11 juillet 2014

Potins d’été (première stance)

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

• Passer outre la mauvaise humeur que provoquent ces pluies incessantes, ces plongées intempestives du mercure, et l’impossibilité – agaçante – de mener à bien les projets extérieurs.
• Se dire, qu’après tout, les instants de pause dans une vie plutôt agitée ne sont peut-être pas si regrettables que cela.
• Penser très fort que c’est peut-être l’occasion de se mettre au clavier (de l’ordinateur… le piano je l’ai abandonné il y a un demi-siècle) et de rédiger une petite chronique à lire, non pas au coin du feu, mais assis derrière la fenêtre à guetter un rayon de soleil…
• Se mettre à l’ouvrage – non sans difficulté – car la brume, la grisaille, le coton hydrophile, le feutrage des paysages poussent à l’indécision et à la morosité.

Les hirondelles qui ont niché à la grange, elles, ne sont pas affectées par les rigueurs climatiques. Sur la photo, elles sont rassemblées pour leur première leçon de pilotage ; elles ne prennent pas encore la poudre d’escampette !

Une belle réussite de l'année : le HLM à courges...

Une belle réussite de l’année : le HLM à courges…

Je relis les titres des billets – nombreux – que j’ai commencés ces derniers temps et, comme il se doit, souvent laissés en plan. Quelques bons titres, quelques thèmes aguichants, des idées qui mériteraient sûrement un développement plus étoffé comme le disait mon prof de philo. Rien qui me facilite vraiment la tâche. Besoin d’innover, comme une chatouille au creux de la main, mais le cerveau ne réagit guère à ce stimulus limite agaçant. Besoin de chercher de nouveaux espaces, de nouveaux thèmes, mais paralysie de la curiosité lorsqu’il s’agit de baguenauder et de trouver de nouvelles sentes à explorer. J’ai fait part, l’autre jour, de mon désir de mettre le blog en sommeil quelques semaines. Après tout, pendant cette période dite estivale, vous êtes moins nombreux à me lire et seuls les spammeurs et les agités du code expliquent raisonnablement les quelques pics d’audience depuis un mois. Tous les ingrédients sont donc réunis sur mon plateau pour que je saisisse ce prétexte bien commode du repos estival pour m’en aller conter mes histoires aux pinsons, aux escargots et aux poissons rouges de la mare. Mais je crois que pour une fois je ne choisirai pas cette solution de facilité. Je vais continuer à commettre quelques billets d’humeur ou d’exploration, au gré des vagues et des cumulo-nimbus.

Je pourrais me contenter, par exemple, pour n’avoir à consulter aucun dictionnaire, de vous conter ce qui se passe de palpitant à la maison au fil des jours… C’est l’objectif avoué de ces potins. Si ça vous lasse ou si ça vous agace, vous pouvez toujours aller temporairement visiter une autre crèmerie : il n’y a que l’embarras du choix.

Mamaz 1 Samedi dernier, en soirée, nous avons organisé notre cinquième « spectacle à domicile ». Le clou de la soirée, c’était la prestation d’un groupe de musique baptisé « les Mamaz » : deux chouettes filles qui chantent, chahutent, grimacent et jouent de divers instruments, accompagnées (on pourrait dire « supportées » dans les deux sens du terme) par un très bon pianiste aux talents insoupçonnés de comédien. Le spectacle s’intitule « et pourtant elles chiantent » et l’on peut dire de ce titre qu’il résume fort bien les acrobaties vocales, musicales et scéniques qui se sont joyeusement succédé pendant une heure et demie. Manon Lardanchet, Mathilde Combe et Joël Clément ont un vrai talent et mériteraient d’occuper une place plus importante sur les scènes trop discrètes de cette catégorie musicale confidentielle que l’on appelle parfois « chanson à paroles ». Allez faire un tour sur le site du groupe et vous comprendrez, un peu, pourquoi les amis présents et nous-mêmes avons tant apprécié la soirée. En tout cas, ce spectacle ne démérite pas des précédents et nous sommes assez fiers de notre programmation ! Avant ce morceau de choix, la mise en bouche, très réussie, était laissée aux soins d’un jeune pianiste classique talentueux, Denis Gravina, qui a interprété quelques pièces de Grieg, Mendelssohn et Messiaen. Si je vous dis qu’après ces réjouissances culturelles nous avons terminé la soirée en nous régalant devant un copieux buffet alimenté par tous les participants, c’est juste pour vous donner envie !

