21 mai 2010

En mai, on est un peu déboussolés

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

marguerite-1 La météo étant un thème de conversation facile et largement consensuel, je ne vais pas me priver d’y recourir avant de rentrer, plus ou moins habilement, dans le vif de l’absence de sujet. Vous l’avez sans doute constaté comme moi (sauf si vous habitez loin du seul pays au monde qui soit protégé par une ligne bleue des Vosges, une grande flaque et la muraille naturelle impressionnante que constituent les Pyrénées), on est confronté à un drôle de mois de mai. Je ne sais pas si les caprices de la météo printanière sont à imputer aux volcanophiles islandais, aux intégristes papous ou à la fanfare municipale de Bort les Orgues, mais question soubresauts du baromètre on est servis. Le matin il faut mettre une veste polaire avant d’aller butiner au jardin ; la température monte un peu pendant qu’on s’agite vainement autour des petits pois ; puis un vent à décorner les bœufs se lève vers midi et s’acharne à saccager tout ce qu’il peut jusqu’au coucher du soleil. Les légumes ne savent plus trop s’ils doivent arborer des lunettes de soleil, se réfugier dans un bunker souterrain ou faire le dos rond en attendant que ça cesse. A mon avis, ce vent du Nord déchaîné c’est une manifestation de la colère d’Eole face au Grenelle 2. De là à ce que le soleil se voile la face parce que l’on n’installe pas assez de capteurs photovoltaïques, il n’y a peut-être qu’un pas à franchir.`

Les humains sont un peu déboussolés aussi car s’ils sont soumis aux mêmes aléas climatiques que les poireaux, ils ont droit en supplément gratuit à un raz de marée anti-social sans précédent. Le menu n’est pas très subtil : chômage pour les uns, conditions de travail pourries pour les autres (enfin pour la majorité des autres). Plus on sonde les Français, plus ils répondent n’importe quoi… Le résultat des enquêtes d’opinion ressemble de plus en plus à une régurgitation nauséabonde de la soupe pâteuse servie par les médias. Le moral des troupes ne parait pas très offensif en tout cas. Il faut dire que si le seul rempart que l’on a à opposer au néo-libéralisme déferlant, c’est le redoutable Strauss-Kahn, il y a de quoi se reconvertir en hâte à la méditation bouddhiste ou à la gastronomie moléculaire.

marguerite-3 Pour rentrer dans le vif de ce qui était le non-sujet initial de cette brève chronique, je dois dire qu’ici, dans les instances dirigeantes du Front Anarcho Rural Charbinois, on n’échappe pas aux sautes d’humeur du climat  barométrique et du climat social.  Les « chauds et froids » de la vie quotidienne parachèvent cette instabilité des éléments. Comme alibi pour invoquer l’irrégularité de publication des chroniques dans « La Feuille », j’avais invoqué le surcroît de travail lié à l’arrivée du printemps et au démarrage de plusieurs gros chantiers. La situation ne s’est guère arrangée sur ce front là, et de nouveaux prétextes s’ajoutent aux précédents, principalement deux événements familiaux ; l’un heureux (une naissance) et l’autre triste (un décès), en début et fin de semaine. Tout cela nous chamboule pas mal dans notre train-train quotidien. Ce blog n’étant ni un journal intime ouvert au public, ni une encyclopédie thématique consacrée à la vie familiale, je me contenterai de vous dire que nous sommes grands-parents pour la seconde fois et que ça nous fait sacrément plaisir. Le grand-père est tellement fier de ses deux petites filles qu’il a besoin de massages permanents pour ses chevilles et a dû recourir aux services d’un kinésithérapeute spécialisé dans ce genre de services aux particuliers. Je vous tiendrai au courant de l’évolution de l’état de ses précieuses articulations.

Avec un paquet d’alibis pareil, vous comprendrez que je sois dans l’incapacité totale de vous promettre une quelconque périodicité de publication de chronique dans les semaines à venir. Trop d’indécision et d’incertitudes viennent freiner le mouvement de mes doigts sur le clavier, à un moment où justement il faudrait que j’aille vite pour répondre à toutes les sollicitations  auxquelles je suis confronté. Mes journées sont ainsi faites que, chaque fois qu’un événement se produit, entrainant une nouvelle activité, une autre disparait du planning. Certains auteurs de SF recourent à la distorsion temporelle ou aux univers parallèles pour gérer leurs problèmes de temps ; moi je crois bien que je n’aurai pas d’autre choix que la réincarnation, si je veux mener à bien tout ce qui trotte dans ma tête… Je cherche un recueil de formules à ce sujet ; je me suis adressé à la Bibliothèque Nationale mais je n’ai pas encore obtenu de réponse. Plutôt que de laisser mon plaisir se faire obscurcir par un quelconque sentiment de frustration, je fais des efforts et je tente de tirer un maximum de satisfaction des instants qui passent et des réalisations qui naissent au bout de mes doigts, même si elles me paraissent bien modestes.

