4 janvier 2008

Croisière poétique dans l’océan Pacifique

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour .

Bon, autant vous avertir tout de suite, malgré le titre, ça va être nettement moins poétique qu’hier, et nettement moins agréable à l’œil qu’une croisière en Polynésie telle qu’on vous la présente dans les brochures touristiques de votre agence préférée. Mais la date me parait bien choisie pour aborder ce thème, juste quelques jours après le flot de consommation des fêtes de fin d’année et juste avant celui des soldes. Y’a qu’à donner un coup d’œil aux deux photos que je vous ai amoureusement sélectionnées (photos volées sur les sites theiff.org et people.tribe.net), pour avoir une petite idée de mon propos ! J’en ai quelques autres dans ma besace mais je suis trop respectueux de votre digestion pour vous les livrer telles quelles un 4 janvier…

ilepoubelle1.jpg Vous avez entendu parler de cette île paradisiaque que les Américains des USA appellent G.P.G.P. (Great Pacific Garbage Patch, moi je traduirais ça par Grande Poubelle des Gros Dégueulasses qui Peuplent cette Pauvre Planète, mais je crois que ça colle pas) ? Certes, j’avais quelques petits doutes parce que, vu l’état des campagnes autour de chez nous, on pouvait imaginer que côté mer ça devait pas être brillant brillant… Mais là, j’en ai pris plein la tronche avec cette info, signalée par le site de la RTBF au départ, et reprise par de nombreux blogs. GPGP c’est une île artificielle constituée de déchets plastiques et d’ordures en tout genre, grande comme deux fois la France, et qui flotte sur l’océan Pacifique, à mi-chemin entre San Fransisco et Hawaï. Trois millions et demi de tonnes de débris, à 80% en plastique, donc indécomposables, que les courants marins ont eu la sagacité (?) de rassembler en un point central de l’Océan, afin de nous montrer à quel point nous étions respectueux de notre environnement. Dispersés sur quelques centaines de millions de kilomètres carrés, ils ne seraient déjà pas passés inaperçus, mais là, difficile de ne pas se poser de questions. Les caprices de la nature ont eu également l’obligeance de placer ces poubelles flottantes dans une zone internationale, hors des eaux territoriales de tout Etat, ce qui permet à chacun d’attendre que le voisin fasse quelque chose et de s’en laver les mains (au robinet, pas dans l’océan quand même).

ordure.jpg Outre les conséquences non négligeables que cette vision a pour notre égo, ainsi que pour les croisières touristiques, pour la faune marine, c’est carrément un désastre… Poissons, oiseaux et mammifères marins ingèrent ces détritus massivement et en crèvent tout aussi massivement. Essayez de vous coller un sac plastique dans l’estomac et quelques capsules de bouteilles de lait dans les poumons, vous verrez que ça n’améliorera pas beaucoup votre espérance vie ! Selon Greenpeace, sur les 100 millions de tonnes de plastique qui sont produites chaque année dans le monde, 10% finissent dans la mer. Il n’y a donc aucune raison pour que la situation s’améliore à court terme, d’autant que peu de mesures vraiment efficaces ont été prises pour résoudre le problème en amont. Une bonne partie des sacs dits « biodégradables » ne sont en fait que des attrape-nigauds. Ils sont en réalité photodégradables, c’est à dire que, sous l’effet de la lumière, ils se décomposent en particules quasiment invisibles, mais très stables chimiquement et donc non dégradables non plus. Il faut reconnaître que les problèmes de pollution sont tellement nombreux que l’on ne sait plus par quel bout les attaquer. Déchets radioactifs, pollution électromagnétique, pétrole, produits chimiques de toutes sortes, les menaces ne manquent pas pour nos océans. Un rapport très intéressant a été rédigé par Greenpeace, et vous pouvez le télécharger à cette adresse : http://oceans.greenpeace.org/raw/content/fr/documents-et-rapports/debris-plastiques
-et-pollution.pdf

La résolution de ce genre de problème nécessite non seulement une action en amont (réduire de façon drastique la production des objets inutiles et des emballages perdus non recyclables) mais aussi, dès maintenant (car la catastrophe n’est plus « à venir », mais « déjà présente ») un nettoyage colossal de la surface totale de la planète, des pentes de l’Everest aux fosses abyssales. Je vous laisse deviner un peu le budget dont il va falloir disposer pour agir efficacement.
Histoire de terminer cette chronique de façon légèrement utopique, je propose que, le plus rapidement possible, on consacre la totalité des budgets militaires de la planète à sa seule protection, au sens large du terme. La disparition des bipèdes en uniforme aura par ailleurs bien d’autres avantages, mais ce n’est pas, pour l’instant, l’objet de cette chronique. Je me réserve ce petit plaisir pour de prochains articles. Des copains viennent de m’offrir pour mon petit Noël une « anthologie de la connerie militariste d’expression française » (aux éditions AAEL, 8 rue de Bagnolet, 31100 Toulouse). Je n’ai lu encore que quelques pages, mais ça m’a l’air prometteur en diable ! Vous m’excuserez, j’ai du travail… Prenez bien soin de vos sacs en plastiques et de vos téléphones jetables !

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