9 novembre 2012

Et quand j’appuie… là… Vous le sentez qu’on a un gouvernement socialiste ?

Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique .

 Au départ, j’avais renoncé à l’écrire cette chronique. D’après la morale en vigueur chez ceux qui mettent certains de leurs concitoyens en joue, on ne tire pas sur les ambulances… Je m’étais dit aussi que je pouvais très bien demander à Patrick Mignard l’autorisation de reproduire l’excellent billet, intitulé « Pourquoi une « vraie politique » de gauche est impossible » qu’il a rédigé et publié sur différents sites, en particulier sur « Altermonde-sans-frontières ». Et puis j’ai pensé très fort ( à l’intérieur de ma Ford) que si je commençais à demander aux autres d’écrire à ma place, ça n’allait pas arranger ma tendance actuelle à la paresse pré-hivernale… Sur ce a déboulé l’affaire de l’aéroport de Nantes, puis celle du « pacte de compétitivité » et je me suis dit qu’un coup de gueule de plus contre ces cons qui nous gouvernent ne serait pas de trop. A défaut d’être utile, ça soulage, et puis il va falloir qu’on se débarrasse d’une tare congénitale – je suis d’accord à ce sujet, entre autres, avec Patrick Mignard et de nombreux autres analystes lucides : continuer, tels des bisounours, à croire que le résultat des dernières élections a sans doute débouché sur un monde meilleur et qu’on ne peut pas attendre d’un gouvernement de gauche qu’il soit aussi con que le précédent. En fait, c’est clair, et les derniers événements le montrent bien : il n’y a pas de trêve électorale, pas de période de grâce à respecter, la lutte ne doit pas cesser parce que le théâtre de guignol nous montre le spectacle tant rabâché du cirque électoral. Certes ce n’est pas en quelques mois qu’on rectifie le pilonnage antisocial du gouvernement précédent, mais on s’arrange au moins pour qu’il y ait des signes annonciateurs. Ma sœur Anne a beau regarder par la fenêtre du donjon elle ne voit rien venir… du tout.

 Il faut faire partie de la nomenclatura de EELV pour croire plus de dix secondes aux tièdes promesses socialistes. De gauche comme de droite, démocrate ou républicain, il faut respecter le dogme libéral universel : la France ne sera belle que le jour où elle sera couverte d’aéroports, d’autoroutes, de zones artisanales, de lotissements, de centres pénitentiaires, de centrales nucléaires, d’usines d’enrichissement d’uranium et de parcs solaires ou éoliens avec des milliers de capteurs en tout genre. Enfin leur France, pas la mienne. La splendeur de ce pays doit se mesurer à l’aune de la fortune de ses banques et des profits réalisés par les groupes financiers qui sévissent sur le territoire. Point barre. Cela fait des lustres que ça dure. Lorsque les capitalistes ont trop joué avec le hochet boursier et qu’ils ont besoin de serrer la vis d’un tour, ils appellent leurs collègues de la gauche de la droite pour amuser le public et aider à faire passer la pilule. Les nouveaux venus appliquent la même politique sociale que les précédents mais n’oublient pas de prendre quelques mesures spectaculaires (mais peu coûteuses) genre « mariage et droit à l’adoption pour les homosexuels », histoire de permettre à leurs prédécesseurs, la droite de la droite, de pousser quelques cris d’orfraie et aux zouaves au service de la papauté de crier au massacre. On crée quelques postes de fonctionnaires ; on annonce même des scores ronflants en barbotant un peu les chiffres (en ne disant pas par exemple le nombre de créations réelles et pas la simple compensation des départs en retraite). Tout cela coûte un peu cher et comme les banques – c’est leur droit légitime – piquent la totalité du contenu de la caisse, on claironne que l’on va faire « payer les riches ». Le seul problème c’est que les riches sont fâchés, alors du coup on fait payer tout le monde en appuyant bien fort sur les classes moyennes…

Je vous en supplie... Croyez moi ! Je suis vraiment socialiste !