Nous avons perdu une personne proche ; la principale consolation c’est de nous dire qu’elle a quitté ce monde sans trop de souffrance et que sa vie a été bien remplie : elle a eu sa part de joies et de peines. Nos deux petites filles n’auront pas la joie de connaître leurs arrières grands-mères disparues.  Une joie, une peine, la même semaine ; les deux extrémités d’un unique fil conducteur ; l’étincelle d’un regard qui se perpétue sans aucun doute dans la malice d’un autre… Les propos que je tiens là sont sans doute d’une grande platitude, mais il est des moments où même les lieux communs sont un excellent baume pour les blessures.

Une autre satisfaction très grande reste la lecture de vos commentaires, publics ou privés, toujours intéressants, parfois même intrigants. Il arrive que je sois obligé de faire comme les pêcheurs de perles : ouvrir toute une cargaison de coquillages avariés (les spams multiples) pour dénicher la pièce rare… Quel bonheur alors… Pour simplifier le boulot je me demande s’il ne faudra pas que je me décide à rétablir ces fichus messages cryptés à déchiffrer… Tant que j’ai la patience du chercheur de trésors, je m’abstiens…

Pardonnez ce méli-mélo incertain entre humeur et humour bloguesques et sentiments familiaux, mais en ce mois de mai, voyez-vous, on est un peu déboussolés.

Note : merci à l’ami Xavier, présent pendant tous ces événements, d’avoir réussi à mettre nos marguerites à l’honneur.

marguerite-2

8 Comments so far...

JEA Says:

21 mai 2010 at 15:28.

« que » de petites-filles
alors que je n’ai « que » de petits-fils…
encore heureux que les mariages « arrangés » appartiennent à un autre monde

Paul Says:

22 mai 2010 at 06:27.

@ JEA – Je viens de terminer « la vie quotidienne des paysans au XVIIème siècle » de Goubert qui est fort intéressant. Le chapitre sur les mariages illustre bien votre propos ! La pratique était fort courante chez les vignerons par exemple, mais encore fallait-il que les rangs de vigne soient voisins voire même se touchent. Non seulement l’époque est révolue mais entre le Dauphiné et les Ardennes, que de « baronnies » intermédiaires ! Et puis de toutes façons, de nos jours, l’avis des grands pères…

la Mère Castor Says:

22 mai 2010 at 07:13.

Loin d’être des lieux communs, la vie et la mort sont notre lot commun. Bravo pour cette petite fille (tu as beaucoup de chance, aucun de mes enfants ne semble vouloir devenir parent) et pour ce billet fleuri.

Cathy Says:

22 mai 2010 at 13:06.

L’une s’en va et l’autre arrive, comme un hiver, comme un printemps. La vie qui tourne, et des fleurs plein les champs. Des marguerites, c’est joli, mais je rajouterais au bouquet quelques coquelicots rouges et noirs de révolte, et des fleurs d’amitié, avec quelques pensées pour donner bonne mesure.

anne-claire Says:

23 mai 2010 at 11:17.

cher Paul, toi qui sais faire pousser tant de choses, tu connais mieux les cycles de la vie que moi. Je vous embrasse tous bien fort, je pense à vous, je salue la petite fille qui vient d’arriver.
Que de filles ! comme tu as de la chance… 😉

Isabelle Rambaud Says:

24 mai 2010 at 18:13.

Au moins, c’est de la marguerite durable… au delà d’un week-end ! Je les salue autant que Candide aurait aimé…

Zoë Says:

24 mai 2010 at 22:42.

Cher Paul, la vie et la mort vous occupent, ce billet pour le dire et si bien est courageux. Moi, je n’ai pas de grands évènements pour « prétextes, juste envie d’une pause, annoncée sous l’arbre. Ca me laisse un peu de temps pour rendre visite à mes blogueurs préférés.

fred Says:

25 mai 2010 at 09:18.

Félicitations pour l’arrivée de ce nouveau bambin !
J’en connais un qui ne va pas s’arranger au niveau « gagatitude » ! 🙂

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