce sont des coeurs de Marie, par derrière des spirées japonaises – (4) L’entrée du clos où nous allons construire notre future cabane – (5) Gloire au père David et à son érable – (6) qui va gagner la guerre ? bambous ou pissenlits ? on se demande… – (7) un lilas fleuri, classique mais charmant et surtout odorant ! – (8) une partie de la rocaille – (9) un « rond » de spirées avec un photinia au milieu : c’est très seyant – (10) Nuances de rouge sur Berberis, photinia, prunus, lilas et autres – (11) Viorne boule de neige s’apprêtant à bouledeneiger intensivement – (12) Viorne plicata en boutons et chèvrefeuille de Tartarie (encore un métèque) – photos © Monsieur ou Madame Feuille-Charbinoise.
19avril2010
Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique.
Je me demande comment ça s’écrit « Al-Quaïda » en islandais contemporain. Il paraît que cette langue, particulièrement difficile à déchiffrer et à prononcer, ressemble étonnamment à la langue originelle des vikings qui ont peuplé l’Ile… Peut-être qu’un/e lecteur/trice pourra répondre à cette épineuse question…
Les deux mains dans le béton et le nez à ras les pâquerettes pour désherber les carottes avec les pieds (essayez la figure !), j’ai quand même réussi à suivre l’actualité de près, avec une télé cassée en plus (comme quoi la télé…). Plus le temps passe, plus ils m’amusent ces Islandais. Alors que dans tous les livres d’histoire du cours élémentaire on reproche à leurs ancêtres d’avoir mis l’Europe à feu et à sang, voilà qu’ils remettent ça en envoyant directement leurs cendres dans notre espace aérien, sans le moindre respect pour notre ligne bleue des Vosges. Il semble, d’ailleurs, comme du temps de la ligne Maginot, qu’il y ait des lacunes dans notre système de défense nationale : on peut bloquer la radioactivité arrivant d’Ukraine, mais on ne peut rien contre les poussières du barbecue géant des Iliens du Nord. Va falloir que nos experts militaires planchent sur un système efficace à 6000 mètres, du côté de la frontière belge et de la Manche. Cette dernière flaque d’eau ne paraît pas suffisante pour arrêter les invasions aéroportées barbares.
Trois fois qu’ils enquiquinent le monde en moins d’un trimestre. Joli record que je trouve particulièrement jubilatoire. Dans un premier temps, le petit peuple de la rue de Reijawik refuse de rembourser les dettes qu’il n’a pas contractées à l’égard des bourgeois qui ont placé des ronds dans leurs banques pourries ; second temps, ils vont à contresens des autres « démocraties » occidentales en ce qui concerne les règles de prétendue sécurité sur Internet ; troisième temps, pour parachever le tout, ils allument la mèche de leur volcan qui a un nom à coucher dehors pour saboter les réacteurs de nos valeureux avions. Quand on pense que les Irakiens ou les Afghans en ont fait bien moins que ça pour provoquer la violente réaction d’Oncle Sam ! J’imagine d’avance le western : cowboys contre vikings… Quel réalisateur de cinéma ne fantasmerait pas sur un programme aussi alléchant ? D’autant que les modernes descendants des glorieux vikings disposent d’armes sophistiquées pour se défendre : eau chaude à volonté et cendres sulfureuses sur commande. Le passage « chaud-froid », des déserts du golfe aux glaciers d’Islande pourrait constituer un rite initiatique intéressant pour les GI’s bardés d’électronique. Bien entendu, je ne souhaite pas des horreurs pareilles aux Islandais qui me sont de plus en plus sympathiques.