Le gouvernement du bon Saint François bat des records en la matière. En son temps, le dernier des grands rois de France, François Mitterand, avait quand même fait un peu mieux que lui. Discussion pitoyable l’autre soit à la télé au JT de France 2 (cette émission sur laquelle on tombe parfois malencontreusement en essayant de programmer l’enregistrement d’un documentaire) entre le journaleux de service et l’expert sur commande. Le premier voulait faire dire au second qu’il n’y avait pratiquement point de différences entre la politique économique de ce gouvernement et celle du précédent… Et l’expert cherchait, cherchait et en perdait presque son latin bon marché. Conclusion de ces deux minutes passionnantes d’échanges à haute intensité : « mais si enfin quoi, ben voyons… Hollande, Ayrault, ils sont socialistes quand même… » Les gouvernements « de gauche » précédents nous avaient habitués à leur posture de danseuse : deux pas en avant, un pas en arrière ; là c’est un pas en avant un pas en arrière, quand ce n’est pas un pas en avant, deux pas en arrière ! Il suffit de prendre un peu de recul et d’examiner la position de ce gouvernement d’extrémistes sur les dossiers sérieux de ces derniers mois en matière de politique intérieure ou étrangère. Demandons aux ouvriers, ouvrières, de Florange, aux Roms expulsés, aux matraqués de Notre Dame des Landes (futur aéroport bidon de Nantes), ce qu’ils pensent des nuances subtiles de la politique de Messieurs Valls, Ayrault et Montebourg. Grave débat : vaut-il mieux être expulsé ou matraqué par un CRS de gauche ou par un CRS de droite ? Vaut-il mieux, pour les sans-papiers être en « garde à vue » de droite ou en « retenue » de gauche ?

La dernière affaire en date, celle de l’augmentation de la TVA et du colossal cadeau fait aux patrons sous couvert de « choc de compétitivité », n’est pas faite pour redorer le blason de ce troupeau de profiteurs que l’on nomme gouvernement socialiste. Tourner sa veste une fois qu’on a été élu, c’est le  B A BA de la politique politicienne. En général on a l’élégance d’attendre un certain délai, de camoufler quelque peu l’opération sous un épais nuage de fumée. Là nos p’tits gars, ils n’ont plus aucun scrupule. Six mois ont suffi pour que soit balayé d’un revers de manche tout ce qui avait été « promis » pendant le bref épisode de tempête électorale. Suivant à la lettre une recette économique dont l’inefficacité totale a été prouvée au cours des dernières décennies, nos gouvernants ont décidé de faire un énième cadeau aux entreprises… « Je te fais un cadeau sur les charges sociales et sur l’imposition des bénéfices ; en échange tu décales de six mois tes prochains licenciements et la délocalisation de tes usines ». S’ils prennent modèle sur les politiques, les patrons n’ont même pas besoin d’attendre six mois pour empocher le fric et tout liquider. Ce n’est plus « tendance » d’avoir des scrupules ; seul le cynisme tient lieu de ligne de conduite. Ceux qui se frottent les mains dans cette opération ce sont les potes de la Marine. Quand St François, le bon Manuel de la répression et le Ayrault de l’aéroport se chargent eux-mêmes de démontrer que « gauche roudoudou » et « droite radada » c’est bonnet blanc et blanc bonnet, c’est autant de travail en moins à faire pour les nostalgiques du Maréchal Nouvoila.

