31 mai 2010

En mai, le bric à blog n’en fait qu’à sa tête

Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .

ecole-maternelle-autrefois De temps en temps, je me replonge la tête dans l’école, histoire de voir à quoi ça ressemble et de confirmer le fait que je n’ai vraiment aucun regret d’avoir arrêté de ramer dans cette galère. J’ai rencontré ce mois-ci plusieurs « ex-collègues » du primaire et du secondaire. Je dois dire que l’ambiance générale est plutôt morose et dépressive. Les seuls qui me semblent vraiment exulter ce sont les démolisseurs de services publics qui se sont mis à l’œuvre avec acharnement depuis plusieurs années. Un ami m’a montré les tableaux de résultats des évaluations réalisées au CM dans mon ancienne école. C’est la catastrophe, bien entendu, et « comparé » aux scores des autres établissements du secteur, ainsi qu’aux scores départementaux et nationaux, c’est la débâcle générale. D’après le tout puissant logiciel qui règne en maître sur cet univers paranoïaque, aucun élève, je dis bien « aucun », O % (l’inspecteur n’a pas dû manquer d’insister lourdement sur ce « zéro pour cent ») n’a de compétences vraiment solides en mathématiques et en français ce n’est pas folichon non plus… Du coup l’ambiance n’a rien de festive ! Réunions, concertations, auto-flagellation et discours consternés de l’administration sont à l’ordre du jour. Les collègues qui ont le sentiment de faire leur travail comme il se doit, c’est à dire comme on leur demande de faire, sont dans une situation des plus inconfortables ; les parents s’inquiètent, enquêtent, rouspètent… Heureusement que le ministre a pensé à tout et que la modification de la carte scolaire leur permettra d’inscrire dans un établissement mieux coté leur futur/re candidat/te au concours de l’ENA. Je comprends tout à fait pourquoi certains enseignants ont refusé ces évaluations bidonnées.

evaluation Mon tempérament revanchard prend le dessus et je jubile un peu… Il y a une douzaine d’années je m’étais fait « engueuler » par un Inspecteur parce que je prétendais que le principal objet de ces évaluations n’était pas d’aider les instits dans leur boulot mais de mettre en place un système de comparaison et de classement entre les écoles. Le hiérarque mécontent m’avait tenu tout un discours pour dénoncer mon mauvais esprit et le fait que je voulais toujours tout « politiser »… J’exulte, mais sans joie aucune, car je n’aime pas voir mes pronostics les plus pessimistes se réaliser… Je note aussi que, trois ans après avoir quitté la marine à voile, l’administration et ses logiciels de choc emploient un vocabulaire que je ne comprends même plus, moi qui me croyais à la pointe du progrès. Les enseignants n’ont qu’a bien se tenir, puisque nos cadres dirigeants sont fascinés par le modèle US. Il y a peu, le très apprécié Président Obama, déclarait, à propos de l’éducation publique dans son pays « quand le navire n’avance plus, il faut changer l’équipage ». Il a fait cette sublime déclaration en réponse à ceux qui s’étonnaient qu’un gouvernement démocrate accepte le fait qu’on envoie une lettre d’annonce de licenciement à plusieurs centaines de milliers d’enseignants à travers le pays. Le rapport avec le « bric à blog » ? Eh bien, lisez cet excellent article intitulé « offensive massive contre l’éducation publique aux Etats-Unis » sur le blog « Des bassines et du zèle ». C’est édifiant. Un de ces jours, je vous expliquerai tout le mal que je pense de ce goût immodéré pour l’évaluation permanente qui sévit dans notre système éducatif. Je suis d’autant mieux placé pour le faire que, dans les débuts, je pensais que cela pouvait être une idée intéressante, favorisant la mise en place de parcours scolaires plus individualisés. Heureusement, ma naïveté n’a pas duré longtemps et ma « conscience politique » (ouaf ouaf !) m’a sauvé du naufrage… La « gauche » a cette capacité incroyable de fournir à la « droite » les bâtons qui servent à nous rouer de coups.