ciel d'orage Nos volontaires Help’x n’ont guère de travaux à effectuer ces derniers temps : c’est un autre effet direct de la météo très aléatoire que nous avons cette année. Les cueillettes de fruits rouges ont débuté bien plus tôt que l’année dernière, quant aux légumes, après des débuts prometteurs au mois de juin, ils trainent un peu la patte pour mûrir ces derniers temps. Le principal sujet d’actualité c’est la lutte contre les limaces et surtout les rats taupiers. J’avais déjà écrit sur ce sujet il y a quelques étés et je ne vais pas réitérer. En tout cas je deviens un expert en rat taupier, ce charmant (aarrgh !) petit rongeur que l’on appelle aussi campagnol terrestre. Ce sympathique animal de compagnie s’installe dans le sous-sol de votre jardin, se garde bien de montrer le bout de son museau, et fait des ravages considérables dans les cultures. Mon expérience de bac construit en « lasagnes » selon l’un des modèles préconisés en permaculture s’est avéré être une véritable catastrophe. Le seul vrai bénéficiaire du projet c’est (ou ce sont) un (ou plusieurs) campagnol(s), ravis d’avoir niché dans le bois mort bien au frais sous les couches de paille et de compost. Du fin fond de leur domaine, ils ont mis le quartier en coupe réglée. Les dégâts sont considérables : avant que je ne capitule et laisse ce micro-jardin en no man’s land, il (ou ils) a coupé plus d’une quarantaine de plants de légumes selon un hit-parade gastronomique très précis : céleris (une folie), betteraves (un régal), salades (miam), mais aussi aubergines, choux en tout genre, courgette… N’ayant que l’embarras du choix cet animal que j’ai surnommé Attila attend patiemment que la racine (ou le bulbe) soit suffisamment charnue avant d’engloutir le plant en le tirant vers le bas… Pour certains légumes, le monstre se contente des racines, pour d’autres, comme le céleri, l’ensemble du végétal est englouti. Arvicola Terrestris, je t’aurai !

jardin en bac Je hais donc le rat taupier et je commence à avoir des doutes sur certains façons culturales préconisées en permaculture, notamment l’absence de travail superficiel du sol et le fait de se contenter d’apporter des débris végétaux et du compost en surface. L’hiver très doux que nous avons eu cette année a favorisé la pullulation des rongeurs. Quant aux prédateurs, eux, ils ne sont pas pressés d’effectuer leur travail de régulation. Conséquence positive de mes coups de colère successifs, je crois bien que les chats, absents du paysage de la maison depuis quelques années, vont faire leur retour eux aussi. Histoire de faire plaisir aux végétariens, je me demande si le jardin, cette année, ne produirait pas plus de viande que de légumes… Il ne reste plus qu’à mettre au point la recette de la terrine limaces-courgettes et nous serons presque auto-suffisants. Ces charmantes bestioles sont suffisamment gluantes pour qu’il n’y ait pas besoin d’adjoindre un gélifiant au mélange. Beuark, rassurez-vous, ce n’est là qu’une menace en l’air. Mais il n’en reste pas moins que ces bestioles aussi sont de redoutables prédateurs. En une nuit, une seule limace a réussi à ratiboiser une quinzaine de plants de salades en godet… La charmante apprentie jardinière qui venait d’effectuer le délicat travail de transplantation d’un petit godet vers un grand ne manquera pas d’apprécier quand elle va s’enquérir de la santé des nourrissons de mon service néonatal. La coupable de ce méfait s’était gentiment cachée sous un pot… J’ai cruellement mis fin à son existence. Mon seul regret c’est qu’un hérisson ne se soit pas chargé du boulot à ma place, mais il y a des années et des années que nous n’avons plus croisé ces charmantes bestioles autrement qu’en tapis à clous au bord de la route. Insecticides, poisons divers et automobilistes aveugles sont responsables du massacre de l’un des auxiliaires les plus précieux du jardinier.

