23 janvier 2008

L’heure du « Pounti » a sonné…

Posté par Paul dans la catégorie : le verre et la casserole .

pounti1.jpg Cette chronique est dédiée à mon ami Fred, pilier de ce blog, et grand « révolté du Pounti » devant l’éternel (cf commentaires du billet précédent). On va causer cuisine (pas cuisine électorale, cuisine tout cours !). Je n’ai plus la nausée. Je me suis appliqué un traitement radical : pas d’infos à la télé, une portion de tarte au citron et un verre de Côte d’Auvergne blanc pour se mettre dans l’ambiance… Compte-tenu de la conjoncture économique difficile, fin de mois et crise boursière (votre portefeuille « Club Med », « Société Générale » et « BNP Paribas » a sans doute des « vapeurs »), je vous propose une recette économique et, par hasard, auvergnate.

Pour réaliser un succulent Pounti, il vous faut, bien évidemment, d’excellents ingrédients. Commencez donc par aller faire les courses à pied, ça vous changera les idées et puis c’est dans l’air du temps. Je vous préviens que le Pounti n’est ni un légume ni un fruit et que selon les consignes de « manger-bouger.fr », il vous faut consommer au moins cinq fruits et légumes différents chaque jour. J’ajouterai, pendant que j’y suis que « l’abus d’alcool… » Les précautions d’usage étant prises, rentrons dans le vif du sujet. Qu’est-ce donc que ce « Pounti » dont vous nous rabattez les oreilles, mon brave ? Et bien, voyez-vous, mon cher Bernard Pivot, le Pounti c’est une sorte de cake aux pruneaux, aux blettes et au jambon. C’est le genre de recette qui montre que, dans la tradition culinaire française, le « salé-sucré » n’est pas une invention si récente que cela.

pounti2.jpg Dans le panier de la ménagère, il faut donc une demi-douzaine d’œufs, un joli morceau de jambon à l’os ou de jambon de pays (250 g pour être précis), le même morceau de lard fumé un peu maigre, du lait et de la farine. Il faut aussi des côtes de blette (environ un demi-kilo mais vous pouvez en acheter plus, c’est excellent). Seule la partie verte de la feuille va servir. Vous pouvez conserver les côtes pour faire un délicieux gratin assaisonné au Bleu d’Auvergne. Les pruneaux, surtout s’ils sont un peu trop secs, doivent macérer dans un bol de thé pendant un petit moment avant de commencer la préparation.

pounti3.jpg En mélangeant 5 oeufs, 3 ou 4 dl de lait et 250 g de farine, on réalise une pâte à crèpes un peu épaisse. On découpe en petits morceaux le jambon, le lard et le vert des blettes. On ajoute tout ça dans la pâte avec, en prime, un peu de persil, de cerfeuil et un oignon finement hâché, du sel (très peu car jambon et lard sont déjà très salés) et du poivre. Il ne reste plus qu’à incorporer les pruneaux (une dizaine, selon la taille) et le tour est joué. On verse le mélange dans un plat étroit à bord haut (genre moule à cake) après l’avoir soigneusement beurré et on fait cuire à four chaud (mais pas trop, genre 180/200°) pendant 45 minutes. En fin de cuisson, on démoule soigneusement et on laisse refroidir. Pour savourer pleinement les arômes de ce plat on le réchauffe un peu au dernier moment avant de le servir, soit entier, soit en tranches. Dans ce cas, on ne réchauffe pas au four mais à la poêle avec un peu de beurre ou d’huile de noix. En résumé, question présentation, le Pounti peut se manger chaud, froid ou tiède, selon votre goût personnel. Si vous avez un peu de temps, vous pouvez améliorer encore la qualité gustative du plat en faisant sauter préalablement dans une poêle, avec un peu de beurre, le vert des blettes, l’oignon, le persil en ajoutant un peu de mie de pain rassis broyée. Servir le Pounti avec une bonne salade verte, l’accompagner d’un Côte d’Auvergne (Chanturgue, pour les amateurs d’appellations peu connues est un cépage Gamay produit sur la commune d’Aubières) et s’achever avec une généreuse portion de bleu AOC.

Pour les fainéants du fourneau, sachez que certaines conserveries auvergnates proposent du Pounti en verrine ou en boîte. C’est bon, mais ce n’est guère comparable au plat que l’on prépare à domicile. Un dernier conseil : inutile de faire du zèle et de vouloir proposer dans un même repas auvergnat typique, tripoux, pounti et aligot. Chaque jour mérite sa peine ! Par contre, personne ne vous interdit d’aller déguster cette spécialité locale, sur place, en Auvergne. La région est magnifique et elle est idéale pour faire un peu de randonnée… pédestre.

NDLR : Je ne fais en principe pas de pub sur ce blog, mais l’honnêteté m’amène à signaler que les trois photos qui illustrent la chronique ont été volées sur le site d’un fournisseur spécialisé en produits alimentaires auvergnats, testadaz.com

3 Comments so far...

fred Says:

23 janvier 2008 at 10:19.

Merci ô Grand ZIHOU ! Je suis flatté par ta dédicace. C’est en regardant « 30 millions d’amibes » que j’ai découvert que j’étais un ami des blettes. Du coup, cette recette titille mon imagination en anticipation de mes papilles. Sans oublier que GAMAY, c’est mon produit de beauté ! Par contre, je me demande si on ne pourrait pas remplacer avantageusement les pruneaux par des figues ? Serait ce vraiment un si gros sacrilège ? En tout cas, je range précieusement le POUNTI dans mon grimoire de recettes entre le cake aux Olives et le cake Anglais aux fruits confis.

Ta femme Says:

23 janvier 2008 at 13:41.

Un pounti aux figues, ce n’est plus un pounti bien entendu, mais si tu ne le dis à personne… Ce sera plus long car il te faudra d’une part essayer les deux recettes, et d’autre part trouver un autre nom à ton pounti d’outre-mer. Et peut-être l’accompagner d’un sidi-brahim…???

fred Says:

23 janvier 2008 at 15:01.

le « P » de Pounti venant des Pruneaux, je tenterais bien d’imposer le « Founti » pour les figues alors … à moins que je ne me laisse tenter par un « Foungui » en hommage à l’ami Cthulu !

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