29 janvier 2010

Le « cuchon » de livres du mois précédé de son petit « coup de gueule » rituel

Posté par Paul dans la catégorie : l'alambic culturel; mes lectures .

Comme d’habitude ce mois-ci, des lectures variées et quelques bonnes découvertes. J’ai décidé de ne vous parler que de deux ouvrages, histoire de pouvoir un peu m’appesantir. Il faut dire aussi que j’ai été fort déçu par plusieurs de mes achats que je n’évoquerai donc pas (ou si peu !), jugeant inutile de consacrer de la place à des écrits que je n’apprécie pas. Juste un mot concernant le dernier ouvrage que j’ai failli mettre au panier (je serai gentil, je ne le nommerai pas), car la lecture attentive des premiers chapitres et le survol rapide des suivants m’a cependant beaucoup énervé. Ce n’est pas l’auteur qui a provoqué mon courroux, mais, d’une façon plus générale, les éditeurs véreux qui acceptent de publier n’importe quel manuscrit sans relecture, sans conseils, sans corrections. C’est dommage : la bonne volonté de l’auteur était évidente, le thème plutôt sympa, mais il aurait fallu, derrière, un travail de mise en forme important, que l’éditeur s’est bien gardé d’effectuer. Economies de bout de chandelle, car une telle production ne donne pas une bonne image de la société d’édition. Les attrape-nigauds prolifèrent sur le Net dans ce domaine d’activité et c’est bien dommage. Je vais titiller ma compagne de labeur, ma correctrice émérite, ma muse contestatrice (bon… là… j’arrête !) pour qu’elle vous écrive un billet doux là-dessus et vous parle d’une association très active dans le domaine des droits des auteurs. Il y a des pièges grossiers que l’on peut éviter facilement, moyennant quelques précautions… Ce qui est sûr c’est que je ne me ferai pas avoir en achetant les deux volumes suivants de cette histoire ! Heureusement, je me suis régalé avec deux autres ouvrages…

Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique

anaximandre_rovelli (Editions Dunod – Essai de Carlo Rovelli). Je vous avais parlé de ce livre à la fin de ma chronique sur Anaximandre, expliquant que je n’avais pas eu le temps de me le procurer avant de rédiger mon article. C’est chose faite depuis. Je l’ai lu en entier et je dois avouer que je me suis régalé, tant l’étude de Carlo Rovelli est passionnante. L’auteur (physicien chercheur à l’Université de Marseille) insiste sur l’apport essentiel qu’a été pour la science la démarche elle-même d’Anaximandre (point dont j’avais également ressenti l’importance – ce dont je ne suis pas peu fier !) et s’appuie sur cette analyse pour engager une réflexion beaucoup plus globale sur ce qu’est véritablement la science et la façon dont se construit l’enchainement des découvertes. Pour cela il étudie les différentes révolutions qui ont caractérisé l’évolution de la recherche, d’Anaximandre à Ptolémée, de Ptolémée à Copernic ou Galilée, puis Newton, Einstein… Il explique de façon très pédagogique que chaque nouvelle découverte d’un savant ne s’est jamais faite en opposition par rapport aux travaux de son prédécesseur, mais au contraire en s’appuyant sur les découvertes effectuées auparavant. Le désaccord sur les résultats ne provenant pas d’une erreur dans la démarche de résolution du problème, mais dans le fait que le problème lui-même a été mal posé. L’enchainement des découvertes scientifiques devient alors non une succession de conclusions fausses et de remises en cause brutales, mais bien une reformulation de la question initiale formulée, en fonction des nouvelles données fournies par l’environnement dans lequel travaille le chercheur. Carlo Rovelli montre à quel point Anaximandre a été un précurseur dans cette façon d’avancer. Le travail de Rovelli n’est pas un travail d’historien. Ses propos sont solidement ancrés dans le présent et le livre est parsemé d’allusions aux problèmes d’actualité récente. J’ai lu notamment avec beaucoup d’intérêt l’étude des rapports entre démocratie et dynamisme de la recherche scientifique. En cherchant une réponse à la question « pourquoi de telles découvertes au VIème siècle avant JC, pourquoi en Istrie et pas ailleurs, en quelque sorte pourquoi Anaximandre… », l’auteur démontre que les périodes de centralisme autoritaire dans l’histoire de l’humanité n’ont jamais été favorables au foisonnement de découvertes scientifiques. J’ai trouvé aussi fort intéressants les propos concernant le brassage culturel et la force d’innovation que celui-ci instille dans une société ; un court extrait de la réflexion de l’auteur :

