1 décembre 2007

Les nouveaux mystères de Marseille de Jean Contrucci

Posté par Paul dans la catégorie : l'alambic culturel .

maldorme.jpg Grâce à mes poteaux Jean Paul I et Nicole qui m’ont offert « les diaboliques de Maldormé », j’ai découvert la série de Jean Contrucci « les nouveaux mystères de Marseille », et je me régale. J’en suis au troisième volume, « le secret du docteur Danglars » après avoir dévoré le « double crime dans la rue bleue ». Il m’en reste 4 ou 5 à découvrir et je crois que je vais les acheter d’ici peu. Les jours continuent lâchement à raccourcir et ça encourage plus la lecture que la randonnée pédestre.

Les polars de Jean Contrucci se déroulent à la « belle époque », au début du XXème siècle, dans les rues animées d’une ville de Marseille dont l’auteur arrive particulièrement bien à restituer l’ambiance : description haute en couleurs des bâtiments et des habitants, vocabulaire et expression « typiques » sans qu’il y ait besoin de dictionnaire pour comprendre. Un petit peu d’ethnologie et d’histoire populaire donc, sans que cela étouffe le lecteur. Son personnage récurrent, le beau « Raoul » Signoret, journaliste au « Petit Provençal », est particulièrement sympathique, tant au niveau de sa façon très « humaine » de mener les enquêtes que de son éthique, un rien « libertaire ». Au fil des pages, un peu comme le grand Michel Zévaco, à son époque, l’auteur égrenne quelques principes fondamentaux (qu’il n’est pas inutile de rappeler périodiquement) au niveau de l’immigration, de la peine de mort ou de la misère de la classe ouvrière marseillaise. Sa présentation du milieu anarchiste marseillais dans « le secret du docteur Danglars » a le mérite de ne pas sombrer dans les clichés et d’égratigner quelque peu la morale bien pensante de ceux qui s’achètent une bonne conscience en allant à la messe tous les dimanches. La gastronomie locale occupe aussi une place de choix dans les repas dominicaux et autres « en-cas » que le reporter partage avec ses « rencontres » d’un jour.

Les personnages qui gravitent autour du héros sont intéressants aussi. Notre journaliste a une épouse infirmière qui le seconde dans certaines de ses enquêtes et n’oublie pas de le rappeler à l’ordre de temps en temps, des confrères journalistes qui ne manquent pas de pittoresque et des « monsieur et madame tout le monde » qui ont de l’étoffe et du caractère (voir par exemple le portrait de l’ouvrier typographe anarchiste, Bouillot, dans « le secret du docteur Danglars »). Les intrigues sont simples mais plutôt bien ficelées. On se replace facilement dans l’ambiance des couvertures du « petit journal illustré » de l’époque : crimes sordides, enlèvements crapuleux, fumeries d’opium, tout à fait le type d’affaires sordides évoquées dans le même canard. Dans ce contexte, Jean Contrucci réussit même à rendre sympathique son commissaire de police, oncle de Raoul, certes « flic dans l’âme » mais un peu moins étroit d’esprit que ses condisciples, et surtout toujours prêt à aider son neveu orphelin, presque un fils adoptif pour lui.

J’ai lu (et je suis) plusieurs séries de romans policiers se déroulant à la même époque. Celle de Jean Contrucci est ma préférée, juste avant celle de Claude Izner (Victor Legris, bouquiniste, intéressante cette série aussi, j’en reparlerai) ou celle de Yves Josso (Clémence de Rozmadec, peintre, deux volumes parus, un peu tôt pour se faire une opinion). Autant le détective de Contrucci est sympa, autant celui de Jacques Neyrinck, Raoul Thibaut de Mezières, « ardent patriote et brillant polytechnicien », m’a laissé indifférent. Il faut dire que j’ai plus de sympathie pour les héros populaires que pour les « hommes de l’ombre » des présidents de la République ! J’attends donc avec impatience les prochains « mystères » en espérant que tous seront de la même veine que les premiers que j’ai découverts.

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