29 juin 2012

Bric à blog de juin priez pour nous…

Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .

Année de foin, année de rien… Messie ? Mais non !

 On part en balade dès le premier paragraphe, du côté du Québec pour être plus précis. J’ai déjà eu l’occasion de vous parler du blog flegmatique d’Anne Archet dans une version plus ancienne de mon sermon mensuel sur la montagne. J’y reviens ce mois-ci pour vous suggérer de lire l’analyse relativement pessimiste qu’elle fait de la réaction du troupeau bêlant que certains nomment aussi « la majorité silencieuse ». L’article s’intitule « Quidam« . Son propos a pour objet les réactions aux manifestations étudiantes dans la « belle province », mais pourrait s’appliquer très facilement au comportement vrai ou supposé tel par les médias, des quidams peuplant un certain nombre de pays de la « vieille Europe ». Même si je n’adhère pas totalement au pessimisme de son discours, je conviens qu’il a le mérite d’amorcer un débat plus que passionnant : comment devient-on anarchiste au XXIème siècle ? S’agit-il seulement d’une question de tempérament ou bien peut-on être dévié de la ligne droite sur laquelle on avançait plan-plan par l’action d’un individu extérieur… Réflexions intéressantes aussi sur le contenu que les uns et les autres associent au mot « liberté »… Un passage de son texte que j’aime bien, histoire de vous donner envie de cliquer sur le lien :  « le quidam perçoit tout ce qui menace un peu ses rituels grégaires, sa morale, sa sacro-sainte sécurité et l’uniformité beige de son conformisme comme un danger mortel. Ceux qui refusent le sacrifice de soi absurde deviennent pour lui une menace, un ennemi à abattre impitoyablement. Là réside toute la liberté qu’ils réclament: celle de pouvoir dénoncer ceux qui méritent d’être envoyés au poteau… » Quand je disais que je n’étais pas pleinement d’accord avec cette analyse c’est tout simplement parce que je n’ai pas – encore – envie de désespérer totalement de l’espèce humaine. Je considère que ce sont toujours les minorités qui ont fait avancer la société. La seule question qui me préoccupe c’est le poids que pèse la minorité en question car il faut bien, à un moment donné, établir un rapport de force. Un tourbillon nait au centre de l’étendue d’eau, suite à la chute d’un caillou ; encore faut-il qu’il ait une énergie suffisante pour que ses vagues affectent le rivage ! Vous voyez que j’avais raison de parler de « sermon sur la montagne » !  Avec l’âge, je parabolise de plus en plus, mais je capte de moins en moins de chaînes.

 On reste au Québec tant il y a de choses à dire et à voir. Connaissez-vous, par exemple, la très belle chanson de Félix Leclerc, « l’alouette est en colère » ? Il paraît qu’elle colle admirablement aux derniers événements ; c’est toujours un plaisir de l’écouter en tout cas. S’est-on tant que ça écarté de la réalité sociale des années 70 ? Ce n’est pas certain, puisque après avoir grimpé les marches de l’échelle du progrès social on est en train de les redescendre… Il y a bien un moment où les deux trajectoires doivent se croiser non ? Alors préparons tranquillement mai 2013 en Europe ! Connaissant la paresse naturelle de certains de mes lecteurs/trices je vous ai dégotté un petit film documentaire sympa qui résume, fort bien, la situation au Québec en cinq minutes. Calez vous sur votre fauteuil ; vous n’avez plus qu’à regarder ! Ne me dites pas encore après que vous ignorez ce qui se passe dans les rues montréalaises et ailleurs ! Merci à Utoplib de m’avoir mâché le travail… Quand j’entends la collègue enseignante américaine que nous hébergeons en ce moment évoquer des droits d’inscriptions annuels pouvant s’élever à cinquante mille dollars, dans certaines universités prestigieuses des USA, cela me laisse rêveur… Finalement c’est peut-être bien une bonne solution pour « domestiquer » tous ces petits jeunes râleurs que de leur coller un emprunt sur le dos, avant même qu’ils aient un emploi. Dix ou quinze ans de crédit, cela calme un peu les ardeurs contestataires, surtout si l’on enchaine sur un prêt immobilier suivi d’un prêt à la consommation. A quand l’hypothèque sur les nourrissons avant leur inscription en maternelle ?

