30 avril 2010

Bric à blog d’une veille de premier mai

Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .

premier-mai Si je n’ai pas beaucoup écrit ce mois, j’ai par contre pris le temps d’effectuer mes visites quotidiennes sur mes blogs et mes sites d’infos préférés. Quoiqu’en disent certains esprits chagrins, si l’on s’amuse à comparer la qualité et surtout la « profondeur » des infos que propose la télé avec celles que l’on peut trouver sur internet en se donnant un peu de mal, il y a pas photo, la télé se complait dans le spectaculaire et l’approximatif. Exemplaire à ce propos est le travail de réflexion proposé sur le dossier « brûlant » du moment, celui des retraites. Là où JT et magazines télévisuels se limitent à des clichés et à des raisonnements pré-mâchés, on trouve sur la toile un ensemble de publications vraiment remarquables. Certes, je suis déjà un sale privilégié de retraité et la discussion sur l’âge de départ à la retraite devrait me laisser indifférent. Ce n’est pas le cas, pour diverses raisons, toutes n’étant pas aussi altruistes qu’il pourrait sembler. Le débat sur la retraite par distribution a déjà largement été amorcé en 2003 lors d’un mouvement de grève mémorable, lequel, soit dit en passant, avait déjà été saboté par un certain syndicat – qui s’apprête, après un dernier baroud d’honneur, à capituler (presque) sans conditions devant les diktats gouvernementaux.  Depuis, il y a eu la fameuse « crise financière » et ses avatars boursiers, et le débat « capitalisation-répartition » a un peu quitté le devant de la scène. Nos dirigeants, ne manquant pas d’imagination, ont décidé de reposer le « problème des retraites » en centrant le débat sur une soit disant impossibilité d’arriver à les payer d’ici peu. Derrière cette question, se profile donc  un autre problème que celui de l’âge du départ , à savoir le niveau de vie que les pensions versées autoriseront encore à leurs bénéficiaires dans les années à venir. Certes, on ne va pas paniquer un électorat inquiet en annonçant des coupes sombres dans le montant de ces versements, mais, concrètement, à force de les réévaluer de façon bien inférieure à celle de la hausse du coût de la vie, on arrivera, bon an mal an, au même résultat. Bien que n’étant pas d’un naturel pessimiste, je ne peux m’empêcher de penser que nous allons vers une baisse des revenus régulière de la tranche la moins fortunée de la population. D’ici quelques années, on pourrait bien voir les retraités du privé ou de la fonction publique dépourvus de bas de laine, en être réduits, comme en Russie par exemple, à vendre des bottes d’oignon ou de poireaux sur le pas de leur porte. Cette année par exemple, la hausse gracieusement accordée par le Ministre de la Fonction Publique ne fait que compenser l’augmentation du tarif des Mutuelles santé… Sans être un consommateur frénétique, j’ai quand même quelques besoins à couvrir et je ne me réjouis nullement de voir mon pouvoir d’achat promis à une baisse certaine, même si cela fait exulter certains écologistes radicaux de ma connaissance…

Beaucoup de textes passionnants sur les retraites donc, à lire avant qu’il ne soit trop tard, car l’espèce de fatalisme crétin consistant à dire « de toute façon moi, une retraite, je n’en toucherai pas » et à se désintéresser du problème, répond parfaitement aux attentes du gouvernement de droite en place ainsi qu’à celles d’un éventuel gouvernement de gauche molle à venir. Retroussez vos manches et chaussez vos lunettes ! Je vous propose un premier lien sortant un peu des sentiers battus. « Les retraites, déplacer le débat », c’est une publication de Bernard Friot, un extrait du livre qu’il vient de publier « l’enjeu des retraites ». Le passage publié donne envie de lire le bouquin tant l’argumentation paraît solide. On peu le consulter sur le site « Institut Européen du Salariat« . Je vous rassure tout de suite : ça n’a rien d’un brulot gauchiste ; ça n’a rien d’utopiste non plus : c’est clair, logique et rigoureux. Un très bon article aussi sur la question a été publié sur « Contre info », et repris sur « Humeurs » : il s’agit d’un document rédigé par le mouvement ATTAC et la fondation Copernic. Ça s’appelle : « Dix contrevérités sur les retraites » et cela complète bien le travail de Bernard Friot.

arton4592 Du social à l’écologie il n’y a qu’un pas. Certains hésitent à le franchir mais d’autres le font sans peine. Les médias nous ont gavé d’informations sur le sommet de Copenhague consacré au réchauffement climatique, mais ont été plus discrets à propos du sommet de Cochabamba en Bolivie.  Il s’agissait là de la première conférence des peuples sur le changement climatique. L’événement a eu lieu du 20 au 25 avril et a mobilisé de nombreuses énergies puisque près de 35 000 citoyens/ennes ont fait le déplacement. Je ne dirais pas que les conclusions de cette rencontre ont été beaucoup plus constructives que celles de Copenhague, mais la déclaration finale a quand même une toute autre « saveur ». Vous pouvez la lire en entier sur un très bon site québecois d’information qui se nomme « Presse toi à gauche ». Le camarade Moralès s’y est couvert de gloire par une déclaration assez mal tournée sur le poulet aux hormones et l’homosexualité… Les camarades journalistes se sont empressés de saboter la traduction, histoire de faire passer cet Amérindien « primitif » pour un débile complet. On peut avoir un compte-rendu intéressant du congrès sur Bastamag, et un point de vue nettement plus critique sur Article XI. La « Feuille Charbinoise » ne veut pas manipuler ses lecteurs/trices et se fait un plaisir de vous offrir des opinions divergentes mais néanmoins complémentaires. Mon point de vue personnel, c’est que le logo, symbole de la rencontre, est joli et c’est pour cela que je l’ai choisi pour orner ce brillant paragraphe. Avant de quitter l’écologie, et puisque nous sommes en l’an de grâce 2010, année – paraît-il – de la biodiversité, allez donc jeter un petit coup d’œil sur l’état des forêts dans le monde et surtout sur la superficie qu’occupent encore les forêts dites « intactes » et non « primitives » (ce n’est pas la même chose).

