29 octobre 2014

Le jardin se prépare à piquer un somme pendant les grandes froidures

Posté par Paul dans la catégorie : Notre nature à nous .

propos à bâtons rompus sur le petit monde végétal qui nous entoure et nous protège encore un peu…

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Le chêne de Bourgogne est mort au printemps – je vous ai déjà conté cette triste histoire – et cette après-midi nous l’avons coupé… Cinq ou six bûches tristounettes sur un tas de bois ; épilogue. J’en ai aussi profité pour couper deux bouleaux à papier. Je n’aime pas les arbres défunts, même si, au cours de l’hiver, on les remarque moins au milieu de leurs congénères. Il y aura de la taille à faire aussi : des branches sur un orme, sur un sophora pleureur…Plutôt que de larmoyer sur ces disparitions, j’ai plus envie de réfléchir aux nouvelles plantations… Côté « grands arbres », il va falloir devenir réaliste. L’espace est limité (on le trouve immense lorsqu’il faut l’entretenir, et ridiculement petit lorsque l’on parle d’ajouter encore quelques géants de la forêt !) et si l’on veut garder une emplacement ou deux pour les arbres parrainés, il va falloir freiner sérieusement les nouveaux projets. Heureusement qu’il reste les arbustes ou les arbres à faible développement. Là il y a encore du pain sur la planche, surtout si je veux développer l’aspect labyrinthe et la création de clos isolés les uns des autres. Je prévois donc quelques tracés de haies intérieures. Nous nous mettrons au travail au printemps car ce n’est pas évident de mettre en place beaucoup de végétaux en novembre : le sol est souvent trop humide et l’on ne sait pas quelles difficultés présentera l’hiver pour les nouveaux arrivants.

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Le mélange feuilles mortes – herbe fraîche est bon pour le mulch.

J’ai commencé aussi la dernière coupe de l’herbe pour l’année. Quand cela va commencer à geler, ce sera trop tard. En plus l’herbe est intéressante à ramasser pour le mulch en ce moment car elle est parsemée de feuilles mortes. Ces dernières sont utiles pour la fertilisation du potager car les arbres vont chercher la nourriture en profondeur et elles sont riches en sels minéraux qui font toujours défaut en surface. J’ai passé une nouvelle parcelle du jardin au motoculteur. Cet outil est décrié par une large frange des écolos ou par les adeptes de la politique du travail minimum du sol. C’est vrai qu’il bouleverse un peu les couches de terre superficielles et enquiquine un temps les micro-organismes. Je reconnais cette critique comme valable. Mais j’y oppose mes propres arguments : notre sol est facilement compact et les dents rotatives l’aèrent un peu. Elles complètent le travail des racines. Si l’on prend soin à la rotation des cultures, il ne se constitue pas de semelle de labour. Il est préférable de « nettoyer » un peu le jardin à l’automne, et lorsque l’on dépasse une certaine superficie de culture, l’usage de la grelinette ou de diverses houes est difficile à envisager. Certains confondent aussi les motobineuses, pouvant tourner relativement lentement, et les outils tractés derrière un gros motoculteur qui compensent leur manque de puissance par une très grande vitesse de rotation des griffes. Ce sont surtout ces derniers outils, genre rotovator miniature, qui sont utilisés en maraichage classique et donnent au sol une consistance quasi sableuse. C’est joli, mais mortel pour la faune de surface.

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moutarde récemment semée en engrais vert.

Au fur et à mesure que les dernières parcelles sont labourées, je les recouvre de mulch : herbe tondue mélangée avec des feuilles, plus paille et compost. J’enlèverai cette couche protectrice aux premiers jours du printemps pour permettre au sol de se réchauffer plus vite, mais d’ici là, mieux vaut éviter les lessivages excessifs avec les fortes chutes de pluie ou de neige. Cette solution est un compromis « spécial terres lourdes » entre le labour en grosses mottes suivi d’une exposition au gel pendant l’hiver, et la couverture intégrale qui asphyxie un peu trop notre sol particulier. Les parcelles qui ont été libérées dès les mois d’août ou de septembre sont maintenant couvertes d’engrais vert : phacélie et/ou moutarde. Cette solution est préférable au mulch ; encore faut-il que les planches de terre soient nettoyées suffisamment tôt. Pour la phacélie, j’ai semé un peu tard, et il est probable qu’elle ne se développera guère avant les premières gelées. Dommage car j’aime bien cette végétation et ces belles fleurs bleues. Quand les premiers frimas arrivent, la phacélie gèle rapidement et se dépose sur le sol en constituant un belle couverture protectrice. J’ai un faible pour ces deux engrais verts car ils ne se resèment pas trop, surtout lorsque leur semis est tardif, et qu’ils sont bien adaptés à notre biotope.

