26 mars 2010

« NAPOU TOU DAMAN ASURTAT »

Posté par Paul dans la catégorie : Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire; Petites histoires du temps passé .

Nouvelle France – Jacques Cartier – 1er juillet 1534

« Nous aperçûmes deux bandes de barques de sauvages, qui traversaient d’une terre à l’autre, où ils étaient plus de quarante ou cinquante barques […] Il sauta et descendit à terre un grand nombre de gens qui faisaient plusieurs signes pour que nous allions à terre, nous montrant des peaux sur des bâtons. Et comme nous n’avions qu’une seule barque, nous ne voulûmes point y aller, et nous nous dirigeâmes vers l’autre bande qui était en mer. Et eux, voyant que nous fuyions, équipèrent deux de leurs plus grandes barques pour venir après nous, auxquelles se joignirent cinq autres de celles qui venaient de la mer, et vinrent jusqu’auprès de notre barque, dansant et faisant plusieurs signes de joie et de vouloir notre amitié, nous disant dans leur langue : « Napou tou daman asurtat » (ce qui signifie, en langage Micmac, « Ami, ton semblable t’aimera »), et autres paroles que nous ne comprenions pas. […] Et comme malgré les signes que nous leur faisions ils ne voulaient pas se retirer, nous leur tirâmes deux passe-volants (boulets de petits canons) par-dessus eux. Alors ils se mirent à retourner vers [la] pointe, et firent un bruit extrêmement grand, après lequel ils commencèrent à retourner vers nous, comme avant. Et alors qu’ils étaient près de notre barque, nous leur lâchâmes deux lances à feu qui passèrent parmi eux, ce qui les étonna fort, tellement qu’ils prirent la fuite en grande hâte, et ne nous suivirent plus. »

jacques-cartier-portrait Jacques Cartier arrive dans la baie des chaleurs, sur la côte de ce qui sera bientôt désigné « la Nouvelle France », le 1er Juillet 1534. Il a quitté Saint Malo, sa ville natale, le 20 avril 1534, avec deux navires et 61 hommes d’équipage. Son ordre de mission est clair : le roi lui demande de trouver de l’or dans le Nouveau Monde et de découvrir un passage vers l’Asie. Ses motivations sont un peu les mêmes que celles des navigateurs espagnols ou portugais. Simplement lui cherche vers le Nord ce que ses confrères ont cherché vers le Sud. Le 26 juin, il arrive aux îles de la Madeleine, puis le 29 à l’île du Prince Edouard. Il découvre ensuite la baie des Chaleurs, la baie de Gaspésie puis conduit son expédition vers le Nord jusqu’à Terre Neuve. Il passe devant l’île d’Anticosti mais ne découvre pas l’embouchure du Saint-Laurent lors de ce premier voyage. Le 15 août il décide de rentrer au pays et arrive à St Malo 5 septembre 1534. La traversée retour ne dure qu’une vingtaine de jours. Dès l’année suivante, Cartier dirige une autre expédition, plus conséquente, et remonte le cours du grand fleuve. Il est guidé dans cette exploration par deux Indiens, fils du chef iroquois Donnacona, embarqués à son bord… Mais ceci est une autre histoire ! Au fur et à mesure de leur progression, les Français découvrent que l’immense territoire qu’ils ont sous les yeux est habité par différents peuples : Mi’kmaq, Iroquois, Mohawks, Wendats (que les premiers colons appelleront « Hurons » en raison de leur coupe de cheveux qui, à leurs yeux, rappelle la hure du sanglier), Cris, Innus (Montagnais)… Les relations ne seront pas aussi chaleureuses avec toutes ces tribus qu’avec les premiers autochtones contactés.

