27 octobre 2008

Sur les routes de Slovénie…

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

3 – Du parc national du Triglav à Piran (fin)

« So… Scokjan caves ! Gut, Gut ! » Même le matin du départ, nous aurons droit au rituel conversationnel ! Notre hôtesse approuve totalement la suite de notre programme de voyage. Un grand sourire, un petit geste de la main… et nous voilà à nouveau sur la route. Nous tournons le dos aux hauts sommets du Triglav, pour nous rendre dans le Sud, dans la région du Karst. Nous n’irons pas aux grottes de Postojna que nous trouvons trop aménagées, trop touristiques. Continuant nos sauts de puce de parc en parc, nous préférons nous rendre à celles de Scokjan, qui, elles au moins, se visitent à pied et non en train (bon, je sais, j’aime les trains, mais il y a une limite à tout !). De plus, nous avons pu admirer des photos du parc de Scokjan et nous avons hâte de voir « grandeur nature » les nombreuses dolines et autres dépressions qui jalonnent le paysage.

Au cours de notre itinéraire, nous faisons halte dans la petite ville de Skofja Loka que nous apprécions beaucoup. Le cœur de la bourgade, blotti au pied d’un château datant du début du XIIIème siècle (largement rénové à la fin du XIXème), possède un charme certain mais les bâtiments les plus anciens nécessitent d’importants travaux de rénovation. Les deux grandes rues du centre ville sont bordées d’immeubles datant de la Renaissance. Les halls d’entrée de ces bâtiments débouchent parfois sur des cours intérieures entourées d’arcades et l’on se dit que les coins et recoins des ruelles abritent certainement de nombreux trésors architecturaux. Nous visitons une expo photo magnifique : ce sont des œuvres de l’artiste Andrej Perko. La personne qui assure la permanence est bien d’accord avec nous : quel dommage que la cité ne soit pas mieux préservée… « Il n’y a pas assez d’argent pour ces travaux » nous dit-elle avec une grande émotion… Skofja Loka me fait un peu penser à la petite ville médiévale de Crémieu, à côté de chez nous… Il y a une trentaine d’années, le vieux quartier était laissé à l’abandon. Les ruelles tortueuses étaient sales, peu engageantes et les échoppes les plus belles tombaient en ruine. Un effort de rénovation considérable a été accompli et, l’été, Crémieu attire de nombreux touristes qui viennent découvrir les trésors de son architecture, artistiquement mis en valeur. Skofja Loka possède de nombreux atouts et pourrait certainement devenir un lieu attirant un plus grand nombre de visiteurs. Le peintre Ivan Grohar, enfant du pays, en tirerait certainement une immense fierté.

Le même jour, nous visitons Stanjel, un village médiéval ayant également beaucoup de caractère. La plupart des maisons étaient abandonnées, très endommagées, mais là, un programme de rénovation est largement engagé. Stanjel a souffert des deux derniers conflits mondiaux. En 1914-18, le village avait le triste privilège de se trouver sur la ligne de front et ses murailles en pierre n’ont pas résisté aux obus modernes. Le mur d’enceinte datait du XVème siècle et il avait été construit pour protéger les habitants des attaques répétées des envahisseurs turcs : il n’en reste plus que des fragments. Stanjel épouse la forme de la colline sur laquelle il se dresse et il est construit sur des terrasses. Il est plaisant de déambuler d’un niveau à l’autre et d’admirer l’habileté avec laquelle les habitants ont su tirer parti du relief pour asseoir leurs constructions. La cour du vieux château est un lieu particulièrement agréable pour faire une petite pause à l’ombre. L’été, de nombreux concerts y sont organisés et l’acoustique est excellente. Stanjel a la réputation d’être l’un des plus beaux villages de la région du Karst : ce titre honorifique n’est pas exagéré, et le site mérite que l’on y passe quelques heures. La région offre par ailleurs des ressources viticoles qui ne manqueront pas d’intéresser les gourmets. Le lieu que nous avions choisi pour faire étape ne nous a pas laissé un souvenir marquant et il est donc inutile que je m’y attarde.