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Certaines récoltes sont un vrai plaisir pour les yeux.

On ne peut pas encore passer la tondeuse sous les pommiers car il reste un véritable tapis de pommes sur le sol. Nous avons eu une récolte abondante. Nous avons rentré ce que nous avons pu et offert les fruits tombés aux amateurs de compote. Mais les petites mains qui sont venues cueillir n’ont pas suffi à épuiser le stock. Je ne veux pas non plus en remplir la cave. Nous ne sommes pas vraiment équipés d’un fruitier en bonne et dûe forme et la conservation ne va guère au delà de mars. Cette année, à cause des pluies abondantes, la conservation des fruits et légumes sera plus difficile. Inutile de remplir des cagettes s’il faut ensuite trier des dizaines de kilos de fruits pour les mettre au compost. On fait ce que l’on peut et, cette année, on a fait un peu moins bien que les dernières années, du moins en matière de pommes. Les deux autres années on a eu quelques voyageurs hébergés pour nous aider. Cette année, on a stoppé l’accueil des helpers à la fin du mois d’août pour diverses raisons. Je vous rassure tout de suite, on dépasse la quarantaine de « migrants » accueillis en trois années, et on recommence de plus belle dans cinq mois. Ce manque de soutien extérieur a eu le mérite de nous montrer que nous avions un réel besoin d’aide et que l’on ne se transformait pas en auberge de jeunesse uniquement par altruisme !

Labour à l'ancienne, à faible profondeur, puis mulch en couverture.

Labour à l’ancienne, à faible profondeur, puis mulch en couverture.

J’ai testé quelques uns des concepts de la permaculture, même si je n’adhère pas à la conception philosophique assez mystique qui chapeaute l’ensemble des pratiques. L’idée d’éparpiller les cultures en différents endroits en mixant petits fruitiers et plants divers par exemple est sympa. En théorie, cela complique la tâche des prédateurs, surtout si l’on réalise des associations « qui vont bien ». J’ai testé aussi la culture en butte, bien que ce ne soient pas vraiment des buttes mais des bacs surélevés montés comme des buttes. J’ai utilisé bois mort, paille, compost, terreau, empilés selon la technique des lasagnes. Je ne peux rien dire sur le rendement à long terme bien entendu. A court terme, ce que je peux dire c’est que les campagnols terrestres, alias rats taupiers, ont bien profité de la situation et se sont constitué un habitat de premier choix avec nourriture à portée de mains. Ces maudits taupiers on en a de partout dans le potager et dans le parc d’ailleurs. Je prends cela avec philosophie car nous ne dépendons pas du potager pour nous nourrir, mais j’essaie d’imaginer la situation d’un paysan pour qui la terre doit être véritablement nourricière, en voyant les rongeurs prélever plus d’un tiers de sa récolte de pommes de terre… Pas de chance non plus en ce qui concerne l’abandon de la taille d’une partie de mes tomates. L’année a été mauvaise pour les solanées, certes, mais les « non-taillées » ont succombé deux fois plus vite que les autres. Je deviens de plus en plus méfiant à l’égard des adorateurs de Gaïa qui sont convaincus que notre bonne mère la terre va faire tout ce qu’il faut pour régler les problèmes. Rapaces, renards, blaireaux, hérissons, couleuvres, sont en voie de disparition massive, et le petit peuple des rongeurs a de beaux jours devant lui. Idem pour les limaces qui ont été légion cette année.

Le compost fabriqué au printemps est bon pour le service.

Le compost fabriqué au printemps est bon pour le service.