L’un des atouts notoires que possèdent ces hordes de terroristes nordiques c’est leur capacité à exploiter l’effet de surprise au grand dam des stratèges adverses. Au Moyen-Âge déjà : ils remontaient la Garonne alors qu’on les croyait sur la Vistule, on planquait la vodka pendant qu’ils pillaient les couvents au pays du Calvados. On les prenait pour des ignares alors qu’ils développaient une civilisation plutôt raffinée… Bref ils profitaient de la confusion et de la zizanie ambiantes pour réaliser tout ce que l’on ne pensait pas qu’ils soient capables de faire. Leurs arrières-petits-fils islandais n’ont pas changé de méthode. Tous les gouvernements démocratiquement élus se mettent à genoux devant les banques et leur consentent une obole conséquente pour combler le trou qu’elles ont créées dans leurs comptes en jouant au poker. Les peuples concernés, un peu stupéfaits dans un premier temps (car ils croyaient que les caisses de leurs états étaient vides) approuvent béatement… Une banque, c’est un peu comme une église, c’est sacré et il n’est pas question qu’on laisse la façade se dégrader. Seuls ces radins d’Islandais refusent de voir leurs impôts grimper en flèche et leurs services publics bradés au plus offrant, pour rembourser des sommes qu’ils n’ont pas dépensées. Ces irresponsables condamnent à la misère une nuée de gros épargnants dans le besoin. Moi qui ai déjà du mal à prêter de l’argent à mes enfants, je m’en fous, je n’en fais pas partie. Quand j’hériterai de quelques millions de dollars d’un oncle d’Amérique inconnu à ce jour, je prendrai bien garde en tout cas de ne pas les prêter à des institutions pas de chez nous, avec un nom à coucher dehors. Sacrés Islandais ! A la surprise générale, les voilà dans la rue en train de hurler « nos sous on les garde ! », « du fric pour les drakkars pas pour les lascars » ou encore « votre fric on le nique ». Dans la foulée ils refusent également la punition consistant à hériter d’un certain nombre d’usines de fabrication d’aluminium de leurs voisins canadiens. Pire, ils ont élu un Président de la République qui les entend hurler en ouvrant sa fenêtre et se propose de les écouter dans leur délire d’arriérés égoïstes… Le Fond Monétaire Strausskahnien en avale sa cravate de travers. Ah ! si ce Président immature avait suivi l’exemple du nôtre ! Chez nous, quand on vote mal, eh bien on ne vote plus, et le gouvernement en place se moque de l’opinion des citoyens comme de sa dernière chaussette trouée. Ça au moins ce n’est pas de la politique à la petite semaine !
Nos ministres de l’information, de la propagande, de la conscience nationale et de la bonne moralité s’échinent à nous expliquer que l’information sur Internet ainsi que tous ces blogs pourris, c’est la porte ouverte au grand n’importe quoi : 50 % de pornographes, 50 % de pédophiles, 50 % d’escrocs, 50 % de castristes et le reste, que des écologistes ou des néofascistes nostalgiques… Pendant ce temps-là le gouvernement islandais prend le contrepied et envisage de promulguer une loi garantissant l’indépendance du Net… Les intentions des politiciens islandais ne sont peut-être pas si pures que ça et ont peut-être un « léger » rapport financier avec le paragraphe précédent de mon brillant exposé. Mais les conséquences sont en tout cas intéressantes ; il y aura au moins un sanctuaire pour héberger tous ceux dont les opinions ne plaisent pas à leur ministre de la police local. Les nullités (pardonnez-moi, je voulais dire sommités) qui nous gouvernent continueront à vociférer contre la maudite toile ; pendant ce temps les journalistes qui voudront continuer à conduire de vraies enquêtes et à protéger leurs sources iront jouer à cache-cache au pays des geysers fumants et des volcans cendrés. Quand la « Feuille Charbinoise » aura des problèmes pour exprimer avec sa délicatesse coutumière tout le bien qu’elle pense du capitalisme triomphant, elle pourra toujours se délocaliser et envisager de prendre comme intitulé le « Geyser Charbinois » ou le « Petit Charbinois Cendré »… A étudier !