cartier-rencontre-les-micmacs Revenons à cette première approche du Nouveau Monde par Jacques Cartier. Les « Indiens » qu’il rencontre dans la baie des chaleurs font partie du peuple des Algonquiens. Ils habitent la région que l’on nomme aujourd’hui « provinces maritimes du Canada », à savoir la Nouvelle Ecosse, le Nouveau Brunswick, l’Ile du Prince Edouard, et la Gaspésie – toutes ces dénominations ayant été bien entendu choisies par les colonisateurs européens. Les Mi’kmaq (graphie plus proche de leur dénomination que Micmac, version « francisée » ) ont l’habitude, entre eux,  de se dénommer « Elnou », ce qui signifie « les hommes » ou « L’nu’k », « le peuple ». Les Mi’kmaq ne sont pas pas particulièrement belliqueux, mais ils doivent sans cesse défendre leur territoire contre les incursions de leurs voisins mohawks ou iroquois de la vallée du Saint-Laurent. Sur les côtes du Labrador, ils affrontent parfois les Eskimos… mais tous ces conflits localisés n’ont guère de conséquences sur leur mode de vie. Il est certain qu’avant de rencontrer Cartier et ses hommes, ils ont déjà eu des contacts avec les blancs, notamment avec les pêcheurs qui naviguent le long des côtes de Terre-Neuve ou de la Madeleine. Des linguistes ont même découvert que dans la langue parlée des Mi’kmaq, certains mots employés auraient un équivalent en… basque… Les rapports que les autochtones ont avec ces marins pêcheurs sont bons, et l’arrivée de Cartier (avec ses gros sabots pourrait-on dire en lisant le texte d’introduction !) ne pose pas de problème particulier dans un premier temps.  L’accueil que reçoivent les Français est plutôt chaleureux.

wigwam Le pays des Mi’kmaq est divisé en sept grands territoires, chacun étant occupé par une tribu différente qui  dispose des droits de chasse exclusifs à la belle saison. Le climat est rigoureux et ne permet guère de développer une agriculture importante. Les Mi’kmaq sont donc nomades et vivent essentiellement de la chasse et de la cueillette. Ils ne se sédentarisent que l’hiver, se regroupant en petites communautés et limitant le plus possible les déplacements dans le pays recouvert par la neige et la glace. Leur vie itinérante nécessite la construction d’habitations légères : les « wigwam » – le mot provient du Mi’kmaq « wikuom » qui signifie habitation. Le bâti est réalisé à l’aide de perches d’épinettes qui sont ensuite habillées, comme les canots, de longues bandes d’écorces de bouleau disposées, du bas vers le haut, un peu comme le sont les bardeaux dans la couverture traditionnelle des chalets de montagne (le « tipi », qui n’existe pas chez les Mi’kmaq, est recouvert, lui, avec des peaux). L’extérieur de l’habitation est décoré avec des dessins d’animaux. Un seul wigwam offre un abri à une douzaine de personnes.
Le calendrier traditionnel des Mi’kmaq est construit, de façon symbolique, autour des phénomènes naturels et des différents cycles de cueillette, de chasse ou de pêche qui se succédent : en janvier on chasse le phoque, en février-mars c’est le tour des castors ou des élans… La langue très descriptive permet de désigner les mois de façon originale : le mois de mai s’appelle ainsi « Tquoljewiku’s », ce qui signifie «lune de la grenouille qui croasse» ; le mois de février est baptisé « Apiknajit », «la neige aveuglante». De la même façon que chez les Inuits, chaque partie de l’animal chassé est utilisée et permet, soit de se nourrir, soit de réaliser des objets de première nécessité. Les fourrures servent à confectionner vêtements et coiffes chaudes, le cuir, des chaussures, les os, des pièces d’outils… A la différence de leurs voisins nordiques cependant, les Mi’kmaq évoluent en forêt et peuvent donc utiliser le bois pour leurs habitations, leurs outils ou leurs moyens de locomotion. Lorsque le sol est recouvert de neige, il utilisent traineaux et luges (à ce propos, sachez que le mot « toboggan » provient de l’algonquien et signifie « traineau » à l’origine).
A la belle saison, les autochtones se déplacent en canot d’écorce (cf article sur le bouleau dans ce blog), légers et maniables. Ils n’ont donc guère besoin de créer et d’entretenir un réseau de chemins qui n’aurait eu qu’un usage limité et aurait nécessité des travaux considérables. Cette absence de voies de communication terrestres nettement tracées perturba sérieusement les colons européens et fut même interprété par quelques « beaux esprits » comme un exemple de sous-développement… L’artisanat des Mi’kmaq est très riche : les femmes fabriquent vêtements, paniers, nasses et nattes. La variété des couleurs utilisées et les nombreuses techniques de tissage employées impressionnèrent les premiers colons.