«  C’est la rencontre avec l’altérité qui ouvre nos esprits, en ridiculisant nos préjugés. […] chaque fois que, comme nation, comme groupe, comme continent ou comme religion, nous nous replions sur nous-mêmes dans la célébration de notre identité, nous ne faisons que célébrer nos propres limites, et chanter notre propre stupidité. Chaque fois que nous nous ouvrons à la diversité, et que nous sommes attentifs à la différence, nous contribuons à l’enrichissement et à l’intelligence de la race humaine. Un « ministère de l’identité nationale » tel que celui récemment institué dans certains pays d’Europe est un ministère de l’obtusité nationale. »

Fort intéressant aussi, le questionnement concernant la montée de l’intégrisme religieux et le regain de vitalité des courants mystiques et anti-scientifiques. Carlo Rovelli ouvre des pistes et engage une réflexion fort intéressante, le tout sans aucun pédantisme et dans un vocabulaire accessible. Cette confrontation entre recherche scientifique et doctrines religieuses fait l’objet des deux derniers chapitres, intitulés respectivement « Peut-on comprendre le monde sans les dieux ? » et « La pensée pré-scientifique ». Je vous propose un nouvel extrait pour illustrer les prises de position mais aussi les interrogations de l’auteur :

« Cela étant, ne pas croire qu’un dieu se tient près de moi et m’écoute ne m’empêche pas de me tourner le matin vers la mer avec un chant silencieux dans le cœur, et de de remercier le monde pour sa beauté. Il n’y a pas de contradiction entre refuser l’irrationnalisme et écouter la voix des arbres, leur parler, les toucher avec la paume de la main, sentir leur force sereine s’écouler vers soi. Les arbres n’ont pas d’âme. Ni plus, ni moins, que l’ami à qui je me confie, et cela ne m’empêche pas de discuter avec un ami, ni de parler avec les arbres, ni de jouir profondément de tous ces échanges, ni mettre du cœur à tenter d’apaiser la douleur d’un ami qui souffre. Ou de donner de l’eau à un arbre assoiffé. Il n’y a pas besoin d’un dieu pour percevoir la sacralité de la vie et du monde. Nous n’avons pas besoin de garanties externes pour nous apercevoir que nous avons des valeurs, et que nous pouvons aller jusqu’à mourir pour les défendre. […] Notre savoir est bien trop faible pour ne pas accepter de vivre dans le mystère. C’est précisément parce qu’il existe un mystère, et parce qu’il est si profond, que nous ne pouvons pas nous fier à qui se déclare dépositaire de la clé de ce mystère. »

C’est un peu long et il a été difficile de faire un choix tant les passages intéressants sont nombreux. Je trouve passionnant de voir que la biographie d’un homme comme Anaximandre et l’analyse de son œuvre puisse ouvrir la porte à des débats d’une telle qualité. Conforté par un tel appui, je continuerai, dans la « feuille charbinoise », avec les moyens fort modestes qui sont les miens, à parler des arbres, à parler aux arbres, à raconter les pierres… et à combattre les préjugés et la pensée irrationnelle sous toute ses formes. A mes yeux, cette « Naissance de la pensée scientifique » de Carlo Rovelli est un ouvrage essentiel à lire pour quiconque s’intéresse à toute cette problématique et n’est pas déjà convaincu que ce sont les danses rituelles qui provoquent la pluie et la colère des dieux les tremblements de terre… !

La vierge froide et autres racontars, version BD

vierge_froide Je parle peu de bandes dessinées dans ces chroniques littéraires et c’est un peu dommage, car il m’arrive assez souvent d’en lire et d’en tirer un grand plaisir. C’est le cas avec ce titre, directement inspiré du livre de l’écrivain danois Jørn Riel, réalisé par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle. Ma co-rédactrice est une fan de Jørn Riel, mais, en ce qui me concerne, je reconnais très humblement avoir été un peu réticent jusqu’à présent à rentrer dans l’œuvre considérable de cet auteur. Il faut dire que je ne suis pas un « homme du froid » et que les récits se déroulant dans les déserts brûlants ou les îles paradisiaques de l’océan Pacifique ont plus facilement ma faveur que toutes les histoires ayant pour cadre le Groënland, l’Alaska ou le cercle polaire arctique. Il ne s’agit nullement d’un préjugé à l’égard des habitants de ces régions, juste d’une légère angoisse par rapport au thermomètre, surtout en plein hiver chez nous. Je crois que la lecture de cette BD, qui m’a énormément plu, va être le coup de pouce qui me manquait pour passer à l’acte et que je vais me plonger dans les « racontars » nordiques de ce prolifique auteur danois. Avant de me lancer dans une présentation dithyrambique de la BD, je dois vous rassurer quand même et vous dire que je connais le roman qui l’a inspirée (même si je n’ai pas encore dévoré les autres). Les auteurs de la BD ont fidèlement respecté l’œuvre originale : 7 récits sur les 10 nouvelles qui composent le roman figurent dans la BD, et le texte a été peu réduit. L’adaptation d’Hervé Tanquerelle et de Gwen de Bonneval est très bien faite. Les dessins, sobres, en noir et blanc, illustrent fort bien le paysage, plutôt dépouillé, ainsi que la personnalité des différents acteurs de chacun des récits. Le recueil de nouvelles de Jørn Riel est inspiré par une série de petites anecdotes que l’auteur a rapportées de chez les trappeurs du Groënland dans les années 50. Ses histoires ont donc valeur également de témoignage ethnologique sur un mode de vie maintenant disparu, même s’il ne s’agit pas là du propos essentiel de l’écrivain et que l’humour domine au fil des pages. Les racontars, ce sont des histoires vraies qui semblent fausses… Comme le dit le trappeur Bjørk :

