7 septembre 2009

La Feuille s’envole vers d’autres paysages

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Carnets de voyage .

692px-estremoz13 J’ai remis en place « L’usage du monde » de Nicolas Bouvier dans la bibliothèque ; juste à côté j’ai placé « La légende de la géographie » de Gilles Lapouge ; puis je me suis dit qu’il était temps de passer aux actes. Voyager au long cours avec Elisée Reclus c’était bien, mais l’heure des cartes, des carrefours et des choix cornéliens d’itinéraires avait sonné : charger la tente et les provisions dans le bateau à roues, vérifier que les matelas pneumatiques seront capables de se tenir comme il faut au moins pendant une nuit, supputer la quantité de gaz restant dans le réchaud, un tour de clé et vogue le Kangoo… sur l’autoroute direction Toulouse, le pays Basque, les Asturies… Je vous mets l’eau à la bouche ? Sachez que ce n’est pas par méchanceté ! Eh bien oui, tout cela sent le départ ; autant vous en tenir informés car on ne disparait pas comme ça, à la sauvette, sans laisser au moins une clé du blog sous le paillasson.La direction générale que nous allions choisir a fait l’objet d’un long débat et d’hésitations multiples : la Bretagne, la Normandie, la Roumanie, le Nord de l’Europe, le Sud-Ouest… nous tendaient les bras et il a fallu choisir. Cela faisait plusieurs années que le voyage prévu au Portugal était remis, chaque fois pour une raison différente… Le dossier est enfin revenu sur le haut de la pile et nous avons tranché. Les préparatifs sont allés bon train. Premier signe de cette agitation, l’apparition de cartes et de guides : le voyage en particulier à la place du voyage en général. L’incontournable (?) « Routard » a commencé à trainer ces derniers jours sur nos bureaux. Je crois bien que c’est un des derniers voyages où nous ferons l’acquisition de cet opus de plus en plus creux et surtout de plus en plus destiné à une clientèle aisée. Le routard de la couverture a perdu ses cheveux longs et sa barbe, mais le changement, depuis le rachat par la pieuvre Hachette, a été bien plus que symbolique. Il ne faut pas manquer de culot dans un guide soi-disant destiné à des voyageurs peu fortunés, pour recommander des hébergements en « demeures de charme » à 150 ou 180 euro la nuit. Décidément, le routard des années 2000 s’est sacrément embourgeoisé, ou alors la « manche » rapporte plus qu’avant ! Quant au contenu culturel, « branché » paraît-il, il est souvent indigent ou alors destiné à de jeunes beaufs en décapotable partis draguer en boîtes de nuit. Ça doit être l’âge sans doute, mais ce n’est pas comme ça que nous envisageons nos virées touristiques !

692px-estremoz13 Dans le cadre des préparatifs du départ, il m’a fallu résoudre une première énigme. Je me demandais pourquoi, en parlant du Portugal et des Portugais, nombre de sites faisaient référence aux termes Lusitanie et Lusitaniens. Histoire de ne pas mourir idiot, je me suis un peu documenté et j’ai compris qu’il s’agissait d’une référence à l’une des provinces de l’Empire romain qui se superposait à peu près avec le Portugal actuel. Je ne doute pas que certains vont sourire de cette preuve flagrante d’inculture, mais, comme je l’ai déjà dit tant et tant de fois, dans ce domaine-là, je n’ai pas de complexes. Après tout, l’une de mes sœurs avait bien décidé que le lac Titicaca se situait en Afrique : ça ne l’a pas empêché de suivre un cursus universitaire brillant ! De plus, grâce à la résolution de ce genre de problèmes, je me prépare intensivement aux parties de Trivial Poursuite ou de Questions pour un champignon, jeux auxquels je serai sûrement heureux de jouer quand je n’aurai plus de dents, histoire que le yaourt et la purée ne me remplissent pas totalement le cerveau ! Je me suis aussi intéressé un peu à l’histoire du Portugal car je n’aime pas trop partir en terre totalement « incognita ». J’ai quelques « trous » à boucher entre Christophe Colomb et la « Révolution des Oeillets », renversement de la dictature de Salazar, en 1974. Quelques CD de « Madredeus » ainsi que de « Danças ocultas » (quatuor d’accordéonistes portugais, super musique) ont rejoint, dans la boîte à gant les disques que nous emportons dans la voiture pour meubler les trajets un peu longuets. Nous trouverons bien quelques soirées pour écouter du fado à Lisbonne ou ailleurs. J’ai constitué un mini-dossier documentaire dans lequel j’ai rangé quelques feuillets imprimés sur des sites que je tiens absolument à visiter comme le château d’Almourol ou le parc naturel de Peneda Gerês. Eh oui ! vieilles pierres et forêts sont des éléments incontournables de notre programme ! Il ne me reste plus qu’à tenter une approche de la littérature du pays que je ne connais pas du tout. Certes, j’ai entendu parler de Fernando Pessoa (« le banquier anarchiste ») mais j’ai bien peur que ce soit tout… Si vous avez des suggestions… Comme d’habitude, notre expédition n’est donc pas totalement improvisée même si, comme d’habitude aussi, il est fort probable que nous ne respecterons pas le programme !