Quant à leur dernière plaisanterie consistant à faire le ménage du sous-sol et à envoyer les balayures dans les hautes couches de l’atmosphère, elle ne manque pas d’intérêt non plus. On découvre à nouveau, avec nos petits yeux embués de larmes, la fragilité de cette société complexe et l’on écoute avec inquiétude les craquements sinistres provenant des pieds d’argile de ce colosse économique qui vacille au moindre pet aérien de travers. Trois jours sans avion et la pénurie de haricots du Sénégal, de mangues fraîches du Brésil et de tomates cerises israéliennes menace les rayons fruits et légumes de nos grandes surfaces. A cause de ces héritiers de Vikings dégénérés, nous voilà réduits à manger des carottes, des navets et des choux… Si ça se trouve, le pain frais Poilane n’arrive même plus à New York chaque matin ! Une multitude d’événements d’une immense ampleur culturelle et politique sont gravement perturbés. On enterre le Président polonais en l’absence d’une bonne partie de la « haute société internationale » qui aime tant les funérailles nationales (surtout chez les autres) ; certains ministres sont privés de leur ration hebdomadaire de colloques et autres mondanités incontournables ; pire même (ça n’avait pas eu lieu après les attentats du 11 septembre), il faut même annuler certaines rencontres sportives vitales. Les riverains d’Orly, Roissy, Satolas… sont privés d’une partie de leur ration quotidienne de bruits de réacteurs et le magnifique ciel bleu qui trône au-dessus de la maison (cf photo du ciel charbinois) n’est plus découpé en figures géométriques complexes par les trainées blanches des grands oiseaux pollueurs… Heureusement qu’il reste la télé (quand elle marche) et ses ineffables micro-trottoirs. On peut ainsi zapper du touriste indigné par les grèves de la SNCF au jeune banquier dynamique mécontent des éruptions volcaniques manipulées par l’étranger. On peut aussi entendre un crétin fini expliquer qu’il a eu la chance de prendre l’un des derniers vols Nantes-Paris avant le blocage complet du trafic. Le seul point amusant c’est que, du coup, la grève SNCF que les médias torpillaient depuis des jours et des jours en l’annonçant terminée ou en « voie de », revient sur le devant de la scène et on apprend, sans surprise, qu’en fait beaucoup de trains ne circulent pas. Quant à moi, j’ai découvert pourquoi, au temps des locomotives à vapeur, les avions à réaction ne faisaient pas de rase motte. S’ils avaient « avalé » des cendres avec leurs réacteurs, ils se seraient écrasés lourdement sur le sol. C’est bien ça ? J’ai raison ou j’ai tort ?
Sacrés Islandais, va falloir qu’ils fassent fort s’ils veulent rester à la une de l’actualité encore un mois ou deux. Le « truc » du volcan ne marchera pas sans limites. Les foules se lassent vite. En tout cas, j’ai rêvé que le premier avion à décoller après le passage du nuage de cendre chargerait à son bord une liste de passagers célèbres dont j’ai soigneusement choisi les noms. Bien entendu, dans mon histoire, le chef des services météo serait à la solde de Al-Quaïda, et aurait donné une fausse information. L’avion décollerait avant que la voiture balai ne soit passée et aurait un petit problème de réacteur. Personnellement, je trouverais très chouette que le cercueil de la plus célèbre des personnalités présentes dans l’avion soit chargé sur un drakkar qui remonterait la Seine jusqu’à Paris.
Une dernière chose, et c’est encore la faute des Islandais, je n’ai même pas eu le temps de vous dire tout le mal du mec qu’on enterre là-bas en Pologne. Encore un qui viendrait, parait-il, du syndicat Solidarnosc et qui aurait mal tourné. Sa présidence aura duré suffisamment longtemps pour qu’il ait le temps d’éructer un certain nombre d’âneries de haut-niveau. Catholique convaincu, homophobe comme pas deux, il aurait aimé priver de leur retraite les combattants polonais qui s’étaient battus dans les brigades internationales, genre « les ennemis du brave Franco ne peuvent pas être mes amis ». J’en passe et des meilleures… On a quand même eu droit chez nous à l’inévitable article : « un tel accident aérien aurait-il pu avoir lieu en France ? » Je vous laisse deviner la réponse ; c’est lundi, vous êtes au boulot et donc vous avez le temps.
Bon c’est pas tout, j’ai à faire moi ! Je dois m’occuper de la charpente et de la couverture de mon petit bâtiment avant que les cendres volcaniques ne viennent salir ma nouvelle chaudière à bois. Mes amitiés à la première voyante-psychologue qui me lira, mais, même sous la torture, je ne donnerai pas les noms de ma liste !
NDLR : cette chronique est dédiée à « Lavande » l’une de mes fidèles commentatrices, non qu’elle ait du sang islandais dans les veines (j’en saurais quelque chose compte-tenu de mes recherches sur la généalogie familiale) mais simplement parce que c’est son anniversaire aujourd’hui ! Prenez la peine d’admirer la magnifique photo du ciel charbinois prise hier soir au coucher du soleil. Cela fait longtemps que l’on avait pas vu un ciel dépourvu de « zébrures ». Bravo à ma photographe préférée pour sa magnifique série de clichés. Dessin final de la chronique : réalisation de Patrick Mignard que je remercie.
