24 mai 2008
Manif à Grenoble
Posté par Yvanne dans la catégorie : Humeur du jour .
Pendant que je butinais dans mes fraisiers, notre amie Yvanne participait à la manifestation à Grenoble contre la réforme des retraites. Son compte-rendu est sympa, je le publie ci-dessous. Merci à Yvanne de devenir « rédactrice invitée » de ce blog et de soulager ma conscience !
Ciel bleu de mai. Ça manifestait bon enfant dans la ville de Grenoble. Un peu trop peut-être. Balade sous le soleil jusqu’au parc Paul Mistral. A quelques rues de là, c’était une autre histoire. Il y avait le bleu triste des gendarmes costumés robocop face aux lycéens qui demandaient simplement depuis deux mois l’accès au rectorat. Non, répond le recteur. C’est l’heure des merguez murmurent les cadors des confédérations, misérables partenaires sociaux juste bons à manger dans la main de l’Etat et ne représentant personne d’autre qu’eux-même. Des gens pour qui la manifestation, c’était pour la forme. Demain, on cotisera
41 ans et puis voilà.
Et les jeunes ? Bah, les jeunes… C’est pas notre affaire.
Et bien si, justement. Les jeunes c’est l’avenir. Et heureusement, il y a encore des responsables syndicaux pour penser solidaire et collectif et initier un cortège jusqu’à la préfecture, où les gendarmes se tiennent prêts à envoyer les lacrymos sur les lycéens, de quelques années leurs cadets. Ils sont organisés, à l’écoute des ordres par talkie-walkie, nous tiennent en étau et en joue. Des syndicalistes interpellent les gendarmes impassibles. Les slogans fusent puis les lacrymos. La fumée blanche envahit la place forçant les manifestants à se replier. Les yeux piquent, les voies respiratoires sont irritées. On pare comme on peut avec des dosettes de sérum physiologique et un foulard ou une écharpe. Les forces de l’ordre peuvent rester stoïques sous leur masque à gaz , l’un ou l’autre oriente d’un geste de matraque la course de ceux qui
tenteraient de s’échapper de biais.
Dans le face à face, ce sont les plus équipés qui l’emportent. Les manifestants finissent par se disperser. Après les charges, un costard de la préfecture vient expliquer aux journalistes que l’intervention des forces de l’ordre était nécessaire pour raison de sécurité. Entendez : c’est la faute des casseurs. Le discours est formaté, mais le message passe encore bien dans les médias. Le sujet des fermetures de classes est anecdotique. La casse de l’école, ce n’est rien. Dormez tranquilles bonnes gens.
La répression veille et La réforme avance: pour le retour au temps du chacun pour soi c’est tout droit. Dans le mur.
4 Comments so far...
L'Etrusque Says:
24 mai 2008 at 12:15.
Il est vrai que les forces (de l’ordre ?) étaient égales… J’ai eu l’honneur d’apprécier un peu plus tard place Grenette les doux tirs de grenades lacrymo et de flash-balls en direction de jeunes les deux bras levés… en signe de paix sans doute… Peut-être que la prochaine fois ils les lèveront avec une motivation différente… Et moi je me rappelais un vieux disque de jazz de l’ONJ de François Jeanneau… « Jazz Lacrymogène »… c’était en… mai 68 bravo !
(A voir images et vidéos sur grenews.com…)
Sylvaine Says:
25 mai 2008 at 15:02.
Je suis d’un pays où le droit de grève n’existe pas…et je suis bien contente maintenant… d’avoir été à Paris en 1968 …j’avais 26 ans !
d’avoir cotisé 44 ans à l’AVS…car même avec tant d’années…je suis tout à fait en dessous du smig.
Et…Mon métier fut aussi pénible…j’ai le dos « foutu »
Je ne puis être d’accord avec cette manifestation.
aglaé Says:
25 mai 2008 at 20:36.
Yvanne……c’est bien envoyé! on y est avec vous, y compris les lacrymos. J’ai été obligé de m’essuyer les yeux et de demander un collyre à Doudou…C’est ce que je nomme un style efficace….je t’embrasse vieux gavroche….Aglaé
FrAyDo Says:
25 mai 2008 at 23:51.
Yvanne,
Ton article reflète bien la réalité des évènements.
En temps que participant à la manif, je me retrouve parfaitement dans tes écrits, contrairement aux quelques articles de presse, dénonçant une fois de plus, une sois-disante provocation des jeunes.
Nous sommes manipulés par les médias, et heureusement qu’Internet nous pemet encore de voir les choses d’un autre oeil …