vignette-vierge-froide « Il est dans mes intentions de léguer ce pantalon arctique le jour où on devra me sortir de mes Kamiks. Il sera suspendu dans une de ces cloches à fromage où les mites ne pourront pas le bouffer. Pour deux sous, les gens pourront venir voir comment un pantalon arctique se présentait de notre temps. Parce qu’à ce moment-là, mon ami, ce pantalon, tout comme nous, sera historique. Peut-être même universellement historique. […] Ils seront sans Histoire. Prends bien note de ce que j’dis, c’est le chemin que ça prend. Ils vont découvrir que l’Histoire qu’ils ont écrite jusqu’à présent n’est que du remplissage et du bavardage d’un bout à l’autre. A ce moment-là, ils seront bien obligés de tourner leur regard vers le Nord… »

Personnellement, j’ai adoré la nouvelle ayant donné son nom au recueil, « la vierge froide », ainsi que « le dressage d’un Lieutenant », qui a joyeusement assouvi mes pulsions antimilitaristes profondes et primaires ! Les héros de Jørn Riel sont des personnages singuliers bien entendu… Mais accepterait-on de vivre dans un dénuement pareil sans y être obligé, d’affronter la solitude pendant les longs mois d’hiver, si l’on avait pas un profil quelque peu hors du commun ? Quelques thèmes reviennent tout au long des histoires tel un leitmotiv : l’absence des femmes, l’importance de l’alcool, la vie au rythme de la nature, le plaisir des rencontres avec ses pairs… L’humour omniprésent est loin d’exclure la sensibilité dans la façon de dépeindre la vie au quotidien, et l’on sent à quel point l’auteur s’est attaché à ces personnages excentriques. J’espère que l’éditeur, Sarbacane, poursuivra son travail et que d’autres volumes sortiront prochainement, réalisés avec le même sérieux que ce premier opus.

Une lecture très complémentaire de la biographie d’Anaximandre !

Disparition d’Howard Zinn

zinn Triste nouvelle pour conclure cette chronique « littéraire » ; j’ai appris hier le décès de l’historien américain Howard Zinn, à l’âge de 87 ans. Howard Zinn était l’auteur, entre autres écrits, d’une excellente « histoire populaire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours » dont j’ai eu l’occasion de vous parler, un livre dont la lecture est incontournable pour quiconque s’intéresse un tant soit peu à ce qui se passe de l’autre côté de la « grande flaque ». Cet ouvrage a le mérite de proposer une vision assez rare de l’histoire d’un pays : celle des exploités de tous bords généralement exclus des discours officiels. Son analyse est tout à la fois historique, politique et économique, sans être trop complexe à lire. Je partage l’avis de Noam Chomsky, l’un des ses amis, qui a déclaré : « Son œuvre historique a changé la manière avec laquelle des millions de gens regardaient l’histoire » des Etats-Unis. Howard Zinn a écrit également « L’impossible neutralité : autobiographie d’un historien militant » et « le XXème siècle américain, une histoire populaire, de 1890 à nos jours ». Son œuvre le plus célèbre, « L’histoire populaire » a été également présentée sous la forme d’une bande dessinée. La photo en tête de paragraphe provient du site Article XI qui propose une retranscription de la conférence donnée par Howard Zinn en juin 2009 à la librairie parisienne Quilombo.

8 Comments so far...

Leirn Says:

29 janvier 2010 at 10:14.

misère, tout ce que je pourrais lire et que j’ai pas le temps…

Phiphi Says:

29 janvier 2010 at 12:38.