 Amérique du Nord –> Amérique du Sud. Il paraît qu’à Rio les technocrates costume-cravate sont en train d’essayer de sauver la planète… S’ils n’y arrivent pas cette fois, ils pourront toujours faire une nouvelle tentative au Qatar dans un futur proche puisque c’est dans cet émirat qu’est prévu le prochain sommet… La concurrence est vive entre les états ! Pensez Madame Dupont c’est qu’un sommet de l’écologie ça attire du monde, presque autant que les jeux olympiques, enfin presque… faut pas exagérer quand même… En tout cas, de ce qui se passe à Rio on n’en cause pas tellement dans les médias. Il faut dire qu’il se passe tellement rien que ça devient difficile d’inventer. Seuls les mauvais esprits commentent allègrement. Si vous appartenez à ce dernier clan, ne manquez pas « A la conférence de Rio, les mots nature, pollutions et biodiversité disparaissent dans l’indifférence générale« , à lire sur le site de la revue Politis. Mon passage préféré dans l’article : « Les délégués ne se souviennent des problèmes climatiques que lorsque les puissantes climatisations de leurs salles de réunion tombe quelques minutes en panne. Pensez donc, mardi le thermomètre est monté à 27° à l’ombre : insupportable pour des gens qui ne quittent jamais leurs cravates assorties à leurs costumes gris ou noirs. L’uniforme de ces spécialistes qui, alors que les ministres changent, se transportent d’années en années d’un lieu de réunion mondiale à l’autre, préparant la suivante alors que la précédente n’est pas encore terminée… ». On peut compléter cet article en lisant une étude non moins instructive publiée sur « Basta » : « Comment s’enrichir en prétendant sauver la planète« .  L’interview du chercheur Christophe Bonneuil vous permettra d’apprendre de quelle manière la défense de l’environnement se privatise de plus en plus. Le mécanisme de base de toutes les spéculations qui s’annoncent ce sont les marchés compensateurs. Je pollue et j’ai donc une image de marque déplorable auprès du grand public. Pour compenser, je finance des activités de préservation de la nature dans d’autres régions du monde. Le passage sur les baleines illustre bien mon propos : « Ces économistes proposent donc à ces ONG d’utiliser leurs fonds dédiés au lobbying pour acheter des quotas de baleines. Elles paieraient pour la conservation, en faisant par exemple des souscriptions auprès du public et des États, ce qui permettrait aux pêcheurs d’être rémunérés sans pêcher. Cette proposition illustre bien l’idéologie ambiante : il faut transformer la nature en marché pour mieux la conserver. Et il faut transformer les activistes faisant du travail politique en simples clients sur un marché. » Enfin, on s’en fout, Martine, les Verts ont un Ministère…

 Amérique du Sud, encore… Selon un article passionnant publié dans la rubrique « économie » du Monde, la consommation de plus en plus importante de Quinoa dans les pays occidentaux ne va pas sans poser problème pour les paysans qui vivent dans les zones de production. En Bolivie, en Equateur et au Pérou, l’expansion de la zone cultivée en Quinoa a permis le retour à la terre d’un certain nombre de paysans. Les cours mondiaux se sont envolés et, revers de la médaille, les prix de vente au détail dans les pays producteurs ont tellement augmenté que cette plante à haute valeur nutritionnelle est de moins en moins consommée sur place. Les conflits entre paysans sont nombreux, notamment dans les régions dans lesquelles propriétés et limites des terres cultivables ne sont pas clairement définies. Le développement d’une nouvelle monoculture a pour corollaire l’accroissement du nombre de ravageurs et des risques de maladie, ainsi qu’une forte érosion des sols après récolte…
Dans le même article, on apprend que la culture de la Quinoa est expérimentée dans certaines régions françaises, en particulier le Val de Loire. Cette étude a le mérite de montrer que toute bonne idée a ses limites à partir du moment où elle est appliquée de façon massive. La diversification alimentaire, la réduction de la part de la viande dans notre alimentation, le maintien et le développement de petites exploitations en milieu rural, constituent les seuls remèdes à long terme au problème principal auquel nous sommes confrontés c’est à dire la croissance toujours impressionnante de la population mondiale. Le rêve de certains technocrates, à savoir la concentration de la production de certaines denrées dans un nombre limité de pays, puis le grand « brassage » mondial à grand renfort de transport aérien, maritime, routier… ne peut nous conduire que vers une nouvelle série de problèmes insolubles.

