23 janvier 2012

Bric à blog bringuebalant

Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .

« Bringuebalant » : s’applique dans ce cas à un texte rédigé lors des journées difficiles consécutives aux festivités de fin d’année, journées pendant lesquelles l’humeur va cahin-caha en fonction de l’ensoleillement, de la brume et des gelées prolongées. Ethylémologie de ce mot : « bringue » de « bringue » – « balant », variante orthographique de ballant terme utilisé généralement pour qualifier le mouvement avant-arrière d’une personne quelque peu hésitante… Exemple d’utilisation : « Le jeune militant resta les bras ballants, médusé par l’ampleur de la dune de sable qu’il avait à déplacer et la petitesse de la cuillère que son chef de cellule lui avait confiée. Il abandonna lâchement la tâche et partit faire la bringue » (dictionnaire charbinois édition 2012).
Pour en revenir au bric à blog, on oscille entre optimisme et pessimisme, ardeur et découragement, humour et désespoir… et on n’est pas les seuls ! Fin de l’introduction introspective.

Pour commencer, et pour se soulager, on tape un bon coup sur les experts. J’avais envie de rédiger une chronique sur ce thème : experts en économie, en relations internationales, en coulage de bateaux… que l’on nous sort à la télé à tout bout de champ. Daniel Mermet, à la radio, a traité de ce problème avec pas mal de brio. Il faut dire que c’est dans l’air du temps. Ce que je me demande c’est quand on va créer le poste « d’expert en conneries d’experts ». Je sais que ça risque d’être un peu harassant comme boulot car il y a de quoi faire ! La particularité de ces gugusses, diplômés en esbroufe, avec lesquels on nous « amuse » à longueur d’antenne,  outre le fait qu’ils changent d’avis au gré des événements, n’hésitant pas à se contredire à quelques années (voire quelques mois) d’intervalle, c’est qu’ils font tous partie de la même chorale des Petits Frères des Riches. Certes, ils ont plus ou moins de tremolo dans la voix, et entonnent leur refrain en respectant le registre qui est le leur, mais l’essentiel c’est qu’ils respectent le dogme libéral au doigt et à l’œil. « C’est bien triste que le magasin brûle Madame Michu, mais il n’y a pas d’issue de secours, alors il va falloir faire avec la petite vague de chaleur ! » Le seul espoir que j’ai, c’est que ce bourrage de mou granguignolesque finisse par lasser le chaland. Il est difficile de vendre des casseroles en n’ayant qu’un modèle à présenter et en le dupliquant à l’infini. Au bon vieux temps de cette caricature de communisme qu’était l’URSS, on avait au moins un épouvantail à agiter ! Le terrorisme islamique, en tant qu’unique « force du mal », c’est un peu léger pour faire avaler toutes les couleuvres. Il serait grand temps de s’occuper des terroristes, des vrais, ceux qui occupent tous les postes clés en économie dans nos sociétés en cours de dépeçage. Enfin, en attendant, si vous ne l’avez pas fait, réécoutez les deux reportages de « Là-bas si j’y suis », vous entendrez un autre son de cloche.

Si l’on dispose de nombreux expert en « printemps arabe », il semble que ce soit la pénurie quand il s’agit de parler des événements qui se déroulent au sein de l’Union Européenne, en Roumanie plus exactement. Certes on nous a annoncé, à plusieurs reprises, que les Roumains – ces pauvres gens – n’appréciaient guère la politique d’austérité imposée par leurs dirigeants libéraux, un peu, ma foi, comme les Espagnols, les Portugais, les Italiens, les Grecs… On nous a montré quelques images de manifestations avec des drapeaux troués, et précisé bien entendu, que les casseurs ultra-gauchisto-anarchistes en profitaient pour se livrer à quelques pillages…. Mais l’analyse de la situation n’est guère allée plus loin. D’où l’intérêt de ce texte « Roumanie : une révolution au sein même de l’Europe » publié sur le site de « l’en-dehors ». L’auteur propose une étude chronologique des événements qui ont poussé les Roumains à descendre massivement dans la rue, et donne, tout au long de son récit, de nombreux liens pour étayer ses affirmations. Lorsque nous sommes allés en Transylvanie, à l’automne 2010, la situation n’était pas brillante – j’avais évoqué le sujet dans ces colonnes : salaires des fonctionnaires baissés de 25 %, pouvoir d’achat très faible, une grande partie de la population en dessous du seuil de pauvreté, chômage en pleine croissance poussant à nouveau à l’émigration… A l’époque, l’appartenance – toute récente – à l’Union Européenne était plutôt bien vécue, et l’entrée dans la zone euro annonçait la promesse de lendemains qui chantent un peu plus. Il semble que la situation a beaucoup évolué depuis que le FMI et la Banque Centrale Européenne ont dévoilé la totalité de leurs cartes et de leurs intentions… Nul ne peut prédire ce qui va se passer dans un des pays voisins de la Roumanie, en l’occurrence la Hongrie, tombée entre les mains d’une joyeuse bande de nationalo-populistes de droite plus ou moins extrême. Ce qui est sûr c’est que les libertés individuelles sont dangereusement menacées… Là aussi, la situation économique n’est pas brillante !