une-vision-perimee-de-la-retraite Le faux problème des retraites étant l’un des thèmes traités en continu, à la fois sur les sites d’infos et sur les blogs, il est logique que je vous resserve une petite louchée d’écrits à ce sujet dans chacun de mes derniers « bric à blog ». Ce mois-ci c’est un texte rédigé par le M’Pep (Mouvement Politique d’Education Populaire) que j’ai trouvé fort intéressant. Il est reproduit sur différents sites, notamment sur « Le Grand Soir« . Un extrait pour vous donner envie de lire le restant du texte : « Les retraités travaillent, mais ils n’ont pas d’emploi ! Ils travaillent à rendre la vie plus douce aux autres, à leur famille, leur voisinage, dans les associations. Ils réinvestissent leur qualification professionnelle et sociale sous des formes différentes, non-marchandes. C’est un travail émancipé, un embryon de contrôle des citoyens sur l’économie. Leur pension est un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites c’est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances. L’activité des retraités préfigure un socialisme du XXIe siècle, sans « marché du travail », sans salariat, sans employeurs qui exploitent… ». C’est sympa et cela change un peu du « retraités, feignants, privilégiés ou parasites »… Le site du M’Pep contient par ailleurs de nombreux articles intéressants dans de nombreux domaines, de quoi alimenter les débats en tout cas.

bangkok-chemises-rouges J’ai suivi de loin (comme nos médias officiels et « aux ordres ») l’affaire des « chemises rouges » en Thaïlande, puis j’ai trouvé dérangeant le silence quasi général qui régnait à propos de cette insurrection, sauf à dire qu’elle se déroulait dans le quartier des affaires à Bangkok, que cela créait du désordre, perturbait le fonctionnement des centres commerciaux, et nuisait à l’image touristique sympathique de ce pays très apprécié par les touristes occidentaux. J’en ai eu donc assez et j’ai décidé de « piocher » un peu la question en me promenant sur mes sites alternatifs favoris. Là aussi, j’ai été plutôt surpris de trouver des articles fort contradictoires sur la question : les uns, favorables aux « chemises rouges », expliquant qu’il s’agissait d’une véritable révolte populaire enracinée notamment dans le mécontentement persistant des habitants des campagnes thaïlandaises… C’est le cas de ce texte publié sur « le grand soir », intitulé « Bangkok médias pourris« . Mais j’ai découvert aussi d’autres écrits, beaucoup plus critiques, expliquant que le mouvement avait à sa tête un ex-dirigeant du pays pourri et corrompu, et que les « révoltés » étaient victimes d’une manipulation adroite mais néanmoins tragique… Comme il se doit, ma sympathie se porte spontanément vers le camp des « insurrectionnels » ; surtout quand l’armée est au service de ceux qui sont chargés de les réprimer. Mais j’essaie de ne pas trop être un « pigeon idéaliste » et je me méfie grandement des « chefs » institutionnalisés, toujours prompts à tirer la nappe de leur côté de la table et à servir la soupe juste dans leur assiette. Comme l’a fait remarquer l’auteur d’un autre article dont j’ai perdu les références, il est fort probable que si le soulèvement avait eu lieu au Vénézuela, financé par les généreux donateurs US, nos médias auraient sans doute été plus loquaces. Si vous avez des lumières ou des références intéressantes sur la question, merci de m’en faire profiter, de même que les autres lecteurs/trices de ce blog ; les commentaires sont là pour ça. Ce sera toujours mieux que les quelques centaines de spams reçus cette dernière semaine…

fab-lab-ag_big Puisqu’en mai on fait ce qui nous plait, je suis le mouvement directeur et je vous cause « bricolage » (là-aussi une idée fixe de ces derniers mois). J’ai lu sur Basta, un article très intéressant sur les Fab-Labs, qui complète intelligemment les propos que j’avais ébauchés sur les échanges de services, l’auto-construction, les manières d’échapper aux réseaux commerciaux conventionnels. Déjà, pour les curieux et les paresseux du « clic », une réponse à cette angoissante question : que sont les « Fabs-Labs » ? Je reprends les phrases d’introduction de l’article : « Pour 1% de leur prix sur le marché, des objets et outils se fabriquent dans de petits ateliers industriels utilisant allègrement logiciels libres et nouvelles technologies. Les « fabuleux ateliers », ou fab-labs, ouvrent une nouvelle voie alliant hautes technologies, auto-production, récupération et recyclage. La seule condition reste votre participation. » Votre curiosité étant éveillée, nul doute que vous irez lire ce texte. Après tout, cette bonne vieille société nous offre des outils intéressants, pourquoi ne pas s’en servir pour construire ou réparer des objets qui nous conviennent vraiment, qui soient solides et recyclables et surtout conçus sur la base de rapports humains différents ? On peut se contenter de verser une larme apitoyée sur le sort des ouvriers chinois qui se suicident à la chaîne dans les usines fabriquant les merveilles technologiques occidentales… On peut aussi (pardonnez les idées fixes), réfléchir et concevoir de nouveaux processus de fabrication plus « équitables » et qui nous rendent plus intelligents nous aussi. L’idée a germé dans les années 90, au sein d’un laboratoire du MIT aux Etats-Unis, mais elle s’est très vite délocalisée. On trouve maintenant de petites entreprises fonctionnant selon ce principe dans différents pays du globe, même au sein du petit village gaulois protégé par la ligne bleue des Vosges. Je ne partage pas forcément l’enthousiasme grandiloquent de l’auteur de l’article qui parle de « Révolution culturelle » et imagine Mao « se retournant dans sa tombe », mais je trouve néanmoins les pistes ouvertes intéressantes à explorer. Il est temps que la production artisanale touche d’autres domaines que le macramé, la poterie, ou la vannerie. Le XXIème siècle doit être aussi passionnant à explorer que les vestiges de la civilisation égyptienne !