meteo Quitter son nid douillet est parfois une opération complexe, surtout lorsque l’on ne veut pas que le logement reste inoccupé à cause de la vieille chatte et de ses dépressions, mais aussi à cause des kilos de tomates, prunes, pêches…, que l’on laisse derrière soi. Il faut donc répartir les cueillettes entre les uns et les autres : il y a de quoi nourrir un régiment et un couple seul ne viendra pas à bout des provisions potentielles. Nous, notre conscience est aussi tranquille que notre congélateur et notre armoire à confitures sont pleins. Nous avons fait notre temps de récolte, de conservation et de stockage ; notre esprit a maintenant besoin d’autre chose : nouveaux horizons, nouvelles activités, nouvelles rêveries. Il faut quitter pour avoir le plaisir de revenir ; rompre avec les routines pour mieux les apprécier ; confronter ses points de vue avec d’autres pour mieux les affiner. Bref, il est temps de remplir les valises et de larguer les amarres. Nous croisons les doigts pour que la pluviométrie s’améliore un peu. Il est temps que nos plantes cessent de souffrir de la chaleur : plusieurs arbres ont déjà perdu une partie de leurs feuilles et pris les couleurs d’automne. Beaucoup de fruits tombent avant maturité. L’été sec a succédé à un printemps pendant lequel les nappes n’ont pas reçu assez d’eau pour se recharger vraiment. Notre pauvre source a perdu une grosse moitié de son débit et ne suffit plus à couvrir les besoins en arrosage. Un mois de septembre sec porterait un coup fatal à pas mal de végétaux. Nous avons fait ce que nous avons pu pendant deux mois, mais il me semble que ma devise, depuis quelques jours, est devenue : « courage, fuyons les problèmes ! » Parfois cela marche pour qu’ils se résolvent tout seuls…

madredeus Je poursuis toujours le rêve de pouvoir vous alimenter en chroniques pendant nos déplacements. J’aime les « cartes postales » publiées au fil des jours, tout autant que les compte-rendus, plus mûrs et plus travaillés que l’on peut rédiger une fois de retour à la maison pendant les longs mois d’hiver. Nous emportons ce qu’il faut pour pouvoir mettre à jour le blog, mais c’est l’infrastructure locale qui ne suit pas toujours ! On ne peut pas à la fois rêver espaces sauvages et réseau internet à portée de main, bien que ce genre de délire soit tout à fait dans la norme de notre idéologie contemporaine dominante : l’ordinateur portable sur le dos de la mule et l’émetteur wifi dissimulé entre quatre pierres tout en haut de la dune. Le no man’s land, la wifi et la crémière qui vous sert une bière avec le sourire.  On verra ce que les rencontres d’un jour nous permettront de faire ou de ne pas faire. Vous pouvez toujours espérer au moins quelques billets brefs, illustrés de quelques clichés de ma photographe préférée, histoire que vous ne vous détourniez pas de ce blog. Infidèle un jour, infidèle toujours… ? Je ne crois pas et puis je saurai bien trouver quelque ficelle pour vous appâter à nouveau en octobre si vous aussi vous vous éloignez du quai charbinois. Les thèmes à traiter ne manquent pas, et j’espère bien trouver le temps d’en approfondir certains. En tout cas, ne vous plaignez pas, car vous aurez eu au moins une carte postale avant notre départ !
Il me reste une dernière chose à faire avant de boucler pour pouvoir partir la conscience tranquille : vous inviter à vous joindre à moi pour souhaiter un bon anniversaire à Alexandra David Néel… Si elle n’était pas morte à 101 ans, elle en aurait 141 aujourd’hui ! Un tel personnage ne peut laisser indifférent quiconque s’intéresse un tant soit peu à la personne humaine : femme d’action, libertaire, voyageuse, bouddhiste, féministe… De tels qualificatifs ne suffisent pas à décrire une personnalité aussi complexe. Elle a en tout cas, laissé derrière elle des écrits passionnants, y compris les textes rédigés dans sa jeunesse, beaucoup moins connus du grand public (je pense en particulier à « Alexandra David-Néel féministe libertaire » publié aux éditions « Les nuits rouges »). Je doute que les quelques médias qui rappelleront son anniversaire n’évoquent cet aspect-là de son engagement. Et puis il est difficile de parler de voyage sans évoquer cette grande dame ! A la revoyure comme on dit au fin fond de ma campagne imaginaire…

4 Comments so far...

zoë Says:

7 septembre 2009 at 19:30.

Ah! Que je vous envie! Alors que nous reprenons le chemin trop balisé de notre conquête du pain et du vin quotidiens, vous voilà partis. N’étiez vous pas au Québec quand je fis votre connaissance ? Bonne exploration de la Lusitanie dont je ne connais que Porto. Et je guetterai vos cartes postales

clopin Says:

7 septembre 2009 at 22:45.

Bande de veinards, vous allez en voir du pays ! N’oubliez surtout pas d’écouter José Afonso dont une célèbre chanson à donné le coup d’envoi de la révolution des oeillets en 1975 ! Et puis aussi la voix de Mariza, chanteuse de fado qui réveillerait un mort !
Sinon, OK pour la Toussaint, on vous répondra plus longuement demain…

Paul Says:

10 septembre 2009 at 19:10.

Bonjour tout le monde ! Nous sommes donc au Portugal et il fait beau et chaud. Pour l’instant, notre seule liaison internet est un PC en qwerty alos ne vous attendez pas a des miracles en matiere de communication, mais on va essayer de faire mieux !

Christine Says:

12 septembre 2009 at 09:40.

La famille Castor vous souhaite de bonnes vacances, d’heureuses rencontres, humaines et géographiques .

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