4 octobre 2013

Douceur angevine et lumière de Cornouaille

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

Une première carte postale ça fait toujours plaisir, en attendant la deuxième…

 Je m’étais dit au début que j’allais vous cacher cette escapade en Bretagne… Non point que j’éprouve une quelconque gêne à en parler, mais c’est vrai que je n’ai pas créé ce blog pour étaler ma vie « privée » au grand jour. De surcroît, raconter des visites pittoresques ou des balades en bord de mer alors que la majorité des lectrices et des lecteurs remonte ses manches tous les matins pour aller transpirer au boulot et payer gentiment nos retraites, ça a un côté un petit peu provoc et pour tout dire, un peu cruel ! Mais les « carnets de voyage » ça peut être l’occasion aussi de partager quelques expériences qui sortent des sentiers trop fréquentés par des cohortes de touristes. Bref, ce sont là toutes les pensées qui se sont agitées dans ma tête pendant que je buvais un p’tit noir sur la jolie place d’un village breton, tout aussi côtier que sympathique, portant le nom de La Roche Bernard. Nous n’avons pas rencontré Bernard, mais nous avons eu le plaisir de faire une jolie promenade dans les vieux quartiers du bourg et de nous attabler dans un bistrot où il faisait bon philosopher au soleil. Merci à l’ami Jacques Bertin pour son conseil d’étape.

 Je crois d’ailleurs que La Roche Bernard a été notre « porte d’entrée » en Bretagne puisque la veille nous étions encore en Anjou, et que nous avons fait quasiment d’une traite le trajet depuis notre gîte précédent. Notre traversée de la France a été bien tranquille. Une étape pèlerinage non loin de l’arboretum de Balaine, lieu grandiose déjà mentionné dans ces colonnes, puis une autre au Sud d’Angers pour rencontrer un ami chanteur de ma douce et tendre. La pause était déjà si agréable que nous l’avons prolongée d’une journée ; les coteaux du Layon méritent bien cela et nous n’en étions pas à un jour près pour atteindre notre objectif touristique final, la Cornouaille (Finistère Sud) et le pays Bigouden que je n’ai point le plaisir de connaître. Mes séjours précédents en Bretagne se sont limités à une exploration plutôt assidue de la Côte Nord, de St Malo à Morlaix. Les bords de Loire auraient mérité d’ailleurs une escale plus longue, tant les contrées au Sud d’Angers regorgent de petites routes tranquilles, de lieux paisibles et de sites patrimoniaux passionnants, sans parler des caveaux de dégustation. Mention particulière pour le Musée des Métiers de Saint Laurent de la Plaine dont je brûle d’envie de vous raconter la visite plus en détail… Nous avons repris nos sauts de puce, de village en village, en suivant des routes départementales dont la sinuosité annonce déjà la Bretagne.

 Sympathique donc, ce bistrot de la Roche Bernard, tout autant que le village, abritant de nombreux ateliers d’artistes. Pendant que le niveau de mon café baissait lentement et sûrement au soleil, j’entendais la voix de ma compagne compatissant aux malheurs articulaires de la patronne des lieux, et lui suggérant de recourir à quelques thérapies naturelles à base d’huiles essentielles pour combattre sa douleur. La vieille dame ne faisait plus le service en terrasse et préférait que les clients fassent le travail eux-mêmes. Résultat de cette consultation « médicale » improvisée, les cafés nous furent offerts. Je trouvai ce geste fort plaisant et de bon augure pour la suite de nos aventures… Il fallait quand même que l’on atteigne le lieu où nous avions rendez-vous le soir même, non loin de Pont L’abbé, et je quittai l’endroit avec une petite pointe de regret. Une heure après, nous escaladions l’escalier impressionnant du donjon de Largoët en Elven, mais ceci est une autre histoire…

 Je ne peux vous parler de tous les lieux où je me suis senti bien au cours de ces derniers jours. Au programme des réjouissances, quelques amas de « vieilles pierres », quelques parcs et arboretum, et de plus ou moins longues excursions à pied, en fonction de l’état de nos propres articulations… Nous avons souvent côtoyé et à de multiples reprises emprunté le sentier de randonnée côtier, le GR 34, souvent baptisé « sentier des douaniers » : entre la pointe du Raz et la baie des Trépassés, au cap de la Chèvre, à la pointe du Millet vers Douarnenez… C’est le meilleur moyen pour apprécier pleinement la presqu’île de Crozon et le cap Sizun. Il existe encore de longues bandes côtières qui n’ont pas été colonisées par les promoteurs immobiliers. L’intervention du Conservatoire du Littoral se fait sentir.
La météo étant entièrement favorable à nos projets, ces heures de marche sinueuses entre les bruyères et les genêts ont été de bons moments de vie. Mes dernières déambulations sur les traces des gabelous remontaient à un bon paquet d’années et c’était plus au Nord, dans la région du Trégor…