Retour dans l’Hexagone uraniuminisé… EDF sait-elle vraiment démanteler ses centrales nucléaires ? Voilà la question dérangeante que pose cet article instructif du site d’informations « Basta »… Les problèmes liés au démontage, à la gestion des déchets faiblement radioactifs – mais néanmoins toxiques – générés par ces chantiers titanesques, sont souvent passés sous silence, notamment lorsque l’on débat du coût respectif des différentes sources de production d’énergie. Ce texte a le mérite de remettre au premier plan quelques éléments fondamentaux à prendre impérativement en compte dans ce genre de débat. Un de ces quatre, il faudra que je vous parle du démontage de notre fleuron local superphénixien. Nous dormons toujours à quelques kilomètres d’un bon stock de plutonium et de sodium radioactif. Malville offre l’une des rares piscines couvertes à proximité de notre domicile, mais, je ne sais pas pourquoi, nous n’avons guère envie d’y faire trempette ! Tout le monde parlant du futur non-événement, à savoir les élections présidentielles, je ne peux m’abstenir (enfin si, mais c’est une autre question) d’y faire allusion. Je constate, dans un premier temps, qu’aucun des joyeux candidats bien placés au départ de la course, n’a la moindre intention, et même la moindre velléité d’intention, de s’attaquer au lobby qui va continuer à faire la pluie radioactive et le beau temps atomisé sur notre territoire. J’ai vu cette semaine un reportage sur les « Verts » en Finlande ; eux au moins sont francs dans leurs déclarations. Ils sont opposés au nucléaire, mais s’abstiennent d’évoquer cette question pendant la campagne électorale en cours, histoire de ne pas entraver les maigres chances qu’ils ont encore de participer au futur gouvernement. Il est vrai que ces histoires de déchets radioactifs pendant des dizaines de milliers d’années ne constituent pas vraiment un enjeu d’importance pour des politiciens dont le train-train quotidien est bouleversé tous les cinq ans.