territoire-des-micmacs

Le rêve de la robe blanche et de l’île flottante

« Quand il n’y avait personne dans ce pays si ce n’est des Indiens, et avant que d’autres groupes soient connus, une jeune femme eut un rêve singulier. Elle rêva qu’une petite île venait en flottant vers la terre, avec de grands arbres et des êtres vivants, parmi lesquels un homme habillé de vêtements en peau de lapin. Le jour suivant, elle raconta son rêve et chercha une signification. La coutume à cette époque était de consulter les sages lorsque quelqu’un avait un rêve remarquable. Ils réfléchirent au rêve de la jeune fille mais ne purent trouver aucune explication. Le jour suivant, un événement intervint qui expliqua tout. En se levant le matin, ils virent une singulière petite île qui, supposèrent-ils, avait dérivé vers la terre et s’était arrêtée là. Dessus, il y avait des arbres, des branches sur les arbres ainsi qu’un certain nombre d’ours qui se mouvaient dans ces branches. Ils saisirent tous leurs arcs, leurs flèches et leurs lances et se ruèrent vers la plage avec l’intention de les tuer. Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir que ces ours supposés étaient des hommes et que certains étaient en train de mettre à l’eau un canoë de forme très bizarre dans lequel plusieurs hommes sautèrent et pagayèrent vers la plage. Parmi eux, il y avait un homme habillé de blanc – un prêtre et son étole – qui vint vers eux en faisant des signes d’amitié, levant ses mains vers le ciel et s’adressant à eux d’une façon sérieuse mais dans un langage qu’ils ne pouvaient comprendre. La jeune fille fut alors questionnée sur son rêve. Etait-ce l’île qu’elle avait vu dans son rêve ? Etait-ce l’homme ? Elle affirma que c’était bien cela. Quelques uns furent contrariés. Le nouveau professeur [ l’homme en blanc NDLR ] fut de plus en plus en faveur malgré l’opposition des magiciens. Les gens reçurent ses instructions et se soumirent au droit du baptême ; le prêtre apprit leur langue et leur donna le Livre de Prière dans ce qu’ils appelèrent abootulooeegasik (écriture de marques ornementales), une marque prenant la place d’un mot et rendant l’apprentissage si difficile qu’on pouvait le considérer même comme impossible. » [ légendre traditionelle mi’kmaq extraite de « religions et territoires » par Jean René Bertrand, Colette Muler ].

micmacs La belle saison est de courte durée, mais les chaleurs estivales sont largement suffisantes pour permettre quelques cultures d’appoint. L’essentiel de la nourriture provient cependant, comme je l’ai dit plus haut, de la chasse, de la pêche et de la cueillette. La densité de population est faible ; le territoire immense ; les premiers colons français, puis anglais, ont l’impression de débarquer sur un continent pratiquement inexploité. Les choses vont changer pendant les siècles qui suivent l’arrivée des premiers explorateurs, et le rationalisme des colons va permettre une exploitation de la nature bien différente de celle que pratiquent les autochtones. Les nouveaux arrivants disposent de moyens technologiques, armes et outils notamment, que les Mi’kmaq ne possédent pas, et leur mentalité à l’égard du milieu environnant est, on s’en doute, quelque peu différente. Le développement du commerce des fourrures, au contact des blancs, modifie de façon fondamentale l’attitude des chasseurs indiens : ils  passent, en quelques décennies, de la chasse de subsistance, à une traque systématique de certains animaux (castor en particulier) pour répondre à la demande des commerçants français et anglais. Au contact des missionnaires chargés de les « civiliser », ils abandonnent peu à peu leurs croyances traditionnelles et leur culture évolue rapidement. Les échanges ne profitent pas de la même façon aux deux communautés : au contact des Mi’kmaq, les premiers colons acquièrent péniblement les techniques permettant de survivre aux hivers meurtriers de la « Nouvelle France ». Ils apprennent aussi les techniques de chasse et deviennent à leur tour « coureurs des bois » et « trappeurs ». Les tribus Mi’kmaq sont confrontées à des épidémies meurtrières : les blancs apportent avec eux des virus inconnus qui font des ravages dans la population autochtone.  Dans leur rivalité incessante, les colons français et anglais cherchent à créer des alliances avec les tribus, et exacerbent les motifs de conflits entre les différents peuples habitant de part et d’autre de la vallée du Saint-Laurent.