garzon Parmi les événements qui ont relativement peu interpellé les médias français, mais nettement plus leurs confrères espagnols, je note les mésaventures survenues au juge anti-terroriste Balthasar Garzón, le vilain magistrat qui avait décidé de plonger son nez dans les dossiers peu reluisants de la période franquiste. Il s’intéressait notamment aux exécutions sommaires de militants/tes républicain/nes et voulait que l’on exhume les corps enterrés dans de nombreux charniers afin de leur redonner une identité. Ce dangereux personnage voulait aussi fouiner dans les histoires d’adoptions forcées. Toutes ces gesticulations ont eu le don d’énerver l’extrême droite espagnole et son bras religieux l’Opus Dei. Le règlement de comptes en cours montre que les nostalgiques du Franquisme ont toujours le bras long. Le juge Garzon est poursuivi par le Tribunal suprême qui lui reproche d’enfreindre, « sciemment » selon l’accusation, la loi d’amnistie générale votée en 1977, deux ans après la mort de Franco. Le juge est menacé de révocation pure et simple. Sur son blog, Mo(t)saïques, JEA fait une excellente analyse de l’affaire. En prolongement on peut lire sur « Bellaciao » un article intitulé « Des milliers de manifestants en faveur du juge Garzón » qui décrit la réaction populaire à cette menace : manifestations, pétitions, une partie de la gauche espagnole se décide enfin à prendre fait et cause pour le remuant magistrat. Profitez de votre passage sur Mot(s)aïques pour lire les autres textes du mois ; JEA est en forme et a publié nombre de chroniques passionnantes pour consoler les victimes d’une Feuille Charbinoise plutôt ramollie.
Très en forme aussi, la Mère Castor qui a publié un excellent roman photo intitulé « une aventure de Paquito et Pépita ». Ne me volez pas dans les plumes, je vous ai prévenus que c’était dans un registre différent ! Moi j’adore… Vous pouvez aussi accompagner Clopine dans son bref séjour à Venise (encore un registre différent) ou baguenauder à Paris sous l’arbre à palabres de Zoë. Certes ces blogs sont dans les liens permanents mais une petite piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. Parmi les sites découverts ce mois-ci, je vous signale le « blog de la rue Goudouly« , qui publie de nombreux articles intéressants. Il s’agit souvent, comme dans « humeurs de Jean Dornac », de reprises de textes publiés ailleurs, mais les synthèses sont toujours enrichissantes.

oliviers-coupes Ce cher BHL a occupé, à plusieurs reprises, la une de l’actualité lors du premier trimestre. Pour aller plus loin que l’histoire du « canular » dans lequel il est tombé à pieds joints et qui montre bien les limites du personnage, je vous incite à lire un courrier de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, fort instructif sur les méthodes employées par notre philosophe médiatique, s’instaurant directeur universel des consciences. Le titre de l’article excitera je l’espère votre curiosité : « BHL n’est pas seulement ridicule, il est surtout dangereux. » J’y ai notamment appris le fait que notre bien aimé philosophe de salon était président du conseil de surveillance d’ARTE. Ceci explique sans doute le recadrage de la chaîne en ce qui concerne infos et documentaires au sujet du problème palestinien. Je me souviens de plusieurs reportages remarquables, diffusés il y a quelques années, notamment sur la construction du mur de la honte et ses conséquences pour les paysans palestiniens… La chaine est de plus en plus discrète sur le sujet. Exprimer une opinion critique à l’égard de la politique du gouvernement israélien devient par ailleurs de plus en plus difficile dans l’hystérie ambiante. Un article du Monde.fr fait le point de façon sensée sur cette question.

J’ai gardé pour la fin un site tout à fait adapté à une veille de premier mai. Vous pourrez y écouter, la larme à l’œil si vous avez l’age nécessaire, quelques belles chansons qui ont enchanté nos jeunes années révolutionnaires. J’ai un petit souvenir ému pour la tentative avortée que nous avons faite de monter la pièce de Wolinski, « je ne veux pas mourir idiot », en 1970. L’une des plus belles chansons de ce morceau d’anthologie, c’était « la Révolution » écrite et interprétée par Evariste… Dommage qu’elle ne passe jamais sur « radio Nostalgie » !!! Le début des paroles pour vous mettre en condition :

« Le père Legrand dit à son p’tit gars
– Mais enfin bon sang qu’est-ce qu’y a
Qu’est-ce que tu vas faire dans la rue fiston?
– J’vais aller faire la révolution

– Mais sapristi bon sang d’bon sang
J’te donne pourtant ben assez d’argent
– Contre la société d’consommation
J’veux aller faire la révolution

La Révolution! La Révolution!…»

addenda : je conseille à ceux que la lecture des textes sur la réforme des retraites n’aurait pas découragés, de prolonger leur devoir de réflexion en lisant une analyse rigoureuse de la dernière étape en date de la crise financière. Il s’agit d’un texte de Pierre Rimbert publié sur le site du Monde Diplomatique, intitulé « Crise financière, les six étapes d’un désastre« . La démonstration  est suffisamment limpide pour être compréhensible y compris pour quelqu’un qui n’est pas à l’aise avec le jargon économique. (ajouté le 1/05/2010)

One Comment so far...

JEA Says:

30 avril 2010 at 20:12.

J’espère pas trop en formaliste…

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