18 mars 2008

Le grand bal des hypocrites

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour .

clownsarko.jpg Monsieur Sarkozy a rendu, hier, un hommage appuyé à Lazare Ponticelli dernier « poilu » ayant survécu à la guerre de 1914-1918. La grandiloquence était au rendez-vous : « Jeunesse de France, souvenez-vous toujours de ce que vous devez aux femmes et aux hommes qui furent si grands dans l’épreuve et dans le malheur » a déclaré notre bon Président… Les hommages rendus à des gens disparus, j’ai toujours trouvé ça suspect. Un mort, c’est pratique, ça garde la bouche cousue, ça ne risque pas de bondir hors de son cercueil pour tenir des propos inconsidérés au sujet de la grande boucherie que fut cette guerre, comme toutes celles qui l’ont précédée et toutes celles qui l’ont suivie. Un mort, ça ne risque pas de rappeler qu’après tout, ce sont les dirigeants politiques de l’époque qui l’ont organisé, ce carnage inimaginable. Des dirigeants qui n’auraient pas besoin de se forcer beaucoup pour recommencer en 2008 et envoyer notre jeunesse en croisade contre le nouvel axe du mal désigné pour la circonstance. De plus, Ponticelli, ça ne sonne pas bien français ce nom-là… Selon l’éthique bien singulière de nos gouvernants actuels, peut-être aurait-il simplement été reconduit à la frontière, encadré par deux fonctionnaires en képis, consciencieux mais sans aucune conscience. C’est ça le problème avec les étrangers : on ne sait jamais quand on va avoir ou ne pas avoir besoin d’eux !

clown1.jpg Monsieur Blair a rencontré au Japon les responsables des vingt pays les plus gros pollueurs de la planète et leur a fait la morale sur leur comportement : en rester sur un statu quo dans la lutte contre le réchauffement climatique serait purement et simplement inacceptable… Pincez-moi, je rêve ! Ce Monsieur ne dirigeait-il pas, encore récemment, l’un de ces pays industrialisés qui rejettent allègrement leur CO2 dans l’atmosphère et demandent aux pays en voie de développement d’être un peu plus « responsables ». Ce Monsieur n’est-il pas, à la fois, le grand ami et le plus fidèle allié de Monsieur Bush, cet olibrius à la solde des lobbies pétroliers, qui se moque de la pollution planétaire comme de sa dernière chemise sale, refuse de signer les accords de Kyoto et envisage de relancer la construction de réacteurs nucléaires à tout va !

Madame Parisot, Laurence, présidente du tout puissant syndicat du patronat français, s’indigne des pratiques de l’un de ses sous-fifres, Monsieur Gautier Sauvagnac, chef de l’une des officines qui adhèrent au MEDEF, l’UIMM. « Retraits d’argent pour alimenter une caisse noire, s’en servir pour acheter la paix sociale, briser les grèves… » Jamais elle n’aurait cru, la pauvre, que de telles manœuvres se déroulaient au sein de son organisation qu’elle considère comme une « avant-garde » dans notre société aux usages archaïques (elle a trop lu Lénine sans doute quand elle fréquentait les bancs des grandes écoles !). Son « écœurement », son « indignation » s’étalent à la une des journaux, au fil de ses rencontres avec d’autres grands patrons, tous aussi « blancs comme neige » et « purs comme l’agneau qui vient de naître ». Chacun y va de son petit couplet sur les malversations. Monsieur Patrick Kron, Pdg d’Alstom, est choqué par de telles pratiques et il arrive à le dire sans s’étrangler. Pendant que ces guignols occupent l’avant-scène, on en oublierait presque les histoires d’argent placé au Lichtenstein pour échapper au fisc. Ce ne sont pas les « élites » françaises qui feraient des choses pareilles !