mikmaq La colonisation de la « Nouvelle France » n’est cependant pas aussi rapide que ce que l’on pourrait croire.  Les nouveaux arrivants, tant qu’ils se comportent avec un minimum de « savoir-vivre », sont accueillis sans hostilité. Le problème principal qu’ils rencontrent n’est pas lié au peuplement du territoire, mais à la rigueur des hivers qu’ils ne sont pas préparés à affronter. Les premières implantations de colons européens sont des échecs cuisants : l’absence de vêtements adaptés, les liaisons impossibles avec la métropole pendant une partie importante de l’année, l’insuffisance et l’inadaptation des réserves alimentaires constituées pour résister à l’hiver, ont des conséquences dramatiques. La mortalité dans les colonies (surtout françaises au départ) est extrêmement élevée. Les blancs adoptent très vite une attitude un peu plus humble à l’égard des autochtones quant à leur adaptation au milieu environnant. Ils comprennent alors que dans cette contrée inconnue, leur technologie ne règle pas forcément tous les problèmes et qu’ils ont beaucoup à apprendre des tribus qu’ils côtoient. Il faut attendre 1604 et l’arrivée de Samuel Champlain pour qu’une première colonie s’installe de façon durable dans le territoire des Mi’kmaq. Soixante-dix années se sont écoulées depuis le mouillage des bateaux de Cartier relaté au début de cette chronique. Les missionnaires ne perdent pas leur temps et convertissent rapidement plusieurs chefs de tribu à la nouvelle religion. Les rapports entre les Mi’kmaq et les Français sont suffisamment bon pour qu’une alliance s’établisse, de façon durable entre les deux peuples pour faire la guerre aux colons anglais. Lors des conflits qui vont se dérouler au XVIIème et XVIIIème siècle, jusqu’au traité de Paris (1763) les autochtones combattent à de nombreuses reprises au côté de leurs alliés contre les troupes britanniques. Un certain nombre de tribus continueront le combat après le traité ; il faut dire que les Anglais vont faire payer très cher aux Mi’kmaq leur alliance avec « l’ennemi français ».

J’espère que ce bref article sur la découverte de la « Nouvelle France » et la confrontation entre deux cultures vous aura intéressés. Les études sont nombreuses sur le mode de vie des peuples autochtones au Canada, et au Québec plus particulièrement. Ils semblent d’une part que les historiens et les ethnologues mettent les bouchées doubles pour rattraper le retard dans la connaissance de ce passé de leur pays qui a été longtemps méconnu. D’autre part un effort considérable est fait par les survivants des différentes ethnies, les Premières Nations, pour retrouver leur culture traditionnelle. La rencontre entre la culture européenne et la culture américaine « native » a suivi différents cheminements et a souvent été brutale. Les conditions de vie extrêmement rigoureuses dans le Nord de l’Amérique ont imposé à cette « confrontation » des modalités particulières. Je reviendrai sur ce sujet à l’occasion. Je vous invite aussi à consulter l’article que JEA a consacré, dans son blog « Mo(t)saïques », à Christophe Colomb, sans que nous ne nous soyons nullement concertés !

5 Comments so far...

Pascaline Chion Says:

26 mars 2010 at 11:47.

La rigueur des hivers, comme tu le dis, a été un problème dramatique, et nombreux sont les gens (ceux des tribus situés sur les rives du Saint Laurent) qui ont porté secours aux Européens.

Cela me rappelle l’attitude de ces mêmes Européens dans leurs tentatives d’atteindre le pôle Nord, et de trouver une voie navigable pour rejoindre les Indes par le Nord-Ouest.

Ils étaient tellement imbus de leur indéniable supériorité qu’ils se sont pendant longtemps refusé à adopter les tenues et techniques des autochtones – ces sauvages puants n’allaient quand même pas leur apprendre quoi que ce soit !