 Bien agréable aussi la découverte de quelques uns de ces parcs et jardins magnifiques qui se cachent dans l’intérieur de la Cornouaille. Je pense notamment au jardin botanique des Montagnes Noires, créé par un passionné, il y a une vingtaine d’années de cela. Ce parc possède une remarquable collection de résineux que le maître des lieux a su agencer avec un art paysager indiscutable. Dans le même secteur, le parc du château de Trévarez mérite un détour. Il s’étend sur près de 80 hectares ouverts à la visite. Cette propriété appartient au Conseil Général du Finistère depuis pas mal d’années et d’importants travaux de remise en état ont été entrepris tant sur le château que sur les espaces fleuris et boisés. Le château en lui-même, dernier ouvrage de ce type et de cette ampleur construit en France, appartenait à un « élu du peuple » milliardaire, le marquis de Kerjégu… L’histoire de cet ancien bourreau des communards et de ses ambitions fantasques vaut bien un billet de l’Oncle Paul à elle toute seule. De quoi meubler les longues soirées d’hiver !
Si j’ajoute à cette liste l’arboretum des arbres du monde à Helgoat ou le jardin remarquable de l’île de Batz, certains lecteurs bretonnants ne manqueront pas de me faire remarquer que je m’éloigne quelque peu de la Cornouaille et que mon titre ne veut plus dire grand chose. Restons donc, pour l’instant, dans le Finistère Sud ! Il y a suffisamment à dire tant on découvre de merveilles au détour d’un chemin creux abrité par des haies bocagères plutôt bien portantes si l’on en juge sur l’évolution du paysage local, ici, en Dauphiné. L’art religieux n’est pas ma tasse de thé, mais il y a des chapelles, des calvaires et des enclos paroissiaux qui méritent le détour, ne serait-ce que pour l’ambiance qui règne en ces lieux.

 Entre deux balades « nature » et deux explorations patrimoniales, nous avons eu le temps de trainer un peu en ville. Je n’ai pas grand chose à dire sur celle qui était la plus proche de notre gîte, Pont l’Abbé. Nous nous y sommes rendus à plusieurs reprises. Le bourg ne m’a ni déçu ni emballé, contrairement à d’autres. Par contre, j’ai trouvé la vieille ville de Quimper fort plaisante, surtout après y avoir découvert un bar-restaurant-librairie méritant le détour. Pouvoir siroter un thé ou un chocolat chaud en feuilletant des livres très divers sur le thème du voyage, c’est un grand moment de bonheur. J’ai profité de notre halte pour me procurer « la piste de l’Ouest » de Lewis et Clark qui manquait à ma bibliothèque. Belle découverte que cette escale, d’autant que nous nous sommes aperçus, un peu plus loin dans notre voyage, que cette librairie singulière faisait partie de tout un réseau de lieux similaires, parfois implantés au beau milieu de nulle part comme à la lisière de la forêt d’Helgoat. C’est finalement à Morlaix, dans une autre antre de perdition, « A la lettre Thé », que nous avons compris l’ampleur du problème : nous avions mis les pieds dans une véritable toile d’araignée et notre budget voyage allait connaître les secousses violentes d’une tempête automnale. Il y a en effet en Bretagne un véritable réseau, nommé « Calibreizh », regroupant une vingtaine de cafés-librairie. Ils sont rassemblés en Fédération et on peut même s’informer sur leurs activités grâce à un blog dont voici l’adresse : calibreizh.wordpress.com. Tout cela est en tout cas bien festif !
Je ne prétends pas que ce phénomène n’existe pas ailleurs. Zoë nous a longuement parlé dans son blog d’une librairie tartinerie apparemment fort sympathique aussi, implantée dans le Sud-Ouest. Mais en Bretagne c’est une véritable épidémie et je n’ai qu’un souhait c’est que ces établissements aux activités multiples résistent aux périls économiques qui menacent les gens pleins de bonne volonté et de bonnes idées. Ce qui est sûr c’est que si j’habitais dans le coin, mes commandes sur l’hypermarché de la vente sur Internet se tariraient rapidement.

Ayant mis fort longtemps à rédiger cette chronique, au gré de connexions internet parfois brèves ou hasardeuses, je vais m’arrêter là, mais, promis juré, une seconde carte postale viendra compléter mon envoi dans quelques jours… J’ai encore beaucoup à raconter, sur le musée vivant des vieux métiers par exemple, installé à Argol dans la presqu’île de Crozon. Notre périple nous a permis en effet de découvrir deux musées consacrés « au bon vieux temps », avec des démarches différentes mais certainement complémentaires. Je contacte Oncle Paul aussi pour le château de Trévarez ; je crois que cette histoire va lui plaire !

 

3 Comments so far...

Lavande Says:

5 octobre 2013 at 10:32.

« Pouvoir siroter un thé ou un chocolat chaud en feuilletant des livres très divers …, c’est un grand moment de bonheur. »
Bien d’accord! C’est ce que je faisais chez Decitre à Grenoble quand ils avaient un petit coin « restau, bar, café, salon de thé » où l’on pouvait se poser pour feuilleter un livre avant de l’acheter (ou pas) ou donner rendez-vous à un ami, pour manger une salade et une tartelette.
Fini: il y a trois rayonnages de Marc Levy / Guillaume Musso de plus et un distributeur de gobelets emplis de bibines infâmes.
Du coup … Amazon…

la Mère Castor Says:

7 octobre 2013 at 17:31.

j’attends impatiemment le musée des vieux métiers, j’ai tant aimé le musée des maisons comtoises (dont je vais parler bientôt)

Paul Says:

10 octobre 2013 at 16:13.

@ Mère Castor – Les musées j’y songe, j’y songe activement !

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