clowns.jpg Monsieur Bush, Georges Bush, s’érige en maître mondial de la morale et distribue ses palmes et ses satisfecits : « c’est bien, c’est mal, peut mieux faire, en progrès… » Ce ne sont pas les performances de ses athlètes qu’il commente, mais l’attitude des différents pays de la planète par rapport au respect des droits de l’homme. Lui, le chef tout puissant d’un pays qui se permet de justifier et d’encourager l’usage de la torture dans les geôles secrètes qu’il fait installer à droite et à gauche, s’autorise à dresser des listes de pays jugés malfaisants. Petit problème d’appréciation, ou manque de chance pur et simple, ne voilà-t-il pas qu’il distribue ses bons points quelques jours seulement avant une vague de répression particulièrement sauvage au Tibet. Il décrète que la Chine progresse en ce qui concerne le respect des droits de ses citoyens ! C’est quoi un progrès pour Monsieur Bush ? Remplacer le supplice des ongles arrachés par celui de l’immersion prolongée dans une baignoire ? Tirer sur la foule mais en racontant que ce n’est qu’un épisode supplémentaire de la grande guerre populaire chinoise ?

Monsieur Fillon, premier ministre bien aimé d’un peuple, qui visiblement ne sait plus à quel saint se vouer, commente la raclée prise par la droite après les deux tours des élections municipales en annonçant froidement que le train actuel de réformes va s’accélérer. Il est urgent de casser un peu plus les services publics, de ramener les retraites à une aumône miséricordieuse accordée par le patronat le dimanche matin à la sortie de la messe, d’expulser les indésirables malodorants qui nous encombrent, de ne plus rembourser correctement que les séjours des gens fortunés dans des établissements de soins BCBG, d’empiler les gosses de chômeurs en paquet de 30 ou 40 dans des salles de classe, de faire croire qu’un travail de 18 h par semaine payé à la moitié du SMIC ça peut permettre à une mère de famille de nourrir ses gosses… Quand je pense qu’on l’a raté en 2003 celui-là quand il s’occupait des retraites…

clowns2.jpg Et la liste est loin d’être close ! Monsieur Kouchner se pavane au salon parisien du livre et fait le dos rond devant le chef d’un gouvernement qui ne fait preuve d’aucun scrupule pour « régler l’encombrant problème palestinien » : emprisonnements, assassinats ciblés, tirs « chirurgicaux » sur des enfants, blocus énergétique et alimentaire… Peut-être Monsieur Kouchner se donnera-t-il bientôt en spectacle devant les caméras en train de livrer des sacs de blé à la population de Gaza ? Madame Lagarde et son vélo, Monsieur Jack Lang et sa valse hésitation devant la main tendue de notre Petit Timonier, sans oublier Monsieur Darcos, ses leçons de morale à l’école primaire et sa veste électorale à Périgueux qui lui va comme un gant.

Arrêtez, je n’en peux plus, la coupe déborde ! S’ils étaient drôles au moins tous ces clowns tristes, tous ces valets besogneux du grand Capital, s’ils avaient au moins « un peu de classe » pour nous faire avaler leurs sornettes. Mais ce ne sont que de sinistres laquais, des nouveaux riches qui exultent, la bave aux lèvres, sur leur tas de privilèges à peine usés. Ils parlent de gens qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont sans doute jamais connus. Ils dissertent sur une misère qui n’a jamais été la leur. Ils nous gavent avec leurs montres de luxe, leurs croisières de milliardaires à la gomme et leurs soirées mondaines où je m’emmerderais à cent sous de l’heure. Qu’ils crèvent dans leurs salons, mais qu’ils ne se mêlent plus de la vie des autres, de NOTRE vie. Nous sommes assez grands pour nous en occuper tout seuls !

One Comment so far...

fred Says:

19 mars 2008 at 11:48.

Sombre constat ô Grand ZIHOU
Mais c’est pourtant la triste réalité.
Mais ne cédons pas au défaitisme, groupons nous et demain .. (refrain connu)
A part une invasion extraterrestre belliqueuse, je ne vois pas ce qui pourrais pousser les hommes à se tendre la main pour essayer de rendre notre planète plus sympa à habiter …

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