23 février 2011

Dis-donc, mon gars, ta prochaine chronique elle en est où, là à c’t’heure ?

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

Certains profitent, ou aimeraient profiter, de l’hiver pour sombrer dans une douce léthargie, pas nous ! Si cela arrive parfois, c’est uniquement parce que la nature l’impose plus ou moins… Il est vrai en effet que les jours plus courts ralentissent la durée d’activité et ont tendance peut-être, à réduire l’énergie et à freiner les « pulsions créatrices ». Ce n’est pas trop le cas ici à la maison ! Me voici à nouveau confronté à ce cruel dilemme : quelle que soit la durée relative de la nuit et du jour, les journées ont toujours vingt-quatre heures et il est toujours aussi difficile de vouloir, à la fois, « brûler la chandelle par les deux bouts » et « savourer chaque instant qui passe », foncer tête baissée dans de nouveaux projets, et prendre un peu de recul pour juger de l’état de ce qui est déjà engagé.  Comme chaque année, l’arrivée imminente du printemps annonce d’importants encombrements de travaux : bousculade sauvage et grandement conditionnée par la météo, entre les tâches hivernales inachevées et les bricolages « incontournables » qu’annoncent à la fois l’arrivée des jours ensoleillés et l’allongement de la durée d’activité possible en extérieur. Le bel ordonnancement que j’essaie d’établir entre travaux intérieurs les jours de météo défavorable et travaux extérieurs quand le ciel est plus souriant, entre les « choses indispensables à faire le matin » et « les trucs de la liste qu’il vaut mieux accomplir l’après-midi », va s’effondrer tel un pitoyable château de cartes. Donc il va falloir ruser : choisir ou bâcler, renoncer ou s’épuiser, s’arrêter un temps (quel temps ?) pour faire le point à la croisée des chemins et prendre, si possible, non pas forcément la bonne direction, mais une voie dont on soit, a posteriori, satisfait.

Semaines thématiques pour retraités hyperactifs… La situation décrite dans le paragraphe ci-dessus a d’étranges conséquences sur l’emploi du temps : chacune de ces dernières semaines se retrouve avec un label particulier : semaine bois, semaine rangement, semaine « Couch Surfing » (la dernière en date, avec « sous-dominante » linguistique : je prends mon courage par la main et je révise mon anglais courant, pas si courant que ça !). Et l’écriture dans tout cela ? Eh bien elle peine à trouver des cases dans l’emploi du temps, car « activité dominante » a pour conséquence cerveau quelque peu monopolisé… Vous savez bien, ce fameux cerveau masculin mono-tâche, dont on nous rabat (parfois) les oreilles. En plus, je m’aperçois que, non content de ne pas être capable de boucler mes projets de chroniques en cours, je me permets de proposer des textes à d’autres – certes il s’agit là de propositions amicales, mais je me sens encore plus lié par une proposition amicale que par une transaction commerciale ! Tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler, et mon stylo à octets sept fois dans l’espace virtuel, avant d’écrire ! Que ne respectais-je ces conseils de sagesse donnés par les instituteurs de la génération précédant la mienne, qui étaient certainement des gens fort responsables en matière éducative. Voilà donc mon char informatique potentiellement attelé à une demi-douzaine de montures exubérantes, pendant que la centrale de commandes planifie les prochaines séances de bûcheronnage et établit les menus que nous allons servir aux charmantes voyageuses anglaises que nous hébergeons ces derniers jours. Le résultat est « terrific » et mon « hard disk » est sur le point d’être « seriously damaged ».