Triste nouvelle que la disparition d’Howard Zinn.
Il est possible d’entendre l’entretien qu’il avait accordé à « Là-bas si j’y suis » sur http://www.la-bas.org/

cathy Says:

29 janvier 2010 at 20:04.

J’adore aussi « le dressage d’un lieutenant » 😉
Mais il faut lire aussi « Une épopée littéraire : où l’on prend conscience que la naissance d’un chef d’oeuvre ne tient qu’à un fil »…
On peut le trouver dans « Un curé d’enfer ». C’est juste l’histoire d’un écrivain qui avale son petit crayon… et de la manière savante de le récupérer 😉
En fait, je suis une fan de tout Jørn Riel. Mais moi, j’aime le froid, et la neige !
je n’ai pas encore vu les versions BD, mais ce que tu en dis me donne envie d’y aller voir de plus près…

la Mère Castor Says:

29 janvier 2010 at 20:17.

Le froid, quel froid ? il suffit de le lire au chaud, cher Paul, et hop !
La Vierge froide, un grand souvenir, je l’avais emprunté à la bibliothèque parce que les pages étaient roses (éditions Gaïa, je crois) je n’ai pas été déçue. Et j’ai lu en public (après coupes sévères, il ne faut pas gaver le pauvre auditeur) l’incroyable histoire du cochon et du capitaine. Un grand plaisir. Formidables histoires qui ne peuvent que plaire à la petite conteuse que j’essaie d’être.
En BD ? Les images se formant d’elles même à la lecture, faut voir.

Paul Says:

29 janvier 2010 at 20:27.

@ Mère Castor – Aïe, aïe… L’histoire du cochon et du capitaine est justement l’une des trois qui ne figure pas dans la BD. Comme dit Caly, ma compagne, les dessins collent tout à fait avec l’image qu’on se fait des personnages de Jorn Riel.
Effectivement, c’est ce que j’ai fait : je me suis calé contre le radiateur pour lire tout ça bien tranquillement. C’est que ce mois de janvier, ça ne rigole pas : il a gelé toutes les nuits !
Les contes, c’est ce qui me travaille en ce moment… J’écris… Déjà une histoire complète et le squelette de plusieurs autres. J’envisage, croix de bois, croix de fer, un site rien que pour les publier, bien à part des chroniques. J’y travaille, j’y travaille mais les journées n’ont que 24 h. Au mois de mai, il y aura le festival des arts du récit (contes) en Isère et j’espère bien assister à quelques soirées… En attendant d’aller trainer l’oreille du côté du Vidourle !

François Says:

31 janvier 2010 at 20:21.

Le livre de Carlo Rovelli me titille énormément. Les écrits de Howard Zim aussi, je dois dire, dont j’avais entendu parler non seulement sur ton blog, mais aussi dans la revue l’Anticapitaliste, journal de la Gauche Anticapitaliste suisse (oui, on en a aussi chez nous 😉 ).

Quant à La Vierge Froide, j’ai eu la chance d’en voir une interprétation au théâtre, avec des comédiens qui s’en donnaient à coeur joie, et j’en garde un excellent souvenir.

Paul Says:

31 janvier 2010 at 20:33.

@ François – Le livre de Carlo Rovelli me parait important et mérite plus d’attention que les quelques rares échos qu’il y a eus dans la presse. Je t’encourage vivement à le lire ! Je pense que tu y trouveras des idées à ta convenance…

grhum Says:

2 février 2010 at 22:37.

Ah les racontars arctiques ! Je savoure chaque nouveau tome avec une égale délectation. Lorsque j’ai acheté le premier tome, je me demandais qu’est-ce que l’auteur peut bien avoir à raconter de la vie de trappeurs qui doit être bien monotone. Eh bien j’ai découvert des tas d’histoires originales, loufoques, qui dépassent l’entendement. Le terme « racontar » est sans conteste l’équivalent de l’expression méridionale « galéjade », l’imagination de l’auteur est sans limite ; plus c’est gros plus ça passe. Et puis les personnages sont remarquablement décrits, et l’on s’attache à ces grandes brutes un peu rustiques mais au coeur d’or, toujours en quête de compagnie, prêts à ouvrir leur porte et une bouteille de genièvre à tout visiteur.
J’adhère totalement aux exemples cités par Cathy qui sont effectivement savoureux, mais l’on pourrait en ajouter bien d’autres, comme « la passion secrète de Fjordur », par exemple ou bien « Le musulman » qui raconte l’arrivée dans la petite communauté groenlandaise d’ Olav Ibn Abdullah Frederiksen et les problèmes liées à la pratique de sa religion dans une région ou la nuit dure six mois…
A lire et relire sans hésiter !

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