carnets-temporels Un peu d’art dans un monde de brut (un monde où le pétrole coule sur les flots…). Je termine le panorama du mois par une nouvelle incursion dans les « Carnets temporels » de ma copine Anne Claire. Après une longue traversée du Maroc (dont je vous avais déjà causé en ces lieux), le mois de mai a été particulièrement prolifique, avec une incursion en plusieurs étapes en Périgord. Le blog a changé de pagination et les premières chroniques publiées se retrouvent en tête d’ouvrage. J’en ai profité pour relire les tous premiers textes concernant le « pourquoi » des carnets, ce à quoi ils sont destinés, comment ils sont conçus, ce qu’ils représentent pour leur auteure… Un petit retour aux sources d’un blog, c’est parfois instructif. Luttons contre l’éphémère et plongeons nous dans l’étude des racines et du sous-sol ! Les illustrations qui accompagnent ces courts textes en « prose poétique » sont, comme d’ordinaires, très belles. N’hésitez pas à baguenauder sur le site : je suis persuadé que certains d’entre-vous n’ont pas fait le clic de ce voyage depuis quelques temps. Histoire de vous pousser au vice et au plaisir, je vous donne un premier lien, mais ce n’est pas le seul intéressant, loin de là ! Admirez le vieux pont de Bergerac et la gabarre, puis, comme le dit Anne Claire, « travaillez bien et aimez bien ! » Arrivederci !

5 Comments so far...

JEA Says:

31 mai 2010 at 15:26.

Anne, la ligne Claire…

fred Says:

31 mai 2010 at 15:29.

Râââ l’évaluation !
Même chez nous on y a droit !
J’entend même parler « d’aide à la performance » ….
ça va certainement m’être très utile dans la mesure où je crains fort de rester quelques années de plus derrière mon clavier. Peut être qu’on va me donner un « bracelet de force » comme « aide à la performance » ?

François Says:

1 juin 2010 at 21:11.

Très sympa cet idée de Fab Labs. Ca parle au développeur de logiciels libres que je suis 😉

Clopine Trouillefou Says:

2 juin 2010 at 11:03.

Petite anecdote perso mais éclairante. Clopinou a été intégré dans une classe de 24 « préselectionnés », sur dossier, avec 16 de moyenne générale obligatoire. Bien. Or, à la fin de l’année, et pour la première fois n’est-ce pas, 10 des 24 petits génies veulent arrêter la filière… Ce qui ne s’était encore jamais vu (y’a 250 noms sur la liste d’attente…)

MAIS QUE S’est-il donc passé, mmmmhhhh ? Comment l’éducation natio anale a-t-elle pu merder à ce point ? Evidemment, l’équipe éducative s’est posé des questions, a réuni la cellule de crise, a rencontré les parents… Et en fait, c’est que jusqu’à cette année, les dossiers des postulants étaient remis aux profs, qui les étudiaient et pouvaient même rencontrer les jeunes gens, histoire de tester leur motivation. Méthode bien trop archaïque, pensez donc, elle reposait sur la capacité d’appréciation et d’écoute des profs… On a donc instauré un système plus moderne, histoire de dépoussiérer le mamouth. C’est un ordinateur, désormais, qui engrange les données diverses concernant chaque élève, et qui recrache le verdict.

résultat : 10 mômes sur 24 qui abandonnent, car leur motivation n’était pas assez forte, ou encore que la matière ne correspondait pas à leurs attentes, ce que cinq minutes d’entretien avec le prof aurait bien évidemment déterminé.

Le mamouth en perd ses défenses, certes, mais cette petite anecdote est assez révélatrice du gâchis ambiant…

la Mère Castor Says:

4 juin 2010 at 15:33.

je ne suis pas enseignante mais fille de, et ce que le gouvernement est en train de faire de l’école me navre. Et ce n’est pas fini. Les enseignants que je connais sont très inquiets. On se demande qui va encore avoir envie de faire ce beau métier à l’avenir.

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