Il se trouve que, cette année, la saison « Couch Surfing » a démarré tôt et que nous avons vu se présenter, dès le mois de février, les premiers visiteurs. Comme l’année dernière, c’est à chaque fois une expérience passionnante, que ce soit lorsque l’on héberge ou lorsque l’on est hébergé. Chaque nouvelle rencontre est l’occasion de découvrir des personnalités singulières, et, du coup, surprenantes. Chaque nouvel échange permet une communication extrêmement riche, que ce soit sur des sujets personnels, culturels, touristiques ou politiques. Cela a un côté presque rassurant de savoir que le monde n’est pas peuplé que d’individus prêts à marcher au pas ou à consommer n’importe quelle soupe médiatique, le regard brumeux perdu sur une ligne bleue quelconque. Je dois dire que les premières expériences de cet an 2011 naissant, déménagent singulièrement, et renforcent notre motivation à développer ainsi des réseaux parallèles d’hébergement, d’entraide ou de solidarité. Le seul problème, m’objecteront certains, c’est qu’il faut avoir du temps et de la place. Ces deux objections au « Couch Surfing » méritent un léger développement. Dans notre cas personnel, comme dans celui de beaucoup d’autres connaissances, ce n’est pas du temps dont on a besoin à proprement parler, mais d’un pied de biche permettant de créer quelques espaces libres entre les blocs de temps déjà utilisés. Certes, au bout d’un moment, c’est l’embouteillage, la crise, l’explosion des limites temporelles (cf début de mon exposé) mais le pied de biche est un outil remarquablement efficace. En ce qui concerne l’expérience présente, c’est la première fois, après un long échange de courriels sur les motivations particulières à ce projet, que nous acceptons un hébergement d’une durée supérieure à la moyenne. La gentillesse de nos visiteuses et le partage des travaux quotidiens permettent de limiter un peu les incidences de cette invasion sur notre planning bien huilé. Nous faisons du troc intensif à grand renfort de leçons de vocabulaire et de conseils de prononciation. Aux mots imprononçables des uns s’opposent les idiomes complexes des autres et l’on réplique à grands coups de « poules du couvent qui couvent » contre les  « angry et hungry » qui fusent.
Côté place, je dirai que le problème augmente avec l’âge des protagonistes. Il est clair que si à vingt ans on se contente d’un matelas pneumatique dans un coin de studio, quelques décennies plus tard on a souvent des exigences supplémentaires concernant le confort, exigences souvent liées, non à un quelconque caprice mais à la triste réalité des contingences physiques. A chacun de faire selon ses possibilités, sachant que l’on peut très bien s’impliquer dans le réseau en privilégiant la demande sur l’offre en matière d’hébergement. Certains « vieux », comme nous, peuvent parfois être compréhensifs !

Et puis, en plus des perce-neige, il y a ces fichues pousses de jonquilles qui pointent, là, dans l’herbe moussue, et ces sacrés bourgeons de cornouilliers jaunes qui piaffent d’impatience à l’idée d’ouvrir leurs pétales flamboyants. Ces signes, discrets certes, d’éveil de la nature, ne peuvent laisser indifférente l’âme du jardinier pressé d’en découdre avec la grisaille ambiante. Preuve que je conserve encore un certain sens de l’organisation, j’ai réussi, pour une fois, à faire réviser à temps mon « matériel agricole ». Le motoculteur est sous le hangar, frétillant, les fraises dans les starting blocks (fraisetillant devrais-je dire !)… Les touffes jaunissantes d’herbes et les galeries de taupes n’ont qu’à bien se tenir : le monstre est prêt à tracer ses sillons et à les abreuver de trucs plus utiles à la nature que du sang impur. Là, il est temps de planter une nouvelle haie, « sans oublier de tailler celle qui longe ma propriété », me fait remarquer le voisin toujours prêt à défendre son pré-carré rectangulaire. Là, il va falloir remplacer les vivaces disparues, les petites que l’on avait cachées derrière des grandes envahissantes, par une sélection mieux adaptée à la perspective… L’expérience de l’an passé donne envie de planter à foison ces onagres aux fleurs jaunes éphémères qui s’ouvrent au crépuscule et meurent lorsque le soleil est au zénith… Calme toi mon gars, me dit la voix de la sagesse. Pour l’instant, il n’est question que de t’asseoir devant ton clavier, et de terminer la chronique que tu avais prévu de publier lundi, hier déjà, et qui n’apparaitra sans doute que demain ! Oui mais… tente d’objecter la petite voix qui me tient lieu de régulateur d’excès de conscience, cette après-midi, la météo a prévu de belles éclaircies… N’est-ce point dommage de trainer devant l’ordinateur alors que la nature frémissante te tend les bras ?

Au milieu de tout cela je peine un peu à suivre l’actualité nationale et internationale. J’avoue ne pas faire preuve de mon assiduité habituelle auprès de mes sites favoris. Cela ne m’empêche pas de garder plus qu’un œil sur la destinée des peuples tunisiens, égyptiens, lybiens…. qui méritent grandement les changements en cours. Ma seule inquiétude, c’est qu’en Egypte par exemple, les changements n’aillent plus loin qu’une simple passation de pouvoir entre main droite et main gauche de la même mafia militaire. Comme chaque fois que se produisent d’importants bouleversements, il faut que le petit peuple de la rue garde un œil vigilant sur les magouilles qui se déroulent dans les sphères gouvernantes. Il n’est point aisé de renverser ou (mieux encore) d’aplanir une pyramide. C’est aussi vrai au pays des pharaons qu’ailleurs. Peut-être les choses iront-elles plus loin en Tunisie qu’en Egypte. Nos camarades tunisiens font preuve d’un courage, d’une ardeur et d’une imagination impressionnante, d’une part. D’autre part, la Tunisie ne « pèse » pas le même poids sur l’échiquier politico-économico-diplomatique international. Le tourisme de masse est certes un enjeu, mais il n’est pas d’une importance aussi considérable que le voisinage de l’Etat d’Israël ou la production colossale de pétrole. Les Egyptiens auront fort à faire pour se désembourber d’un marécage où CIA et Mossad guettent derrière chaque pied de papyrus. Quant au sinistre clown Khadafi, il semble avoir choisi la voie du bain de sang… Espérons que pour une fois il aura à rendre des comptes pour ses agissements plutôt que de pouvoir se retirer dans quelque retraite dorée pour dictateur en voie de décomposition.
Je ne dirai pas un mot sur l’actualité franco-française, je suis temporairement indisposé par le sujet. De toute manière, il paraît que maintenant le seul enjeu important ce sont des élections auxquelles je ne participerai sans doute pas, alors…

8 Comments so far...

Lavande Says:

25 février 2011 at 15:50.