Ainsi il y a eu des expéditions d’hommes vêtus d’épais vêtements de laine, laquelle s’imbibait d’eau, devenait froide et lourde… Et ces traîneaux tirés… par des hommes. Mais pas question de baisser la garde et de se départir de son arrogance…

Ce doit être dans « Ultima Thulé » de Jean Malaurie que j’ai lu ceci et bien d’autres choses non moins édifiantes.

Pascaline Chion Says:

26 mars 2010 at 11:57.

Pour ce qui concerne les mentalités, elles évoluent – quelque peu, c’est pas tout le monde, mais c’est mieux que rien…

Ainsi, le Huron-Wendat Georges E. Sioui a écrit : « les Hurons-Wendats – une civilisation méconnue » (Les Presses de l’Université Laval). L’auteur a passé un doctorat « afin que notre Peuple des Premières Nations, au Canada, ait enfin un historien de ce niveau que personne ne puisse jamais exclure du débat sur notre histoire et notre civilisation, » précise-t-il dans son introduction. Il a étudié à l ‘Université Laval en 1970, puis en 1982 : en douze ans, note-t-il, les choses ont beaucoup changé. En 1982, il y a rencontré « des gens sensibles aux réalités vécues par les Amérindiens et les Inuit. »

Pour moi Georges Sioui est un peu le symbole d’un changement des mentalités. Dans les années -70, sans doute n’aurait-il pas été entendu.

Clopin Says:

28 mars 2010 at 00:37.

Passionnant, comme d’habitude ! Je cherche le nom de cette BD qui raconte l’installation des premiers colons au Canada parue il y a une bonne quinzaine d’années.
Et au fait, as-tu trouvé les paroles du « braconnier » de Lawrence Lepage ?

PY Donnio Says:

23 avril 2010 at 21:46.

Je ne suis pas d’ici mais de l’aut’ bord. Je ne connais pas l’original, seulement l’interprétation qu’en a donné Marc Robine dont les paroles sont :
—————————
J’vais vous parler d’un gars de chez nous, d’un braconnier comm’y en a plus
Nous autres on l’appelait Grand Loup mais son vrai nom l’a jamais su.

Nous on disait qu’i’ venait de l‘aut’bord, d’la Normandie, quequ’part par là
‘l est arrivé com’ un vent d’Nord vers les années vingt-deux, vingt-trois.
Un grand frisé avec une dent en or, puis des épaules larges comme ça,
‘l avait de bons bras, pis parlait fort, aimait les femmes à part de ça.

Le père chez nous, i’ nous disait que ce gars là, ‘l avait deux cœurs,
Qu’i’ parlait comme un livre épais, pis l’père chez nous y est pas menteur.
Not’bon curé, Monsieur Gendron, ne l’aimait pas, j’sais pas pourquoi,
Disait que c’est un mauvais garçon, qu’allait pas à la messe, qu’avait pas la foi.

Dans le village on racontait qu’il parlait au diable et pis qu’il j’tait des sorts
Et parfois quand la nuit tombait on entendait dans les écarts,
Comme une manière de concerto, c’tait pas de la flûte, c’était pas du hautbois,
Le maît’de chant i’nous disait qu’c’est le son d’un cor au fond des bois.

On l’a retrouvé un beau matin, couché au bord de la rivière,
Au bout d’la corde de son chien, fusil au dos, face contre terre.

J’suis descendu dans l’bas d’chez nous, au mois d’novembre l’année passée,
J’suis allé voir dans les écarts, là où vivait le braconnier.
J’ai vu des rafales de feuilles, poudrer le derrière des chevreuils,
La nuit tombait sur les chicots, le vent hurlait dans les bouleaux.

Aujourd’hui près de la rivière, le braconnier repose en paix,
Et bien souvent dans les fougères, j’entends chuchoter les criquets.
Y est y mort ? Y est y vivant ? Y est y mort ? Y est y vivant ?
Y est y mort ? Y est y vivant ? Y est y mort ? Y est y vivant ?
——————-
Amicalement
Pierre-Yves

Paul Says:

24 avril 2010 at 12:50.

à Py-Donnio – Très belle interprétation que celle de Marc Robine. Cette chanson est vraiment très belle. Je connais quelqu’un sur ce blog, parmi mes commentateurs réguliers, qui va être content de voir que vous l’évoquez ! Merci pour votre commentaire et n’hésitez pas à revenir souvent en visite !

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