 Retour dans l’Hexagone. Le nucléaire, encore et toujours, et ça n’est pas près de s’améliorer avec le bonhomme François. Ravi d’apprendre la nouvelle suivante : « un horticulteur fait plier EDF« , dans les brèves du « Point ». Nous habitons à une trentaine de kilomètres du site de Bugey et nous n’étions même pas informés de l’intention d’installer un centre de stockage de déchets. Histoire de rattraper le retard et surtout de nous faire pardonner cette preuve manifeste d’incompétence, à titre de joyeuse pénitence, je me connecte deux fois par jour sur le site du collectif « stop Bugey ». Faites de même, je vous enverrai une indulgence « home made ». Il faut dire que l’époque où l’on participait régulièrement aux réunions de contre-information au niveau du nucléaire est largement révolue. Bien fait pour nous, on attend la prochaine, car je crains qu’EDF obtienne gain de cause en appel, bien entendu. Ils ont suffisamment de costards-cravates payés pour ça avec l’argent du con-tribuable. En attendant je vous mitonne une petite chronique sur la déconstruction du surrégénérateur de Creys-Malville. EDF possède une vaste étendue de terrains le long du Rhône tout autour du surrégénérateur défunt. Comment vont-ils être utilisés ? Il faut dire que Malville, on connait mieux ; ce n’est qu’à une dizaine de kilomètres de notre home radious home ! Heureux irradiés ! Pendant notre période « jeu de rôles », nous avions lancé un magazine appelé « Dragon Radieux » ; certains n’ont toujours pas compris l’origine du nom… Heureusement qu’après j’ai laissé tombé ce secteur d’activité pour revenir au syndicalisme, juste à temps avant l’excommunication finale.
Dans le « bric à blog » de mai, je m’étais un peu étalé sur le gouvernement Ayrault qui a précédé celui qui a suivi… La ministre de l’écologie de ce gouvernement Ayrault 1.0 s’étant un peu trop agitée aux yeux des pétroliers (elle s’était permis, en une semaine, de suspendre les autorisations de forage sur le territoire national de toutes les grandes compagnies), elle a été remplacée, vite fait, bien fait, dans la version 2.0, par une consœur tout aussi incompétente mais sans doute plus docile aux velléités de non-changement radical de notre nouveau président. J’ai trouvé très amusant le récit de cette valse ministérielle publié sur le site Carfree.fr sous la plume de Marcel Robert. L’article s’intitule « L’écologie c’est Batho !« . Le mouvement Carfree, comme son nom l’indique, lutte contre l’omnipotence de l’automobile et le développement d’autres modes de transport moins polluants. Profitez de votre passage sur cette page pour aller lire d’autres billets. Les informations utiles ne manquent pas !

 Je vais atteindre la limite fatidique de longueur avant même d’avoir touché à tous les sujets que j’aurais aimés aborder ; de la lutte en val de Susa contre le TAV, au combat de pot de terre contre la marmite de géant en acier inox, autour du projet de Center’parc dans le site magnifique du plateau de Chambaran en Isère, en passant par la situation sociale en Grèce, il faut dire que l’actualité n’a pas encore atteint l’encéphalogramme plat estival ! Ce n’est pas grave, je garderai quelques infos pour le B à B de juillet. J’avais envie de mettre un lien vers cet article, histoire de vous casser un peu plus le moral avant l’apéro de midi, mais finalement je ne le ferai pas. C’est mal. On dit pourtant que, parfois, le mal est nécessaire, alors j’hésite… Oh et puis finalement je craque ! Mes lecteurs sont adultes et méritent de savoir – dès à présent – l’avenir peint en rose que nous prépare l’industrie agro-alimentaire. « Soleil vert », un film de fiction ? Je n’en suis pas sûr.
Portez vous bien et tâchez de bronzer intelligent loin des plages surpeuplées et des camps de tourisme de masse…
On se retrouve sous peu pour parler du cent-quarantenaire de la création de la Fédération Jurassienne, encore un truc anar, encore de l’histoire !

 

3 Comments so far...

Zoë Lucider Says:

29 juin 2012 at 23:01.

Cher Paul, un petit lien sur un clip de soutien à la révolution d’érable par des blogueurs de ma connaissance
http://laurkadelsol.blogspot.fr/2012/06/choisis-ton-cote-clip-officiel.html

Paul Says:

30 juin 2012 at 14:13.

@ Zoë – Tout complément d’info à chaque bric à blog, toujours trop sommaire à mon goût, est le bienvenu !

lamerecastor Says:

6 juillet 2012 at 15:30.

pour le quinoa ça ne m’étonne pas, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours trouvé ça louche (et pas fameux…)

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