7 août 2008

Récréation horticole et savoyarde (deuxième étape)

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

Quand j’étais, disons, nettement plus jeune, au journal télévisé on entendait parfois le journaliste qui concluait son reportage en prononçant le quasi-rituel : « à vous les studios, à vous Cognacq Jay ! »… Voilà ce qu’évoquait pour moi le nom de Cognac Jay jusqu’à ce que j’entende parler du jardin alpin de la Jaÿsinia à Samoëns et que je découvre la biographie de cette Madame Cognac Jay créatrice de ce jardin, il y a maintenant un siècle. En faisant des recherches dans la documentation relativement peu abondante sur le parc, j’ai appris que Mr et Mme Cognacq-Jay étaient les fondateurs du magasin « la Samaritaine » à Paris, et que Madame, originaire de Samoëns, avait investi une partie de sa fortune personnelle dans l’achat d’un domaine et la création de ce grand jardin alpin dans sa commune de naissance, en 1903. Réalisé par l’architecte paysagiste genevois Louis-Jules Allemand, le jardin de la Jaÿsinia a demandé trois ans de travaux intensifs : remodelage du terrain, apport de terre agricole, terrassement du chemin d’accès, construction de différents ouvrages, plantations… L’inauguration a eu lieu en 1906. A sa mort, en 1925, elle a fait don de sa propriété à la municipalité, sous réserve que le parc reste accessible au grand public et que l’entrée en soit gratuite (c’est le cas, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné !)

Même si elle n’est pas « le produit touristique » le plus mis en avant par le syndicat d’initiatives, la visite de la Jaÿsinia est l’un des fleurons du programme d’activités local. Le jardin s’ouvre sur une petite place au centre de l’agglomération et il est facile à trouver. Une « maison de la Jaÿnisia », située à l’entrée, propose des expositions temporaires, et quelques souvenirs à acheter pour financer les activités de l’association des amis du parc (les cartes postales sont magnifiques). Une petite halte s’impose à l’arrivée ou au départ, d’autant que les personnes que nous avons rencontrées à l’accueil sont charmantes. Un chemin goudronné et de petits sentiers escarpés permettent de parcourir le parc jusqu’à son sommet où l’on découvrira les ruines d’un petit château, la Tornalta, ayant appartenu aux seigneurs de Faucigny au XIIème siècle, et une chapelle, bien conservée, datant de 1687. Un ruisseau entrecoupé de cascades traverse le jardin et offre de superbes paysages en miniature. Les recoins ombragés et humides non loin de ce cours d’eau abritent des spécimens botaniques originaux, parfois de dimensions assez étonnantes.

La jaÿsinia abrite une collection impressionnante de plantes alpines (plus de 5000 représentant 2700 espèces différentes) et un mini arboretum avec de magnifiques sujets (environ 500 espèces d’arbres et d’arbustes). Nous avons bien entendu noté le nom de quelques arbustes intéressants manquant à notre collection et admiré un magnifique spécimen de Sapin d’Espagne (Abies Pinsapo – le nôtre mesure… deux mètres !). Nous avons retrouvé le fameux érable à peau de serpent déjà aperçu dans d’autres arboretums, ainsi que l’arbre au caramel (le cercidiphyllum). Ce jardin alpin est géré par le Museum d’Histoire Naturelle de Paris et abrite un laboratoire de recherche, le GRIFEM (Groupe de Recherche et d’Information sur la Faune dans les Ecosystèmes de Montagne). Si je me permets de dire que ce parc n’est pas le produit phare de l’Office du Tourisme c’est parce que, sur la base d’informations publiées sur un site internet plus ou moins officiel, nous nous sommes présentés, un mardi matin, pour une visite guidée qui n’a jamais eu lieu, qui ne devait d’ailleurs pas avoir lieu… Notre requête, visiblement saugrenue, a provoqué bien des émois dans le landerneau informatif local ! Nous aurions eu plus de facilité à louer une calèche tirée par des rennes…

Rassurez-vous, nous nous sommes guidés tout seuls et, grâce aux nombreux panonceaux informatifs, nous avons découvert de fort belles plantes et réalisé une jolie série de clichés photographiques. N’étant pas des botanistes acharnés, nous n’avons peut-être pas su apprécier la richesse de certaines collections de plantes rares, mais l’ensemble de notre visite nous a laissé une impression très agréable de beauté et de sérénité. Le lieu choisi par Madame Cognacq Jay est indubitablement magnifique et il est agréable de pouvoir en profiter, au petit matin, sans être dérangé par les bruits de moteurs ou les braiments des meutes touristiques affamées. Grâce aux photos que je vous ai choisies, vous pourrez quand même admirer la forme élégante ainsi que les couleurs seyantes du « Panicaut des Pyrénées », de la « Lisimaque » ou de la « Linule du Caucase » (dans l’ordre d’apparition) : ces trois fleurs seront les représentantes, sélectionnées très arbitrairement, de toutes les merveilles que nous avons contemplées.

Le tour du jardin nous a pris une heure et demie, pause « reprendre son souffle et admirer le paysage » comprise. Même si vous n’êtes pas férus de botanique, l’endroit a suffisamment de charme pour être visité, d’autant que, la visite terminée, vous pourrez faire un petit tour dans le village puis aller vous dégourdir les jambes (déja bien échauffées) en faisant une magnifique randonnée aux cascades du Cirque du Fer à Cheval à quelques kilomètres de Samoëns (dernière photo en fin de chronique). En fait, pour les amateurs de balades, la région offre de belles perspectives et mérite un séjour nettement plus long que celui que nous y avons effectué. Mais il faut dire que, déjà, l’appel d’un autre jardin se faisait entendre : nous avons repris la route pour nous rendre à Yvoire, sur les bords du lac Léman, au « jardin des cinq sens » où nous avions rendez-vous le lendemain. Mais, bien entendu, il vous faudra patienter un peu pour connaître la suite de nos aventures horticoles !

One Comment so far...

Fil des jours Says:

7 août 2008 at 21:52.

Voilà une récréation qui me convient parfaitement !

@++

Marie

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