Tu as vu la tête qu’ils t’ont fait sur les affiches de cinoche placardées en ville?

http://www.clapmovies.fr/films/2011/affiche-photos-news-wallpapers/paul-le-film-2.jpg

Paul Says:

25 février 2011 at 18:49.

@ Lavande – Oui, j’ai vu et j’ai grandement apprécié. J’ai pu admirer l’œuvre en allant au ciné hier soir voir le dernier film des frères Coen, « True Grit ». Je suis de plus en plus pour l’interdiction systématique des panneaux de pub…
C’est Carrefour qui avait déjà fait le coup dans mon jeune temps : « Bon appétit Paul et à ce soir », tout ça pour une cafétéria… Bon, parlons d’autre chose, le film des frères Coen est très bien. Justifie de faire 50 bornes AR pour aller au ciné…

ArD Says:

26 février 2011 at 19:12.

Avez-vous une idée, de source intuitive ou empirique, voire par ouï-dire, si le coach surfing réserve parfois de mauvaises surprises ou pas ? Je n’ai aucun a priori, loin de là.
Merci.

Paul Says:

26 février 2011 at 20:28.

@ ArD – Si les règles de fonctionnement sont respectées de façon assez stricte, je ne pense pas. Chaque hébergeur ou hébergé potentiel dispose d’une fiche détaillée sur Internet, accompagnée de commentaires et d’appréciations de la part des personnes qui ont eu à faire à lui (ou à elle). La consultation du « profil » de la personne chez qui l’on veut aller ou que l’on peut recevoir est donc indispensable. Elle permet de se faire une idée ; des échanges de mails sont recommandés avant la rencontre histoire de cerner les points litigieux éventuels ; il existe une option d’accueil « se retrouver autour d’un verre » qui peut permettre un contact préliminaire également. Si l’on respecte toutes ces démarches, les risques sont, à mon avis, limités. Nul n’est tenu de s’engager plus qu’il n’en a envie si le « ressenti » n’est pas optima. Après, il faut aussi une certaine ouverture d’esprit, et admettre que l’autre n’est pas forcément un clone de soi-même, que les approches culturelles peuvent diverger, qu’il ne faut pas forcément attendre le même confort et le même accueil partout… Risque de déception, peut-être, risque que l’échange « tourne mal », très réduit. Notre expérience personnelle (une dizaine de rencontres) est très positive et je ne crois pas que c’est uniquement parce que nous avons été chanceux. Je crois que la démarche engagée au sein du réseau sélectionne déjà le type de personne qui s’y inscrit. Pour que cela ne devienne pas un simple système d’hôtellerie à bon compte, on peut, dans son profil, préciser quelques règles optionnelles. Une personne chez qui nous avons séjourné refusait par exemple de nous recevoir si nous ne restions qu’une nuit. Ce critère est par exemple imposé dans un autre réseau (français à l’origine), Servas, créé juste après la 2ème GM. On peut très bien, dans son profil, indiquer des limites à respecter… Pour finir, dans les options de disponibilité, il y a « peut-être » aussi qui laisse pas mal de marge de manœuvre !
Si vous n’avez que des hésitations et pas d’a-priori hostile, à mon avis, tentez l’expérience, cela en vaut la peine…

Zoë Says:

27 février 2011 at 22:48.

Comme vous Paul, des journées qui finissent à point d’heure et plus le temps de bloguer. Le couch surfing est tentant. Pas eu encore l’occasion de me lancer , mais ça peut venir. Ici ce sont les violettes qui annoncent le printemps.

JEA Says:

28 février 2011 at 17:45.

Pas la prochaine chronique. Mais après, ensuite, on ne sait quand mais avant la saint-glin-glin…
Quelques mots et illustrations à propos de Jean Meslier, curé ardennais… révolutionnaire et défintivement athée ?

JEA Says:

1 mars 2011 at 06:50.

La dernière phrase a mis les voiles :
Ca vous dirait comme billet ici ?

Paul Says:

1 mars 2011 at 07:49.

@ JEA – Effectivement, je comprends mieux le commentaire et j’approuve des deux mains (des deux pieds, cela supposerait une habileté que je commence à avoir du mal à maitriser… Mon dos souffre un peu des coupes de bois !). Le thème m’intéresse effectivement beaucoup. J’espère, de mon côté, pouvoir tenir mon engagement dans un délai raisonnable… Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient !

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