Arrivés un peu trop tôt au guichet d’entrée du parc de Scokjan, nous avons eu le temps de faire un tour à pied sur le sentier « pédagogique » qui fait le tour de la vaste dépression dans laquelle s’ouvre la grotte. Le point de vue sur son porche d’entrée est saisissant. La velika dolina (grande doline) qui s’ouvre sous nos pieds a une profondeur de 160 m. Pour ce qui est du parcours souterrain à proprement parler, il mesure environ 5 km et il vaut mieux être convenablement chaussé. Certains passages sont assez vertigineux, notamment la grande passerelle qui franchit la rivière souterraine, la Notranjska Reka, en la surplombant de 45 m. Lorsque le niveau de l’eau est élevé, le bruit doit être terrible. Le spéléologue Norbert Casteret l’a visitée en 1957 et il en a parlé en ces termes : « dans la grotte de Postojna, le spéléologue peut voir tout ce qu’il peut désirer, mais les grottes de Skocjan n’ont pas leur pareil au monde. » Notre promenade dure près de deux heures et nous découvrons de véritables splendeurs. Il y a encore beaucoup de concrétions vivantes et d’importantes mesures de protection sont prises pour limiter l’impact du nombre croissant de visiteurs. Stalactites, stalagmites et gours en cascade sont au rendez-vous, mais je crois que le plus impressionnant de tout c’est la taille des salles que la rivière a creusées dans le karst lors de son parcours souterrain. Encore une fois, nous sommes dans un lieu qui aurait pu aisément servir de décor à Peter Jackson pour le « Seigneur des Anneaux » : sauf que la « Moria » de Slovénie n’est pas envahie par d’ignobles monstres. Ses seuls habitants sont de sympathiques colonies de chauves souris dans les airs, une petite population de protée anguillard, un poisson bien étrange, dans les eaux, et de nombreuses autres espèces cavernicoles (environ deux cents différentes recensées à Skocjan).

La partie slovène de notre circuit autour des Alpes, se termine sur le littoral. En rejoignant l’Istrie et la mer Adriatique, nous espérons trouver un peu de la chaleur qui nous a manqué dans l’intérieur des terres. En fait, nous resterons bien peu de temps sur la côte. Nous jetons notre dévolu sur les deux villes qui nous paraissent avoir le plus de charme : Isola et surtout Piran. Le contraste avec les paysages alpins dont nous nous sommes « repus » ces dernières semaines est saisissant. Le littoral slovène est limité (une trentaine de kilomètres de côte), la république voisine de Croatie ayant pris, de loin, la plus grosse et sans doute la plus belle part du « gâteau ». Il n’y a pas d’espaces sauvages au sud du grand port de commerce de Koper. La minuscule façade marritime est entièrement urbanisée. Heureusement, Piran est un vieux port comme je les aime : un enchevêtrement de ruelles tortueuses, les lumières des bateaux qui dansent sur les vagues, la terrasse animée d’une auberge sur une petite place… De vieux souvenirs me reviennent en mémoire : un précédent voyage en Yougoslavie lorsque j’étais enfant, un séjour enchanteur dans le Péloponèse il y a aussi un bon moment de cela… Je touche du doigt un vieux rêve que j’aimerais réaliser : le tour du bassin méditérranéen par voie de terre, d’Istambul à Byblos, d’Alexandrie à Sfax… Un tour très large puisque j’aimerais que mon chemin me permette aussi de découvrir l’Anatolie, la Perse, la vallée du Nil… Pour l’heure, notre chambre à Isola possède une terrasse avec vue sur la mer… Il faut un commencement à tout ! Ce qui est certain c’est que nous reviendrons en Slovénie car il nous reste encore bien des choses passionnantes à y faire…

One Comment so far...

Lavande Says:

27 octobre 2008 at 22:32.

Superbe chronique, superbes photos. J’ai réuni les 3 parties pour en faire un beau tirage papier que j’ai l’intention d’offrir à mes amies slovènes, l’une immigrée à Grenoble, l’autre vivant à Trieste!

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