21 septembre 2020

Bas les masques !

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique .

« On ne va quand même pas foutre l’économie en l’air pour épargner quelques années à des vieux qui – de toute manière – n’attendent que de crever ! »
Cet éminent point de vue, on l’avait vu surgir lors des débats d’opinion sur le confinement en mars-avril, mais pour dire vrai, il n’était encore que balbutiant.
Maintenant il est difficile de ne pas l’entendre tant les médias dominants et certains réseaux sociaux lui servent de caisse de résonance.
Logique puisqu’au début de la contamination, on avait du mal à discerner quels étaient les groupes sociaux et les tranches d’âge « à risque ». Le virus allait-il avoir la grossièreté de tuer des personnes riches et utiles, ou allait-il se contenter, comme le pensaient des crétins congénitaux comme Johnson, Trump, Bolsonaro et quelques autres, de faire le ménage parmi les cas sociaux, les « sans-dents », les assistés qui nous « coûtent un pognon de dingue » ? Dans le doute, des gouvernements comme celui de notre bel hexagone, ont décidé de prendre un ensemble de mesures prophylactiques qui se sont révélées plutôt efficaces dans un premier temps, malgré l’absence totale de préparation à cette opération : absence de masques, de tests, de protocoles précis…

Les profits des opérateurs intermédiaires ont quelque peu vacillé pendant ce printemps silencieux ; heureusement pas le montant des plus grosses fortunes mondiales qui ont su croître et embellir malgré (ou grâce à) la tempête.
Nos vastes communicants ont pu alors pérorer avec mépris sur les courbes catastrophiques des voisins incompétents. Dans une France passablement secouée par les mouvements sociaux, les mesures de confinement ont par ailleurs eu le mérite de museler avec efficacité les contestataires en tout genre. Bénéfice conséquent pour un gouvernement passablement fragilisé. Il a suffi d’endormir la vigilance populaire (ce qui n’est jamais bien difficile) en émettant des brassées de vœux pieux qui ne coûtent pas cher et convainquent les plus crédules que même les plus cyniques de nos cheffaillons peuvent être touchés par la rédemption. Vous alliez voir ce que vous alliez voir : le capitalisme allait se moraliser, allait faire peau neuve et œuvrer avec ferveur au bonheur universel.

Je ferai remarquer aux crétins qui propagent l’opinion notée au début de ce billet que l’on ne sait toujours pas grand-chose sur cette sinistre maladie qui se propage parmi nous. Certes, plus de vieux meurent que de jeunes, mais parmi les trentenaires, quarantenaires, cinquantenaires… qui l’ont chopé, certains souffrent toujours de séquelles graves que nos statistiques officielles ignorent consciencieusement. Il faut dire que les séquelles sont toujours plus difficiles à mesurer que les alignements de cadavres… Faute de gibier dans les Ehpad, il se pourrait bien que la petite bête s’adapte à de nouvelles catégories d’âge et augmente ses ravages mortifères. Hypothèse à ne pas prendre à la légère…

Je ferai aussi remarquer aux mêmes crétins que parmi les « vieux » disparus, il y a de belles personnes dont on n’entendra plus parler, dont la vie a été pourtant plus porteuse de sens pour l’humanité que celle des golden boys (and girls) qui ne palpitent qu’au rythme des courbes du CAC 40. Un jour, on commémorera tous ces anonymes et on fera l’inventaire de tout ce qu’ont perdu non seulement les familles mais aussi la société dans son ensemble. Il y a des propos que j’ai lus au sujet de cette épidémie, qui me font regretter que ce sinistre virus n’ait pas la capacité de choisir ses victimes selon mes critères, et je reconnais qu’il y a des morts qui m’ont moins fait pleurer que d’autres… Il me plait parfois, dans les moments de hargne, d’imaginer une pandémie qui ne se propagerait que parmi les individus dont la capacité de nuisance à l’encontre de la société est supérieure à la normale. Les pertes seraient numériquement moins importantes, et les gains pour l’environnement et la planète seraient indubitablement significatifs. Enfin, je vais m’arrêter là dans ce propos, ne voulant pas passer pour plus barbare que les monstres qui sont aux manettes dans un certain nombre d’administrations, d’entreprises ou d’états !

Je pense en tout cas qu’il y a une politique sanitaire commune à adopter, au sein d’un même pays et surtout au sein d’une même communauté de pays : l’on n’en prend pas le chemin. Je viens de lire un bilan de la situation sur l’état du Kérala en Inde – je le connais un tout petit peu – et  ce bilan montre que les solutions à apporter à la crise sont nombreuses et certaines sont plus pertinentes que d’autres.

Allez, je m’arrête et je publie. Tant pis pour les illustrations, elles seront de retour dans une prochaine chronique. Je me contenterai d’une illustration sonore (en privé) : allez hop, un p’tit John Prine !

Merci à La Belette pour cette illustration de circonstance rajoutée a posteriori.

One Comment so far...

Anne-Marie Says:

21 septembre 2020 at 14:34.

« On peut prendre le risque de vacciner les personnes âgées très vite parce qu’elles ont une espérance de vie résiduelle » Dr. Laurent Alexandre

Qu’ils essayent pour voir !

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