Dans le domaine culturel, l’affaire de la fermeture, sur décision judiciaire américaine, du site de téléchargement MegaUpload a fait pas mal de bruit dans le landernau informatique. Il faut dire que cela sent le soufre à plein nez… Deux billets lus ces derniers jours proposent une analyse pertinente de ce fait de société. Sur son « bloc note visuel », Totem, André Gunthert s’intéresse aux guerres perdues d’avance et se livre à une comparaison intéressante entre l’opération politico-judiciaire en cours et la tentative faite par le roi François 1er d’interdire l’impression de livres sur le territoire de son royaume, solution aussi grotesque que désespérée pour enrayer la montée de la Réforme Protestante. L’article s’intitule : « MegaUpload, comment se perdent les guerres culturelles« . L’extrait choisi de ce texte recoupe tout à fait mon propre point de vue : « Inutile de pleurer MegaUpload. Des centaines de sites semblables ont déjà pris le relais, qui tirent leur utilité et leur profit des interdictions mêmes qu’édictent les pouvoirs sous influence des lobbies du copyright. Mais la démesure de la contre-attaque est la preuve de la profonde faiblesse de ceux qui ont déjà perdu la guerre. Merci à eux de nous le signaler avec autant de clarté. »
Autre point de vue sur le même sujet, différent mais néanmoins convergent, sur le site « Reflets ». L’article s’intitule : « MegaUpload, le cancer du pirate« . Attention c’est un peu plus technique, et quelque peu déroutant si vous n’êtes pas familiers des techniques de téléchargement et de la terminologie spécifique à ce secteur en pleine expansion. Je n’ai aucune sympathie pour les multinationales culturelles et pas plus pour les structures de piratage commercial qui s’appuient rigoureusement sur les mêmes principes d’exploitation. Disons que ce qui m’inquiète, comme nombre d’internautes, c’est ce qui se profile à l’horizon en matière de contrôle et de censure de la toile. Chacun sait que de nos jours il est facile de traiter une structure quelconque de « terroriste » et, au nom de la bonne moralité que l’on ne respecte aucunement par ailleurs, de la désigner à la vindicte générale… Un seul outil, Internet, deux conceptions radicalement opposées de son utilisation… Choisis ton camp camarade ! Si tu as des hésitations, tu peux aussi lire un autre article du même site « reflets », intitulé « MegaUpload takedown : quelles leçons en tirer ?« . Ce texte décortique, sur le mode humoristique, les propos grandiloquents de la députée Marland Militello, béate d’admiration devant l’action de not’bon président, qui vient, une fois de plus, de sauver le monde, cette fois grâce à la charmante loi Hadopi…

Pour terminer de façon un peu plus décontractée, je vous propose un bilan original de l’année 2011… original, et pourtant fort instructif, cet ensemble de données statistiques ramené au « jour par jour ». Publié sur Altermonde, ça s’intitule « des chiffres et des êtres » et c’est signé Épik Épok. C’est incroyable tout ce qui peut se passer, chaque jour, en France, juste sous notre nez. En tout cas, moi, je ne fais pas partie des gens qui vont chez le coiffeur si souvent que ça… ce qui explique par ailleurs que je sois si peu au courant des faits et gestes de mes concitoyens !
Dans le domaine délassant pas con,  « la Parisienne libérée » continue à sévir pour notre grand plaisir ; parmi les dernières chansons, une petite préférence pour « la TVA j’aime ça ». Ce dernier clip s’inscrit dans une série proposée par Mediapart sur son site internet. Quelques autres perles à dénicher dans la liste, notamment « kayak à Fukushima » !
Et enfin, cette brève étude d’une maison de hobbit peu coûteuse et autonome sur le plan énergétique… Les camarades semi-hommes n’avaient peut-être pas tort en préconisant un habitat partiellement enterré… A moins que les nains avec leurs cavernes et les elfes avec leurs cabanes aériennes n’aient aussi entrevu quelques issues intéressantes pour l’habitat du futur. Vivement le printemps qu’on s’occupe un peu de notre auto-suffisance !

Ciao tutti. Grazie mille.

4 Comments so far...

la Mère Castor Says:

24 janvier 2012 at 11:23.

La maison de mes rêves. En vrai de vrai. Je la visite en images dans ma tête quand je n’arrive pas à dormir. D’abord je cherche où la placer, et puis je m’y promène. Merci merci merci pour ça et tout le reste.

Paul Says:

24 janvier 2012 at 13:11.

@ Mère Castor – En fait c’est vrai que j’aimerais bien la visiter cette maison ! Toutes ces rondeurs font envie et je me vois bien dans le rôle du hobbit propriétaire prenant le frais sur le pas de la porte dans un fauteuil à bascule… Il y aurait bien entendu une « dépense » gigantesque pour stocker rien que de bons produits, une petite cave avec une place de choix pour les vins du Roussillon que j’aime tant, et une bibliothèque immense éclairée par de multiples hublots…

JEA Says:

24 janvier 2012 at 14:13.

sur quel autre blog que le vôtre (dé)poser jute un mot pour Bernard Thomas ?

Paul Says:

25 janvier 2012 at 09:24.

Complément MegaUpload : pour compléter le dossier évoqué dans cette chronique, on peut lire aussi cet excellent article publié sur LMSI et repris par Altermondes, qui résume sans doute encore mieux ma position, que le premier lien fourni. Les citations de Raymond Forni et d’Alex Türk en fin de texte me paraissent remarquables de lucidité.

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