Côté légumes, le rendement a donc été moyen et la conservation n’est guère assurée. Du côté du jardin d’agrément, plusieurs nouveaux arbustes ont rejoint la collection, notamment un poivrier du Sichuan et un cédrèle, Acajou de Chine. Je ne sais pas si nous arriverons à récolter les étranges baies de poivre chinois sur le premier, mais en tout cas les jeunes feuilles sont comestibles et constituent une épice sacrément relevée ! On a déjà fait quelques essais au début de l’automne. Le cédrèle (cedrela toona) est intéressant pour ses propriétés médicinales, mais c’est surtout pour le bel aspect de son feuillage que nous l’avons choisi. Les Gojis plantés l’année précédente n’ont pas fructifié pour l’instant, mais cela ne m’a pas empêché d’en planter deux autres. Côtés arbustes nourriciers, j’ai aussi ajouté un plant de baie de mai, après avoir goûté l’un des fruits à la pépinière… A propos de fruits, ce que l’on m’avait raconté au sujet des amélanchiers lorsque je les ai plantés s’est avéré exact : les premières années nous avons eu toute la récolte pour nous… Depuis deux ans, il faut se bagarrer avec les oiseaux qui ont compris « l’intérêt de la chose » et se régalent avec les petites baies noires. Heureusement, il  en reste assez pour les confitures qui sont un véritable délice.

Quatre piquets pour délimiter l'emplacement du nouveau bac.

Quatre piquets pour délimiter l’emplacement du nouveau bac.

Je prépare un nouveau jardin en bac, avec du grillage à mailles fines au fond, mais aussi un couvercle grillagé sur le dessus, pour tenter de protéger au moins quelques plantes l’année prochaine. Les rats ont aussi leur hit-parade gastronomique ; les céleris, betteraves rouges, choux en tout genre et chicorées occupent la tête de liste. J’ai commencé aussi à mettre en place un agrandissement de la « rocaille », le jardin alpin. En fait, dans un grand espace vert, rien n’est jamais définitif… Des plantes meurent, d’autres se ressèment spontanément, certains massifs perdent de leur splendeur à cause des envahissantes ; il y a aussi des arbustes à déplacer parce qu’ils se retrouvent à l’ombre à cause d’un développement inopiné et accéléré de leurs voisins de palier. Bref, il est clair qu’un parc arboré ce n’est qu’une apparence de nature sauvage, mais ça me plait bien comme ça et les oiseaux ne boudent pas leur plaisir. Il y a plein d’espoir dans le panier pour 2015 : que les nichoirs mis en place au printemps soient occupés par exemple… A propos de nichoirs, il faut que je me dépêche d’installer les colliers de protection « stop-minous » que nous avons achetés à la LPO. La gent ailée n’apprécie pas les modifications de décor à la dernière minute ! Bon vent à tous, fin de la carte-postale de voyage postée depuis la maison.

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Les premières froidures ne perturbent pas les œillets.

Post Scriptum

J’ai rédigé cette chronique le week-end dernier et j’ai décidé de la publier bien qu’elle ne colle guère à l’actualité nationale du moment. Ces derniers jours, ma tête est un peu ailleurs. Je pense au jeune Rémy Fraisse qui est mort – pour défendre ses idées – sur le site du barrage du Testet. Je ne trouve pas les mots pour exprimer le dégoût que m’inspirent l’hypocrisie des politiciens, les magouilles des affairistes, l’absence totale de conscience de nos gouvernants de tous bords. De belles choses ont été écrites sur cet acte barbare. Je n’ai pas envie d’en rajouter.
Je préfère vous parler de mon jardin. Je ne me débine pas, j’assume…
J’ai une pensée aussi pour une autre manifestation,  inscrite maintenant dans le grand livre de l’histoire : un mort et de nombreux blessés lors des marches contre cet autre projet débile qu’était la construction de la centrale nucléaire de Malville dans notre région, en juillet 1977. Le jeune homme qui a perdu la vie à cette occasion s’appelait Vital Michalon. Cette aberration financière et industrielle n’a jamais fonctionné de façon probante. Nous trainons toujours son sarcophage dans notre sillon… Combien de victimes faudra-t-il encore avant qu’un véritable débat ait lieu avant de mettre en œuvre toutes ces réalisations incontrôlées qui ont pour effet principal de saccager une part supplémentaire de nature, et pour objectif de conforter les profits de quelques entrepreneurs peu scrupuleux ?

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One Comment so far...

Clopin Says:

29 octobre 2014 at 12:49.

Encore une fois sur la même longueur d’onde, aussi bien côté jardin que côté cour(roux) vis à vis de ces putains de lobbies qui tuent (entre autres) la démocratie et l’espoir.

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