femme araignee Il pleut. J’écris, un peu. Je lis beaucoup et de grandes et belles choses. Je mitonne une petite chronique « lecture estivale », mais je ne résiste pas à la tentation de la faire précéder par un apéritif conséquent. Grâce au blog « Actu du Noir », j’ai découvert qu’Anne Hillerman avait repris la série de romans policiers écrite par son père Tony. Je partage l’avis de Jean Marc Laherrère : la transition est plutôt réussie. Les bouquins de la famille Hillerman (on peut dire comme ça maintenant) racontent les aventures de deux membres de la police tribale navajo, Joe Leaphorn et Jim Chee. Les intrigues servent de prétexte à dépeindre une immense fresque de la vie des indiens Navajos et Hopis dans les réserves que leur ont concédées les autorités gouvernementales américaines. Anne Hillerman a ramené au premier plan un personnage que son père avait créé dans les derniers volumes de la série, celui de l’agent Bernadette Manuelito, et cela crée une nouvelle dynamique dans la saga. La lecture de ce nouveau volume intitulé « la fille de femme araignée » m’a bien plu. Le style est différent mais les ingrédients qui ont fait que j’appréciais la série sont toujours rassemblés. Moi qui adore les personnages récurrents (à condition qu’ils présentent un intérêt quelconque bien entendu) me voilà ravi et impatient de voir la série continuer ! Parallèlement à ce roman policier, j’ai lu un autre ouvrage passionnant qui a pour cadre les réserves navajos, mais il s’agit cette fois d’une biographie… Le livre intitulé « le scalpel et l’ours d’argent » raconte la démarche de la première femme chirurgienne navajo qui a tenté de concilier deux cultures médicales apparemment inconciliables, celle de son peuple et celle que lui avait inculquée la faculté des blancs. Elle a cherché pendant des années à faire converger deux ensembles de pratiques que tout semblait opposer : la culture médicale traditionnelle n’a que mépris pour les rituels de guérison des peuples « primitifs » ; la culture navajo n’admet pas que l’on ouvre un corps pour guérir ou enlever un organe malade. Les résultats de son travail sont suffisamment exceptionnels pour que des facultés de médecine s’y soient intéressées dans le monde entier. Je trouve cette démarche riche en opportunités pour le futur : plus le temps passe, plus l’on découvre l’importance que joue notre cerveau dans la gestion des pathologies et en particulier dans leur guérison. Aussi amusant que cela puisse paraître, je trouve que les deux ouvrages se complètent !

Les hasards des échanges par mail m’ont aussi conduit à faire un peu de généalogie et à m’intéresser au parcours de mon grand-père paternel, mort au tout début de la guerre de 1914-18. J’ai découvert la difficulté qu’il y a parfois à mettre un nom sur la photo de quelqu’un que l’on n’a pas connu, surtout lorsque tous ceux qui auraient pu le connaître sont morts aussi. Par delà toutes ces commémorations nauséabondes, ces médailles de pacotille et ces hommages pompeux rendus par des politiciens tout aussi véreux que leurs ancêtres, il y avait des créatures de chair et de sang. Maudite soit la guerre en Palestine ou en Syrie en 2014, comme en France il y a un siècle.

A la revoyure (la périodicité de ces « potins estivaux » n’est pas encore fixée).

Post Scriptum : Référence des deux ouvrages cités : « La fille de femme araignée » de Anne Hillerman, collection Rivages Thriller, éditions Payot et Rivages, traduction de Pierre Bondil – « Le scalpel et l’ours d’argent » de Lori Arviso Alvord et Elizabeth Cohen Van Pelt, Indigène éditions.

 

7 Comments so far...

fred Says:

16 juillet 2014 at 09:25.

une chasse au campagnol terrestre se profile t’elle ?
Que voilà une activité vivifiante en prévision !

Paul Says:

17 juillet 2014 at 15:52.

@ Fred – Campagne de chasse, je n’en sais rien, mais ce qui est sûr c’est que l’une des premières conséquences de tous ces ravages a été l’adoption par la maison de deux adorables chatonnes grises qui sont les stars du moment !

fred Says:

18 juillet 2014 at 07:45.

le retour des félidés !
ben ça promet !
elles ont déjà des petits noms ?

Paul Says:

18 juillet 2014 at 07:54.

@ Fred – Après quelques longues années d’interruption, on est contents ! Côté noms, on tape dans les mots amérindiens qu’on aime bien, ou les prénoms, tu verras sur place. Je ne veux pas fournir ce genre de renseignements à la NSA !!!

fred Says:

18 juillet 2014 at 08:11.

Bigre ! il ne faut pas citer la NSA tu vas attirer leurs bots sur ton blog
utilise une ruse appelle les la Nouvelle Société des Attentifs ça peut les perturber un moment ! En tout cas, hâte de découvrir ces petites boules de poils !

Zoë Lucider Says:

22 juillet 2014 at 00:27.

Pff! Le robot a mangé mon commentaire où j’exprimais mon animosité à l’égard des taupes et ronchonnais également sur le temps mauvais. Il faut dire que c’est quasi illisible le CAPTCHA

Paul Says:

22 juillet 2014 at 08:38.

@ Zoë – C’est frustrant en effet et ça m’est arrivé à plusieurs reprises sur d’autres blogs… Maintenant, quand je commente un peu longuement, je vais un « copier » avant d’envoyer ! Quant au capcha, difficile de m’en passer, vu le volume de commentaires parasites quotidiens ! Les taupes agacent avec leurs galeries et leurs monticules, mais ce sont surtout les rats taupiers qui passent derrière et qui font les plus gros dégâts ! Dans une zone du département, les agriculteurs se sont plaints des ravages et, à leur grand dam, les chasseurs ont dû admettre que le renard ne soit plus classé partout nuisible ! Du coup, ce prédateur efficace des rongeurs bénéficie d’une zone de tranquillité relative sur quelques dizaines de kilomètres carrés ! Heureux les imbéciles à la gâchette !

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