11 janvier 2008

Au secours, maman ! Je suis boulenneigeophile…

Posté par Paul dans la catégorie : Boîte à Tout .

Plus répandue qu’on ne pourrait le croire, la boulenneigeophilie est une maladie peu connue, presque honteuse. Ceux qui ont été atteints par ce virus, à des niveaux plus ou moins graves, hésitent à en parler, comme s’ils en avaient un peu honte. Les boulenneigeophiles sont de proches cousins des nanihortensiophiles, mais ils sont un peu moins connus car les symptômes de leur passion ne s’exposent que rarement à l’extérieur de leur domicile, compte tenu de leur fragilité relative. Le nanihortensiophile s’exhibe alors que le boulenneigeophile a tendance à se dissimuler, à se replier sur lui-même, à intérioriser. Pourtant, les deux catégories de malades appartiennent à la même famille : celles des joyeux lurons timbrés. Les uns collectionnent les nains de jardin, alors que les autres accumulent sur leurs étagères de vastes collections de boules à neige (vous savez, ces trucs hideux que l’on trouve dans tous les lieux touristiques, chez les marchands de souvenirs made in Taïwan).

trainboulaneige.jpg Si je m’expose ainsi à vos yeux, sans aucune pudeur, c’est que d’une part je ne suis pas trop gravement atteint (ma collectionnite aigüe touche bien d’autres domaines), et que d’autre part je sais que cette chronique aura un effet libérateur et thérapeutique certain, pour beaucoup d’entre-vous. Plus nombreux encore que les collectionneurs de boules à neige, sont ceux qui ont envie et n’osent pas. Imaginez un peu Jean Paul Sartre ou Léon Trotsky révélant dans leurs mémoires qu’ils sont atteints par ce virus ! Je trouve déjà Sartre bien courageux d’avoir écrit qu’il adorait les romans de cape et d’épée de Michel Zévaco. Les intellectuels de gauche sont plutôt coincés de ce côté là : on ne peut pas, à la fois, préparer le grand chambardement social et faire des châteaux de sable avec une pelle et un seau !

quelques-boules.jpg Comment devient-on boulenneigeophile ? Pour les autres, je ne sais pas trop, mais, pour mon cas personnel, je peux vous faire un bref résumé, puisque j’ai décidé d’exposer mon vice caché aux yeux du public. Tout cela a commencé lors d’un voyage scolaire, en je ne sais plus quelle année, mais je me souviens très bien où : à la station thermale de La Bourboule au Mont d’Or. En passant devant la vitrine d’un marchand de souvenirs, j’ai fait remarquer aux deux adultes responsables qui m’accompagnaient (avec un petit sourire en coin légèrement provoquant), que j’étais béat d’admiration devant les trucs idiots et laids, genre boule à neige, et que j’adorerais en remplir une étagère, dans mon petit salon, celui où je reçois mes visiteurs les plus prestigieux. C’était de l’humour bien sûr, une gentille petite provocation, mais je fus pris au mot, et le dernier jour de notre séjour, au moment de monter dans le car, la plus charmante de mes deux accompagnatrices m’offrit un joli petit cadeau emballé dans du papier délicieusement kitch comme on ne peut en trouver que dans certains bazars triés sur le volet. Oh surprise, à l’intérieur, il y avait une petite boule à neige avec le Mont d’Or magnifiquement représenté et un skieur, l’air un peu ahuri. Je fus un peu gêné au départ, puis je me dis que le sacrifice financier n’était pas trop considérable car il s’agissait d’un modèle d’entrée de gamme, en plastique, avec un bouchon de remplissage (nous verrons plus loin que ce détail ne manque pas d’importance).

kit-boule-a-neige.jpg Une grosse bise pour le cadeau et une résolution quasi instantanée : j’allais commencer une nouvelle collection, mais celle-ci ne devrait jamais me coûter un centime et n’être constituée que de cadeaux. Pourquoi une telle pingrerie ? Parce qu’à la minute même où l’on m’a fait ce premier cadeau, j’ai compris, en voyant la mine radieuse des deux personnes qui me l’offraient, que l’acte de donner une boule à neige avait un côté thérapeutique pour celui qui l’accomplissait. En quelque sorte, je devenais un bienfaiteur de l’humanité, un libérateur de pulsions cachées, un prétexte pour défouler ses instincts les plus primaires ! Ce genre de service se paie, d’habitude, fort cher, et moi j’allais l’offrir à mes amis, ma famille, mes relations de travail. Quelle bonté d’âme ! Je me suis donc, depuis cette date, engagé dans cette voie rédemptrice. Ma collection s’est développée petit à petit, au gré des voyages des uns et des autres. Elle rassemble maintenant une cinquantaine de pièces – je sais, c’est peu, au regard de certaines accumulations vues à la télé ou dans les journaux – provenant des quatre coins du globe (expression un peu idiote, mais usuelle… Allez chercher des coins dans un globe !). Je n’ai pu l’installer dans mon salon réservé aux visiteurs de marque car je n’ai ni salon, ni visiteur de marque à recevoir, mais elle trône, en bonne place, dans un lieu accessible à tous les amis de passage.

Je termine, comme souvent, par le coin du spécialiste… Le temps passant pour les boules à neige comme pour les humains, j’ai pu remarquer que celles ci ne naissaient pas toutes avec les mêmes droits : le liquide contenu dans le petit récipient, un mélange d’eau et de glycérine, s’évapore lentement et sûrement et la boule à neige perd peu à peu de son charme… L’évaporation est généralement plus rapide dans les boules en plastique que dans les boules en verre, mais les premières ont l’avantage de posséder un petit bouchon permettant de remettre assez facilement du liquide. Certaines boules en verre n’ont pas d’ouverture visible et pourtant le niveau du liquide baisse quand même. Dans ce cas, j’ai bien peur que les dégâts dûs à l’âge ne soient irrémédiables !

2 Comments so far...

fred Says:

11 janvier 2008 at 08:29.

Pffff ! La boule à neige comparée à la boite à Meuh c’est de la gnognotte !

Gilles Says:

14 janvier 2008 at 22:14.

Si j’avais su que tu continuais la collection (cela fait bien longtemps que je ne l’ai plus vue et j’ai pensé que tu avais quitté), nous t’aurions rapporté une boule à neige avec un kangourou : il y en avait une qui m’avait tapé dans l’oeil, façon bourrepif, à Melbourne.

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