 Les journalistes qui suivent la campagne américaine font remarquer qu’en matière de politique étrangère, il n’y a finalement que peu de différences entre les conceptions d’Obama et celles de Romney. Il serait judicieux de se poser les mêmes questions en ce qui concerne notre Hollandais volant et le clown sinistre qui vient de prendre la porte récemment. La visite récente du boutefeu Netanyahu reçu ces derniers jours à l’Elysée fournit des éléments de réponse intéressants. On pourrait même se demander si la position de soutien servile de la France à la colonisation israélienne ne serait même pas encore plus marquée que du temps du monarque d’opérette précédent. Quant aux autres théâtres d’opération comme on dit avec tant d’élégance, il n’est même pas certain que la France réussisse à se tenir longtemps à l’écart du Mali. Saint François l’a assuré, on ne laissera pas « le terrorisme » s’installer dans ce pays, en tout cas pas plus que l’ultra-gauche dans le bocage nantais. Qu’on se le dise… Si les impôts augmentent, si les prestations sociales se dégradent, il n’est pas question de couper l’oseille sous les pieds de la grande muette. La France, presque ruinée, si l’on en juge par l’ampleur des braiments que poussent les copains à Mme Parisot, continue à jouer avec sa bombinette, et ses sous-marins lance-missiles. Après tout, les Grecs font bien la même chose : qui a entendu dire que ce pays allait réduire ses investissements calamiteux en matière d’armement (acheté en grande partie en Allemagne) ?

 Le spectacle n’est pas terminé, mais je préfère stopper là ma prestation. J’arrive à un âge canonique où il n’est pas bon de s’énerver de trop au petit matin. J’avoue aussi éprouver une certaine lassitude à dénoncer toujours les mêmes travers. Je me demande si ce blog ne va pas finir par ne s’occuper que de petites fleurs et d’eau fraîche ; mais bon ; c’est pas tout ça, il y a le boulot ! (comme dit le mari de ma voisine qui est chômeur). Et du boulot il y en a ! Je pense que pour des décennies encore, si ce n’est des siècles, nous aurons à retrousser les manches pour défricher un chemin plus souriant pour l’avenir de l’humanité si la crise écologique dans laquelle nous sommes empêtrés jusqu’à la ceinture nous en laisse le temps. Par chance, le nombre de défricheurs est beaucoup plus élevé que ce que l’on pense. Le drame c’est que  sur la scène médiatique on ne voit que les guignols et les ordures. Je crois qu’il est grand temps que ceux qui œuvrent pour un changement social réel et profond se donnent un peu plus de visibilité. Sinon Monsieur et Madame Toulemonde continueront à penser que « Plus belle la vie » est une émission révolutionnaire… et à se demander qui est cette Aurore Martin dont on n’arrête pas de ne pas nous rabattre les oreilles. Martin, Martin, ça serait-y pas la fifille de Jacques ou celle qui a été sélectionnée pour un emploi d’avenir en Espagne ?

NDLR : merci à La Belette, alias Patrick Mignard, pour le dernier dessin.

 

4 Comments so far...

Michel B. Says:

9 novembre 2012 at 12:40.

Bonjour,
Comment ne pas relayer une si fringante et pertinente humeur ?!
Michel B.

Albéric Fony Says:

10 novembre 2012 at 08:24.

Il vous a sans doute échappé que F.Hollande est un social-démocrate ! Ce n’est pas Mélenchon qui préside le pays . Le PS s’est délesté de deux dogmes : La planification économique et les nationalisations généralisées . Si la gauche de la gauche veut gouverner , elle doit devenir majoritaire et gagner la présidentielle ( avec pourquoi pas l’aide des socialistes si ils deviennent minoritaires ). La stratégie de Mélenchon c’était de virer Sarko en soutenant Hollande et ensuite de gagner le pouvoir . Good luck , il vous reste le plus dur ! RDV en 2017 !

Lo Says:

10 novembre 2012 at 08:30.

Excellentissime billet, j’aimerais trouver des mots forts pour vous le dire moins platement, mais, manquant d’inspiration, je vais me contenter de le retwitter vigoureusement !

fred Says:

12 novembre 2012 at 11:21.

et si on rajoute à ça les rumeurs de taxation sur le Nutella ….
Râââ ! les salauds !

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